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Futuroscopie : Vacances de Noël, quand tous les futurs sont permis

Décryptage de Josette Sicsic


Une clientèle n’est jamais acquise. Surtout durant une période aussi tourmentée. Alors que la grande majorité des territoires des pays fortement atteints par le Covid cherchent à se recentrer sur leurs clientèles domestiques, rien ne garantit en cette fin d’année que celles-ci répondront présentes. Car l’hiver n’est pas l’été. Et les vacances de Noël ne touchent ni les mêmes quantités de clientèles ni les mêmes cibles. De belles surprises en perspective sur un court terme encore plus imprévisible que le long terme.


Rédigé par le Dimanche 29 Novembre 2020

On le voit, rien n’est gagné mais rien n’est perdu pour le tourisme de fin d’année en général et pour la montagne en particulier. - Depositphotos.com EM_prize
On le voit, rien n’est gagné mais rien n’est perdu pour le tourisme de fin d’année en général et pour la montagne en particulier. - Depositphotos.com EM_prize
Pendant que le président de la République faisait son discours annonçant un relâchement des mesures de confinement, la SNCF assure avoir enregistré 400% de réservations supplémentaires. Rien d’étonnant à cela. Et le mouvement va sans doute encore s’amplifier dans les jours qui viennent et ceux suivant le 15 décembre, nouvelle date barrière.

… Mais attention, la ruée sur les billets de train ne fait pas une clientèle touristique « marchande ». Si l’on se donne la peine de reprendre les statistiques sur les départs des Français en décembre telles que les calcule l’enquête sur le Suivi de la demande touristique (le SDT) dont la dernière édition certes, n’est pas toute neuve, environ un cinquième seulement des Français partent à Noël.

Encore s’agit-il de déplacements essentiellement familiaux. Ainsi en décembre 2017, 71,3% des Français (de 15 ans et plus) vont chez des amis ou de la famille pour un séjour moyen de 3.3 jours.



En janvier (si l’on estime que les vacances se poursuivent en début de nouvelle année), c’est encore le séjour en famille qui domine à plus de 60%. Et les données concernant l’hébergement le confirment : l’hébergement non marchand est utilisé par 66% des partants dont 44% séjournent chez de la famille, 10% chez des amis et les autres en résidences secondaires.

… Les billets de train et autres intentions de départ signalées par toutes sortes d’enquêtes sont donc très certainement ceux pris par ces millions de nos compatriotes impatients d’aller fêter Noël dans la chaleur d’une famille retrouvée.

Loisirs et tourisme pour une minorité

Quant à nos compatriotes dont le motif de déplacement en décembre est bel et bien : « le loisir et le tourisme », ils sont nettement moins nombreux. Combien sont-ils ? Toujours selon le SDT, ils sont 22% en décembre et 28% en janvier (2017 toujours). Quant à leur durée de séjour, en décembre, elle est de 3.8 jours, soit moins que les 4 nuitées exigées par la comptabilité internationale pour entrer dans la catégorie vacances.

Relativement régulières et homogènes depuis quelques années, ces données concernant les déplacements des Français permettent de relativiser la part de nos compatriotes affectés par les conséquences de la pandémie sur le tourisme hivernale. Traditionnellement peu nombreux à se déplacer, seront-ils encore moins nombreux ?

En France, très probablement,
car malgré les sondages optimistes publiés en permanence sur les intentions de départ, la France reste un territoire confiné subissant un couvre-feu, où restaurants, bars, parcs d’attractions, hôtels sont et seront encore fermés. (A tel point d’ailleurs que, outre l’usage de la résidence secondaire, c’est la location commerciale ou de particulier à particulier qui vraisemblablement l’emporteront).

Il faut bien se restaurer, n’est-ce pas !

L’évasion hors frontières, pourquoi pas ?

… Et puis, comme notre bel Hexagone n’est pas seul au monde et qu’en ces temps troubles où les habitudes peuvent changer du tout au tout en quelques jours, quitte à muter de nouveau dans quelques mois, on enregistrera probablement des conduites transgressives, émanant de cette catégorie de voyageurs invétérés qui attendent le moindre signal pour sauter une frontière afin de satisfaire leur besoin de dépaysement.

Après tout, le Seto par exemple, recommande aux agences de reprendre les réservations.

Et ceux qui ont des avoirs pourraient bien vouloir les utiliser pour effectuer des escapades plus ou moins lointaines. Où ? La République dominicaine, Cuba, la Thaïlande… sont fort bien disposés à leur égard si tant est qu’ils se soumettent à quelques formalités : tests, visas, quarantaine et l’arrivée, assurances anti Covid.

Plus près, les Canaries, l’Espagne en général, l’Italie, la Grèce ne bouderaient pas leur plaisir d’accueillir ces quelques Français pressés de retourner boire un verre à un comptoir avant de déguster des « carbonara » à la Vénitienne ou des tapas à l’Andalouse, histoire d’échapper à leurs angoisses de reclus.

Une fois de plus, dans cette catégorie de voyageurs, il y aura les vrais passionnés de découverte, les vrais hédonistes, mais aussi les victimes d’une nécessaire ostentation sociale. Rappelons-le au passage, certains ne vivent que par rapport à leurs projets et l’affichage de leurs projets de voyages !

Une montagne alternative en perspective

Enfin, il y a la montagne française et les sports d’hiver où la catastrophe inattendue est arrivée. Les stations seront ouvertes mais l’on ne pourra pas y skier. Une ambiguïté qui en dit long sur le désarroi des politiques.

En tout cas, la catastrophe économique sera là avec son cortège de drames individuels dans les commerces, hôtels, restaurants, écoles de ski obligés de rester portes closes. On le sait, 120 000 emplois sont en jeu.

Pour autant, ce nouvel épisode turistico covidien ne sera pas forcément aussi dramatique pour les Français que l’aurait été la fermeture des stations littorales cet été.

La clientèle ski n’a jamais atteint les sommets que l’on prévoyait à la fin des Trente Glorieuses. Tassée à quelque 7% de la demande, elle est beaucoup moins volumineuse qu’on a tendance à le croire. D’une année sur l’autre, le nombre de journées/skieurs baisse légèrement et ce sont les clientèles étrangères qui compensent.

Trop onéreuses, trop sportives, trop encombrées, les vacances aux sports d’hiver à la française ont moins la côte. A tel point que l’on peut supposer que ceux qui veulent coûte que coûte chausser leurs skis en profiteront peut-être pour filer ailleurs et découvrir les stations des pays comme la Bulgarie, la Slovénie et même l’Ecosse qui se positionne sur cette offre afin de séduire la clientèle britannique prise au piège dans ses îles.

… On le voit, rien n’est gagné mais rien n’est perdu pour le tourisme de fin d’année en général et pour la montagne en particulier. D’autant qu’en termes d’imaginaires, la neige, les flocons, les sapins, les traineaux continuent de véhiculer une symbolique des cimes qui est liée à la fois à l’enfance et à la transcendance.

A la montagne, on rencontre le père Noël, mais on peut aussi se déconnecter, se ressourcer et méditer. Et c’est là que se niche une nouvelle offre déjà amplement développée par les stations.

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