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Convention Centre-Est : les EDV sont d'attaque contre IATA, Booking et la formation... (Vidéo)

Retour sur la convention des Entreprises du Voyage Centre-Est


Les Entreprises du Voyage Centre-Est ont réuni 70 participants sous le soleil et au-dessus des nuages de la Cappadoce. Pendant 4 jours, les agents de voyages et fournisseurs ont pu non seulement découvrir une région de Turquie encore peu touchée par le tourisme mais aussi entendre quelques messages contre IATA et sur une remise en question aussi bien des dirigeants des agences que des centres de formation.


Rédigé par le Lundi 17 Juin 2019

A l'image de la météo qui alternait aussi bien les longues plages chaudes du soleil que les pluies diluviennes, la convention des EDV Centre-Est a fait le point sur les dossiers chauds.

Sans parler du survol en montgolfière de la vallée rouge, ces quelques jours loin des agences ont permis aux adhérents d'entendre des messages d'actions de la part des acteurs de la profession, contre ceux qui fragilisent toujours plus les points de vente.

Et des si les éclairs ont zébré par moment le ciel d'Ürgüp, il ne fait pas de doute que celui couvrant les relations entre les agences et IATA devrait être peuplé de nuages bien sombres.

Dans la roue d'un Michel de Blust, secrétaire général de l'ECTAA et futur retraité en septembre prochain, Valérie Boned, secrétaire générale des EDV est venue appuyer un discours fort contre IATA : "L'association des compagnies est au cœur de nos préoccupations, et je peux vous dire que nous sommes de tout cœur derrière l'ECTAA".

Le syndicat des TO européens a déposé il y a quelques jours une plainte contre IATA pour "abus de position dominante."

Lire : Abus de position dominante : l'ECTAA dépose plainte contre IATA

Ainsi, à chaque réunion entre la distribution et les compagnies aériennes (APJC) "au menu de celle-ci, IATA nous délivre la façon à laquelle nous allons être mangés."

IATA compare les agences françaises aux réseaux pakistanais

Peu amicales les relations ont même franchi un nouveau cap pour devenir glaciales.

IATA accélère sa distribution directe et durcit les conditions envers les agences distributrices, mais les EDV ont décidé de mettre le holà.

Si le syndicat turc des agences (TURSAB) menace d'appliquer la loi du talion, et de rendre coup pour coup envisageant même de se passer de IATA, en Europe l’excès d'autoritarisme n'est pas dans les règles de bienséance du moins pour la France.

Face à une association ayant décidé de réviser les critères du BSP de "façon arbitraire" dans 10 pays européens dans lesquels bizarrement l'Allemagne ne figure pas, les Entreprises du Voyage se sont armées d'arguments pour mener les discussions face aux compagnies.

Et Valérie Boned de détailler : "Nous avons mis le doigt sur quelque chose qui pourrait faire voler en éclat le modèle global du BSP."

Pour le moment les pistes n'ont pas été dévoilées par la secrétaire générale, mais devrait l’être publiquement dans les prochains jours.

D'autant qu'il ne faut pas perdre d'esprit la résolution 824 : "L'article 9 indique que vous devez être rémunérés, mais où est-elle cette rémunération de la part de IATA ? Juridiquement l'agent n'a plus à exécuter les règles qui lui sont imposées," explique Michel de Blust.

Entre la plainte du lobby européen du tourisme et les EDV qui veulent se montrer fermes, IATA pourrait avoir fort à faire, surtout que le syndicat français ne va pas plier face à des patrons qui comparent les agences françaises "comme les pires. Nous serions au niveau du Pakistan, alors que nous en sommes en réalité bien loin."

Une guerre d'usure s'engage, mais avec des mots et non une politique de la chaise vide.

Booking dans l'oeil du cyclone

Et si les compagnies aériennes imposent des critères et exigent des garanties qu'elles ne sont pas capables de fournir, il en est d'autres qui se retrouvent dans l'oeil du cyclone des agences.

Les GAFA ont totalement remodelé l'industrie touristique, grignotant des parts de marché. Ils ont bouleversé les modèles économiques d'entreprises historiques, suivez mon regard du côté du Royaume-Uni.

Alors que TURSAB (syndicat turc des agences de voyages) a réussi tout simplement à chasser Booking de la Turquie sous prétexte que la plateforme doit être immatriculée. "Elle se comporte comme une agence et en plus elle ne paye pas d'impôt chez nous" explique Nurten Keskin Rollier conseillère pour TURSAB.

Face au refus du géant américain de se conformer aux exigences du pays, le gouvernement a fermé le site, quelques semaines plus tard une version "made in Turquie" créée par un groupement d'agences prenait sa place.

En Europe, le fusil se rapproche de la cible. L'ECTAA et les acteurs européens veulent se battre contre des mastodontes en situation de quasi-monopole même si le syndicat européen ne peut pas imiter leurs homologues turcs : "Booking vient d'entrer dans le viseur de la Commission européenne. En faisant partie du club fermé des GAFA, les commissaires vont étudier sa position dans le secteur, en respect du droit de la concurrence."

Une attaque soutenue par les EDV.... Booking n'est pas immatriculé en France. Toutefois "nous voulons qu'il le fasse" martèle une Valérie Boned combative.

Les acteurs du tourisme ont décidé de siffler la fin de la partie. Reste à savoir dans combien de temps ces démarches se termineront.

Les responsables de la formation attaqués par les adhérents

Les sujets ont occasionné un jeu de questions-réponses alternant entre inquiétudes et envie de voir la profession se rebeller.

Il en est un, où les échanges furent tendus et les intervenants malmenés, celui de la formation.

Yannick Faucon, président des EDV Centre-Est affichait comme ambition en début de semaine sur TourMaG.com une volonté de remettre en question les adhérents des Entreprises du Voyage.

"Les dirigeants cherchent toujours le mouton à 5 pattes, sauf qu'il n'existe pas, les Millennials d'aujourd'hui ne sont pas les travailleurs des années 1970 ou 80."

Une fois de plus, les agents de voyages sont allés frontalement en opposition avec les affirmations des représentantes d'EPT et TravelPro formations.

Le fameux décalage, éternel et inusable, entre la formation et les réels besoins de la profession est ressorti. Les attaques se sont faites surtout au niveau de professionnels sortant des formations traditionnelles.

Jean-Marc Folliet de KDI Travel d'affirmer "nous avons décidé de prendre des élèves d'écoles de commerces, car ceux des formations de tourisme n'apportent aucune valeur ajoutée."

Un uppercut aussitôt suivit par une droite bien placée et envoyée par Philippe Le Fur le PDG de KeepCall "je rejoins mon collègue sur la notion de vendeur. Vendre est devenu un gros mot pour ces nouvelles générations."

Tout comme le tourisme a perdu en attractivité. A leurs yeux et pour quelques bonnes raisons : le salaire, les valeurs de l'entreprise et son dynamisme.

"Nous devons aussi travailler sur notre image auprès du grand public et donc de nos futurs recrues. Les clients ne pensent pas obtenir un produit sur-mesure en se rendant dans une agence, c'est faux et nous devons casser cette image" prêche Valérie Boned.

Formation, GAFA, IATA... Tous ces sujets démontrent que les Entreprises du Voyage sont sur le pied de guerre pour accompagner le changement, mais il ne faut pas oublier un indicateur dans ces bouleversements.

"Pour perdurer l'industrie touristique partout dans le monde doit se fixer comme cap de défendre ses valeurs et non ses intérêts" conclut Nurten Keskin Rollier.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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