Dans dix ans, il devrait y avoir 45 000 avions en service dans le monde - Photo : kathijung-Fotolia.com
TourMaG.com - Dans 10 ans, il y aura 3,5 milliards de passagers aériens supplémentaires dans le monde. Qui sont-ils ?
Jean-Christophe Victor : "Ils correspondent à la traduction à peu près exacte des taux de croissance que connaissent l'Asie et l'Afrique depuis le début des années 2000. Ils sont au-dessus de 4% dans la plupart des pays de ces deux continents.
Cela entraîne une réduction du taux de pauvreté et la création de nouvelles classes moyennes. C'est le cas en Inde, en Chine, en Malaisie, en Indonésie, au Nigeria, en Afrique du Sud ou en Égypte par exemple.
Ces classes moyennes ont un nouveau pouvoir d'achat qu'elles convertissent d'abord en biens de consommation et aussi en voyages.
Par conséquent, cela va conduire au doublement du nombre de passagers transportés d'ici 15 ans."
Jean-Christophe Victor : "Ils correspondent à la traduction à peu près exacte des taux de croissance que connaissent l'Asie et l'Afrique depuis le début des années 2000. Ils sont au-dessus de 4% dans la plupart des pays de ces deux continents.
Cela entraîne une réduction du taux de pauvreté et la création de nouvelles classes moyennes. C'est le cas en Inde, en Chine, en Malaisie, en Indonésie, au Nigeria, en Afrique du Sud ou en Égypte par exemple.
Ces classes moyennes ont un nouveau pouvoir d'achat qu'elles convertissent d'abord en biens de consommation et aussi en voyages.
Par conséquent, cela va conduire au doublement du nombre de passagers transportés d'ici 15 ans."
TourMaG.com – Ce phénomène touche-t-il l'Europe et l'Amérique du Nord ?
J.-C.V. : "Pas du tout. Les pays où la consommation est plus ancienne et plus mature ne sont pas concernés.
Il y a un couplage quasi-identique entre le taux de croissance et l'augmentation du nombre de passagers aériens.
Quand on regarde les nouveaux avions achetés, ils le sont actuellement en très grande majorité pour l'Asie. La Chine en aura besoin de plusieurs milliers prochainement.
Il y a aujourd'hui environ 25 000 avions en service et on comptera environ 45 000 d'ici une dizaine d'années."
TourMaG.com - Pourtant, la très grande partie des infrastructures aériennes et les liaisons sont principalement concentrées sur les pays qui n'affichent pas les plus fortes croissances...
J.-C.V. : "Effectivement et c'est logique car les investissements sont plus anciens. Et les gens y voyagent depuis les années 1950.
Mais l'effet de rattrapage est très rapide. Surtout du côté chinois où de très nombreux aéroports sont construits. C'est aussi le cas en Inde mais beaucoup plus lentement car le taux de pauvreté y est proportionnellement plus grand."
J.-C.V. : "Pas du tout. Les pays où la consommation est plus ancienne et plus mature ne sont pas concernés.
Il y a un couplage quasi-identique entre le taux de croissance et l'augmentation du nombre de passagers aériens.
Quand on regarde les nouveaux avions achetés, ils le sont actuellement en très grande majorité pour l'Asie. La Chine en aura besoin de plusieurs milliers prochainement.
Il y a aujourd'hui environ 25 000 avions en service et on comptera environ 45 000 d'ici une dizaine d'années."
TourMaG.com - Pourtant, la très grande partie des infrastructures aériennes et les liaisons sont principalement concentrées sur les pays qui n'affichent pas les plus fortes croissances...
J.-C.V. : "Effectivement et c'est logique car les investissements sont plus anciens. Et les gens y voyagent depuis les années 1950.
Mais l'effet de rattrapage est très rapide. Surtout du côté chinois où de très nombreux aéroports sont construits. C'est aussi le cas en Inde mais beaucoup plus lentement car le taux de pauvreté y est proportionnellement plus grand."
TourMaG.com – A quels problèmes les professionnels de l'aéroport vont être confrontés dans ce contexte d'augmentation du nombre de passagers ?
J.-C.V. : "Il y en a beaucoup. Mais on ne peut pas se plaindre qu'un secteur commercial soit confronté à une hausse de la demande. Les acteurs sauront s'y adapter et y répondre.
Les questions qui se posent sont : quels types d'appareils ? Quel type de sécurité ? Quels types d'aéroports ?
On voit qu'il y a clairement un déficit d'investissements dans les infrastructures aéroportuaires. C'est particulièrement net en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est.
Autre élément : quel sera l'engagement des acteurs du secteur pour la réduction de leurs émissions de CO2, notamment dans le cadre du protocole de Montréal ?
Le secteur aérien contribue actuellement entre 2 et 4% de la totalité de ces émissions annuelles. En doublant le nombre de passagers, il devrait donc doubler ses émissions. Or, ce n'est pas possible. Le secteur aérien doit faire l'effort qu'il n'a pas fait jusqu'à présent pour contribuer à leur réduction.
Comme le transport aérien n'a pas actuellement d'alternative au pétrole, les contraintes sont plus fortes. Il faut donc que les compagnies aériennes travaillent en commun dans ce sens."
TourMaG – Est-ce que le développement actuel de moyens de transport ultra-rapides comme l'Hyperloop ne pourrait pas limiter la hausse prévue du nombre de passagers dans l'aérien ?
J.-C.V. : "C'est difficile à dire pour le moment.
On ne sait pas quand l'Hyperloop sera lancé, ni où l'investissement sera fait. Probablement aux USA ou au Japon dans un premier temps. Mais ce ne sont pas des marchés émergents.
Par ailleurs, on s'aperçoit aujourd'hui que le TGV est largement déficitaire. La question se pose donc de la pertinence d'investir dans la recherche de la vitesse."
J.-C.V. : "Il y en a beaucoup. Mais on ne peut pas se plaindre qu'un secteur commercial soit confronté à une hausse de la demande. Les acteurs sauront s'y adapter et y répondre.
Les questions qui se posent sont : quels types d'appareils ? Quel type de sécurité ? Quels types d'aéroports ?
On voit qu'il y a clairement un déficit d'investissements dans les infrastructures aéroportuaires. C'est particulièrement net en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est.
Autre élément : quel sera l'engagement des acteurs du secteur pour la réduction de leurs émissions de CO2, notamment dans le cadre du protocole de Montréal ?
Le secteur aérien contribue actuellement entre 2 et 4% de la totalité de ces émissions annuelles. En doublant le nombre de passagers, il devrait donc doubler ses émissions. Or, ce n'est pas possible. Le secteur aérien doit faire l'effort qu'il n'a pas fait jusqu'à présent pour contribuer à leur réduction.
Comme le transport aérien n'a pas actuellement d'alternative au pétrole, les contraintes sont plus fortes. Il faut donc que les compagnies aériennes travaillent en commun dans ce sens."
TourMaG – Est-ce que le développement actuel de moyens de transport ultra-rapides comme l'Hyperloop ne pourrait pas limiter la hausse prévue du nombre de passagers dans l'aérien ?
J.-C.V. : "C'est difficile à dire pour le moment.
On ne sait pas quand l'Hyperloop sera lancé, ni où l'investissement sera fait. Probablement aux USA ou au Japon dans un premier temps. Mais ce ne sont pas des marchés émergents.
Par ailleurs, on s'aperçoit aujourd'hui que le TGV est largement déficitaire. La question se pose donc de la pertinence d'investir dans la recherche de la vitesse."
Jean-Christophe Victor, né le 30 mai 1971, fondateur et directeur scientifique du LEPAC, est un enseignant français expert en géopolitique et en relations internationales, docteur en ethnologie (Institut d'ethnologie du Musée de l'Homme) et diplômé de chinois à l'INALCO (École des langues orientales).
Le LEPAC est un laboratoire de recherche fondé par Virginie Raisson et Jean-Christophe Victor en 1989.
Privé et indépendant, il conjugue les apports de plusieurs disciplines : science politique, géographie, histoire, économie, ethnologie, cartographie et prospective.
Depuis 1990, c'est dans son cadre que sont préparées les émissions de télévision Le Dessous des cartes, sur La Sept puis sur Arte.
Le LEPAC est un laboratoire de recherche fondé par Virginie Raisson et Jean-Christophe Victor en 1989.
Privé et indépendant, il conjugue les apports de plusieurs disciplines : science politique, géographie, histoire, économie, ethnologie, cartographie et prospective.
Depuis 1990, c'est dans son cadre que sont préparées les émissions de télévision Le Dessous des cartes, sur La Sept puis sur Arte.