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Futuroscopie - Tourisme ornithologique et sonore : de la vue à l'ouïe 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


A l’heure où les scientifiques dénoncent unanimement la disparition d’un tiers des espèces d’oiseaux et que l’opinion publique entend l’alerte, de plus en plus nombreux sont ceux qui cherchent à mieux connaître le monde ornithologique. Ainsi, un nouveau tourisme ornithologique déborde du clan des spécialistes vers celui des profanes, donc des touristes de base. Ce qui est de bon augure. Tandis que le tourisme sonore en général tente une percée, à travers les sons musicaux et des sons naturels émis par des animaux ou par le vent et la pluie...


Rédigé par le Mardi 28 Mai 2024

Le tourisme ornithologique se développe. Selon Birdlife, dans les années 2000, on évaluait à 78 millions dans le monde, le nombre de pratiquants, en individuels ou en groupes - DepositPhotos.com, Giedriius
Le tourisme ornithologique se développe. Selon Birdlife, dans les années 2000, on évaluait à 78 millions dans le monde, le nombre de pratiquants, en individuels ou en groupes - DepositPhotos.com, Giedriius
L’une des nouvelles les plus frappantes de ces dernières semaines concerne l’annonce faite par plusieurs revues scientifiques, selon laquelle un tiers des oiseaux auraient d’ores et déjà disparu de la surface de la Terre.

Une bien mauvaise nouvelle pour l’humanité car les oiseaux jouent un rôle symbolique dans nos imaginaires, où ils évoquent la liberté, la légèreté, le voyage, parfois l’insouciance.

De plus, ils comptent parmi les êtres les plus attachants dont la création nous a fait don.

Parmi les plus touchés, les oiseaux vivant en terre agricole, dont les perdrix. Autres victimes, les oiseaux migrateurs.

Heureusement, la LPO (Ligue de protection des oiseaux) voit ses effectifs progresser. En France seule, ils atteignent 70 000 membres contre 50 000 en 2019 !


Écouter les oiseaux

Et puis, les oiseaux, ce sont des sons, des gazouillis, des chants, des sifflements que les adeptes d’ornithologie connaissent bien et cherchent à mieux connaître au cours de randonnées, stages, expéditions dans toutes sortes de régions, comme les îles britanniques, le nord de la Grèce, les forêts du Costa Rica, la Lituanie, la Sicile, etc.

Car, le tourisme ornithologique se développe.

Lire aussi : Futuroscopie - Quand les animaux nous font du bien 🔑

Selon Birdlife, dans les années 2000, on évaluait à 78 millions dans le monde, le nombre de pratiquants. En individuels ou en groupes. En visites libres ou organisées par des ligues régionales de protection des oiseaux. Guidés par des bénévoles ou des salariés.

En France seule, en Gironde, dans la Vienne, dans le Marais Poitevin, en Provence, en Camargue, dans le Cotentin, dans l’Adour, dans la baie de Somme... des offres de promenades composées d’une écoute attentive et documentée des oiseaux de la région figurent au programme des Offices de tourisme et remportent de plus en plus de succès.

On a même établi un palmarès des meilleurs oiseaux chanteurs. À quand une Star Ac' pour ces volatiles qui, au sein de la même espèce, précisent les spécialistes, sont plus ou moins doués ?

Le Hit parade européen des meilleurs oiseaux chanteurs

Les meilleurs chanteurs sont toujours des passereaux :

- La grive musicienne, une des plus grandes inventeuse de son

- Le rouge-gorge familier

- La fauvette à tête noire à égalité avec la fauvette des jardins

- L’hirondelle rustique, surtout quand elle est en forme

- Le pouillot fitis, l’un des plus grands voyageurs poids plume d’Europe. Il pèse 8 grammes.

- Le merle noir qui, à Paris, chante la nuit pour que son chant dans la journée ne soit pas couvert par le bruit du trafic.

Laurent Sicsic

Écouter les territoires

Percevant la tendance à écouter, il y a déjà plusieurs années, de jeunes entrepreneurs avaient mis en place des balades sonores à partir des sons émis par des territoires régionaux spécifiques.

Le nom de leur entreprise : « Territoires sonores ». Elle proposait toutes sortes d’écoute des lieux à travers le son des cloches, des animaux, des voix humaines, le bruit de la mer, etc. Mais, l’expérience a tourné court. Il faut dire que ce genre d’expérience est sans doute arrivé trop tôt.

Par ailleurs, pour traiter d’un paysage sonore, il ne faut pas seulement essayer de dupliquer l’expérience visuelle mais au contraire il convient d’extraire d’un paysage ses spécificités sonores qui, souvent n’ont rien à voir avec les spécificités visuelles.

Tous les sons ne se voient pas. Ils se perçoivent par une oreille qui, de plus, n’a pas de paupières et doit nuit et jour être en mouvement.

Autre point, de très nombreux sons, on le sait, ne sont pas audibles par les humains mais par les seuls animaux, oiseaux, insectes... On peut donc essayer de les amplifier afin de les rendre accessibles à l’oreille humaine. Ce qui permet des découvertes aussi surprenantes que celles que l’on peut réaliser avec un bon microscope.

Outre les oiseaux, on peut aussi écouter les arbres et leurs bruissements, le clapotis de la pluie, le grondement des vagues ou des orages...

Des sonorités qui font l’objet d’enregistrements vendus dans des boutiques consacrées au bien-être des adultes et des enfants et aux touristes désireux de compléter leur univers visuel par un univers auditif qui a l’avantage de receler toutes sortes de mystères.

Lire aussi : Futuroscopie - Les jardins, toujours une valeur sûre pour le tourisme 🔑

Le parc aux oiseaux de Villars-les-Dombes a enregistré une fréquentation record de 6 445 visiteurs durant une seule journée de mai. Du 30 mars au 12 novembre 2023, 275 000 visiteurs uniques s’y étaient rendus, soit une fréquentation en hausse de 12,2% par rapport à la saison précédente. Le parc a pu également compter sur 9 667 abonnés, ce qui porte son chiffre d'affaires global à 8,2 millions d'euros en 2023.

Extrait article Géo. Mai 2023. « L'archipel des Sept-Iles dans les Côtes d’Armor, en face de Perros-Guirec, constitue la première réserve d’oiseaux de mer en France. Il abrite près de 27 espèces d’oiseaux nicheurs, dont 15 espèces d’animaux marins. Face à la Côte de granit rose, l’île aux moines, l’Île Plate, Rouzic ou Malban offrent le spectacle grandiose de ces rochers envahis par le Fou de Bassan, le Macareux moine, le Pingouin torda, le Cormoran huppé et le Fulmar boréal. Vous aurez aussi l’occasion d’apercevoir les autres locataires de l’archipel que sont les phoques gris… »

Les vertus apaisantes ou dynamisantes des sons

Si les sons peuvent être horripilants et contribuer au stress des urbains, ils peuvent aussi être apaisants.

La musique adoucit les mœurs. Inutile de revenir sur un dicton amplement exploité et vérifié aujourd’hui par toutes sortes de thérapies, notamment en hôpitaux.

Mais, elle peut aussi libérer des énergies, dynamiser des foules, fédérer des manifestants autour d’une grande cause et surtout créer du lien entre les spectateurs d’un festival par exemple. Tout en donnant envie de bouger.

C’est alors que danse et musique se rejoignent et constituent, dans toutes les civilisations, les principaux loisirs de l’humanité. Des loisirs dits « anthropologiques » dans la mesure où on les retrouve sur tous les continents, à toutes les époques.

Cet aspect est-il assez exploité ?

L’écologie sonore, ou écologie acoustique

Quelques mots encore sur l’écologie acoustique, qui est l’étude de la relation entre les organismes vivants et leur environnement sonore.

C’est un concept formulé à l’origine par le Canadien Raymond Murray Schäfer dans son livre de 1977 : Le Paysage sonore. L’auteur y voit une discipline à la croisée de multiples champs : musique, géographie, urbanisme, sociologie, acoustique, zoologie...

Mais il parle aussi d’une manière d’apprendre à écouter les paysages sonores pour mieux percevoir et lutter contre la pollution sonore résultant des activités techniques et industrielles de l’homme moderne.

En ce sens, l’écologie sonore est un concept normatif qui vise à identifier les sons beaux et utiles d’un côté, de l’autre les sons néfastes à l’équilibre du monde, qu’il s’agira de réduire ou de supprimer.

Très largement entendue depuis trente ans par de nombreux chercheurs, artistes et musiciens, « L’écologie sonore » peut être aussi approchée de façon sensible, créative et descriptive, par l’étude des relations entre l’humain et les sons de la biosphère !

Ce qui signifie qu’il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine et beaucoup à transmettre à un touriste de plus en plus curieux, désireux de comprendre le monde qui l’entoure.

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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