Le tourisme connaît bel et bien une nouvelle crise dont il est difficile de prévoir la durée, l’étendue, le nombre et l’origine des belligérants. - Depositphotos.com Auteur Fahroni
Selon mon confrère Jean Da Luz, dans son article du 30 octobre, les vacanciers ne sont pas vraiment rassurés. Ils annulent, ils reportent, ils attendent des jours meilleurs pour programmer leurs prochains départs.
Plus proche de nous que la guerre en Ukraine, il est vrai que le conflit au Moyen-Orient qui a tué (entre autres) une trentaine de Français ne peut qu’accroître les craintes de nos compatriotes devant les images de violence proposées sur leurs écrans.
Le tourisme connaît bel et bien une nouvelle crise dont il est difficile de prévoir la durée, l’étendue, le nombre et l’origine des belligérants.
Une fois de plus notre lisibilité du monde de demain est donc réduite et suspendue à la parole des politiciens, politologues et experts en tout genre qui essaient d’y voir un peu clair dans un chaos que nous aurions pu et dû anticiper.
Quant à la violence de toutes sortes d’actes racistes et antisémites, elle est bien là elle aussi pour contribuer au stress ambiant d’une population européenne qui, entre inflation, catastrophes climatiques, émeutes, migrations forcées, guerres, avait plutôt envie de se détendre et de faire une pause.
Nous entrons en ce moment dans ce que le sociologue américain Randall Collins appelle la « zone d’hystérie ». Soit une zone où la vie sociale s’emballe, les opinions se polarisent, et où des crimes en représailles peuvent être commis…
Plus proche de nous que la guerre en Ukraine, il est vrai que le conflit au Moyen-Orient qui a tué (entre autres) une trentaine de Français ne peut qu’accroître les craintes de nos compatriotes devant les images de violence proposées sur leurs écrans.
Le tourisme connaît bel et bien une nouvelle crise dont il est difficile de prévoir la durée, l’étendue, le nombre et l’origine des belligérants.
Une fois de plus notre lisibilité du monde de demain est donc réduite et suspendue à la parole des politiciens, politologues et experts en tout genre qui essaient d’y voir un peu clair dans un chaos que nous aurions pu et dû anticiper.
Quant à la violence de toutes sortes d’actes racistes et antisémites, elle est bien là elle aussi pour contribuer au stress ambiant d’une population européenne qui, entre inflation, catastrophes climatiques, émeutes, migrations forcées, guerres, avait plutôt envie de se détendre et de faire une pause.
Nous entrons en ce moment dans ce que le sociologue américain Randall Collins appelle la « zone d’hystérie ». Soit une zone où la vie sociale s’emballe, les opinions se polarisent, et où des crimes en représailles peuvent être commis…
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Terrorisme : plus de 80% des Français se disent inquiets
Voilà pourquoi, plus précisément, selon une enquête Elabe datant du 18 octobre, 84% des Français se disent inquiets, dont 51% plutôt inquiets et 33% très inquiets par rapport à la menace terroriste. A l’inverse, seuls 16% ne sont pas inquiets.
Encore plus alarmant : 6 parents sur 10 craignent que l’établissement scolaire de leur enfant soit la cible d’une attaque terroriste. Et, autre donnée inquiétante : plus de 4 Français sur 10 ont l’intention de changer leurs comportements en matière de sorties.
Ils se déclarent donc prêts à éviter d’assister à de grands évènements, à éviter de faire du tourisme dans certaines grandes villes ou lieux touristiques et à éviter les restaurants, bars, salles de spectacle.
Même les transports en commun pourraient être moins utilisés. Mais, à contrario : 56% de nos compatriotes n’ont pas l’intention de modifier leurs habitudes. Ce qui ne constitue pas vraiment une bonne nouvelle, sachant que les opinions et attitudes évoluent tous les jours, mais en dit long sur l’état d’esprit et l’hétérogénéité de nos sociétés occidentales écartelées entre optimisme et pessimisme, audace, solidarité, révolte…
Une hétérogénéité reflétée par la population touristique qui, loin de réagir uniformément, réagit avec des variantes liées tant à la personnalité qu’à la classe sociale mais aussi et surtout au contexte précis dans lequel se pose la question de « partir ou ne pas partir », sachant que les modes d’organisation d’un futur voyage comptent aussi beaucoup.
Encore plus alarmant : 6 parents sur 10 craignent que l’établissement scolaire de leur enfant soit la cible d’une attaque terroriste. Et, autre donnée inquiétante : plus de 4 Français sur 10 ont l’intention de changer leurs comportements en matière de sorties.
Ils se déclarent donc prêts à éviter d’assister à de grands évènements, à éviter de faire du tourisme dans certaines grandes villes ou lieux touristiques et à éviter les restaurants, bars, salles de spectacle.
Même les transports en commun pourraient être moins utilisés. Mais, à contrario : 56% de nos compatriotes n’ont pas l’intention de modifier leurs habitudes. Ce qui ne constitue pas vraiment une bonne nouvelle, sachant que les opinions et attitudes évoluent tous les jours, mais en dit long sur l’état d’esprit et l’hétérogénéité de nos sociétés occidentales écartelées entre optimisme et pessimisme, audace, solidarité, révolte…
Une hétérogénéité reflétée par la population touristique qui, loin de réagir uniformément, réagit avec des variantes liées tant à la personnalité qu’à la classe sociale mais aussi et surtout au contexte précis dans lequel se pose la question de « partir ou ne pas partir », sachant que les modes d’organisation d’un futur voyage comptent aussi beaucoup.
Quatre profils dominants de voyageurs
Les craintifs
Comme dans tous les contextes de crise qu’il s’agisse de pandémie, d’incendies ou autres catastrophes climatiques, émeutes, actes terroristes, une partie de la population plutôt conservatrice, repliée sur elle-même, se laisse volontiers gagner par une peur irraisonnée qui la pousse à se soustraire radicalement au danger.
Soumise aux rumeurs, elle ne cherche pas véritablement à s’informer. Elle reste dans l’expectative.
Les pseudo aventuriers
A l’opposé, un groupe plutôt jeune, éduqué, habitué à voyager, ne se laisse pas du tout impressionner. Au contraire, ces jeunes ont tendance à considérer comme une forme d’aventure le voyage dans une zone risquée.
Souvent inconscients des dangers, ils affichent leur détermination à voyager. Pour peu qu’ils disposent d’un compte très suivi et très « liké » sur un réseau social, ils se prennent volontiers pour les grands reporters qu’ils ne sont pas !
Parmi eux, se retrouvent également des personnalités altruistes soucieuses de prêter main forte aux victimes des conflits. Soit dans un cadre organisé, soit de façon informelle. Solidaires, elles espèrent pouvoir soulager une partie des souffrances du monde.
Les prudents prévoyants
Ceux-là se sont mis au diapason des fureurs du monde. Informés, prudents, ils ont bien compris que leurs vacances pouvaient facilement être compromises par les drames récurrents qui nous frappent. Ils se sont donc dotés des moyens d’avoir peur et d’annuler leur voyage ou de le reporter.
A moins tout simplement que l’ambiance s’apaise et laisse entrevoir des possibilités de déplacements moins risquées. Ils font en général confiance en leurs agences de voyages. Ils font aussi partie de la catégorie de voyageurs qui peut sans trop de difficultés changer ses projets (retraités, indépendants…).
Les imprudents négligents
Mais, les plus nombreux restent probablement les négligents, ceux qui imaginent qu’ils réussiront toujours à passer entre les gouttes. Ils ne veulent rien changer à leurs projets mais sont les premiers à monter au créneau quand on évoque une annulation ou un report.
Se croyant invincibles, ils appartiennent aussi à une catégorie de la population qui prévoit longtemps à l’avance ses voyages, pose ses dates de congés, prépare son déplacement et a du mal à changer ses plans.
Comme dans tous les contextes de crise qu’il s’agisse de pandémie, d’incendies ou autres catastrophes climatiques, émeutes, actes terroristes, une partie de la population plutôt conservatrice, repliée sur elle-même, se laisse volontiers gagner par une peur irraisonnée qui la pousse à se soustraire radicalement au danger.
Soumise aux rumeurs, elle ne cherche pas véritablement à s’informer. Elle reste dans l’expectative.
Les pseudo aventuriers
A l’opposé, un groupe plutôt jeune, éduqué, habitué à voyager, ne se laisse pas du tout impressionner. Au contraire, ces jeunes ont tendance à considérer comme une forme d’aventure le voyage dans une zone risquée.
Souvent inconscients des dangers, ils affichent leur détermination à voyager. Pour peu qu’ils disposent d’un compte très suivi et très « liké » sur un réseau social, ils se prennent volontiers pour les grands reporters qu’ils ne sont pas !
Parmi eux, se retrouvent également des personnalités altruistes soucieuses de prêter main forte aux victimes des conflits. Soit dans un cadre organisé, soit de façon informelle. Solidaires, elles espèrent pouvoir soulager une partie des souffrances du monde.
Les prudents prévoyants
Ceux-là se sont mis au diapason des fureurs du monde. Informés, prudents, ils ont bien compris que leurs vacances pouvaient facilement être compromises par les drames récurrents qui nous frappent. Ils se sont donc dotés des moyens d’avoir peur et d’annuler leur voyage ou de le reporter.
A moins tout simplement que l’ambiance s’apaise et laisse entrevoir des possibilités de déplacements moins risquées. Ils font en général confiance en leurs agences de voyages. Ils font aussi partie de la catégorie de voyageurs qui peut sans trop de difficultés changer ses projets (retraités, indépendants…).
Les imprudents négligents
Mais, les plus nombreux restent probablement les négligents, ceux qui imaginent qu’ils réussiront toujours à passer entre les gouttes. Ils ne veulent rien changer à leurs projets mais sont les premiers à monter au créneau quand on évoque une annulation ou un report.
Se croyant invincibles, ils appartiennent aussi à une catégorie de la population qui prévoit longtemps à l’avance ses voyages, pose ses dates de congés, prépare son déplacement et a du mal à changer ses plans.
Des « pays amis »… qui ne sont plus amis
… Pour en revenir au marasme que provoque cette nouvelle donne géopolitique, il est d’autant plus mal vécu que le monde arabo musulman et Israël font partie des destinations favorites des Français. Tunisie, Maroc, Égypte, Turquie... sont choisies par plusieurs millions de nos concitoyens et d’Occidentaux qui avaient tendance à considérer ces destinations comme des « pays amis » dans lesquels les risques leur seraient épargnés.
Or, depuis le 11 septembre et le basculement du monde dans une nouvelle phase de son histoire, le terrorisme fait partie des impondérables liés au voyage. Notamment dans ces pays où il a déjà frappé : Tunisie, Maroc, Égypte… mais aussi dans certaines régions d’Afrique de plus en plus exposées à des attaques à plus ou moins grande échelle dont les touristes font en général les frais.
Lire aussi : Israël : quel avenir pour le Proche et le Moyen-Orient ? 🔑
Quant aux pays européens où, malheureusement, les attentats ne se comptent plus sur un seul doigt de la main, mais bien au-delà, ils ne sont guère plus rassurants. Belgique, Allemagne, Royaume-Uni, Autriche, Suède, Danemark, Espagne et France (où depuis 2012, les attentats terroristes ont causé la mort de 272 personnes et fait près de 1200 blessés) font partie de cette liste noire.
Signés par des mouvances diverses mais toutes animées par la même idéologie, ces actes terroristes qui obéissent à des modes opératoires différents, sont également le quotidien du Pakistan et de l’Afghanistan tandis que l’Inde connaît des attaques religieuses entre nationalistes hindous et musulmans etc.
Sans compter les tueries massives qui toutes les semaines secouent l’actualité nord-américaine. Même les Émirats arabes unis pourraient être frappés à l’avenir, comme l’indique un journal britannique !
Comment en est-on arrivés là ? Pas à pas, en regardant ailleurs, en imaginant que le modèle occidental était le seul à pouvoir sauver l’humanité. Or, l’humanité s’est bel et bien embarquée dans une tempête et a embarqué le secteur touristique avec elle. Il faut l’accepter.
* Il est minuit dans le siècle. Victor Serge. 1936
Or, depuis le 11 septembre et le basculement du monde dans une nouvelle phase de son histoire, le terrorisme fait partie des impondérables liés au voyage. Notamment dans ces pays où il a déjà frappé : Tunisie, Maroc, Égypte… mais aussi dans certaines régions d’Afrique de plus en plus exposées à des attaques à plus ou moins grande échelle dont les touristes font en général les frais.
Lire aussi : Israël : quel avenir pour le Proche et le Moyen-Orient ? 🔑
Quant aux pays européens où, malheureusement, les attentats ne se comptent plus sur un seul doigt de la main, mais bien au-delà, ils ne sont guère plus rassurants. Belgique, Allemagne, Royaume-Uni, Autriche, Suède, Danemark, Espagne et France (où depuis 2012, les attentats terroristes ont causé la mort de 272 personnes et fait près de 1200 blessés) font partie de cette liste noire.
Signés par des mouvances diverses mais toutes animées par la même idéologie, ces actes terroristes qui obéissent à des modes opératoires différents, sont également le quotidien du Pakistan et de l’Afghanistan tandis que l’Inde connaît des attaques religieuses entre nationalistes hindous et musulmans etc.
Sans compter les tueries massives qui toutes les semaines secouent l’actualité nord-américaine. Même les Émirats arabes unis pourraient être frappés à l’avenir, comme l’indique un journal britannique !
Comment en est-on arrivés là ? Pas à pas, en regardant ailleurs, en imaginant que le modèle occidental était le seul à pouvoir sauver l’humanité. Or, l’humanité s’est bel et bien embarquée dans une tempête et a embarqué le secteur touristique avec elle. Il faut l’accepter.
* Il est minuit dans le siècle. Victor Serge. 1936
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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