Patrick Ky (EASA) : "Nous sommes très inquiets sur la question de la sécurité aérienne en Russie" - DR : Depositphotos.com, DenisenkoMax
TourMaG : Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, l’aviation civile russe et particulièrement la compagnie Aeroflot s’est coupée de l’Europe, notamment en confisquant les avions qu’elle louait. Comment voyez-vous les choses ? Les ponts sont-ils définitivement coupés avec ce pays ?
Patrick KY : Evidemment l’agression contre l’Ukraine ne peut pas rester sans conséquences et l’Union Européenne, les Etats-Unis et d’autres ont pris de sanctions qui sont à mon avis tout à fait justifiées.
A court et à moyen terme, je ne vois pas ce régime de sanctions disparaitre. A long terme, un grand pays comme la Russie a vocation à s’ouvrir de nouveau à l’Europe et aux Etats Unis.
Actuellement, nous sommes très inquiets sur la question de la sécurité aérienne en Russie parce que, d'une part ils ont commis des violations du droit des Nations Unies en s’accaparant des avions qui ne leur appartenaient pas, et d'autre part, compte tenu des sanctions économiques notamment en terme de pièces détachées pour la maintenance des Airbus et des Boeing.
Nous avons les plus grandes craintes sur la capacité d’Aeroflot et des compagnies aériennes russes à maintenir correctement leurs avions de manière à garantir la sécurité des passagers.
Je vous le redis, nous sommes très très inquiets.
Patrick KY : Evidemment l’agression contre l’Ukraine ne peut pas rester sans conséquences et l’Union Européenne, les Etats-Unis et d’autres ont pris de sanctions qui sont à mon avis tout à fait justifiées.
A court et à moyen terme, je ne vois pas ce régime de sanctions disparaitre. A long terme, un grand pays comme la Russie a vocation à s’ouvrir de nouveau à l’Europe et aux Etats Unis.
Actuellement, nous sommes très inquiets sur la question de la sécurité aérienne en Russie parce que, d'une part ils ont commis des violations du droit des Nations Unies en s’accaparant des avions qui ne leur appartenaient pas, et d'autre part, compte tenu des sanctions économiques notamment en terme de pièces détachées pour la maintenance des Airbus et des Boeing.
Nous avons les plus grandes craintes sur la capacité d’Aeroflot et des compagnies aériennes russes à maintenir correctement leurs avions de manière à garantir la sécurité des passagers.
Je vous le redis, nous sommes très très inquiets.
Climat et sécurité : l'EASA surveille cette évolution
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TourMaG : Le dialogue est complètement coupé ?
Patrick KY : Oui, on ne se parle plus et cette situation est de leur fait.
Nous ne pouvons plus avoir de discussions avec eux. Ils se sont appropriés de manière illégale des avions. Ce n’est pas acceptable. Nous ne pouvons pas dialoguer avec des gens qui ont un comportement de voyou.
TourMaG : Et leurs avions continuent de voler sans être approvisionnés en pièces de rechange ?
Patrick KY : Oui, et nous n’avons plus de visibilité sur ce qu'il se passe.
TourMaG : On assiste ces derniers mois à de plus en plus d’incidents concernant les sorties de piste à l’atterrissage*. Leur nombre a beaucoup augmenté. Certains mettent en cause des conditions climatiques de plus en plus extrêmes dues au réchauffement climatique... Est-ce que l’EASA regarde particulièrement ce phénomène ?
Patrick KY : On regarde les sorties de piste ainsi que d’autres incidents qui sont effectivement dûs à des conditions climatiques très difficiles comme par exemple des orages de grande ampleur, des vents très violents et qui s’intensifient visiblement.
On reste toutefois sur un taux d’incidents qui fait qu’on ne doit pas s’inquiéter. Cependant nous surveillons cette évolution.
Les années Covid sont difficiles à prendre en compte en matière de statistiques mais nous regardons cette évolution et nous nous posons des questions notamment sur la formation des pilotes et les informations météorologiques qu’ils reçoivent. Nous sommes en train de regarder cela de près.
Patrick KY : Oui, on ne se parle plus et cette situation est de leur fait.
Nous ne pouvons plus avoir de discussions avec eux. Ils se sont appropriés de manière illégale des avions. Ce n’est pas acceptable. Nous ne pouvons pas dialoguer avec des gens qui ont un comportement de voyou.
TourMaG : Et leurs avions continuent de voler sans être approvisionnés en pièces de rechange ?
Patrick KY : Oui, et nous n’avons plus de visibilité sur ce qu'il se passe.
TourMaG : On assiste ces derniers mois à de plus en plus d’incidents concernant les sorties de piste à l’atterrissage*. Leur nombre a beaucoup augmenté. Certains mettent en cause des conditions climatiques de plus en plus extrêmes dues au réchauffement climatique... Est-ce que l’EASA regarde particulièrement ce phénomène ?
Patrick KY : On regarde les sorties de piste ainsi que d’autres incidents qui sont effectivement dûs à des conditions climatiques très difficiles comme par exemple des orages de grande ampleur, des vents très violents et qui s’intensifient visiblement.
On reste toutefois sur un taux d’incidents qui fait qu’on ne doit pas s’inquiéter. Cependant nous surveillons cette évolution.
Les années Covid sont difficiles à prendre en compte en matière de statistiques mais nous regardons cette évolution et nous nous posons des questions notamment sur la formation des pilotes et les informations météorologiques qu’ils reçoivent. Nous sommes en train de regarder cela de près.
En termes de sécurité, "nous prenons énormément de précautions"
TourMaG : L'accident du vol AF 447 Rio-Paris (dont le procès se tient en ce moment) semble mettre en lumière des processus de décisions très longs avant que ne soient mises en place des directives pour améliorer la sécurité. Qu’en pensez-vous ?
Patrick KY : L’accident nous a beaucoup fait réfléchir sur les processus de prise de décisions et aussi sur un certain nombre de choses comme nous le faisons à chaque fois qu’il y a un accident dans notre monde.
Sur le 737 MAX par exemple, les accidents nous ont forcés, nous et les Américains, à réfléchir sur la manière dont nous travaillons.
Je pense que c’est un des points forts de notre domaine que, malheureusement lorsqu’il y a un accident, et c’est ce que je vous disais au sujet des conditions climatiques et les phénomènes qui sembleraient devenir plus intenses, à chaque fois qu’il y a quelque chose qui met en jeu la sécurité aérienne, nous réfléchissons pour trouver comment nous pouvons faire mieux.
TourMaG : Mais dans de grandes organisations comme l’EASA, est-ce que ces circuits ne sont peut-être pas un peu trop longs ?
Patrick KY : En terme de sécurité, on est toujours « conservateur ». Cela veut dire que l’on prend énormément de précautions avant de faire quoi que ce soit. Il faut pouvoir peser le « pour et le contre », savoir si on a suffisamment de données pour justifier telle ou telle décision.
Depuis une dizaine d’années**, nous avons réfléchi à comment améliorer notre efficacité, notamment règlementaire. Vous le savez, nous travaillons dans un domaine très réglementé.
Le règlement est au cœur de tout. Le temps moyen pour l’EASA pour publier un règlement à partir du moment où nous lançons la tache, c’est quatre ans.
C’est très long, mais il faut laisser le temps à la consultation, la réflexion, et puis le temps à la démocratie aussi puisque nos règlements sont votés par les états membres et acceptés par le parlement.
Tout cela prend du temps mais nous avons quand même réfléchi car il y a tout un nombre de nouvelles technologies qui peuvent apporter de vrais gains en termes de sécurité et pour lesquelles 4 ans c’est trop long.
Nous avons donc mis en place des mécanismes accélérés. Pour vous donner une idée, dans le domaine des drones qui est un domaine qui va très vite, nous ne pouvions pas nous satisfaire de rester sans rien faire pendant quatre ans.
Tous les règlements « drones » que nous avons adoptés, nous avons été les premiers au monde à le faire et nous l’avons fait en 18 mois. Et évidemment lorsqu’il y a de vraies exigences de sécurité comme on l’a fait sur le 737 MAX ou sur un certain nombre d’hélicoptères ou d’avions, nous prenons des mesures immédiates.
*Un 737 à Montpellier fin septembre, un Embraer à Orly et un airbus A.330 à Séoul la semaine dernière.
** L’accident du vol Air France Rio-Paris a eu lieu en 2009.
Patrick KY : L’accident nous a beaucoup fait réfléchir sur les processus de prise de décisions et aussi sur un certain nombre de choses comme nous le faisons à chaque fois qu’il y a un accident dans notre monde.
Sur le 737 MAX par exemple, les accidents nous ont forcés, nous et les Américains, à réfléchir sur la manière dont nous travaillons.
Je pense que c’est un des points forts de notre domaine que, malheureusement lorsqu’il y a un accident, et c’est ce que je vous disais au sujet des conditions climatiques et les phénomènes qui sembleraient devenir plus intenses, à chaque fois qu’il y a quelque chose qui met en jeu la sécurité aérienne, nous réfléchissons pour trouver comment nous pouvons faire mieux.
TourMaG : Mais dans de grandes organisations comme l’EASA, est-ce que ces circuits ne sont peut-être pas un peu trop longs ?
Patrick KY : En terme de sécurité, on est toujours « conservateur ». Cela veut dire que l’on prend énormément de précautions avant de faire quoi que ce soit. Il faut pouvoir peser le « pour et le contre », savoir si on a suffisamment de données pour justifier telle ou telle décision.
Depuis une dizaine d’années**, nous avons réfléchi à comment améliorer notre efficacité, notamment règlementaire. Vous le savez, nous travaillons dans un domaine très réglementé.
Le règlement est au cœur de tout. Le temps moyen pour l’EASA pour publier un règlement à partir du moment où nous lançons la tache, c’est quatre ans.
C’est très long, mais il faut laisser le temps à la consultation, la réflexion, et puis le temps à la démocratie aussi puisque nos règlements sont votés par les états membres et acceptés par le parlement.
Tout cela prend du temps mais nous avons quand même réfléchi car il y a tout un nombre de nouvelles technologies qui peuvent apporter de vrais gains en termes de sécurité et pour lesquelles 4 ans c’est trop long.
Nous avons donc mis en place des mécanismes accélérés. Pour vous donner une idée, dans le domaine des drones qui est un domaine qui va très vite, nous ne pouvions pas nous satisfaire de rester sans rien faire pendant quatre ans.
Tous les règlements « drones » que nous avons adoptés, nous avons été les premiers au monde à le faire et nous l’avons fait en 18 mois. Et évidemment lorsqu’il y a de vraies exigences de sécurité comme on l’a fait sur le 737 MAX ou sur un certain nombre d’hélicoptères ou d’avions, nous prenons des mesures immédiates.
*Un 737 à Montpellier fin septembre, un Embraer à Orly et un airbus A.330 à Séoul la semaine dernière.
** L’accident du vol Air France Rio-Paris a eu lieu en 2009.