A l’origine du problème, l’auteur du guide, Régine Kerzmann, avait décrit l’hôtel "Les Acteurs" comme : "Rénové récemment, ce nid douillet pour folies passagères servait, il y a deux ans, au tournage d’un film franco-belge produit par Wallimage. La Déco rétro, mais pour ce qu’on y fait, on ferme les yeux. Propre et discret, juste ce qu’il faut. Et au prix de 60 €, quel que soit le temps qu’on y passe, mieux vaut en profiter."
S’il est tout à fait exact qu’avant de changer de propriétaire le lieu, sous son ancienne appellation "Les bergers", était un établissement où, disons, nombre de clients et clientes ne faisaient que passer. Aujourd’hui, la direction de ce petit établissement de 16 chambres a décidé de mettre un stop à ce type de va et vient. Sur son site internet, www.lesacteurs.be, "Les Acteurs" se présente comme étant : "un endroit agréable ou business et détente vont de paire".
Et même de préciser qu’il est "Seulement à quelques minutes à pied de l'Opéra royal de Wallonie, du Forum, du cœur historique de Liège et du « carré » ". Descriptif qui a de quoi laisser dubitatif lorsqu’on sait que le "carré" est ou a été, pendant des années le quartier disons assez chaud, de la cité Wallonne.
Un argumentaire spécieux
Quant au fond même de l’argument : "avant, oui le lieu était un hôtel de passe, maintenant ce ne l’est plus", il est plus que spécieux. Entendons par là, que nous ne connaissons aucun hôtel de quelque classification que ce soit, en Belgique comme en France, qui refuse disons des couples illégitimes.
En prétendant, en quelque sorte, que l’hôtel n’est plus ce qu’il était auparavant, les nouveaux propriétaires, s’ils gagnent lors du jugement de fond, prennent automatiquement l’engagement moral de ne plus accepter dans les chambres que des clients mariés ou célibataires.
Donc à chaque réservation, ils se devront de contrôler l’état civil de leurs clients si ceux-ci viennent en couple. Après contrôle, ils s’obligent donc de refuser l’accès aux personnes qui ne sont pas passées devant le maire ou le bourgmestre. Ils devront également interdire l’accès d’un visiteur ou d’une visiteuse à la chambre d’une cliente ou client solitaire.
S’ils ne le font pas et si l’on surprend l’un ou l’autre couple illégitime, que va dire alors le juge?
une censure d’un guide touristique
En référé donc, les propriétaires ont obtenu que l’ensemble des guides soient retirés du commerce. Ce que l’éditeur s’est empressé naturellement de faire. Logique car le jugement prévoit une astreinte de 500 euros par exemplaire trouvé dans les linéaires des libraires et autres points de vente. Quant au jugement de fond, il aura lieu ce 12 janvier.
Mais ce qui est choquant dans ce dossier, c’est qu’en agissant de la sorte, le juge cautionne quasiment une forme directe de censure d’un guide touristique. En somme, il dénie aux auteurs de ce type d’ouvrage toute forme de critique directe ou indirecte.
Que cette critique soit fondée ou non, n’est pas réellement le sujet. En exigeant le retrait du guide litigieux et donc quasiment son passage au pilon, les plaignants exigent la mise en place d’une véritable censure.
Pour un peu, si le juge de fond donne raison aux plaignants, cela voudra dire en quelque sorte que les auteurs de guides touristiques, d’hébergements ou gastronomiques vont se voir obliger de soumettre, avant publication, leurs commentaires aux propriétaires.
Une petite histoire belge au passage
Et si l’on pousse ce type de raisonnement plus loin encore, le simple fait de ne pas être repris dans un guide, pourrait être considéré par l’un ou l’autre tenancier comme une critique négative lui portant un tort commercial disproportionné.
Pour nous, il aurait été beaucoup plus juste, que les propriétaires de l’hôtel "Les acteurs" exigent de l’éditeur l’insertion d’un feuillet correctif, un droit de réponse en quelque sorte.
Il nous semble également qu’en s’attaquant à la maison d’édition et faisant savoir à la presse qu’ils ont gagné dans un premier jugement et sans attendre le jugement de fond, les propriétaires bénéficient en quelque sorte d’une campagne de pub plus ou moins gratuite : quasiment toute la presse belge écrite comme audiovisuelle a en effet parlé de l’affaire.
Et au final, un petit gag… Les avocats des hôteliers incriminés ont réussi une gageure : faire condamner un livre qui n’existe pas ! Ces braves juristes ne devaient pas très bien connaître leur dossier car leurs plaintes portaient sur l’édition 2005 du guide. Or il se fait que le Petit Futé Liège incriminé est celui de l’édition 2006 (paru en fait fin de l’année passée) et que l’édition précédente datait d’il y a trois ans…
S’il est tout à fait exact qu’avant de changer de propriétaire le lieu, sous son ancienne appellation "Les bergers", était un établissement où, disons, nombre de clients et clientes ne faisaient que passer. Aujourd’hui, la direction de ce petit établissement de 16 chambres a décidé de mettre un stop à ce type de va et vient. Sur son site internet, www.lesacteurs.be, "Les Acteurs" se présente comme étant : "un endroit agréable ou business et détente vont de paire".
Et même de préciser qu’il est "Seulement à quelques minutes à pied de l'Opéra royal de Wallonie, du Forum, du cœur historique de Liège et du « carré » ". Descriptif qui a de quoi laisser dubitatif lorsqu’on sait que le "carré" est ou a été, pendant des années le quartier disons assez chaud, de la cité Wallonne.
Un argumentaire spécieux
Quant au fond même de l’argument : "avant, oui le lieu était un hôtel de passe, maintenant ce ne l’est plus", il est plus que spécieux. Entendons par là, que nous ne connaissons aucun hôtel de quelque classification que ce soit, en Belgique comme en France, qui refuse disons des couples illégitimes.
En prétendant, en quelque sorte, que l’hôtel n’est plus ce qu’il était auparavant, les nouveaux propriétaires, s’ils gagnent lors du jugement de fond, prennent automatiquement l’engagement moral de ne plus accepter dans les chambres que des clients mariés ou célibataires.
Donc à chaque réservation, ils se devront de contrôler l’état civil de leurs clients si ceux-ci viennent en couple. Après contrôle, ils s’obligent donc de refuser l’accès aux personnes qui ne sont pas passées devant le maire ou le bourgmestre. Ils devront également interdire l’accès d’un visiteur ou d’une visiteuse à la chambre d’une cliente ou client solitaire.
S’ils ne le font pas et si l’on surprend l’un ou l’autre couple illégitime, que va dire alors le juge?
une censure d’un guide touristique
En référé donc, les propriétaires ont obtenu que l’ensemble des guides soient retirés du commerce. Ce que l’éditeur s’est empressé naturellement de faire. Logique car le jugement prévoit une astreinte de 500 euros par exemplaire trouvé dans les linéaires des libraires et autres points de vente. Quant au jugement de fond, il aura lieu ce 12 janvier.
Mais ce qui est choquant dans ce dossier, c’est qu’en agissant de la sorte, le juge cautionne quasiment une forme directe de censure d’un guide touristique. En somme, il dénie aux auteurs de ce type d’ouvrage toute forme de critique directe ou indirecte.
Que cette critique soit fondée ou non, n’est pas réellement le sujet. En exigeant le retrait du guide litigieux et donc quasiment son passage au pilon, les plaignants exigent la mise en place d’une véritable censure.
Pour un peu, si le juge de fond donne raison aux plaignants, cela voudra dire en quelque sorte que les auteurs de guides touristiques, d’hébergements ou gastronomiques vont se voir obliger de soumettre, avant publication, leurs commentaires aux propriétaires.
Une petite histoire belge au passage
Et si l’on pousse ce type de raisonnement plus loin encore, le simple fait de ne pas être repris dans un guide, pourrait être considéré par l’un ou l’autre tenancier comme une critique négative lui portant un tort commercial disproportionné.
Pour nous, il aurait été beaucoup plus juste, que les propriétaires de l’hôtel "Les acteurs" exigent de l’éditeur l’insertion d’un feuillet correctif, un droit de réponse en quelque sorte.
Il nous semble également qu’en s’attaquant à la maison d’édition et faisant savoir à la presse qu’ils ont gagné dans un premier jugement et sans attendre le jugement de fond, les propriétaires bénéficient en quelque sorte d’une campagne de pub plus ou moins gratuite : quasiment toute la presse belge écrite comme audiovisuelle a en effet parlé de l’affaire.
Et au final, un petit gag… Les avocats des hôteliers incriminés ont réussi une gageure : faire condamner un livre qui n’existe pas ! Ces braves juristes ne devaient pas très bien connaître leur dossier car leurs plaintes portaient sur l’édition 2005 du guide. Or il se fait que le Petit Futé Liège incriminé est celui de l’édition 2006 (paru en fait fin de l’année passée) et que l’édition précédente datait d’il y a trois ans…