Points marketing, incentives, mises en avant, statuts différenciants… autant de raisons pour ponctionner les TO. A tel point qu’à plusieurs reprises les “caves” se sont rebiffés et ont qualifié le système de racket… avant de re-signer pour un nouveau référencement ! /crédit DepositPhoto
Patrick Pourbaix, patron France de MSC et fin stratège, aime appeler un chat un chat. S’il a choisi votre portail préféré pour annoncer son ras le bol du système qui régit depuis des décennies les relations Prod-Distrib, ce n’est pas un hasard.
Il savait, ce faisant, qu’il provoquerait une levée de boucliers de la part, notamment, des patrons de réseaux.
Mais cette menace est-elle vraiment à prendre au sérieux ou le patron de MSC prêche-t-il le faux pour savoir le vrai ? Ne prend-t-il pas seulement la température pour savoir si le moment est propice… ou ses rêves pour des réalités ?
Dans tous les cas, les réponses ne se sont pas fait attendre. Elles sont hostiles dans leur grande majorité. Et pour cause : le sujet est tabou parce qu’il touche à l’un des principes fondamentaux des relations contractuelles entre voyagistes et agents de voyages.
Pourquoi les distributeurs français conservent-ils l’argent des clients et ne règlent les producteurs que (officiellement) 60 jours après l’arrivée des clients ?
Réglementairement, les agences encaissent les acomptes clients et en sont comptables et responsables. En cas de défaillance du TO avant la fin du voyage, elles sont tenues de régler les prestations afin que le client puisse poursuivre son périple.
Il savait, ce faisant, qu’il provoquerait une levée de boucliers de la part, notamment, des patrons de réseaux.
Mais cette menace est-elle vraiment à prendre au sérieux ou le patron de MSC prêche-t-il le faux pour savoir le vrai ? Ne prend-t-il pas seulement la température pour savoir si le moment est propice… ou ses rêves pour des réalités ?
Dans tous les cas, les réponses ne se sont pas fait attendre. Elles sont hostiles dans leur grande majorité. Et pour cause : le sujet est tabou parce qu’il touche à l’un des principes fondamentaux des relations contractuelles entre voyagistes et agents de voyages.
Pourquoi les distributeurs français conservent-ils l’argent des clients et ne règlent les producteurs que (officiellement) 60 jours après l’arrivée des clients ?
Réglementairement, les agences encaissent les acomptes clients et en sont comptables et responsables. En cas de défaillance du TO avant la fin du voyage, elles sont tenues de régler les prestations afin que le client puisse poursuivre son périple.
Systèmes de compensation pour garantir le règlement des voyagistes
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C’est une spécificité française qui trouve sa source dans la responsabilité de la profession (qui a même été élargie en France par rapport à l’Union Européenne) et non une “anomalie”, comme prétend P. Pourbaix dans son interview (LIRE) à TourMaG.com.
Il en va tout autrement dans de nombreux pays européens où l’agence de voyages se contente d’encaisser le montant du forfait et de le reverser immédiatement au tour opérateur.
En cas de litige ou de défaillance, c’est ce dernier (ou sa caisse de garantie) qui assume l’intégralité des responsabilités vis-à-vis du consommateur.
Bien entendu, les voyagistes peuvent aussi objecter que les faillites distributeurs ne sont pas rares et que par conséquent, eux aussi, ont besoin de garanties.
Voilà pourquoi les agences regroupées en réseaux (Selectour, TourCom, Cediv) ont mis en place ou adhéré à des systèmes de compensation qui permettent de garantir le règlement aux voyagistes.
Rien d’équivalent chez les Producteurs. Lorsque l’un d’entre eux tire le rideau, l’agence garantit le départ du client et passe la défaillance en pertes et profits. Le système a fait ses preuves et limité les dégâts, notamment en 2019, lors de l’effondrement de Thomas Cook.
La crise sanitaire a exacerbé la situation. L’Ordonnance 2019-315 a permis aux Agents de voyages de conserver les acomptes clients pendant un délai de 18 mois. Certains réseaux se sont fait tirer l’oreille pour rembourser les TO.
Il en va tout autrement dans de nombreux pays européens où l’agence de voyages se contente d’encaisser le montant du forfait et de le reverser immédiatement au tour opérateur.
En cas de litige ou de défaillance, c’est ce dernier (ou sa caisse de garantie) qui assume l’intégralité des responsabilités vis-à-vis du consommateur.
Bien entendu, les voyagistes peuvent aussi objecter que les faillites distributeurs ne sont pas rares et que par conséquent, eux aussi, ont besoin de garanties.
Voilà pourquoi les agences regroupées en réseaux (Selectour, TourCom, Cediv) ont mis en place ou adhéré à des systèmes de compensation qui permettent de garantir le règlement aux voyagistes.
Rien d’équivalent chez les Producteurs. Lorsque l’un d’entre eux tire le rideau, l’agence garantit le départ du client et passe la défaillance en pertes et profits. Le système a fait ses preuves et limité les dégâts, notamment en 2019, lors de l’effondrement de Thomas Cook.
La crise sanitaire a exacerbé la situation. L’Ordonnance 2019-315 a permis aux Agents de voyages de conserver les acomptes clients pendant un délai de 18 mois. Certains réseaux se sont fait tirer l’oreille pour rembourser les TO.
Des grands Réseaux de plus en plus gourmands...
D’autres ne se sont pas exécutés, mettant en doute la capacité de ces derniers à garantir ultérieurement le voyage réservé. Les trésoreries des voyagistes sont très tendues voire même au bord de la rupture, malgré les mesures conservatoires des Pouvoirs publics.
Ce “Tu me tiens, je te tiens par la barbichette”, a passablement envenimé les relations . Est-on arrivé aujourd’hui au point de non retour et qui en porte la responsabilité ?
Force est de reconnaître qu’avec les années, le renforcement et la position prépondérante de la Distribution, les grands Réseaux (volontaires, particulièrement) se sont révélés de plus en plus gourmands.
Points marketing, incentives, mises en avant, statuts différenciants… autant de raisons pour ponctionner les TO. A tel point qu’à plusieurs reprises les “caves” se sont rebiffés et ont qualifié le système de racket… avant de re-signer pour un nouveau référencement !
A noter aussi que les délais de règlement des caisses ont rallongé comme un jour sans pain. La plupart du temps les virements se font maintenant à... 90 jours, même si ce chiffre est contesté. Un délai jugé insupportable pour les trésoreries des producteurs qui ne veulent plus jouer les banquiers pour le compte des agences.
Sans compter que ce délai est hors la loi (LIRE) et sanctionné par l’article L. 441-16 du code de commerce d’une amende administrative 2 millions d’euros pour une personne morale.
Ce “Tu me tiens, je te tiens par la barbichette”, a passablement envenimé les relations . Est-on arrivé aujourd’hui au point de non retour et qui en porte la responsabilité ?
Force est de reconnaître qu’avec les années, le renforcement et la position prépondérante de la Distribution, les grands Réseaux (volontaires, particulièrement) se sont révélés de plus en plus gourmands.
Points marketing, incentives, mises en avant, statuts différenciants… autant de raisons pour ponctionner les TO. A tel point qu’à plusieurs reprises les “caves” se sont rebiffés et ont qualifié le système de racket… avant de re-signer pour un nouveau référencement !
A noter aussi que les délais de règlement des caisses ont rallongé comme un jour sans pain. La plupart du temps les virements se font maintenant à... 90 jours, même si ce chiffre est contesté. Un délai jugé insupportable pour les trésoreries des producteurs qui ne veulent plus jouer les banquiers pour le compte des agences.
Sans compter que ce délai est hors la loi (LIRE) et sanctionné par l’article L. 441-16 du code de commerce d’une amende administrative 2 millions d’euros pour une personne morale.
Beaucoup d’agences ne survivent que grâce aux acomptes clients
Enfin, on sait que beaucoup d’agences ne survivent que grâce à l’argent des acomptes qui permet de régler le BSP et de tenir jusqu’à la prochaine échéance. Le manque chronique de fonds propres des entreprises françaises est particulièrement flagrant chez beaucoup de distributeurs.
Et leur fragilisation face à un nouveau confinement de 4 semaines minimum qui se traduira par une nouvelle fermeture d’agences, n’augure pas de lendemains qui chantent.
Sur le fond et au vu de cette situation, le coup de gueule et les menaces de Patrick Pourbaix ne sont pas infondés. Pour autant, ils ne changeront pas structurellement le système. Tout au plus peuvent-ils faire bouger les lignes dans le contexte actuel.
Car il ne faut pas oublier que chez les voyagistes chacun prêche pour sa paroisse. La compétition et le manque de cohésion de leur action les poussent à négocier de gré à gré avec ces mêmes Réseaux qu’ils vilipendent.
Ce qui plombe évidemment d’avance ce type de revendication, devenue une sorte de serpent de mer, que l’on ressort comme un épouvantail par temps de disette pour aussitôt l’enfouir dès que le “blé” germe et les fruits passent la promesse des fleurs...
Bref, on se renvoie la balle depuis des années par presse interposée, sans chercher à trouver des solutions. Chacune des parties campe sur ses positions et... c’est reparti pour un tour !
Bien entendu, la gravité exceptionnelle de cette crise pourrait être de nature à changer les points de vue et les comportements, mais je n’y crois pas un instant.
En revanche, sur la forme, on peut regretter juste que MSC Cruises choisisse de tirer sur l’ambulance au moment où les agences en réanimation commencent à engorger les couloirs des Tribunaux de commerce...
Et leur fragilisation face à un nouveau confinement de 4 semaines minimum qui se traduira par une nouvelle fermeture d’agences, n’augure pas de lendemains qui chantent.
Sur le fond et au vu de cette situation, le coup de gueule et les menaces de Patrick Pourbaix ne sont pas infondés. Pour autant, ils ne changeront pas structurellement le système. Tout au plus peuvent-ils faire bouger les lignes dans le contexte actuel.
Car il ne faut pas oublier que chez les voyagistes chacun prêche pour sa paroisse. La compétition et le manque de cohésion de leur action les poussent à négocier de gré à gré avec ces mêmes Réseaux qu’ils vilipendent.
Ce qui plombe évidemment d’avance ce type de revendication, devenue une sorte de serpent de mer, que l’on ressort comme un épouvantail par temps de disette pour aussitôt l’enfouir dès que le “blé” germe et les fruits passent la promesse des fleurs...
Bref, on se renvoie la balle depuis des années par presse interposée, sans chercher à trouver des solutions. Chacune des parties campe sur ses positions et... c’est reparti pour un tour !
Bien entendu, la gravité exceptionnelle de cette crise pourrait être de nature à changer les points de vue et les comportements, mais je n’y crois pas un instant.
En revanche, sur la forme, on peut regretter juste que MSC Cruises choisisse de tirer sur l’ambulance au moment où les agences en réanimation commencent à engorger les couloirs des Tribunaux de commerce...
Publié par Jean Da Luz
Directeur de la rédaction - TourMaG.com
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