Laurent Recoura (Air Mauritius) : "Il y a eu des bonnes opérations, comme le vol saisonnier depuis Genève, un marché très porteur. Nous devons reconsidérer cette ligne. L'Italie est un marché très intéressant" - DR
TourMaG - Durant le Covid, vous avez été évincé, comme les autres expatriés, d'Oman Air. Vous avez alors aidé un hôtel en Finlande à créer un réceptif, notamment sur le marché français, puis on vous retrouve à Maurice, pour épauler Air Mauritius. Comment vous êtes-vous retrouvé directeur commercial d'Air Mauritius ?
Laurent Recoura : La compagnie cherchait quelqu'un pour transformer sa partie commerciale, en connaissant les grands marchés sources, comme l'Angleterre, la France ou l'Inde.
Ce sont des pays dans lesquels j'ai travaillé. Dans ma carrière, j'ai passé pas mal de temps à transformer des compagnies.
Et je peux vous dire que toutes ont plus ou moins des problèmes, et donc besoin de changement.
Chez Air Mauritius, je m'occupe des ventes, du marketing, du réseau, de la définition du produit et du cargo.
Laurent Recoura : La compagnie cherchait quelqu'un pour transformer sa partie commerciale, en connaissant les grands marchés sources, comme l'Angleterre, la France ou l'Inde.
Ce sont des pays dans lesquels j'ai travaillé. Dans ma carrière, j'ai passé pas mal de temps à transformer des compagnies.
Et je peux vous dire que toutes ont plus ou moins des problèmes, et donc besoin de changement.
Chez Air Mauritius, je m'occupe des ventes, du marketing, du réseau, de la définition du produit et du cargo.
"A horizon d'un an, nous aimerions retourner plus activement en Europe"
TourMaG - Dans quel état avez-vous trouvé Air Mauritius ?
Laurent Recoura : L'administrateur a changé le périmètre de l'entreprise, surtout au niveau des dirigeants.
Des personnes sont parties dans un plan de départ à la retraite anticipée. Mes équipes sont constituées de personnes qui étaient déjà en place.
Nous reprenons tous les fondamentaux ensemble. Je vais dans le détail de chaque deal, pour savoir si nous avons donné tous les outils à chaque tour-opérateur et client.
Ce n'est pas uniquement des discussions qui portent sur les prix, mais aussi sur les conditions de vente. Nous réexaminons tous les contrats, tous les process, nous enlevons de la bureaucratie.
Dans les compagnies nationales, les héritages sont parfois très lourds et la prise de décision ne correspond plus à l'évolution du marché. Nous devons libérer du temps pour que les équipes se concentrent sur leur mission première qui est... de vendre.
TourMaG - Le gros du développement passera donc par le BtoB ?
Laurent Recoura : Je n'ai jamais opposé les ventes directes au BtoB.
Nous sommes une destination loisir, pas une compagnie affaires, donc nous avons besoin de nos partenaires naturels que sont les agents de voyages et les tour-opérateurs. Sans eux, il n'y a pas de vie ici.
A lire : Ile Maurice : "Le taux de récupération sur le marché français est au-dessus des 90%"
Chaque escale d'Air Mauritius possède un budget marketing, je suis venu rappeler que ces sommes servent à développer des ventes.
Laurent Recoura : L'administrateur a changé le périmètre de l'entreprise, surtout au niveau des dirigeants.
Des personnes sont parties dans un plan de départ à la retraite anticipée. Mes équipes sont constituées de personnes qui étaient déjà en place.
Nous reprenons tous les fondamentaux ensemble. Je vais dans le détail de chaque deal, pour savoir si nous avons donné tous les outils à chaque tour-opérateur et client.
Ce n'est pas uniquement des discussions qui portent sur les prix, mais aussi sur les conditions de vente. Nous réexaminons tous les contrats, tous les process, nous enlevons de la bureaucratie.
Dans les compagnies nationales, les héritages sont parfois très lourds et la prise de décision ne correspond plus à l'évolution du marché. Nous devons libérer du temps pour que les équipes se concentrent sur leur mission première qui est... de vendre.
TourMaG - Le gros du développement passera donc par le BtoB ?
Laurent Recoura : Je n'ai jamais opposé les ventes directes au BtoB.
Nous sommes une destination loisir, pas une compagnie affaires, donc nous avons besoin de nos partenaires naturels que sont les agents de voyages et les tour-opérateurs. Sans eux, il n'y a pas de vie ici.
A lire : Ile Maurice : "Le taux de récupération sur le marché français est au-dessus des 90%"
Chaque escale d'Air Mauritius possède un budget marketing, je suis venu rappeler que ces sommes servent à développer des ventes.
"Nous devons revenir rapidement au niveau de fréquentation pré-Covid"
TourMaG - Vous avez des objectifs chiffrés ?
Laurent Recoura : Nous devons soutenir la stratégie nationale qui consiste à faire revenir le plus de touristes possible. Nous devons revenir rapidement aussi au niveau de fréquentation pré-Covid.
Il y a peu j'étais en Inde, un pays important pour l'Ile Maurice. Les équipes me rappelaient que par le passé Air Mauritius avait des connexions sur le Bangladesh et ailleurs dans la région, générant beaucoup de trafic.
C'est bien, mais notre mission n'est pas de faire transiter des travailleurs qui vont en Afrique : notre priorité est d'amener des visiteurs à la destination. Nous n'avons pas de trafic corporate, si ce n'est en Afrique du Sud.
TourMaG - Le trafic affinitaire est aussi un marché important pour vous ?
Laurent Recoura : Bien sûr, les Mauriciens sont très présents au Royaume-Uni, en Afrique du Sud, en France et en Australie. Ce sont des marchés qui évoluent.
Je parlais avec des agents de voyages mauriciens basés à Paris et j'ai constaté qu'ils font aussi du tourisme. La relation à Maurice des nouvelles générations n'est plus vraiment la même et quand ils retournent au pays, ils vont à l'hôtel.
Nous devons nous adapter à l'évolution de l'ensemble des marchés.
Laurent Recoura : Nous devons soutenir la stratégie nationale qui consiste à faire revenir le plus de touristes possible. Nous devons revenir rapidement aussi au niveau de fréquentation pré-Covid.
Il y a peu j'étais en Inde, un pays important pour l'Ile Maurice. Les équipes me rappelaient que par le passé Air Mauritius avait des connexions sur le Bangladesh et ailleurs dans la région, générant beaucoup de trafic.
C'est bien, mais notre mission n'est pas de faire transiter des travailleurs qui vont en Afrique : notre priorité est d'amener des visiteurs à la destination. Nous n'avons pas de trafic corporate, si ce n'est en Afrique du Sud.
TourMaG - Le trafic affinitaire est aussi un marché important pour vous ?
Laurent Recoura : Bien sûr, les Mauriciens sont très présents au Royaume-Uni, en Afrique du Sud, en France et en Australie. Ce sont des marchés qui évoluent.
Je parlais avec des agents de voyages mauriciens basés à Paris et j'ai constaté qu'ils font aussi du tourisme. La relation à Maurice des nouvelles générations n'est plus vraiment la même et quand ils retournent au pays, ils vont à l'hôtel.
Nous devons nous adapter à l'évolution de l'ensemble des marchés.
"Fin octobre nous rouvrons Kuala Lumpur, Perth et Cape Town..."
TourMaG - Allez-vous cibler de nouveaux marchés dans l'avenir ?
Laurent Recoura : Avec le Covid, la compagnie s'est recentrée sur des priorités.
Pour survivre elle a dû couper quelques branches, mais pour vivre, une compagnie est obligée de croître, d'avoir des plans pour retrouver de la croissance. Fin octobre nous rouvrons Kuala Lumpur, Perth en Australie et Cape Town.
Ce sont des marchés sur lesquels nous revenons. Pour le moment, nous sommes présents seulement en France et Angleterre, mais à horizon d'un an nous aimerions revenir et être présents plus activement en Europe.
Par le passé, il y a eu des bonnes opérations, comme le vol saisonnier depuis Genève, un marché très porteur. Nous devons reconsidérer cette ligne. L'Italie est un marché très intéressant.
Nous devrons aussi réfléchir à la meilleure façon d'attraper le Nord de l'Europe, puisqu'Air France y est déjà très présente. Cela fait partie des négociations globales.
Nous devons pousser la croissance et nous avons des plans pour ce faire.
TourMaG - La flotte a aussi été réduite à 9 appareils. Comment opérer des développements avec une flotte si réduite ?
Laurent Recoura : Je ne peux pas vous en dire davantage mais nous avons un plan de développement qui prévoit de disposer d'une flotte plus importante.
TourMaG - Donc, l'Etat a bien la volonté de développer la compagnie...
Laurent Recoura : Oui, bien sûr, il a des ambitions réalistes de faire croitre Air Mauritius.
Nous sommes sur un marché de point à point. Pour réussir, il nous faut des partenariats stratégiques pour avoir des correspondances.
Laurent Recoura : Avec le Covid, la compagnie s'est recentrée sur des priorités.
Pour survivre elle a dû couper quelques branches, mais pour vivre, une compagnie est obligée de croître, d'avoir des plans pour retrouver de la croissance. Fin octobre nous rouvrons Kuala Lumpur, Perth en Australie et Cape Town.
Ce sont des marchés sur lesquels nous revenons. Pour le moment, nous sommes présents seulement en France et Angleterre, mais à horizon d'un an nous aimerions revenir et être présents plus activement en Europe.
Par le passé, il y a eu des bonnes opérations, comme le vol saisonnier depuis Genève, un marché très porteur. Nous devons reconsidérer cette ligne. L'Italie est un marché très intéressant.
Nous devrons aussi réfléchir à la meilleure façon d'attraper le Nord de l'Europe, puisqu'Air France y est déjà très présente. Cela fait partie des négociations globales.
Nous devons pousser la croissance et nous avons des plans pour ce faire.
TourMaG - La flotte a aussi été réduite à 9 appareils. Comment opérer des développements avec une flotte si réduite ?
Laurent Recoura : Je ne peux pas vous en dire davantage mais nous avons un plan de développement qui prévoit de disposer d'une flotte plus importante.
TourMaG - Donc, l'Etat a bien la volonté de développer la compagnie...
Laurent Recoura : Oui, bien sûr, il a des ambitions réalistes de faire croitre Air Mauritius.
Nous sommes sur un marché de point à point. Pour réussir, il nous faut des partenariats stratégiques pour avoir des correspondances.
"Nous voulons que la clientèle réunionnaise revienne en week-end"
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TourMaG - Vous êtes passé par des grands groupes, mais aussi Oman Air, puis maintenant Air Mauritius. N'est-ce pas compliqué ce changement d'échelle ?
Laurent Recoura : Oman Air avait certes autour de 35 appareils, mais Air Mauritius a une grande notoriété en Europe.
Ce n'est pas une histoire d'ego. Je travaille dans des conditions idéales, avec la possibilité de pouvoir transformer une entreprise. C'est un moment-clé de l'histoire de la compagnie.
Nous avons les moyens pour dérouler le plan. Encore une fois, c'est en adéquation avec ceux du pays.
Nous travaillons avec de l'argent public, nous avons une obligation morale. Cet argent aurait pu aller ailleurs, dans des dépenses publiques pour les routes, les hôpitaux, etc. Je leur dis tout le temps que nous devons être excellents et qu'il est nécessaire que nous ayons un retour sur investissement.
C'est le leitmotiv qui doit nous guider.
TourMaG - Quelle est la situation de la concurrence sur Maurice ?
Laurent Recoura : Nous avons une joint venture avec Air France, dans laquelle nous partageons les revenus et les coûts.
La France est notre 1er marché, devant même le Royaume-Uni.
Après, nous sommes en compétition avec les gros connecteurs, comme les compagnies du Golfe. Le fait d'être petit nous pousse à être plus agiles et réactifs. Nous ne devons pas perdre cette guerre.
Par exemple, le premier vol au départ de la Réunion, un marché très important pour Maurice, partait le midi pour un retour le dimanche à 15h20. Les Réunionnais qui posent un RTT le vendredi ne partaient pas avec nous, ce n'est pas bon, nous avons changé.
Nous allons réinstaller un vol de nuit permettant d'être le dernier arrivé à la Réunion, puis l'avion dort et repart le premier le matin. Nous voulons que la clientèle réunionnaise revienne en week-end.
La pire des erreurs est de ne rien faire.
Laurent Recoura : Oman Air avait certes autour de 35 appareils, mais Air Mauritius a une grande notoriété en Europe.
Ce n'est pas une histoire d'ego. Je travaille dans des conditions idéales, avec la possibilité de pouvoir transformer une entreprise. C'est un moment-clé de l'histoire de la compagnie.
Nous avons les moyens pour dérouler le plan. Encore une fois, c'est en adéquation avec ceux du pays.
Nous travaillons avec de l'argent public, nous avons une obligation morale. Cet argent aurait pu aller ailleurs, dans des dépenses publiques pour les routes, les hôpitaux, etc. Je leur dis tout le temps que nous devons être excellents et qu'il est nécessaire que nous ayons un retour sur investissement.
C'est le leitmotiv qui doit nous guider.
TourMaG - Quelle est la situation de la concurrence sur Maurice ?
Laurent Recoura : Nous avons une joint venture avec Air France, dans laquelle nous partageons les revenus et les coûts.
La France est notre 1er marché, devant même le Royaume-Uni.
Après, nous sommes en compétition avec les gros connecteurs, comme les compagnies du Golfe. Le fait d'être petit nous pousse à être plus agiles et réactifs. Nous ne devons pas perdre cette guerre.
Par exemple, le premier vol au départ de la Réunion, un marché très important pour Maurice, partait le midi pour un retour le dimanche à 15h20. Les Réunionnais qui posent un RTT le vendredi ne partaient pas avec nous, ce n'est pas bon, nous avons changé.
Nous allons réinstaller un vol de nuit permettant d'être le dernier arrivé à la Réunion, puis l'avion dort et repart le premier le matin. Nous voulons que la clientèle réunionnaise revienne en week-end.
La pire des erreurs est de ne rien faire.