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Compétitivité : Ben Smith (Air France) tire la sonnette d'alarme [ABO]

Ben Smith, Directeur général d'Air France-KLM


Dans une conjoncture plutôt morose pour le Groupe, les dirigeants d’Air France-KLM ont présenté, mardi 14 janvier 2025, à Paris, leurs vœux à la presse. L’occasion pour Ben Smith et les dirigeantes des compagnies Air France et KLM d’alerter sur les distorsions de concurrence de plus en plus pénalisantes pour les compagnies européennes.


Rédigé par le Mercredi 15 Janvier 2025

Marjan Rintel, Anne Rigail, Ben Smith et Anne-Marie Couderc à Paris le 14 janvier, pour les vœux à la presse d'Air France-KLM - Photo : C. Hardin
Marjan Rintel, Anne Rigail, Ben Smith et Anne-Marie Couderc à Paris le 14 janvier, pour les vœux à la presse d'Air France-KLM - Photo : C. Hardin
Comme à leur habitude, c’est dans un cadre élégant que les dirigeants du groupe Air France-KLM avaient convié les journalistes pour les vœux 2025, mardi 14 janvier.

Anne Marie Couderc, présidente du conseil d’administration, Benjamin Smith, le directeur général ainsi que Anne Rigail, directrice générale d’Air France et Marjan Rintel, directrice générale de KLM recevaient la presse à l’Opéra de Paris, dans la magnifique rotonde des glaciers ornée de marbre, de dorures et d’un joli plafond peint.

Ces vœux s’accompagnaient des allocutions des dirigeants du Groupe dressant un bilan de l’année passée et traçant les perspectives à venir.

Pour Ben Smith, les tensions géopolitiques, une situation économique compliquée et les défaillances des fournisseurs de pièces ont contribué à freiner une pleine reprise des activités.

Cependant il a voulu souligner les points positifs au sein du groupe. « Nous avons amélioré nos produits à tous les niveaux avec de nouveaux avions, de nouvelles cabines, de nouveaux lounges et de nombreuses innovations pour offrir des expériences uniques à tous nos passagers et saluées par de nombreuses distinctions.

En mars nous aurons notre nouveau produit « La Première » ( sur Air France seulement, ndlr) qui nous en sommes sûrs sera au sommet du marché.

Nous avons accéléré nos efforts de décarbonisation en volant avec des volumes additionnels de carburants durables et en continuant nos efforts sur le renouvellement de la flotte. À la fin 2024, 27% de notre flotte sera composé de nouveaux avions, comparé à seulement 5% en 2019. Notre objectif pour l'année 2030 est d'obtenir 80% avec, depuis 2018, 200 avions commandés
», a-t-il ajouté.


L’appel du Palais Garnier pour Ben Smith (Air France - KLM)

Cependant le directeur général d’Air France-KLM n’a pas caché son inquiétude face aux dangers d’une concurrence de plus en plus agressive, alors que pour les deux principales compagnies du Groupe, les restrictions de vols aux Pays-Bas et la fiscalité en France devraient avoir un impact négatif.

Il a tiré la sonnette d’alarme et lancé un appel.

« En cette soirée de début d’année et de vœux, j’appelle à une prise de conscience des marges concurrentielles qui ne cessent de se creuser entre les compagnies françaises et européennes et les compagnies étrangères. La différence entre la coopération État - compagnie en Europe et en Turquie ou dans les pays du Golf est saisissante.

Nous avons tous les atouts pour réussir en France et aux Pays-Bas, mais il faut s’en donner les moyens. En 2025 j’appelle donc à une véritable prise en compte en Europe de l’importance vitale du transport aérien, si l’on veut qu’il continue à jouer un rôle de moteur économique.

J’en appelle à la mise en place de règles internationales plutôt que locales pour ne pas créer de distorsion de concurrence et qui devront se généraliser.

L’Europe et particulièrement la France a réussi à construire un champion du transport aérien. Cela a été rendu possible par l’esprit d’innovation. Il faut préserver les fruits de ce travail, »
a-t-il déclaré de manière solennelle.

Les inquiétudes de Marjan Rintel et d’Anne Rigail

Anne Rigail : « La capacité à  opérer dans des conditions équitables n'est pas là » - Photo : C.Hardin
Anne Rigail : « La capacité à opérer dans des conditions équitables n'est pas là » - Photo : C.Hardin
Marjan Rintel, directrice générale de KLM a, elle aussi, souhaité insister sur une compétitivité en danger. « Une France bien connectée avec l'Europe et le reste du monde est dans l'intérêt de tous. »

Sur la volonté du Gouvernement de réduire drastiquement le nombre de vols au départ de l’aéroport de Schiphol, elle n’a pas mâché ses mots : « L'avion nous apporte la prospérité, et pour cela, nous avons besoin d'une approche globale et européenne.

Si notre gouvernement continue de proposer de nouveaux impôts et ajoute de nouvelles mesures supplémentaires encore plus contraignantes, il nous fabrique des problèmes pour l'avenir. J'espère qu’en 2025, nous pourrons construire des politiques plus réalistes, plus stables pour que nous puissions regarder en avant et construire un avenir solide
».

Enfin, Anne Rigail, la directrice générale d’Air France, dans un dialogue avec la presse a elle aussi emboité le pas de Ben Smith pour alerter, en particulier sur la situation du pavillon français. « Depuis qu’il est arrivé, Ben Smith ne cesse de dire qu'on a un vrai problème de compétitivité avec nos concurrents principaux, Turkish Airlines ou les compagnies du Golfe.

Les taxes locales comme celles en France sur les infrastructures l’an dernier, ou la future
TSBA qui est discutée aujourd'hui ne feront qu’aggraver cette situation. Nous l’avons déjà dit à de nombreuses reprises, en 20 ans, le pavillon français au global, a perdu un point de part de marché tous les ans.

Nous payons 3 milliards de taxes, impôts divers par an. Nous ne sommes pas contre les taxes, nous sommes contre le fait qu'effectivement, il n'y a pas de protection des pavillons européens et encore moins des pavillons français ».


Lire aussi : Aérien : ton pavillon (français) impitoya-bleuuuu !

Questionnée sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Qatar pour le transport aérien, Anne Rigail a précisé :
« Ce que nous contestons c'est que les conditions d'opération, les conditions réglementaires sont très différentes. Donc, il n'y a aucune raison que le marché européen, finalement, soit offert à Qatar dans des conditions réglementaires, financières, différentes de ceux des pavillons européens.

On sait, par exemple, que l’obligation pour un transporteur européen d’incorporer du carburant durable peut générer à l’horizon 2030 un coût de 100 euros, je crois, sur un billet comparé à un parcours opéré par un hub du Golfe ou un hub à Istanbul. Ce n’est pas raisonnable et la capacité à finalement opérer dans des conditions équitables n'est pas là ».


Que souhaiter au groupe Air France-KLM pour 2025 ? La santé bien sûr, de l’équité, et beaucoup de pugnacité.

Christophe Hardin Publié par Christophe Hardin Journaliste AirMaG - TourMaG.com
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