Exploris : "Le succès des affrètements, nous amène à réfléchir à un 2e navire"

L’interview d’Éric Lustman, Vice-président exécutif d’Exploris

La saison 2024-2025 a marqué une nouvelle étape pour Exploris, jeune compagnie spécialisée dans la croisière d’expédition francophone. Fort d’une croissance de 35% du nombre de passagers, Exploris annonce une extension de sa prochaine saison antarctique, qui débutera un mois plus tôt. Le point avec Éric Lustman, vice-président d’Exploris.

Rédigé par Laurent Guéna le Mercredi 23 Avril 2025

Eric Lutsman, directeur commercial et marketing d'Exploris, se dit satisfait de la deuxième saison de l'Exploris One en Antarctique @Exploris

TourMaG - Vous venez de conclure votre deuxième saison en Antarctique. Quel bilan en tirez-vous ?

Éric Lustman : Un bilan très positif. Nous avons opéré neuf croisières dans l’hémisphère sud, dont sept en Antarctique. Le nombre de passagers a progressé d’environ 35% par rapport à l’année précédente, ce qui confirme l’intérêt croissant pour notre concept 100% francophone. Notre notoriété grandit, et le taux de satisfaction a atteint 98%, un excellent indicateur.

TourMaG - Quels sont les atouts du navire pour les croisières d’expédition ?

Éric Lustman : Exploris One dispose de 72 cabines, soit 144 passagers en capacité maximale. Mais en zone polaire, nous limitons volontairement à 120 passagers pour maximiser l’expérience à terre. Cette taille nous permet d’éviter les rotations systématiques, de favoriser des sorties longues en Zodiac, kayak ou randonnée, et d’ajuster le programme en temps réel selon les opportunités.

On interrompt une conférence si des baleines sont à proximité. C’est ce que recherchent nos passagers : de l’authenticité, de la réactivité, et un lien fort avec la nature.

Exploris : des retours d'agences qui sont très positifs

Le mois de novembre permet de découvrir l'Antarctique sous un autre angle©Exploris – V Eschmann

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TourMaG - Quelles sont les spécificités de votre clientèle ?

Éric Lustman : Notre cœur de cible est francophone : 98% de nos passagers viennent de France, de Belgique, de Suisse, du Luxembourg ou du Canada. La moyenne d’âge est de 63 ans, avec une légère majorité féminine. Nous avons aussi une politique volontariste en faveur des passagers solos : pas de supplément single sur de nombreuses croisières. Résultat : 17% de nos cabines cet hiver ont été occupées par des voyageurs seuls.

TourMaG - Quelle place occupe la distribution dans vos ventes ?

Éric Lustman : Elle représente 44% des ventes cette année. C’est un levier essentiel. Notre équipe commerciale, pilotée par Corinne Renard, a beaucoup investi dans les relations avec les agences : fam trips, visites à quai, présence dans des réseaux. La connaissance du produit progresse, la confiance aussi. Et les retours des agences sont très positifs.

TourMaG : Vous venez d’être admis comme membre permanent de l’IAATO. C’est une reconnaissance ?

Éric Lustman : C’est plus qu’une reconnaissance, c’est une condition sine qua non pour opérer en Antarctique. L’IAATO (International Association of Antarctica Tour Operators) régule l’ensemble des activités touristiques sur le continent. Nous étions membres observateurs la première année.

Cette saison, nous avons accueilli un inspecteur à bord pour auditer nos pratiques : gestion des débarquements, sécurité, encadrement, respect des normes environnementales. Le rapport a été positif, et nous avons été admis comme membres permanents. Un beau travail collectif.

L'Antarctique en novembre, un angle différent

TourMaG - Vous annoncez une arrivée plus précoce en Antarctique l’hiver prochain. Pourquoi ce choix ?

Éric Lustman : Jusqu’ici, notre saison débutait fin décembre. Pour 2025-2026, nous avons décidé de commencer dès novembre. Cela permettra de découvrir l’Antarctique sous un angle différent : plus de glace, plus de neige, une lumière unique, des couchers et levés de soleil spectaculaires. C’est aussi la période de reproduction de certaines espèces. Cette décision a été bien accueillie : les croisières de novembre et décembre se remplissent vite.

TourMaG - Le navire est désormais en route pour d’autres destinations ?

Éric Lustman : Oui, nous venons de quitter l’Antarctique. Exploris One est actuellement entre Dakar et les îles Bijagos. Il poursuivra vers les Açores, puis rejoindra Saint-Nazaire pour notre seconde croisière gastronomique. Cette édition est complète, avec même une liste d’attente. Elle réunira à nouveau de grands chefs sous l’égide de Jean-Yves Guého. Ce format plaît énormément. Nous en ferons un rendez-vous annuel.

Des affrètements qui poussent à trouver rapidement un nouveau navire

La croisière gastronomique qui partira cette année de Saint-Nazaire a trouvé son public ©Exploris – Romain Adam

TourMaG - Vous développez aussi des croisières affrétées ?

Éric Lustman : Oui, Exploris One plaît beaucoup aux partenaires souhaitant privatiser un navire : son format, sa souplesse, son positionnement haut de gamme sont très appréciés. Nous avons des affrètements avec Les Voyages de Sophie, Intermèdes, mais aussi avec des partenaires nord-américains. C’est un vrai pilier de notre modèle économique. Cela sécurise nos plannings, même si cela limite l’offre à la vente individuelle.

TourMag.com - Cela vous pousse à envisager une montée en puissance ?

Éric Lustman : Exactement. Le succès des affrètements, combiné à notre développement en direct, nous amène à réfléchir à un deuxième navire. Nous travaillons avec des architectes et discutons déjà avec des chantiers. Ce n’est pas encore signé, mais les saisons 2026 et 2027 se remplissent vite. Il faut anticiper.

TourMaG - L’évolution des normes environnementales vous pousse aussi dans ce sens ?

Éric Lustman : Clairement. Les futures réglementations internationales favorisent les navires de petite taille et à faible impact. C’est notre créneau. Exploris One fonctionne aujourd’hui au MGO, un gasoil à très faible teneur en soufre, conforme aux standards polaires.

Pour la suite, nous étudions d’autres solutions mais qui peuvent poser des questions d’autonomie et d’approvisionnement, surtout dans les régions les plus isolées.