J.-P. Sauvage : "La décarbonation du transport aérien est possible via la technologie, l’optimisation des opérations, le déploiement massif des nouveaux carburants décarbonés et doit s’inscrire dans un mouvement mondial mais accompagné du soutien adéquat des pouvoirs publics" - Photo : A. Nestora
"Quelques jours avant la pause estivale, Clément Beaune, notre Ministre des transports, a évoqué avec insistance la nécessité de taxer le transport aérien pour financer le développement du transport ferroviaire sur notre territoire.
Que penser de ces déclarations au moment où, justement, l’activité aéronautique devrait pouvoir compter sur une implication importante de l’Etat pour soutenir ses efforts de décarbonation ?
J’avoue une certaine perplexité à l’écoute de ces propos qui semblent venir en contrepoint de ceux exprimés par Madame Borne, Première Ministre, qui affirmait il n’y a pas si longtemps que la fiscalité n’a pas fait avancer la transition écologique.
Cette déclaration du ministre aura, à tout le moins, dû être plaisante aux oreilles du président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou qui, lors d’une audition devant les sénateurs, n’a pas hésité à psalmodier le mantra éculé de la nécessité de taxer le transport aérien pour financer le développement et rentabiliser son entreprise, habituée des deniers publics.
Lire aussi : Un été faste et un horizon plein de promesses pour l’aérien 🔑
Que penser de ces déclarations au moment où, justement, l’activité aéronautique devrait pouvoir compter sur une implication importante de l’Etat pour soutenir ses efforts de décarbonation ?
J’avoue une certaine perplexité à l’écoute de ces propos qui semblent venir en contrepoint de ceux exprimés par Madame Borne, Première Ministre, qui affirmait il n’y a pas si longtemps que la fiscalité n’a pas fait avancer la transition écologique.
Cette déclaration du ministre aura, à tout le moins, dû être plaisante aux oreilles du président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou qui, lors d’une audition devant les sénateurs, n’a pas hésité à psalmodier le mantra éculé de la nécessité de taxer le transport aérien pour financer le développement et rentabiliser son entreprise, habituée des deniers publics.
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Comment résoudre la quadrature du cercle ?
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J’aimerais rappeler que, dans son discours conclusif des dernières Assises du transport aérien, qui se sont tenues tout au long de l’année 2018, Madame Borne alors Ministre des transports, déclarait qu’il ne peut y avoir de développement pérenne du transport aérien si on ne crée pas toutes les conditions de son acceptabilité.
elle soulignait l’initiative prise sous l’égide de l’Organisation de l’Aviation Civile internationale (OACI) visant à instaurer un système de compensation carbone au niveau mondial, faisant du secteur aérien le premier secteur économique à s’être doté d’un tel dispositif.
En prononçant ces propos, la Ministre, consciente que face à un défi global, le bon cadre d’action est international, mettait également l’accent sur la nécessaire conciliation de l’importance stratégique du transport aérien pour notre économie nationale et l’impératif de réussite de la transition écologique face au défi du changement climatique.
Mais, pour autant, a-t-elle calmé les outrances dogmatiques des prétendus détenteurs de la seule vérité écologique qui, succombant sans doute à une variante du syndrome de Stockholm, répètent inlassablement les mêmes mantras formulés par une certaine pythie suédoise prônant, dans un discours ventriloqué par les professionnels de l’activisme vert, la mort du transport aérien, coupable idéal à leurs yeux de toutes les pollutions atmosphériques ?
Alors me direz- vous, comment résoudre la quadrature du cercle face à ces irréductibles tenants de la décroissance économique à caractère malthusien et apporter les bonnes réponses pour que le secteur aérien continue à contribuer au développement économique de notre société ?
L’exercice n’est pas aisé, à voir l’acharnement que les mouvements radicaux écologiques, prétendant être les seuls défenseurs auto-déclarés de la planète, mettent dans la stigmatisation permanente du transport aérien, le vouant aux gémonies perpétuelles et le sacrifiant sur l’autel de la vindicte verte, sans espoir de rédemption.
elle soulignait l’initiative prise sous l’égide de l’Organisation de l’Aviation Civile internationale (OACI) visant à instaurer un système de compensation carbone au niveau mondial, faisant du secteur aérien le premier secteur économique à s’être doté d’un tel dispositif.
En prononçant ces propos, la Ministre, consciente que face à un défi global, le bon cadre d’action est international, mettait également l’accent sur la nécessaire conciliation de l’importance stratégique du transport aérien pour notre économie nationale et l’impératif de réussite de la transition écologique face au défi du changement climatique.
Mais, pour autant, a-t-elle calmé les outrances dogmatiques des prétendus détenteurs de la seule vérité écologique qui, succombant sans doute à une variante du syndrome de Stockholm, répètent inlassablement les mêmes mantras formulés par une certaine pythie suédoise prônant, dans un discours ventriloqué par les professionnels de l’activisme vert, la mort du transport aérien, coupable idéal à leurs yeux de toutes les pollutions atmosphériques ?
Alors me direz- vous, comment résoudre la quadrature du cercle face à ces irréductibles tenants de la décroissance économique à caractère malthusien et apporter les bonnes réponses pour que le secteur aérien continue à contribuer au développement économique de notre société ?
L’exercice n’est pas aisé, à voir l’acharnement que les mouvements radicaux écologiques, prétendant être les seuls défenseurs auto-déclarés de la planète, mettent dans la stigmatisation permanente du transport aérien, le vouant aux gémonies perpétuelles et le sacrifiant sur l’autel de la vindicte verte, sans espoir de rédemption.
"Il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre"
Et pourtant, malgré tous les procès médiatiques qui lui sont faits, le transport aérien, conscient des craintes formulées en regard des dangers qui pèsent sur le futur de notre planète, demeure le secteur d’activité qui développe un progrès continu en matière de lutte contre les émissions gazeuses, tels que le démontrent les chiffres publiés par la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC).
Nous pourrions citer un grand nombre d’éléments statistiques affichant des résultats démontrant les effets positifs des dispositifs mis en place par tous les intervenants de l’écosystème pour réduire son empreinte gazeuse mais, comme il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre, l’opinion publique, dans sa grande majorité, pense que le secteur aérien demeure un des plus grands pollueurs de la planète malgré la réalité des chiffres relativisant son impact limité en la matière.
Nous n’ignorons pas cependant que les émissions mondiales de l’aviation sont en croissance continue en raison de la hausse du trafic, même si les émissions unitaires (c’est-à-dire par passager kilomètre transporté) ont diminué de moitié depuis 1992.
Ce qui a conduit notre secteur, en application des dispositions de la récente Loi Climat et résilience, à déposer sa feuille de route de la décarbonation du transport aérien en France.
Celle-ci s’inscrit dans le droit fil des initiatives et dispositions prises tant au niveau mondial par l’OACI, avec le projet CORSIA, qu’européen avec le Green Deal et son paquet législatif « Fit for 55 », les deux institutions fixant un objectif de neutralité carbone pour 2050.
Nous pourrions citer un grand nombre d’éléments statistiques affichant des résultats démontrant les effets positifs des dispositifs mis en place par tous les intervenants de l’écosystème pour réduire son empreinte gazeuse mais, comme il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre, l’opinion publique, dans sa grande majorité, pense que le secteur aérien demeure un des plus grands pollueurs de la planète malgré la réalité des chiffres relativisant son impact limité en la matière.
Nous n’ignorons pas cependant que les émissions mondiales de l’aviation sont en croissance continue en raison de la hausse du trafic, même si les émissions unitaires (c’est-à-dire par passager kilomètre transporté) ont diminué de moitié depuis 1992.
Ce qui a conduit notre secteur, en application des dispositions de la récente Loi Climat et résilience, à déposer sa feuille de route de la décarbonation du transport aérien en France.
Celle-ci s’inscrit dans le droit fil des initiatives et dispositions prises tant au niveau mondial par l’OACI, avec le projet CORSIA, qu’européen avec le Green Deal et son paquet législatif « Fit for 55 », les deux institutions fixant un objectif de neutralité carbone pour 2050.
"La décarbonation du transport aérien est possible"
La décarbonation du transport aérien est possible via la technologie, l’optimisation des opérations, le déploiement massif des nouveaux carburants décarbonés et doit s’inscrire dans un mouvement mondial mais accompagné du soutien adéquat des pouvoirs publics qui devra mettre en place un environnement réglementaire, énergétique et financier adapté.
Ceci implique pour l’écosystème aéronautique de mettre en œuvre les actions de déploiement par les industriels d’avions plus efficaces sur le plan énergétique, du développement d’une filière de production de carburant durable compétitive, de l’adaptation des infrastructures aéroportuaires et aussi celle des emplois et des compétences.
Comme indiqué précédemment, le rôle de l’Etat sera primordial dans l’accomplissement des objectifs fixés dans cette feuille de route de la décarbonation, en sécurisant le financement pluriannuel du CORAC (Conseil pour la recherche aéronautique, fer de lance du soutien économique de l’Etat), en favorisant l’émergence d’une filière française de carburant durable et en la structurant, en soutenant le renouvellement accéléré des flottes, en accompagnant les services de la navigation aérienne pour une optimisation maximale des opérations aériennes en vol et au sol et, in fine en assurant la soutenabilité financière globale de la décarbonation du secteur.
Mais pour autant, en présentant cette feuille de route, le secteur aura-t-il enfin l’agrément de la mouvance écologique ?
Dépasserons-nous l’opposition des tenants de l’écologie contre l’économie, quand finalement le défi fondamental pour les parties prenantes de l’aérien tend vers une transformation radicale des modèles, la décarbonation étant un des leviers de la transition écologique, génératrice par ailleurs de création d’emplois ?
Les objectifs fixés sont crédibles et réalistes : nouvelles technologies plus économes sur le plan énergétique, usage massif de nouveaux carburants, efforts opérationnels, mais peut-être ne sont-ils pas suffisamment convaincants aux yeux de certains gourous écologiques militant non seulement pour la taxe carbone, mais allant encore plus loin en voulant réduire la liberté de voyager."
Jean-Pierre SAUVAGE
Président BAR France
Ceci implique pour l’écosystème aéronautique de mettre en œuvre les actions de déploiement par les industriels d’avions plus efficaces sur le plan énergétique, du développement d’une filière de production de carburant durable compétitive, de l’adaptation des infrastructures aéroportuaires et aussi celle des emplois et des compétences.
Comme indiqué précédemment, le rôle de l’Etat sera primordial dans l’accomplissement des objectifs fixés dans cette feuille de route de la décarbonation, en sécurisant le financement pluriannuel du CORAC (Conseil pour la recherche aéronautique, fer de lance du soutien économique de l’Etat), en favorisant l’émergence d’une filière française de carburant durable et en la structurant, en soutenant le renouvellement accéléré des flottes, en accompagnant les services de la navigation aérienne pour une optimisation maximale des opérations aériennes en vol et au sol et, in fine en assurant la soutenabilité financière globale de la décarbonation du secteur.
Mais pour autant, en présentant cette feuille de route, le secteur aura-t-il enfin l’agrément de la mouvance écologique ?
Dépasserons-nous l’opposition des tenants de l’écologie contre l’économie, quand finalement le défi fondamental pour les parties prenantes de l’aérien tend vers une transformation radicale des modèles, la décarbonation étant un des leviers de la transition écologique, génératrice par ailleurs de création d’emplois ?
Les objectifs fixés sont crédibles et réalistes : nouvelles technologies plus économes sur le plan énergétique, usage massif de nouveaux carburants, efforts opérationnels, mais peut-être ne sont-ils pas suffisamment convaincants aux yeux de certains gourous écologiques militant non seulement pour la taxe carbone, mais allant encore plus loin en voulant réduire la liberté de voyager."
Jean-Pierre SAUVAGE
Président BAR France