La ville évoque une vie maritime intense, une vocation balnéaire ancienne et l’intrigante présence d’un vieux quartier ceint de murailles - DR : Tourisme Bretagne
Ce jour d’été, j’arpentais les quais de Concarneau, un fin crachin tombait.
Une femme, seule, pêchait dans l’arrière-port, silhouette lourde, air las. Dans le ciel noiraud, les mouettes braillaient comme pour dire aux pêcheurs, « allez, sortez, ramenez-nous notre pitance ». Les chaluts côtiers n’en avaient cure, gigotant bord à bord sur l’eau grise et froide.
Nous étions un 13 juillet, soir de feu d’artifice, le cœur n’y était pas. Je frissonnais et rentrais à l’hôtel.
Le spleen éprouvé ce soir-là m’en a rappelé un autre. Celui qui suinte du « Chien jaune », l’une des premières enquêtes de Maigret, le héros légendaire de Georges Simenon, qui a pour cadre Concarneau. « Il pleuvait. Les rues étaient pleines d’une boue noire. Le vent agitait les persiennes du premier étage ». Brrrr…
Comme la plupart des ports du monde quand ils sont noyés dans le gris, Concarneau prête à la mélancolie. Et l’on doit dire que les pierres sombres de ce havre tordu, coupé en son milieu par le diverticule fortifié de la ville close, y contribuent beaucoup.
Mais sauf à chercher sciemment les tourments de l’âme, on vient plutôt ici par beau temps et pour ce que la ville évoque : une vie maritime intense, une vocation balnéaire ancienne et l’intrigante présence d’un vieux quartier ceint de murailles.
Une femme, seule, pêchait dans l’arrière-port, silhouette lourde, air las. Dans le ciel noiraud, les mouettes braillaient comme pour dire aux pêcheurs, « allez, sortez, ramenez-nous notre pitance ». Les chaluts côtiers n’en avaient cure, gigotant bord à bord sur l’eau grise et froide.
Nous étions un 13 juillet, soir de feu d’artifice, le cœur n’y était pas. Je frissonnais et rentrais à l’hôtel.
Le spleen éprouvé ce soir-là m’en a rappelé un autre. Celui qui suinte du « Chien jaune », l’une des premières enquêtes de Maigret, le héros légendaire de Georges Simenon, qui a pour cadre Concarneau. « Il pleuvait. Les rues étaient pleines d’une boue noire. Le vent agitait les persiennes du premier étage ». Brrrr…
Comme la plupart des ports du monde quand ils sont noyés dans le gris, Concarneau prête à la mélancolie. Et l’on doit dire que les pierres sombres de ce havre tordu, coupé en son milieu par le diverticule fortifié de la ville close, y contribuent beaucoup.
Mais sauf à chercher sciemment les tourments de l’âme, on vient plutôt ici par beau temps et pour ce que la ville évoque : une vie maritime intense, une vocation balnéaire ancienne et l’intrigante présence d’un vieux quartier ceint de murailles.
Premier port d’Europe… pour le thon tropical
La pêche n’est plus ce qu’elle fut à Concarneau. Au 19e s., jusqu’à 600 chaloupes accostaient dans l’avant-port à la saison de la sardine, relayées plus tard par les dundees thoniers.
Longtemps, la ville embauma l’huile et le poisson, les conserveries succédant aux presses à sardines dans le quartier de la Croix.
Vers 1900, une dizaine s’alignait sur le front de mer. Dans les années 1950, la réussite de l’entreprise Cassegrain, au port du Passage Lanriec, confirma cette suprématie.
La façade du Centre des Arts et de la Culture (CAC), quai de la Croix, a conservé la structure d’une ancienne « friterie », comme on les appelait aussi. Rue Dumont-Durville, on peut voir encore sa cheminée de briques.
Aujourd’hui, la criée de Concarneau est devenue trop grande pour l’activité de pêche, au point que plane l’idée d’un projet culturel pour la reconvertir en partie.
6 500 à 7 000 tonnes de poissons sont pêchées chaque année et l’essentiel provient de petits chalutiers côtiers, qui partent à la journée traquer langoustines, baudroies et sardines. La « bolinche » et la pêche hauturière, elles, sont réduites à la portion congrue.
Concarneau reste toutefois dans le top 10 des ports de pêche français et occupe une place méconnue de leader européen… pour le thon tropical.
Ceux qui connaissent les Seychelles comprendront : à Mahé, d’énormes chalutiers armés dans le port breton, traquent le thon toute l’année, aux côtés de bateaux basques.
Longtemps, la ville embauma l’huile et le poisson, les conserveries succédant aux presses à sardines dans le quartier de la Croix.
Vers 1900, une dizaine s’alignait sur le front de mer. Dans les années 1950, la réussite de l’entreprise Cassegrain, au port du Passage Lanriec, confirma cette suprématie.
La façade du Centre des Arts et de la Culture (CAC), quai de la Croix, a conservé la structure d’une ancienne « friterie », comme on les appelait aussi. Rue Dumont-Durville, on peut voir encore sa cheminée de briques.
Aujourd’hui, la criée de Concarneau est devenue trop grande pour l’activité de pêche, au point que plane l’idée d’un projet culturel pour la reconvertir en partie.
6 500 à 7 000 tonnes de poissons sont pêchées chaque année et l’essentiel provient de petits chalutiers côtiers, qui partent à la journée traquer langoustines, baudroies et sardines. La « bolinche » et la pêche hauturière, elles, sont réduites à la portion congrue.
Concarneau reste toutefois dans le top 10 des ports de pêche français et occupe une place méconnue de leader européen… pour le thon tropical.
Ceux qui connaissent les Seychelles comprendront : à Mahé, d’énormes chalutiers armés dans le port breton, traquent le thon toute l’année, aux côtés de bateaux basques.
Chantiers Piriou, moteur de la ville
A Concarneau, la vie maritime s’émancipe davantage à travers la plaisance et les chantiers navals.
Des centaines de voiliers font ainsi le bouchon toute l’année dans l’avant-port, face au quai Pénéroff.
Côté industrie, la zone d’activités portuaires défend son rang. Kaïros, la PME de construction de voiliers biosourcés du navigateur Roland Jourdain, est une structure d’innovation prometteuse.
Quant aux chantiers Piriou, en pleine croissance, ils sont la motrice économique de la ville. Des bateaux militaires s’y refont un lifting le temps d’un été tandis que d’autres sont construits. Le Yersin, navire high tech d’exploration et de recherche scientifique, a ainsi été livré en 2014.
Des centaines de voiliers font ainsi le bouchon toute l’année dans l’avant-port, face au quai Pénéroff.
Côté industrie, la zone d’activités portuaires défend son rang. Kaïros, la PME de construction de voiliers biosourcés du navigateur Roland Jourdain, est une structure d’innovation prometteuse.
Quant aux chantiers Piriou, en pleine croissance, ils sont la motrice économique de la ville. Des bateaux militaires s’y refont un lifting le temps d’un été tandis que d’autres sont construits. Le Yersin, navire high tech d’exploration et de recherche scientifique, a ainsi été livré en 2014.
Quartiers balnéaires
Quoiqu’il arrive, et même si le déluge tombe un jour sur les murailles de Concarneau, il y aura toujours un bateau en service : le bac, qui relie le quartier du Passage Lanriec à la Ville close. Il fonctionne depuis le 15e s. !
Avant la construction du pont sur le Moros, c’était le seul point de passage pour se rendre en ville, en venant de l’est. Les jours de marché, les paysans et leurs attelages se pressaient autour de l’embarcadère.
Le « passeur » appartient donc au paysage concarnois, comme un chromosome à son ADN. Évoqué à plusieurs reprises dans « Les demoiselles de Concarneau », l’autre roman de Simenon qui prend pour cadre le port, le bac est emprunté chaque jour par des locaux et des touristes.
Signe des temps, l’un des plus courts trajets maritimes au monde est assuré depuis 2015 par un bateau à propulsion électrique.
Tournant le dos à l’activité portuaire, les quartiers balnéaires ont aussi forgé la réputation de la ville.
L’image s’est construite à la fin du 19e s., lorsque des terrain ont été vendus à des bourgeois et des rentiers, dont beaucoup arrivaient de Paris. Le chemin de fer venait d’être inauguré.
Des hôtels et des maisons hautes à larges baies vitrées sortent alors de terre. Elles donneront naissance aux quartiers du Mine, du Coat Pin, des Sables Blancs, aujourd’hui encore très résidentiels.
La poudre opaline aveuglante de la plage des Sables Blancs, comme l’ouverture récente d’un centre de thalassothérapie, confirment la bonne tenue de cette vocation de villégiature.
Avant la construction du pont sur le Moros, c’était le seul point de passage pour se rendre en ville, en venant de l’est. Les jours de marché, les paysans et leurs attelages se pressaient autour de l’embarcadère.
Le « passeur » appartient donc au paysage concarnois, comme un chromosome à son ADN. Évoqué à plusieurs reprises dans « Les demoiselles de Concarneau », l’autre roman de Simenon qui prend pour cadre le port, le bac est emprunté chaque jour par des locaux et des touristes.
Signe des temps, l’un des plus courts trajets maritimes au monde est assuré depuis 2015 par un bateau à propulsion électrique.
Tournant le dos à l’activité portuaire, les quartiers balnéaires ont aussi forgé la réputation de la ville.
L’image s’est construite à la fin du 19e s., lorsque des terrain ont été vendus à des bourgeois et des rentiers, dont beaucoup arrivaient de Paris. Le chemin de fer venait d’être inauguré.
Des hôtels et des maisons hautes à larges baies vitrées sortent alors de terre. Elles donneront naissance aux quartiers du Mine, du Coat Pin, des Sables Blancs, aujourd’hui encore très résidentiels.
La poudre opaline aveuglante de la plage des Sables Blancs, comme l’ouverture récente d’un centre de thalassothérapie, confirment la bonne tenue de cette vocation de villégiature.
Ville close, 100 habitants
Reste la Ville close, le fameux embryon de cité embastillé derrière de lourds remparts.
On pourrait la croire construite ex-nihilo, sorte de presqu’île artificielle posée sur le port. Elle s’appuie en réalité sur un îlot rocheux colonisé au 14e s. par des moines qui y installent un couvent.
Les Ducs de Bretagne, inquiets de l’appétit des rois de France, lui donneront son caractère défensif. Remaniée aux 16e et 17e s., la Ville close « explosera » dans la seconde moitié du 19e s., lorsque l’essor des conserveries oblige à ouvrir d’autres quartiers.
Aujourd’hui, le petit rocher de 350 mètres de long pour à peine 100 mètres de large (et tout juste une centaine d’habitants permanents) montre ses belles maisons de granit à façades en pignon du 15e au 18e s., enserrées entre des portes et des poternes donnant sur l’eau.
« Close toujours, tu m’intéresses » semble être sa devise. L’invraisemblable marée humaine qui dès 10h déferle rue Vauban en saison et se répand dans les commerces touristiques plus ou moins racoleurs donne le vertige.
L’hiver, en revanche, l’enclos est désert et la petite vie concarnoise s’écoule ailleurs, entre la place Jean Jaurès, les Halles et la rue Dumont d’Urville.
Au fait, près de l’hôtel de l’Amiral, vous n’auriez pas vu passer un chien jaune ?
Pour aller plus loin : www.finisteretourisme.com
On pourrait la croire construite ex-nihilo, sorte de presqu’île artificielle posée sur le port. Elle s’appuie en réalité sur un îlot rocheux colonisé au 14e s. par des moines qui y installent un couvent.
Les Ducs de Bretagne, inquiets de l’appétit des rois de France, lui donneront son caractère défensif. Remaniée aux 16e et 17e s., la Ville close « explosera » dans la seconde moitié du 19e s., lorsque l’essor des conserveries oblige à ouvrir d’autres quartiers.
Aujourd’hui, le petit rocher de 350 mètres de long pour à peine 100 mètres de large (et tout juste une centaine d’habitants permanents) montre ses belles maisons de granit à façades en pignon du 15e au 18e s., enserrées entre des portes et des poternes donnant sur l’eau.
« Close toujours, tu m’intéresses » semble être sa devise. L’invraisemblable marée humaine qui dès 10h déferle rue Vauban en saison et se répand dans les commerces touristiques plus ou moins racoleurs donne le vertige.
L’hiver, en revanche, l’enclos est désert et la petite vie concarnoise s’écoule ailleurs, entre la place Jean Jaurès, les Halles et la rue Dumont d’Urville.
Au fait, près de l’hôtel de l’Amiral, vous n’auriez pas vu passer un chien jaune ?
Pour aller plus loin : www.finisteretourisme.com