L'Association des Agences de Voyages Mandataires (de Gauche à droite Philippe Cormier, le trésorier, Laurent Menanteau, le vice-président, Audrey Iguenane, la présidente et le député Eric Poulliat) souhaite faire évoluer la réglementation nationale concernant les contrats de mandat - DR
Le tourisme se pose en tant que secteur sinistré par la crise sanitaire provoquée par le coronavirus, mais à l'intérieur même de l'industrie des disparités existent.
Si les agences de voyages sont à l'arrêt et en opération survie depuis mars 2020, que dire des mandataires plongées en pleine apnée financière, sans aucune perspective...
"Nous ne vivons pas tous la crise de la même façon.
Nous sommes étouffés financièrement. Depuis maintenant 14 mois, nous n'avons plus aucun encaissement, car tant qu'il n'y a pas de départ nous ne touchons rien," explique Laurent Menanteau, le patron de l'agence Promovacances de Mérignac.
En effet, un peu à l'image du système belge, les agences de voyages mandataires sont rétribuées lorsque le client part, grâce à une commission nettement inférieure à celle versée au reste de la distribution.
Si la crise a provoqué un effondrement des ventes et des départs, elle a aussi entraîné les agences de voyages mandataires dans une position intenable.
"Administrativement et comptablement, le contrat de mandat est un bonheur, mais le modèle économique nous est trop défavorable.
Avec la crise ce problème s'est encore aggravé, donc ce n'est pas conjoncturel, mais structurel," avance le patron de l'agence.
Si les agences de voyages sont à l'arrêt et en opération survie depuis mars 2020, que dire des mandataires plongées en pleine apnée financière, sans aucune perspective...
"Nous ne vivons pas tous la crise de la même façon.
Nous sommes étouffés financièrement. Depuis maintenant 14 mois, nous n'avons plus aucun encaissement, car tant qu'il n'y a pas de départ nous ne touchons rien," explique Laurent Menanteau, le patron de l'agence Promovacances de Mérignac.
En effet, un peu à l'image du système belge, les agences de voyages mandataires sont rétribuées lorsque le client part, grâce à une commission nettement inférieure à celle versée au reste de la distribution.
Si la crise a provoqué un effondrement des ventes et des départs, elle a aussi entraîné les agences de voyages mandataires dans une position intenable.
"Administrativement et comptablement, le contrat de mandat est un bonheur, mais le modèle économique nous est trop défavorable.
Avec la crise ce problème s'est encore aggravé, donc ce n'est pas conjoncturel, mais structurel," avance le patron de l'agence.
Pourquoi une Association des Agences de Voyages Mandataires (AAVM)
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Tout comme les autres acteurs du tourisme, à la faveur du coronavirus, les agences mandataires de Promovacances se sont regroupées pour échanger sur leur problématique première.
Très rapidement, Laurent Menanteau a bien compris que le dysfonctionnement n'était pas propre à la marque détenue par Karavel, mais bien systémique.
"Promovacances n'a rien à se reprocher. Ils respectent la loi. Nous nous sommes donc rendu compte qu'il y a un problème de réglementation autour du contrat de mandat.
Nous avons élargi le spectre, pour connaître le paysage touristique français," se remémore l'instigateur de l'association.
Trois enseignes ressortent : TUI, Havas et Promovacances, pour un total non officiel compris entre 300 et 400 agences mandataires.
Après des entretiens avec les différents patrons de points de vente concernés, le constat est toujours le même, peu importe l'écriteau au-dessus de l'agence de voyages.
"Il y a une dépendance financière totale des mandataires vis-à-vis des mandants, mais aussi un déficit structurel dans les relations, car nous sommes tout le temps en subordination.
Quand l'enseigne prend une décision nous la subissons, même si ça change entièrement le business plan", rapporte Laurent Menanteau.
Fort de ce constat général, les acteurs concernés ont décidé de monter au créneau.
N'ayant pas l'argent dans les caisses, si TUI ou Promovacances font faillite, les mandataires auront tout perdu, sans aucun moyen de se retourner.
C'est alors, que sous l'impulsion du député Eric Poulliat que l'association sest constituée pour être légitime aux yeux des mandants, mais aussi des institutions.
"Il a été très présent, en m'aidant pour sauver mon agence, puis il nous a reçus pendant 3 heures pour comprendre les tenants et les aboutissants. Il nous a aussi ouvert les portes des cabinets ministériels."
Au début centrée sur la problématique des agences Karavel, l'association s'est élargie et structurée pour, à terme, représenter tout le spectre de la distribution, et devenir l'Association des Agences de Voyages Mandataires (AAVM).
Très rapidement, Laurent Menanteau a bien compris que le dysfonctionnement n'était pas propre à la marque détenue par Karavel, mais bien systémique.
"Promovacances n'a rien à se reprocher. Ils respectent la loi. Nous nous sommes donc rendu compte qu'il y a un problème de réglementation autour du contrat de mandat.
Nous avons élargi le spectre, pour connaître le paysage touristique français," se remémore l'instigateur de l'association.
Trois enseignes ressortent : TUI, Havas et Promovacances, pour un total non officiel compris entre 300 et 400 agences mandataires.
Après des entretiens avec les différents patrons de points de vente concernés, le constat est toujours le même, peu importe l'écriteau au-dessus de l'agence de voyages.
"Il y a une dépendance financière totale des mandataires vis-à-vis des mandants, mais aussi un déficit structurel dans les relations, car nous sommes tout le temps en subordination.
Quand l'enseigne prend une décision nous la subissons, même si ça change entièrement le business plan", rapporte Laurent Menanteau.
Fort de ce constat général, les acteurs concernés ont décidé de monter au créneau.
N'ayant pas l'argent dans les caisses, si TUI ou Promovacances font faillite, les mandataires auront tout perdu, sans aucun moyen de se retourner.
C'est alors, que sous l'impulsion du député Eric Poulliat que l'association sest constituée pour être légitime aux yeux des mandants, mais aussi des institutions.
"Il a été très présent, en m'aidant pour sauver mon agence, puis il nous a reçus pendant 3 heures pour comprendre les tenants et les aboutissants. Il nous a aussi ouvert les portes des cabinets ministériels."
Au début centrée sur la problématique des agences Karavel, l'association s'est élargie et structurée pour, à terme, représenter tout le spectre de la distribution, et devenir l'Association des Agences de Voyages Mandataires (AAVM).
Quelles sont les revendications des agences mandataires ?
Voici un schéma explicatif des flux financiers, démontrant la fragilité des agences mandataires - DR
Aucun nom ne sera communiqué, car les agences concernées ont peur des réactions des mandants.
Toutefois, il faut bien comprendre que ce n'est pas le combat d'un agent contre une enseigne, mais bien une bataille au niveau national, contre un système à réformer.
Pour ceux qui ne se sentent pas concernés par le sujet et pensent que cela ne concerne qu'une petite frange de la distribution, que diraient-ils
si demain les agences de voyages devenaient toutes mandataires ?
En plus du lien de subordination et du fait que la trésorerie tenue par le réseau, les taux de commission sont nettement plus faibles, cela irait dans la dynamique de l'ubérisation de la société, telle que nous la vivons.
"Peut être que c'est le modèle économique des agences de voyages de demain. Les mandants ne prennent aucun risque, tout ayant la maitrise de tout.
Le député Eric Poulliat a alors dit aux cabinets de Lemoyne et Griset, qu'il ne fallait pas laisser faire et réformer," se souvient le vice-président de la structure de représentation.
Et pour améliorer l'existant l'Association des Agences de Voyages Mandataires a émis des propositions tout en partant du constat commun. Tout d'abord sur le modèle économique qui doit être revu.
"Si les voyageurs sont garantis par l'APST, nous n'avons aucune garantie sur nos commissions qui sont détenues par les mandants. Il faut un modèle nous permettant d'être certain de ne pas tomber par effet domino, en cas de défaillance de l'enseigne.
C'est un premier point," énumère, l'agent de voyages.
Le suivant concerne l'encours qui devrait être revu, pour limiter la dépendance financière des agences, via un plafonnement des commissions pour un versement plus régulier.
Et pour finir, les mandataires veulent être plus considérés et moins rester dans leur rôle d'exécutant.
"Un peu comme les commissions paritaires, dans les grandes entreprises, pour négocier avec ses salariés, nous aimerions un système similaire. L'objectif serait de faire un point annuel sur les actions passées et futures," révèle Laurent Menanteau.
L'enjeu n'est pas d'affaiblir les accords, ni même de jeter l'opprobre sur ses grands noms du tourisme, mais de conclure un deal gagnant-gagnant pour tous.
Toutefois, il faut bien comprendre que ce n'est pas le combat d'un agent contre une enseigne, mais bien une bataille au niveau national, contre un système à réformer.
Pour ceux qui ne se sentent pas concernés par le sujet et pensent que cela ne concerne qu'une petite frange de la distribution, que diraient-ils
si demain les agences de voyages devenaient toutes mandataires ?
En plus du lien de subordination et du fait que la trésorerie tenue par le réseau, les taux de commission sont nettement plus faibles, cela irait dans la dynamique de l'ubérisation de la société, telle que nous la vivons.
"Peut être que c'est le modèle économique des agences de voyages de demain. Les mandants ne prennent aucun risque, tout ayant la maitrise de tout.
Le député Eric Poulliat a alors dit aux cabinets de Lemoyne et Griset, qu'il ne fallait pas laisser faire et réformer," se souvient le vice-président de la structure de représentation.
Et pour améliorer l'existant l'Association des Agences de Voyages Mandataires a émis des propositions tout en partant du constat commun. Tout d'abord sur le modèle économique qui doit être revu.
"Si les voyageurs sont garantis par l'APST, nous n'avons aucune garantie sur nos commissions qui sont détenues par les mandants. Il faut un modèle nous permettant d'être certain de ne pas tomber par effet domino, en cas de défaillance de l'enseigne.
C'est un premier point," énumère, l'agent de voyages.
Le suivant concerne l'encours qui devrait être revu, pour limiter la dépendance financière des agences, via un plafonnement des commissions pour un versement plus régulier.
Et pour finir, les mandataires veulent être plus considérés et moins rester dans leur rôle d'exécutant.
"Un peu comme les commissions paritaires, dans les grandes entreprises, pour négocier avec ses salariés, nous aimerions un système similaire. L'objectif serait de faire un point annuel sur les actions passées et futures," révèle Laurent Menanteau.
L'enjeu n'est pas d'affaiblir les accords, ni même de jeter l'opprobre sur ses grands noms du tourisme, mais de conclure un deal gagnant-gagnant pour tous.
Conclure un deal gagnant-gagnant pour tous
Au-delà d'une simple association, le combat a été porté directement à Paris.
Les cabinets d'Alain Griset et Jean-Baptiste Lemoyne ont écouté Laurent et ses confrères pour comprendre la situation particulière de cette branche de la distribution.
Les entrevues n'ont pas été prises à la légère par l'exécutif.
"Nous avons été reçus à chaque fois près de 2h, en présence du député Eric Poulliat, alors que je pensais qu'ils nous recevraient pas plus de 30 min. L'écoute a été très bonne.
Nous leur avons exposé nos axes d'amélioration et ils nous en ont proposé d'autres," se félicite Laurent Menanteau.
Si les cabinets ont cuisiné les membres de l'AAVM, c'est aussi parce que la remise en cause de la réglementation du statut et de l'encadrement des contrats de mandat ne se limite pas au seul cadre du tourisme.
Bercy a exposé un constat similaire pour d'autres secteurs d'activité, comme l'immobilier.
Et pour que les choses changent, les ministères ont tous conseillé à l'association de grandir.
"Nous avons été un peu dépassés par les évènements. Nous ne nous attendions pas à être reçus si vite par les cabinets des ministres. Maintenant, nous voulons prendre notre temps pour nous structurer."
Une fois que la taille critique sera atteinte, alors il sera possible de retoquer aux portes parisiennes, pour faire évoluer les choses. Toutefois la prochaine étape n'est pas de compter toutes les agences mandataires françaises, mais d'ouvrir les portes à ceux qui se situent sur l'autre rive.
"Nous demandons aux mandants (TUI, Havas, Promovacances) de nous rejoindre.
Nous ne pouvons pas construire quelque chose dans l'opposition, nous voulons réfléchir tous ensemble, pour rééquilibrer les distorsions, afin que les mandants et les mandataires soient les gagnants," conclut le vice-président de l'Association des Agences de Voyages Mandataires.
Le monde d'après se repense, mais surtout il s'écrit maintenant. Et si celui-ci doit se tourner vers une ubérisation accentuée, cela ne doit pas se faire au détriment des plus faibles.
Les agences mandataires du voyage veulent juste un monde plus solidaire et égalitaire...
Les cabinets d'Alain Griset et Jean-Baptiste Lemoyne ont écouté Laurent et ses confrères pour comprendre la situation particulière de cette branche de la distribution.
Les entrevues n'ont pas été prises à la légère par l'exécutif.
"Nous avons été reçus à chaque fois près de 2h, en présence du député Eric Poulliat, alors que je pensais qu'ils nous recevraient pas plus de 30 min. L'écoute a été très bonne.
Nous leur avons exposé nos axes d'amélioration et ils nous en ont proposé d'autres," se félicite Laurent Menanteau.
Si les cabinets ont cuisiné les membres de l'AAVM, c'est aussi parce que la remise en cause de la réglementation du statut et de l'encadrement des contrats de mandat ne se limite pas au seul cadre du tourisme.
Bercy a exposé un constat similaire pour d'autres secteurs d'activité, comme l'immobilier.
Et pour que les choses changent, les ministères ont tous conseillé à l'association de grandir.
"Nous avons été un peu dépassés par les évènements. Nous ne nous attendions pas à être reçus si vite par les cabinets des ministres. Maintenant, nous voulons prendre notre temps pour nous structurer."
Une fois que la taille critique sera atteinte, alors il sera possible de retoquer aux portes parisiennes, pour faire évoluer les choses. Toutefois la prochaine étape n'est pas de compter toutes les agences mandataires françaises, mais d'ouvrir les portes à ceux qui se situent sur l'autre rive.
"Nous demandons aux mandants (TUI, Havas, Promovacances) de nous rejoindre.
Nous ne pouvons pas construire quelque chose dans l'opposition, nous voulons réfléchir tous ensemble, pour rééquilibrer les distorsions, afin que les mandants et les mandataires soient les gagnants," conclut le vice-président de l'Association des Agences de Voyages Mandataires.
Le monde d'après se repense, mais surtout il s'écrit maintenant. Et si celui-ci doit se tourner vers une ubérisation accentuée, cela ne doit pas se faire au détriment des plus faibles.
Les agences mandataires du voyage veulent juste un monde plus solidaire et égalitaire...
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