EXCLUSIF - Univairmer : le réseau est-il plombé ou sorti d'affaire ? [ABO]

Ce début d'année 2025 est catastrophique pour le tourisme.

Certes Atout France est sauvée, mais le secteur a dé perdu Travel Europe corps et biens et voit vaciller dangereusement Univairmer.

Depuis novembre dernier, l'entreprise créée par Jean Dionnet affiche une santé financière inquiétante.

A tel point que, quelques jours après le rachat par Tomorrow Travel, le réseau a décidé de ne plus payer certains tour-opérateurs.

L'ardoise est vite montée, pour atteindre sans doute plus d'un million d'euros, voire même deux, selon les calculs des principaux intéressés.

Après quelques réunions, les garanties ont été apportées et les tour-opérateurs payés. Mais l'accalmie a été de courte durée. Le changement d'année et l'approche de la haute saison des réservations n'ont pas apporté davantage de sérénité, loin de là...

La situation est même devenue critique, avec la suspension des 70 agences de Tourfinance, mardi 28 janvier 2025, privées de la centrale de paiement de TourCom.

Depuis, les réunions entre les actionnaires et la direction se succèdent. Voici le récit complet des derniers jours...

Au lendemain de l'annonce par TourCom de suspendre l'un de ses plus gros adhérents, Thibaut Aufort a promis une solution de recapitalisation dans les 48 heures.

Notre premier point d'étape ce situe le lendemain de notre article. Malgré des rencontres jusque tard jeudi soir, aucune solution n'a été trouvée.

Bref, cette fin de semaine La tension était plus que palpable. Certaines agences ont gardé les rideaux fermés et d'autres ont prétexté une panne informatique pour éviter de nouvelles réservations.

"Nous ne vendons rien, nous refusons de faire plus de dégâts auprès de notre clientèle. Le coup de la panne marche auprès des clients... pour le moment.

On ne prend même pas les soldes des dossiers au cas où... mais mentir aux clients est totalement intenable," nous confie un vendeur préférant conserver l'anonymat.

A lire sur le sujet : Univairmer : 48 h pour sauver 70 agences !

Après une rude journée pour les agents de voyages, nous attaquons notre 2e point d'étape de l'opération sauvetage.

Face à ce marasme et alors qu'une réponse devait être apportée en dernier recours vendredi soir, 31 janvier 2025, sous peine de voir ressurgir la plus importante faillite depuis Thomas Cook, les actionnaires se sont de nouveau réunis.

Une position avait été trouvée.

Les propriétaires ont proposé d'apporter 2 millions d'euros, tout en demandant le départ de Thibaut Aufort. Ce dernier avait pris seul les commandes fin octobre, suite au retrait du fondateur de Tomorrow Travel.

Il avait ensuite acquis Univairmer et était devenu par la même occasion actionnaire majoritaire...

Mais il devait régler à l'ancien dirigeant d'Ailleurs Voyages le rachat des actions de Lucas Gebhardt, le 10 janvier dernier.

Le virement n'est jamais arrivé.

Un échéancier devait parvenir en début de semaine dernière dans la boite mail du jeune entrepreneur. Faute de proposition, les actions redeviennent la propriété de fait de Lucas Gebhardt. Thibaut Aufort ne serait donc plus l'actionnaire majoritaire.

En outre, après la saisine par le fondateur de Mobee Travel, le Tribunal a ordonné la tenue d'une assemblée générale extraordinaire, ce vendredi à 15h.

Le jeune homme pense alors trouver un accord financier et acter le départ de son ex-associé. Sauf que ça ne va pas vraiment se passer comme dans ses plans.

Surprise, alors que Thibaut Aufort présente sa démission, les actionnaires la refusent, ils veulent qu'il mène à bon port ce bateau dangereusement âbimé.

Avant le début du week-end, un mail a été envoyé aux équipes pour les rassurer.

Il précisait que les réunions allaient se poursuivre dans les deux prochains jours, et qu'elles "aboutiraient en principe en début de semaine prochaine."

Or, pendant les 48 h qui suivirent, plus de son, plus d'image.

Après quelques heures de repos, une nouvelle semaine débute et aucune recapitalisation n'a été trouvée, malgré la promesse de Thibaut Aufort.

Si le trou exact est difficile à quantifier, même pour une source proche du dossier, il faudrait réunir au minimum 3 millions d'euros pour repartir du bon pied.

Dès ce lundi matin, les entretiens se poursuivent, le ton est moins critique, les informations plus optimistes. En milieu de matinée, un accord serait trouvé.

Un message électronique est alors envoyé aux partenaires pour les rassurer.

"Mais comme vous le savez la situation d'Univairmer s'est compliquée ces derniers jours.

Grâce à la mobilisation de tous, une solution de recapitalisation à plusieurs millions d'euros serait en passe d'être trouvée avec l'apport d'un investisseur du secteur.

Cette opération doit aboutir, en début de semaine, demain au plus tard,"affirme son directeur général.

A la suite de ce mail, nous en avons appris plus sur le deal envisagé.

A lire : Fournisseurs impayés : que se passe-t-il chez Univairmer ?

Il prévoyait l'apport de 6 millions d'euros, par un trio, dont nous ne dévoilerons pas l'identité. A la tête de l'équipe des pompiers, nous retrouvons Lucas Gebhardt, bien décidé à mettre fin à cette situation intenable.

Accompagné par les TO actionnaires et un investisseur bien connu de l'industrie touristique, le jeune homme serait en passe de remettre d'aplomb l'entreprise.

Sauf que cette opération est plus complexe qu'il n'y parait et surtout, le jeune entrepreneur n'est plus de la partie. Refroidi, par le faux départ de l'ancien dirigeant d'Ailleurs Voyages, il ne participe plus aux négociations.

Il reste malgré tout disponible pour ceux qui veulent bien sauver le réseau.

Face à un trou insondable, une comptabilité précaire et des dettes éparpillées façon puzzle, les sauveteurs se doivent d'avoir les reins et les nerfs solides.

De plus, il apparait que composer avec une dizaine d'actionnaires n'est pas dès plus facile pour trouver un accord, même face à un problème aussi épineux.

Au moment même, où nous écrivons ces lignes, l'optimisme de la matinée a laissé place à l'extrême inquiétude. Les derniers échos qui nous parviennent sont plutôt négatifs quant à la probabilité d'un sauvetage de dernière minute.

Une réunion, de la dernière chance (encore), doit se tenir, ce mardi 3 février.

Vous comprenez bien que dans cette tortueuse opération, la vérité de ce jour n'est peut être pas celle de demain. Une chose est sûre : l'avenir du réseau ne tient qu'à un fil élimé, par la fatigue d'un redressement toujours annoncé, mais jamais arrivé.