Paris : un bilan touristique (très) mitigé pour l’été olympique

Il y avait foule, le 12 octobre, sur la place de l’Hôtel de Ville de Paris. Accessoires des Jeux Olympiques et tenues (convoitées !) des volontaires étaient bradés, pour le plus grand plaisir des « JOstalgiques ».

Deux mois après la fin des JO, c’est également l’heure du bilan touristique.

« Paris a accueilli 11,2 millions de visiteurs durant la quinzaine des jeux, en hausse de 4% par rapport à 2023, mais avec un profil différent d’un été habituel » précise Corinne Ménégaux, directrice générale de Paris Je t’aime, l’office de tourisme de la capitale.

Dans le détail, sur les 11,2 millions de visiteurs enregistrés pendant la période des JO, 5,2 millions étaient des Franciliens (-4,4%/2023).

Il faut y ajouter les trois millions d’excursionnistes (visiteurs non franciliens, qui n’ont pas dormi sur place), en hausse de 8,2 % par rapport à la même période de 2023.

Alors qu’il tablait essentiellement sur des excursionnistes des régions limitrophes, l’office de tourisme a constaté des visiteurs plus lointains qui ont fait l’aller/retour dans la journée, notamment en provenance des métropoles régionales comme Toulouse, Lyon ou Bordeaux.

Enfin, la ville a enregistré trois millions de touristes français et étrangers qui ont dormi au moins une nuit sur place (+16,3%/2023).

Mais le pic des JO n’a pas permis de compenser le fort recul de juillet (-20,3%) et de la période entre les JO et Jeux Paralympiques (-13,5%). Au global, pour l’ensemble de l’été (1er juillet au 8 septembre), le nombre de touristes a reculé de 4,7% (à 9,3 millions).

La fréquentation liée aux Jeux Paralympiques est plus difficile à estimer, du fait de la rentrée professionnelle et scolaire. Paris je t’aime fait état de 1,9 million de touristes pendant les dix jours (-3%), dont 970 000 touristes nationaux (-5,7%) et 970 000 touristes internationaux (stable), dont la moitié serait venue pour l’événement.

Lire aussi : Les Jeux Olympiques, le déclencheur de la saison touristique estivale

Sur les trois millions de touristes, 1,4 million venaient de France (+24,4%) et 1,6 million de l'international (+10,3%), avec sur le podium les Américains (239 000), Allemands (136 000) et Anglais (132 000).

A noter une forte croissance des touristes en provenance du Brésil (107 000, +84%), de la Chine (86 000, +55%) et du Japon (50 000, +75%).

Venus majoritairement pour assister aux compétitions, ils ont remplacé les touristes habituels, ce qui s’est traduit par un impact important sur la fréquentation des sites et musées : - 22% pour le Louvre du 1er juillet au 11 août, - 29% pour le musée d’Orsay du 27 juillet au 11 août ou - 25% pour le Château de Versailles, toujours durant la quinzaine olympique.

« Le même phénomène avait été constaté à Londres. Avec l’organisation des JO de Paris en cœur de ville, nous espérions que les musées profiteraient de l’événement. Ce ne fut pas le cas, les visiteurs avaient clairement un autre état d’esprit » reconnaît Corinne Ménégaux.

Lire aussi : JO : miroir aux alouettes pour le tourisme et l'économie ?

Au final, Paris espère attirer 37 millions de touristes en 2024, un chiffre stable par rapport à 2023. Le record de 38,5 millions, établi en 2019, ne sera pas être atteint.

Les chiffres du dernier trimestre devraient compenser un début d’année contrasté, avec une période allant du 1er janvier au 31 mai à l’étal par rapport à 2023, et un décrochage de la fréquentation en juin et surtout juillet, avant le pic des JO.

Les arrivées aériennes internationales prévues pour les trois derniers mois de l’année sont en hausse de 8,7%/2023, portées par l’Europe (+14,7%) et l’Amérique du nord (+9,1%). Le mois de décembre, qui verra la réouverture de Notre-Dame de Paris, est tout particulièrement dynamique, avec une croissance de 13,5%,

Lire aussi: JO 2024 : 2,67 milliards d'euros de retombées pour le tourisme

Reste désormais à estimer l’impact des JO et jeux paralympiques. « Ils ont démontré la qualité du savoir-faire français dans l’organisation de grands événements internationaux, de manière innovante, durable, inclusive » se félicite Corinne Ménégaux.

Paris je t’aime ne communique pas d’objectifs, rappelant néanmoins que Londres avait enregistré une croissance de 6% l’année suivante les JO de 2012.

« Notre ambition est d’abord d’améliorer l’expérience visiteur, de développer le tourisme dans l’ensemble de la métropole et de favoriser les retombées locales » poursuit la directrice générale.

Les JO ont notamment contribué à améliorer l’offre de transports, l’accueil et l’information, en particulier dans les aéroports et les gares. Ils ont également permis de lancer la webapp MyParisjetaime, qui propose des visites personnalisées grâce à la géolocalisation.

Par ailleurs, une trentaine de kiosques à journaux ont élargi leur mission en devenant des points d’informations touristiques, moyennant une rémunération mensuelle de 100 €. L’objectif est de porter ce réseau à une cinquantaine de relais.

Enfin, pour continuer à faire vivre l’esprit des JO, Paris je t’aime propose un nouveau « Paris passlib’ iconic » à partir des vacances de la Toussaint.

Proposé à 39€, il donne accès à la Tour Eiffel ou l’Arc de Triomphe, une croisière sur la Seine et une entrée à Spot 24, le lieu éphémère dédié aux sports urbains des JO qui fermera ses portes fin décembre.