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I - Aiguilleurs du ciel : l'indispensable maillon de la sécurité et de la fluidité du transport

la chronique de Jean Belotti



Rédigé par Jean Belotti - jean.belotti@wanadoo.fr le Mardi 6 Juin 2006

En fait, il existe une confiance réciproque entre contrôleurs et pilotes. L’un est chargé de la gestion du trafic et l’autre de celle du vol. Il n’y a pas contradiction, mais complémentarité.
Il reste qu’à aucun moment contrôleurs et pilotes n’ayant l’occasion de se rencontrer, leur relation est donc totalement dépersonnalisée : ils ne sont que des voix qui alimentent un dialogue pendant tout le vol.

Afin de pallier cet isolément, j’avais provoqué - il y a bien longtemps - plusieurs réunions d’échanges d’informations et de suggestions qui furent très productives, pilotes et contrôleurs s’imprégnant bien des tâches de chacun.

J’avais également organisé des visites de CRNA et obtenu de la Compagnie Air France que des contrôleurs accompagnent des équipages sur un vol long courrier. Ayant effectué plusieurs de ces vols, j’ai pu constater tout l’intérêt qui en était résulté quant à une meilleure compréhension des métiers respectifs et des comportements à adopter en fonction des différentes situations rencontrées.

* Perturbations et interruptions du trafic aérien


Lorsque certains secteurs de contrôle sont saturés, il en résulte des retards, aussi bien au décollage qu’à l’atterrissage. L’annonce en est alors faite aux passagers, lorsque l’avion attend dans un "stack" (o) l’autorisation de poursuivre son approche, ou lorsqu’ils attendent impatiemment, à l’aéroport, l’annonce de l’embarquement.

On entend encore trop souvent de désagréables propos accusant les contrôleurs d’être à l’origine de ces perturbations. Elles ne représentent d’ailleurs qu’un très faible pourcentage des retards en France, pourcentage qui, chaque année - alors que le nombre de vols croît - diminue, grâce à la mise en oeuvre de systèmes de plus en plus sophistiqués, une constante recherche d’optimisation du réseau de routes aériennes et au professionnalisme des contrôleurs.

Si, de leur propre initiative, ils s’interdisent de gérer simultanément un nombre d’appareil trop important, ce n’est que pour assurer la sécurité du trafic aérien et non pas pour pénaliser les compagnies et les passagers. Mais les critiques les plus vives sont celles portant sur les interruptions du trafic dues à des mouvements de grève.

Bien sûr, il n’est pas question d’aborder, ici, cet épineux problème. La seule chose que l’on puisse faire remarquer est que la plupart de ces mouvements de grève ont pour origine des causes directement liées à la sécurité aérienne comme, par exemple, les conditions de travail.
De toute façon, le droit de grève étant inscrit dans la Constitution française, il est considéré comme sacré, si bien qu’aucun gouvernement (de gauche ou de droite) n’a encore osé moduler ou restreindre ce droit acquis.

Or, parmi les passagers qui manifestent leur colère et crient au scandale, il y en a probablement quelques-uns qui, faisant partie de la SNCF, de l’EDF, des routiers, ont donc, à tour de rôle, déjà bloqué toute l’économie du pays. Parmi les journalistes qui crient au scandale, certains ont peut-être participé à la longue grève à Radio France.

Alors, cessons de crier avec les loups et d’accuser les contrôleurs de déclencher des grèves corporatistes. En effet, indépendamment de certains syndicats à finalité politique, le SNCTA (Syndicat National des Contrôleurs du Trafic aérien), premier syndicat de contrôleurs aériens (p) se définit comme étant un syndicat professionnel.

En ce sens, il participe, à tous les niveaux, à l'avenir et à l'amélioration de la profession de contrôleur aérien. Ses statuts précisent que par son action, il recherche à la fois l'amélioration des conditions de travail des contrôleurs, mais également concourt à rendre un service public de plus en plus sûr et efficace pour les usagers.

Actuellement, il est très vigilant face à l’instauration d’une licence communautaire, à laquelle la France devra se conformer dans les deux ans (q). Comprenons-nous bien. Il n’est pas question d’approuver toute action revendicative ayant recours à un mouvement de grève. Dans plusieurs de mes écrits, j’ai montré qu’il y avait plusieurs stratégies simples et efficaces à mettre en oeuvre pour aboutir à des solutions acceptables dans l’intérêt des parties en présence.

Cela étant, force est de constater que tant que le problème ne sera pas abordé au fond, d’autres grèves pénaliseront les utilisateurs - que nous sommes tous - des services publics et privés.
La solution ne passe-telle pas - cette fois au niveau européen - par une Directive interdisant toute grève dès lors que ses conséquences dépassent le cadre de l’entreprise et pénalise l’activité générale des Etats et après négociation, par exemple :

- en définissant les modalités d’un service minimum ;
- en faisant obligation aux employeurs de profiter de la période de préavis, fixée par la loi, pour engager des négociations (et non pas attendre le déclenchement des mouvements extrêmement préjudiciables à l’économie générale de l’entreprise et du pays), avec comme corollaire, l’illégalité de toute grève surprise ?

En attendant, soyons rassurés, car jours et nuits, des centaines de contrôleurs correctement formés et expérimentés veillent, en permanence, à la sécurité des vols.

(a).- Voir ma chronique de mai 2000 : "La congestion du trafic aérien".
(b).- Pour plus d’informations, consulter: http://www.icnaero.com.
(c).- Ecole Nationale de l'Aviation Civile (ENAC). 7, av Edouard Belin. BP 4005. 31055 - Toulouse Cedex 4. Tél : 05 62 17 40 00. http://www.enac.fr.
(d).- Direction Générale de l'Aviation Civile (DGAC) - Bureau des concours techniques. 50, rue Henri Farman 75015 - Paris. Tél : 01 58 09 43 71. http://www.dgac.fr.
(e).- CRNA (Centre en Route de la Navigation Aérienne), parfois appelé CCR pour "Centre de Contrôle en Route" (ACC : "Area Control Centre"). Le CRNA est un organisme de contrôle qui gère les flux d’avions évoluant dans une portion de l’espace aérien national (à haute altitude). Dans la zone aéroportuaire, les avions en partance et en approche son gérés par le contrôle d'approche (APP) et le contrôle d'aérodrome, depuis la Tour de contrôle (TWR).
Il y a 5 CRNA en France Métropolitaine : CRNA Nord : Athis-Mons (Ile-de-France) ; CRNA Sud Est : Aix-en-Provence (Provence-Alpes-Côte d’Azur) ; CRNA Sud Ouest : Bordeaux (Aquitaine) ; CRNA Ouest : Brest (Bretagne) et CRNA Est : Reims (Champagne-Ardenne). Il y a 2 CRNA Outremer, à Papeete et à Cayenne.
(f).- Le recrutement est fait à la suite d’un concours ouvert aux titulaires d’un bac+2 scientifique (classes prépas, Deug, DUT, BTS). Il faut également être de nationalité française et être âgé de moins de 26 ans. Pendant la durée de la formation, les étudiants sont rémunérés. Ils doivent s’engager à rester au moins sept ans dans la fonction publique à l’issue de leur formation..
(g).- Site : www.recrutement.air.defense.gouv.fr. Courrier : info@recrutement.air.defense.gouv.fr
(h).- Depuis l'entrée en vigueur de la loi n 89-1007 du 31 décembre 1989, les "Officiers Contrôleurs de la Navigation Aérienne" sont devenus "Ingénieurs du Contrôle de la Navigation Aérienne".
(i).- Sur les 53 aérodromes à trafic important en France Métropolitaine et le 5 en Outremer, environ 40 % d’entre eux sont affectés dans des Centres de Contrôle Régional (CCR) ; 40 % dans des aérodromes et 20 % dans les emplois administratifs.
(j).- Décret n 90-998 du 8 novembre 1990.
(k).- Consulter le site de la DGAC : www.dgac.fr. L’ENAC assure également la formation d’autres métiers : techniciens, électroniciens,...
(l).- Ils peuvent également intégrer le corps des Ingénieurs des Études et de l’Exploitation de l’Aviation Civile (IEEAC).
(m).- Strips : petites "bandes de progression" de papier sur lesquelles sont inscrites les caractéristiques du vol : son indicatif d'appel en radio téléphonie, sa route, sa provenance, sa destination, son altitude, etc,... Y sont inscrites, les instructions données à l'aéronef (changements de cap, d'altitude et de vitesse) au fur et à mesure du déroulement du vol. Dans certains Centres, les strips en papier sont remplacés par des "strips électroniques", les informations étant directement affichées à l’écran.
(n).- Deux types de radar sont utilisés.
* Le Radar primaire est un dispositif radar utilisant des signaux réfléchis et permettant de repérer les avions en distance.
* le Radar secondaire (le plus utilisé) est un système dans lequel, un signal radio transmis par la station radar déclenche la transmission d'un signal radio de l'avion, ce qui permet une identification précise de l'appareil concerné (distance et altitude). Il permet de rendre trois services radar :
- Assistance radar : fourniture aux aéronefs des informations relatives à leur position et aux écarts par rapport a leur route.
- Surveillance radar : visualisation de la position des aéronefs.
- Guidage radar : délivrance de caps aux avions afin de leur faire suivre une trajectoire spécifiée.
(o).- Circuit d’attente, ayant généralement la forme d’un hippodrome. Les avions sont empilés à différentes altitudes, et chaque fois que celui le plus bas reçoit l’autorisation de commencer son approche finale en vue d’atterrir, le contrôleur donne les instructions pour que les avions en attente, les uns au dessus des autres, descendent à tour de rôle d’un cran.
(p).- STNA : http://ww.webmaster@sncta.fr. Textes de références sur : http://www.sncta.fr/accueil.html (Guide du contrôleur ; les protocoles d’accords ; les textes européens ; les textes juridiques).
(q).- Voir l’article de Pascale Couttet - "Aviation & Pilote" - N̊ 388 - mai 2006.

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Commentaires
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9.Posté par ailim le 03/06/2007 21:16 | Alerter
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vous avez bien presenter une partie de la mission du controleur aerien, mais ceci et valable pour le controle RADAR et dans des espaces controlés ,
d'autre taches importantes telle que l'information et l'alerte sont a notées,il joue aussi un role important pour l'economie des compagnies aeriennes.........

8.Posté par mok le 31/05/2007 15:23 | Alerter
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pourriez vous m'envoyer les programmes enseignes par l'ENAC pour la formation de controleur ex CA tel programme NA..... MERCI je suis instructeur CA et cela pour comparaison a bientot.

7.Posté par bouchra ouali le 08/12/2006 21:49 | Alerter
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je ss une fille agée de 24 ans. j'ai eu ma licence en litérature anglaise et un baccalauréat lettre moderne et je prépare mon CSS a l'ecole CFPNC-IFMAT a casablanca.

6.Posté par giusti guy le 20/10/2006 12:55 | Alerter
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un oubli: un 3eme ccr outremer: La Réunion avec bientôt la mise en service de l'ADS/B

5.Posté par Claude Fournier le 13/06/2006 16:17 | Alerter
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Cher Monsieur Belotti,

Votre démonstration aussi brillante soit 'elle ne parle que du corps des ICNA et du contrôle en centre en route (ACC). Il y a pourtant des ICNA qui travaillent dans des tours opu des approches. D'autre part, vous négligez de parler des contrôleurs TSEEAC qui assurent le contrôle aérien sur les petits et moyens aérodromes. Pourtant ces derniers sont tout autant contrôleurs de la circulation aérienne (licence àl'appui)que les ICNA, ils ne travaillent pas dans les mêmes centres... c'est tout.
Enfin je partage le point de vue de M Patrick Falcou exprimé ci dessus.

4.Posté par patrick falcou le 09/06/2006 12:57 | Alerter
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cher monsieur,
si le début de votre article présente bien le metier des controleurs aériens, je fais de fortes réserves sur la deuxième partie qui pourrait faire croire à votre public que les controleurs font grève à tout bout de champ, sans revendication précise.
Les deux points que vous présentez comme solution à un droit de grève "amélioré" existent déjà dans le cadre d'un service minimum,mis en place depuis 1985.Sur le deuxième point, le préavis de 5 jours est toujours respecté et permet de négocier.Encore faut-il, du coté employeur, qu'il y ait une réelle volonté de le faire.


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