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Jean-François Suhas (Club de la croisière) : "En juillet et août, le port de Marseille accueillera 39 escales"

l'interview de Jean-François Suhas, président du Club de la Croisière à Marseille


Le 30 juin sera le retour officiel de la croisière à Marseille. MSC Croisières et Costa embarqueront dès le 4 juillet 2021 les premiers passagers avec un protocole sanitaire strict et éprouvé. L'occasion pour TourMaG.com de faire le point avec Jean-François Suhas, Président du Club de la Croisière qui en profite également pour répondre à Laurent Lhardit, adjoint au Maire de Marseille délégué au tourisme durable qui n'a pas souhaité renouveler son adhésion. Interview.


Rédigé par le Vendredi 18 Juin 2021

Jean-François Suhas, président du Club de la Croisière : "Le retour de la croisière est une bonne nouvelle. Et ce n'est pas un hasard si ce redémarrage se fait avec Costa et MSC Croisières qui ont un historique fort avec le port" - - Photo GPMM
Jean-François Suhas, président du Club de la Croisière : "Le retour de la croisière est une bonne nouvelle. Et ce n'est pas un hasard si ce redémarrage se fait avec Costa et MSC Croisières qui ont un historique fort avec le port" - - Photo GPMM
TourMaG.com - La reprise des croisières à Marseille le 4 juillet était très attendue. Tout le monde est prêt au redémarrage ?

Jean-François Suhas :
C'est une bonne nouvelle pour la croisière à Marseille, et cette décision n'est pas due au hasard. Les autorités locales, le gouvernement ont été rassurés par tout ce qui a pu être mis en place par l'ARS (Agence régionale de santé), les Marins pompiers, les services d'immigration, mais aussi par les protocoles des compagnies : tests avant l'embarquement, prise de température quotidienne, bulle sanitaire pour les excursions, horaires d'embarquement étagés pour éviter les files d'attentes, mais également réduction de la capacité à 70% de passagers maximum à bord des navires.

Au port, 5 000 passagers maximum seront accueillis sur un même jour d’escale soit approximativement deux navires en simultané.

Afin d'entériner les protocoles anti-Covid-19 avant la reprise officielle du 30 juin et les départs hebdomadaires du Costa Smeralda et du MSC Seaside à partir du 4 juillet, deux départs sont programmés les 20 et 27 juin de Marseille sur le MSC Seaside, avec un nombre limité de passagers.

Ce n'est pas un hasard si Costa et MSC sont les premières compagnies à reprendre depuis Marseille, elles sont ici chez elles, les liens sont forts avec la ville, à travers notamment le Marseille Provence Cruise Terminal (MPCT). (Les deux compagnies sont actionnaires du MPCT ndlr.)

Avec une circulation basse du virus et des protocoles de plus en plus étanches, nous pouvons être confiants sur cette reprise. Les croisières ont déjà repris ailleurs, et le secteur a déjà démontré que tout fonctionne bien.

TourMaG.com - Combien d'escales seront accueillis à Marseille cet été, et avez-vous d'autres contacts avec les armateurs ? Royal Caribbean International a notamment annoncé son retour en août.

Jean-François Suhas :
Le retour de Royal Caribbean International à la mi-août est une excellente nouvelle. Cela signifie le retour des clientèles américaines qui ont davantage de moyens.

Au total en juillet et août, le port de Marseille accueillera 39 escales : 15 en juillet et 24 août.

Les compagnies de luxe notamment, avec des navires plus petits seront présentes au J4, je pense au Club Med 2 qui a programmé 4 escales cet été.

D'ici la fin de l'année, nous tablons sur un total de 150 à 200 escales, soit 50% de ce que nous réalisons sur une saison normale, l'arrière-saison étant pour le port une période importante.

Pour l'instant, les croisières Aïda et sa clientèle allemande ne sont pas encore reprogrammées. C'est aussi lié à l'accessibilité aérienne. Ils ont choisi Palma aux Canaries par exemple car il y aussi les rotations aériennes.

TourMaG.com - La nouvelle municipalité de Marseille a quitté le Club de la Croisière que vous présidez. Laurent Lhardit, adjoint au Maire de Marseille délégué au tourisme durable s'est notamment exprimé dans nos colonnes. Il a notamment critiqué l'étude réalisée en 2017 sur ce que ramène le secteur à la ville notamment en terme de recettes. Que lui répondez-vous ?

Jean-François Suhas :
L'étude pointée du doigt par l'adjoint au Maire a été menée en 2017 par l'institut BVA à l’initiative de la préfecture de région par l'intermédiaire de la DIRECCTE à travers les Chambres de Commerce et d’Industrie de Marseille, du Var et de la Côte d’Azur (CCI).

C'est une étude sérieuse réalisée sur un échantillon représentatif et qui a coûté un budget conséquent, environ 115 000€. En critiquant cette étude on remet en question la parole de l'état ! J'attends de voir si la Mairie aura les moyens de mener ce même type d'enquête.

J'ai effectivement extrapolé les résultats de l'enquête BVA aux chiffres de 2019 par une règle de 3, mais on ne peut pas jeter l'opprobre sur ce travail. Vous savez cela fait un an que la municipalité n'a pas réglé sa cotisation de 20 000 € au Club de la Croisière. Et pourtant j'ai continué à inviter M. Lhardit à nos réunions. Il était présent sans jamais dire un mot. Pourtant nous avons des sujets communs avec la municipalité.

Sur la mobilité, je serai ravi d'échanger. Mettre en place des transferts décarbonés maritimes entre le port et la ville, se rapprocher de start-up, de la RTM ou autre serait un travail que nous pourrions mener en commun.

A Notre-Dame de la Garde, le Club de la Croisière a décidé d’optimiser les flux en limitant à 4 cars de tourisme par demi-journée et par armateur, pour contribuer à une visite apaisée du site et à la tranquillité des riverains.

J'ai écrit, j'ai tendu la main, je suis un homme de dialogue et je trouve cela désolant que nous n'ayons jamais échangé. Le Club de la Croisière est un guichet unique, et nous fonctionnons en collectif, la municipalité ne peut pas balayer 25 ans d'histoire. Nous travaillons avec les guides conférenciers, les taxis, les entreprises de tourisme... Je ne suis que leur porte parole.

La Mairie souhaite un tourisme qualitatif respectueux de l'environnement... mais c'est exactement la doctrine et les statuts du Club de la Croisière qui travaille pour une croisière durable, responsable et acceptée par tous les citoyens marseillais.

TourMaG.com - L'adjoint au Maire estime que le Club de la Croisière met en place une approche dictée par les grandes compagnies de croisières, niant notamment l'aspect environnemental...

Jean-François Suhas :
Le Club de la Croisière regroupe une soixantaine d'adhérents privés et public. Mis à part Ponant, avec qui nous travaillons justement sur les problématiques environnementales car la compagnie est en pointe sur ces sujets, aucune compagnie de croisières est adhérente du Club. Entendre dire que je suis à la solde des compagnies c'est se tromper de cible.

Nous sommes au contraire au service du territoire. Alors il est vrai que nous invitons certains armateurs à notre table lors de réunions, mais jamais aux Assemblées générales ou au Conseil d'administration, sauf quelques exceptions pendant cette période de crise.

J'aimerais aussi que M. Lhardit plutôt que de proposer des études soit en capacité d'agir pour le bien-être des Marseillais en gardant une ville ouverte sur le monde. Nous pointons du doigt la croisière sur le volet environnemental, mais alors mesurons tous les autres secteurs d'activités, y compris touristiques, à commencer par exemple pour la Mairie !

Nous avons mis en place la Charte Bleue qui anticipe de façon volontaire la réglementation en vigueur et va au-delà des exigences prévues par la future zone SECAMed. Le Club de la Croisières a joué le rôle d'assembleur sur ce sujet, avec le Grand Port Maritime et les compagnies de croisières.

La charte prévoit l'utilisation du branchement à quai dès 2025, l'utilisation du carburant désulfuré à 0,1% ou de toute autre solution permettant de réduire l’empreinte environnementale comme les scrubbers, le GNL (Gaz Naturel Liquifié) ou les pots catalytiques dès l’entrée dans la zone de régulation du port, l'accueil des escales de navires propulsés au GNL et développement d’une filière dédiée ainsi que la réduction de la vitesse à 10 nœuds dès l’entrée en zone de régulation du port.

Il sera important en 2022 de mesurer l'impact de cette charte. Il faudra mesurer et récupérer la data pour pouvoir mesurer les évolutions par rapport 2019. Ce sont de bonnes décisions, sauf qu'il faut quelques années pour les mettre en place.

C'est ce travail que nous mènerons avec Dominique Robin, directeur d'ATMOSUD.

TourMaG.com - Justement Laurent Lhardit disait ne pas pouvoir attendre 2027 pour l'électrification à quai, l'échéance ayant été repoussée de deux ans.

Jean-François Suhas :
Le covid-19 est venu bousculer le calendrier. Sans escale il était difficile d'engager des investissements. Autour de moi les responsables d'associations et de CIQ avec qui je discute en permanence ne demande pas l'arrêt de la croisière mais bien la connexion des navires à quai. Si la Mairie n'est pas à la tête du port les collectivités peuvent participer à la vie du port !

La croisière donne de la vie dans le port, elle crée des emplois et ramène du cash à la ville. Prenons l'exemple du Costa Smeralda qui est le premier navire de Costa à être propulsé au gaz naturel liquéfié, à la fois au port et en mer, ce qui améliore la qualité de l’air en éliminant pratiquement toutes les émissions de dioxyde de soufre et les particules en mer et dans les ports.

Il réduit en outre considérablement les émissions d’oxydes d’azote et de dioxyde de carbone. Il est également doté d'un pot catalytique. Le navire est avance sur les règlementations nationales et internationales.

TourMaG.com - Le sur-tourisme est pointé du doigt, et la croisière est souvent montrée comme en étant le symbole. Que répondez-vous ?

Jean-François Suhas :
Venise c'est 50 000 en centre ville et près de 300 000 habitants en incluant les îles et la terre ferme et c'est 22 millions de touristes pour 1,5 million de passagers croisière.

Barcelone c'est plus de 26 millions de touristes pour 1,7 million d'habitants pour 3 millions de passagers croisière. Marseille c'est 5 millions de touristes et 1,8 million de croisiéristes en 2019 qui se répartissent sur tout un territoire. Je ne vois pas comment nous pourrions rayer ces près de 2 millions de passagers de la carte touristique. Moi, j'attendais que la nouvelle équipe municipale se saisisse de tous ces dossiers, si important plutôt que de se lancer dans de vaines polémiques.

Je suis pour la régulation, il n'y aucun doute, la limitation des rotations de bus à Notre-Dame comme je vous l'ai expliqué plus haut en est une exemple. Nous voyons aussi la limite dans les calanques. Marseille accueille les armateurs depuis 2600 ans. La ville est un port ouvert depuis son origine.

Le Club de la Croisière est un acteur du territoire. J'attends des réunions de la concertation. Je ne suis pas l'instrument des compagnies de croisières et je suis un homme de dialogue.

En attendant ce qui est dommage c'est de ne pas travailler avec M. Lhardit alors que de nombreux autres élus me reçoivent régulièrement pour évoquer les sujets de transitions qui sont l'un des enjeux majeurs de notre décennie.

Céline Eymery Publié par Céline Eymery Rédactrice en Chef - TourMaG.com
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