TourMaG - L'été n'est pas encore terminé, mais il s'annonce historique un peu partout en France, qu'en est-il de l'Occitanie ?
Jean Pinard : Nous avions déjà l'an dernier fait un été supérieur à celui de 2019 et la comparaison était déjà obsolète.
Ce qui change cette année, c'est que nous maintenons quasiment le même niveau de fréquentation de clientèle française, puis nous avons les voyageurs étrangers qui s'y ajoutent.
Les destinations qui étaient encore amoindries en 2021 ont retrouvé des couleurs, comme Lourdes et Toulouse. Si nous considérons que la saison estivale 2021 était record, en 2022 c'est la totalité de l'année qui sera record.
A lire : Juillet cartonne en Occitanie avec plus de 30 millions de nuitées touristiques
Avec le retour des clientèles européennes en Occitanie, nous allons vers un été record, même s'il y a quand même un bémol par rapport à ces bons résultats, au sujet de la consommation des voyageurs.
Il faut replacer la saison dans son contexte, avec une forte hausse des prix des hébergements touristiques, par rapport à l'an dernier.
Cette inflation a entrainé une baisse de la consommation dans les restaurants, les activités, etc.
Quand certains disent que la consommation touristique est faible, je leur réponds qu'il faut ajouter les prix de l'hébergement et je pense que le chiffre d'affaires global de l'activité touristique sera sans doute en hausse.
Jean Pinard : Nous avions déjà l'an dernier fait un été supérieur à celui de 2019 et la comparaison était déjà obsolète.
Ce qui change cette année, c'est que nous maintenons quasiment le même niveau de fréquentation de clientèle française, puis nous avons les voyageurs étrangers qui s'y ajoutent.
Les destinations qui étaient encore amoindries en 2021 ont retrouvé des couleurs, comme Lourdes et Toulouse. Si nous considérons que la saison estivale 2021 était record, en 2022 c'est la totalité de l'année qui sera record.
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Avec le retour des clientèles européennes en Occitanie, nous allons vers un été record, même s'il y a quand même un bémol par rapport à ces bons résultats, au sujet de la consommation des voyageurs.
Il faut replacer la saison dans son contexte, avec une forte hausse des prix des hébergements touristiques, par rapport à l'an dernier.
Cette inflation a entrainé une baisse de la consommation dans les restaurants, les activités, etc.
Quand certains disent que la consommation touristique est faible, je leur réponds qu'il faut ajouter les prix de l'hébergement et je pense que le chiffre d'affaires global de l'activité touristique sera sans doute en hausse.
"La refondation des OGD passe par ce que nous voulons faire du temps libre des gens"
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TourMaG - Le contexte économie, aussi bien en France qu'en Europe est à la hausse des prix, pas seulement dans le tourisme malheureusement. Il y aurait donc un arbitrage des voyageurs par rapport à l'inflation ?
Jean Pinard : Il est clair qu'une fois l'hébergement payé, les touristes ont fait des arbitrages ce qui n'était pas forcément le cas avant.
Au-delà de l'économie, la canicule a aussi joué sur la consommation touristique. Il a fait chaud, voire même très chaud dans la région, cela génère une moindre appétence pour les activités de loisirs et les restaurants, car il a fait trop chaud.
A l'évidence les gens sont moins sortis que par le passé.
TourMaG - Durant tout l'été, le tourisme a encore été pointé du doigt pour ses dérives. Faut-il encore se glorifier des chiffres historiques ou des records, ou plutôt changer de vision ?
Jean Pinard : Il faut changer de boussole et d'indicateur pour mesurer l'économie touristique.
Pour l'Occitanie, j'aimerais bien que l'indicateur soit le nombre de foyers qui n'est jamais parti jusque là, et qui a fait cette démarche dernièrement. Après si l'Etat n'a que pour seul objectif que nous fassions 100 millions de visiteurs étrangers, ça ne rime à rien.
Vous parliez des tensions dans la société, cet été j'ai lu des articles qui m'ont glacé le sang.
Notamment un dans Reporterre disant que le tourisme est une niaiserie inventée par le patronat pour exploiter les gens le restant de l'année.
La refondation du discours et des Organisations de gestion des destinations (OGD, ndlr) passe par ce que nous voulons faire du temps libre des gens. Comment l'utiliser et faire que le voyage participe à une démarche positive ? Ce sont les questions à se poser.
Jean Pinard : Il est clair qu'une fois l'hébergement payé, les touristes ont fait des arbitrages ce qui n'était pas forcément le cas avant.
Au-delà de l'économie, la canicule a aussi joué sur la consommation touristique. Il a fait chaud, voire même très chaud dans la région, cela génère une moindre appétence pour les activités de loisirs et les restaurants, car il a fait trop chaud.
A l'évidence les gens sont moins sortis que par le passé.
TourMaG - Durant tout l'été, le tourisme a encore été pointé du doigt pour ses dérives. Faut-il encore se glorifier des chiffres historiques ou des records, ou plutôt changer de vision ?
Jean Pinard : Il faut changer de boussole et d'indicateur pour mesurer l'économie touristique.
Pour l'Occitanie, j'aimerais bien que l'indicateur soit le nombre de foyers qui n'est jamais parti jusque là, et qui a fait cette démarche dernièrement. Après si l'Etat n'a que pour seul objectif que nous fassions 100 millions de visiteurs étrangers, ça ne rime à rien.
Vous parliez des tensions dans la société, cet été j'ai lu des articles qui m'ont glacé le sang.
Notamment un dans Reporterre disant que le tourisme est une niaiserie inventée par le patronat pour exploiter les gens le restant de l'année.
La refondation du discours et des Organisations de gestion des destinations (OGD, ndlr) passe par ce que nous voulons faire du temps libre des gens. Comment l'utiliser et faire que le voyage participe à une démarche positive ? Ce sont les questions à se poser.
Occitanie : "Je voudrais créer notre propre média"
TourMaG - Vous parlez de refondation des organismes, comment faire cela ?
Jean Pinard : Je voudrais créer notre propre média, avec des partenaires ayant des intérêts à promouvoir l'activité des sports et des loisirs.
Je veux différencier ce qui relève de la séduction et des informations dont ont besoin les voyageurs. Mon rêve serait que l'internaute inscrive son lieu d'habitation ce qu'il souhaite faire, puis que nous poussions les meilleures solutions autour de chez lui, tout en lui délivrant le transport pour s'y rendre.
Je suis convaincu que les équipements touristiques doivent servir toute l'année et pas seulement l'été pour les touristes. Sortir les gens des écrans et des réseaux sociaux, cela participera à la pacification de la société.
L'information doit s'adresser à ceux qui n'ont pas la culture des loisirs et des voyages, pour leur délivrer des éléments très précis leur permettant de pratiquer une activité.
Je ne crois pas au metavers ou au virtuel, mais à un tourisme qui crée du lien et de la paix sociale, des émotions et des souvenirs. Les activités de loisir contribuent à cela.
La révolution de nos structures est de passer de la communication à l'information.
TourMaG - L'Occitanie a été très novatrice en lançant des tarifs à des prix cassés dans le ferroviaire. Quelle est la démarche et son bilan ?
Jean Pinard : La croissance de l'économie touristique en France passe par ceux qui ne partent pas en vacances, donc un quart des Français. Cette croissance est plus vertueuse et respectueuse des enjeux climatiques.
Pour permettre à ces personnes de partir, il faut une meilleure information pour les aider à sortir et aussi un coup de pouce financier, avec les transports gratuits par exemple.
Avec les trains à 1 euro, nous avons généré 16 millions de dépenses en 2021, pour 2 millions dépensés par la région. Cela a permis de faire partir des personnes qui ne partaient et à d'autres de dépenser plus à destination, en économisant le prix du billet.
Si les gens ne savent pas que durant le trajet il y a un village à visiter, une base nautique ou une falaise pour faire de l'escalade, ils ne monteront pas dans le train.
Jean Pinard : Je voudrais créer notre propre média, avec des partenaires ayant des intérêts à promouvoir l'activité des sports et des loisirs.
Je veux différencier ce qui relève de la séduction et des informations dont ont besoin les voyageurs. Mon rêve serait que l'internaute inscrive son lieu d'habitation ce qu'il souhaite faire, puis que nous poussions les meilleures solutions autour de chez lui, tout en lui délivrant le transport pour s'y rendre.
Je suis convaincu que les équipements touristiques doivent servir toute l'année et pas seulement l'été pour les touristes. Sortir les gens des écrans et des réseaux sociaux, cela participera à la pacification de la société.
L'information doit s'adresser à ceux qui n'ont pas la culture des loisirs et des voyages, pour leur délivrer des éléments très précis leur permettant de pratiquer une activité.
Je ne crois pas au metavers ou au virtuel, mais à un tourisme qui crée du lien et de la paix sociale, des émotions et des souvenirs. Les activités de loisir contribuent à cela.
La révolution de nos structures est de passer de la communication à l'information.
TourMaG - L'Occitanie a été très novatrice en lançant des tarifs à des prix cassés dans le ferroviaire. Quelle est la démarche et son bilan ?
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Pour permettre à ces personnes de partir, il faut une meilleure information pour les aider à sortir et aussi un coup de pouce financier, avec les transports gratuits par exemple.
Avec les trains à 1 euro, nous avons généré 16 millions de dépenses en 2021, pour 2 millions dépensés par la région. Cela a permis de faire partir des personnes qui ne partaient et à d'autres de dépenser plus à destination, en économisant le prix du billet.
Si les gens ne savent pas que durant le trajet il y a un village à visiter, une base nautique ou une falaise pour faire de l'escalade, ils ne monteront pas dans le train.
"Les canicules, sécheresses, incendies vont impacter l'image du sud de la France"
"Le marketing touristique se limitant très souvent à de la communication et la communication à de la publicité, ce temps est révolu," selon Jean Pinard, le directeur du CRT Occitanie - Crédit photo : Maria Alberola
TourMaG - Cet été le monde a été rattrapé par le réchauffement climatique et ses effets. Plus personne ne peut nier que nos sociétés vont devoir s'adapter et changer. Faut-il revoir les stratégies à court terme face à cette urgence ?
Jean Pinard : Je pense que le triptyque canicule, sécheresse, incendie va impacter l'image des destinations du sud de la France.
Je ne suis pas trop pessimiste, nous allons sans doute moins insister sur la saison estivale pour faire venir du monde. Des stations du littoral chez nous ouvrent plus tôt dans l'année.
L'évolution du climat va réguler la fréquentation touristique, de manière sans doute plus efficace que la volonté des collectivités. Malgré tout, j'ai peur que cette image anxiogène pèse à l'avenir.
TourMaG - En plus des images médiatiques terribles, nous ne sommes pas à l'abri de restrictions dans l'usage de l'eau dans certaines stations ou villes touristiques...
Jean Pinard : Il est évident que des conflits d'usage vont apparaître.
Nous avons pu le voir avec la question des pelouses des golfs en France. Il y aura aussi des débats sur les bénéfices d'une économie partagée. L'avantage ne doit pas être réservé que pour les touristes.
Le marketing touristique se limitant très souvent à de la communication et la communication à de la publicité, ce temps est révolu.
A VENIR - II. "Nous sommes l'année "0" de la refondation de l'économie touristique"
Jean Pinard : Je pense que le triptyque canicule, sécheresse, incendie va impacter l'image des destinations du sud de la France.
Je ne suis pas trop pessimiste, nous allons sans doute moins insister sur la saison estivale pour faire venir du monde. Des stations du littoral chez nous ouvrent plus tôt dans l'année.
L'évolution du climat va réguler la fréquentation touristique, de manière sans doute plus efficace que la volonté des collectivités. Malgré tout, j'ai peur que cette image anxiogène pèse à l'avenir.
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Jean Pinard : Il est évident que des conflits d'usage vont apparaître.
Nous avons pu le voir avec la question des pelouses des golfs en France. Il y aura aussi des débats sur les bénéfices d'une économie partagée. L'avantage ne doit pas être réservé que pour les touristes.
Le marketing touristique se limitant très souvent à de la communication et la communication à de la publicité, ce temps est révolu.
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