Aigle Azur : des passagers dépités à l'aéroport de Marseille

Dépités ! C'est le mot. Après l'annonce de l'arrêt de tous les vols Aigle Azur à partir du 6 septembre 2019, les passagers cherchent des solutions de remboursement ou d'acheminement alternatives à l'aéroport Marseille Provence.

Le comptoir de la compagnie - en redressement judiciaire - est fermé, laissant le personnel de la plateforme et AviaPartner, le sous-traitant d'Aigle Azur, répondre aux interrogations des passagers.

"La compagnie existe jusqu'à ce soir, mais pour la suite je n'ai aucune solution à vous apporter", explique cette employée d'AviaPartner à un passager excédé.

Le vol vers Oran prévu à 12h25 est retardé à 17h35. Dans la file d'attente, une des passagères vient d'apprendre la situation de la compagnie. Son billet retour, prévu pour le 14 septembre, ne sera pas honoré.

Mais la majorité des voyageurs ont déjà entendu les difficultés d'Aigle Azur dans les médias.

Pour autant, il ne leur reste que leurs yeux pour pleurer, comme nous l'explique, ce client désemparé : "nous étions au courant, mais ce qui me choque c'est que j'ai eu Aigle azur la semaine dernière.

Je leur ai demandé : que va-t-il se passer avec le redressement judiciaire ? Ils m'ont répondu, pas de problème, les vols sont maintenus. J'ai réservé mes billets pour ma famille le 23 août, pour les vacances scolaires de la Toussaint et là j'apprends que tout est fermé... c'est pas possible ! Heureusement j'ai payé en 4 fois sans frais et je vais essayer de faire opposition".

Cet autre passager a, lui, beaucoup moins de chance.

"J'ai acheté des billets Aigle Azur vers l'Algérie pour un départ le 17 juillet pour ma femme et ma fille. Et déjà, elles n'ont pas pu partir, il n'y avait pas d'avion. J'attends depuis le remboursement.

Et mardi dernier, j'ai acheté des billets pour 5 jours pour rendre visite à mon père qui est fatigué. Le site fonctionnait très bien et là plus de vols... en tout, je me retrouve avec plus de 1 400 euros qui ne seront pas remboursés, explique-t-il dépité.

J'ai raté ma journée de travail en plus, pour venir me renseigner et le comptoir d'Aigle Azur est fermé. C'est inadmissible, il n'y a personne... ils profitent sur le dos des pauvres, je gagne le Smic et je viens de perdre un salaire".

"C'est la mafia en cravate", ajoute un autre client.

La compagnie a en effet connu cet été d'importants retards. Et même si les vols pour Oran ou encore Alger sont affichés, les passagers craignent qu'ils soient à l'arrivée annulés.

"Si je m'enregistre pour le vol d'Oran, je serai enfermé dans la salle d'embarquement et si, finalement, il ne décolle pas, je vais rater le vol Air Algérie", nous explique ce client qui ne sait quelle solution choisir.

Certains ont appelé leur banque pour faire jouer l'assurance de la carte bancaire, en vain.

Le comptoir d'Air Algérie, lui, fait le plein. Les passagers espèrent trouver des billets pas trop chers pour remplacer leur voyage annulé.

Un couple a payé 135 euros l'aller simple pour Sétif, un tarif "raisonnable", précise-t-il.

Mais les passagers craignent un monopole. "Ensuite, ils vont monter les prix, c'est sûr !", affirme un autre passager.

Dans la file d'attente, deux filles espèrent trouver un solution pour faire rentrer leur mère d'Algérie.

Un jeune papa qui doit partir en famille pour une semaine de vacances samedi 7 septembre 2019 est venu voir ce que pourrait faire Air Algérie pour sauver ses congés. "J'ai réservé l'hôtel, la location de voiture... J'ai posé mes congés. Au-delà du préjudice financier, il y a aussi le préjudice moral ! Et personne n'est présent pour défendre les clients, les consommateurs..."

Certains croient encore à une solution de la dernière chance : ils pourraient y avoir des repreneurs, ils ont jusqu'au 10 septembre pour déposer leurs offres... "Si c'est repris, dois-je prendre le risque de repayer un billet ?"

Les passagers d'Aigle Azur sont aujourd'hui dans le brouillard. Gageons que ce nouveau désastre aérien fasse enfin réagir les pouvoirs publics pour qu'enfin une caisse de garantie soit mise en place pour la protection des passagers aériens !