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Futuroscopie : Mal être, un changement de paradigmes mine nos esprits 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


Les Français sont préoccupés par leur santé mentale mais la plupart ne consultent pas et ne s’adonnent pas non plus aux innombrables thérapies que leur proposent de nouveaux praticiens, plus ou moins bien formés. Prégnant le mal être fait tache d’huile parmi toutes les générations et risque de s’intensifier dans les mois à venir. Il traduit en effet une perte de repères liée aux phénomènes dramatiques que l’humanité subit depuis plusieurs années. Les phénomènes visibles mais aussi les changements invisibles qui minent les esprits. Décryptage.


Rédigé par le Mercredi 17 Mai 2023

L'Occident perd de son aura et de sa puissance sur le reste du monde - Depositphotos.com Auteur Foto_vika
L'Occident perd de son aura et de sa puissance sur le reste du monde - Depositphotos.com Auteur Foto_vika
Les derniers congés ont permis à beaucoup de Français de partir en vacances, mais à autant de ne pas partir. En panne, l’ascenseur social maintient les plus riches d’un côté, et les plus modestes d’un autre dans les catégories où ils sont nés.

Entre les deux, les «dites» classes moyennes dont le développement faisait la fierté des Trente Glorieuses, ne sont pas très bien dans leur peau. Maintenues la tête hors de l’eau par toutes sortes de systèmes d’aides publiques, elles n’en sont pas moins proches de la noyade.

Elles en sont d’autant plus proches que l’inflation galope toujours et que nul a beaucoup de visibilité sur l’avenir. D’ailleurs, l’enquête annuelle du CREDOC sur les Conditions de vie et aspirations des Français, constate que 46% des classes moyennes inférieures affichent un sentiment de vulnérabilité. Ce qui constitue un bond de 17 points par rapport à 2021.

Parmi les classes moyennes supérieures, on trouve également 34% d’inquiets. Ce qui globalement porte à 41% le taux de Français éprouvant un sentiment de vulnérabilité. D’ailleurs, pour faire face à la hausse des prix, 65 % des Français indiquent avoir changé certains de leurs comportements au quotidien : baisse de la température, réduction de déplacements, auto partage, nouveaux régimes alimentaires.


Les points de bascule de notre société

Mais si l’opinion d’une façon générale est déprimée, la faute n’en revient pas seulement à des causes financières. Comme l’observent de nombreuses études, la France a déjà connu des périodes d’inflation sans pour autant sombrer dans la déprime.

Bien d’autres phénomènes se conjuguent aujourd’hui pour faire chavirer notre mental dans un mal être dont il faudra tenir compte. Car la colère provoquée par le passage en force sur la réforme des retraites n’est que l’un des symptômes de maux bien plus profonds qui, pour la première fois sans doute depuis l’après-guerre, traduisent un basculement dans un monde nouveau, certes, mais qui n’est pas le meilleur des mondes, celui que l’on avait osé espérer pendant la première année de pandémie quand, partout dans les foyers et les entreprises « télétravaillantes », on se risquait à imaginer des solutions aux problèmes nés de notre inconséquence et arrogance.

En tête, rappelons-le, le secteur touristique faisait son mea culpa et jurait d’en finir avec le surtourisme, l’aérien, la voiture, le plastique, les déchets, le gaspillage des ressources… Et, il est vrai qu’il fait des efforts. Mais, pas assez. Si bien qu’en arrière-plan, nos têtes ne tournent plus très rond !

1/ L’avenir n’est plus linéaire

Que se passe-t-il ? Contrairement à ce que l’on croyait, l’avenir qui attend l’humanité ne sera pas forcément meilleur que le passé.

Comme le disait le sociologue Edgar Morin : l’avenir avance mais parfois il stagne et il recule. Pire, il semble nous échapper alors que nous avions l’impression jusqu’à ces dernières années de le contrôler. Le progrès social n’est plus garanti. Les nouvelles générations vivront sans doute moins bien que les précédentes, contrairement à la tendance générale des années d’après-guerre.

2/ La découverte d’un monde fini

Encore pire, nous savons désormais que nous sommes en train d’épuiser nos ressources et que tout ce qui nous permettait d’accéder au confort, à la vitesse, à une bonne santé, une bonne alimentation et même à des futilités est remis en question.

Les notions de finitude du monde sont intégrées dans les esprits mais les contradictions aussi. On sait, mais on ne fait pas. D’où ce désarroi supplémentaire qui nous accable face au changement climatique et autres nuisances environnementales.

3/ L’Occident n’est plus le seul aux commandes

Autre cause d’anxiété : l’Occident perd de son aura et de sa puissance sur le reste du monde. Après plus d’un siècle d’hégémonie, les Européens et nord- Américains prennent conscience de la supériorité de nouveaux venus comme la Chine qui, non contente de disputer aux USA le leadership économique, va peu à peu rogner sur notre leadership culturel.

Les maîtres du monde d’aujourd’hui et d’hier auront vécu, leur musique, littérature, cinéma, modes de vie aussi. Et nous avec.

4/ Des technologies qui nous dépassent

Autre source très grave de mal être : les technologies dont les progrès foudroyants améliorent, c’est vrai, certains pans de notre existence tout en en menaçant d’autres.

La perte de contact, l’entrée dans le virtuel, les progrès de l’IA, le spectre de la robotique, la diffusion massive de l’information, juste ou fausse… l’humanité est au cœur de tensions que ses législateurs trop lents ne parviennent pas à conjurer. Le scepticisme s’installe en même temps que la cybercriminalité progresse. L’humain risque d’être vaincu par la machine.

5/ Un maillon du vivant, ni plus ni moins

Enfin, alors que l’humanité a vécu une ère prométhéenne durant laquelle elle s’est crue autorisée à dominer la nature et à en puiser impunément les richesses, elle découvre aujourd’hui ses erreurs dont certaines sont irrémédiables.

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Elle découvre par la même occasion qu’elle n’est qu’un maillon du vivant parmi tous les autres. Hommes, minéraux, animaux, plantes, insectes… sont reliés entre eux et tous ont autant de droit à se rebeller, comme ils le font déjà.

Les grands préparatifs pour demain : la survie individuelle

… Pour preuve de la force de ces changements, une enquête Ipsos (Ipsos Update avril 2023) réalisée sur 29 pays, insiste sur la nécessité de tenir compte de ce nouveau contexte.

D’autant qu’il risque de durer. Mais, sous la pression d’un quotidien difficile en termes de sécurité financière, de sécurité physique et mentale, les auteurs de l’étude ont aussi constaté que chacun d’entre nous a un projet de survie. Et que ce projet de survie réside essentiellement dans la volonté de reprogrammer sa vie. A l’échelle individuelle et non pas à l’échelle collective, comme c’était le cas dans le passé.

Ce projet passera en priorité par des arbitrages en termes de consommation afin de préserver l’usage de produits à forte valeur ajoutée. S’y ajouteront de plus en plus des choix qualitatifs par rapport aux actes que nous commettons au quotidien. Ainsi et surtout qu’un abandon de la vitesse pour entrer dans une nouvelle dimension du temps, celle d’un temps long.

Ira-t-on mieux pour autant ? Tout dépendra de la cohérence que chacun mettra dans ses actes par rapport à ses opinions. Mais, il est clair qu’il faudra en passer par cette étape pour panser nos blessures. Ce qui n’exclura pas d’avoir besoin de thérapeutes et autres coachs pour nous donner des coups de main !

Déclassement et solitude aux origines du mal être

Selon l’Observatoire des vulnérabilités du Credoc, les contraintes financières auxquelles les ménages sont confrontés ont également des répercussions sur d’autres aspects du quotidien.

Alors que les moments de sociabilité ont repris dans les foyers, le sentiment de solitude a fortement progressé dans toute la population : 29 % des Français se sentent seuls tous les jours ou presque. Un record. Nous en reparlerons.

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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Tags : sicsic
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