Travel Advantage a finalement obtenu une RC Pro auprès d'Allianz et une garantie financière... au Portugal - DR : Capture d'écran Travel Advantage
L'arrivée de la plateforme de voyages Travel Advantage sur le marché français est surveillée de près par les professionnels du tourisme...
Ses origines, son fonctionnement, son impact en tant que nouveau modèle à la fois sur les clients, mais aussi sur l'image de la profession, voici autant de points que nous avons tenté d'éclaircir à propos de cette nouvelle OTA.
Qui est-elle tout d'abord et pourquoi a-t-elle été créée ? Pour mieux comprendre, il faut d'abord se pencher sur le Groupe MWR Life, fondé en 2013 aux Etats-Unis par Yoni Ashurov, et qui proposait à l'origine différents types de services (pour les personnes âgées, dépannage, etc.).
Progressivement, cette plateforme a évolué et s'est s'orientée vers la vente de voyages.
Sa particularité ? La vente en MLM. (pour Multi Level Marketing) ou en marketing de réseau.
Un concept dans lequel "les vendeurs", que l'on peut aussi nommer "distributeurs" ou "représentants" sont rémunérés sur leurs ventes, mais perçoivent également une commission sur celles réalisées par les vendeurs qu’ils ont recrutés.
Les membres qui souhaitent bénéficier de prestations ont accès à la plateforme via un système de "parrainage".
Ils peuvent ensuite bénéficier des offres, voire même décider de parrainer à leur tour des membres de leur entourage ou d'autres personnes intéressées.
Ses origines, son fonctionnement, son impact en tant que nouveau modèle à la fois sur les clients, mais aussi sur l'image de la profession, voici autant de points que nous avons tenté d'éclaircir à propos de cette nouvelle OTA.
Qui est-elle tout d'abord et pourquoi a-t-elle été créée ? Pour mieux comprendre, il faut d'abord se pencher sur le Groupe MWR Life, fondé en 2013 aux Etats-Unis par Yoni Ashurov, et qui proposait à l'origine différents types de services (pour les personnes âgées, dépannage, etc.).
Progressivement, cette plateforme a évolué et s'est s'orientée vers la vente de voyages.
Sa particularité ? La vente en MLM. (pour Multi Level Marketing) ou en marketing de réseau.
Un concept dans lequel "les vendeurs", que l'on peut aussi nommer "distributeurs" ou "représentants" sont rémunérés sur leurs ventes, mais perçoivent également une commission sur celles réalisées par les vendeurs qu’ils ont recrutés.
Les membres qui souhaitent bénéficier de prestations ont accès à la plateforme via un système de "parrainage".
Ils peuvent ensuite bénéficier des offres, voire même décider de parrainer à leur tour des membres de leur entourage ou d'autres personnes intéressées.
MWR Life dans le viseur des EDV
Ce modèle déjà pratiqué pour d'autres services - on pense aux "réunions Tupperware" - est donc arrivé progressivement dans l'univers du voyage en France à partir de 2016.
MWR Life, dont le slogan est "Make wishes real" a commencé à se faire un nom, notamment via les réseaux sociaux. On se souvient également de DreamTrips et de ses clients brandissant des pancartes bleues "You should be here".
Mais, très vite, le modèle américain de MWR Life pose problème, car la plateforme ne dispose pas d'une immatriculation au registre des Opérateurs de Voyages et de Séjours d'Atout France, et les Entreprises du Voyage se saisissent du dossier.
Malgré les recours en justice et les signalements à la DGCCRF et auprès des directions départementales de la protection des populations (DDPP) aux Antilles et à Paris, ces actions n'ont pas eu de suite.
LIRE AUSSI : Les clubs privés, une nouvelle menace pour les agents de voyages... et les consommateurs ?
De son côté, Eric Aubin, le vice-président Europe de MWR Life Europe, nous précise que depuis lors, il s'est entretenu à plusieurs reprises avec la DGCCRF.
Son groupe s'est également rapproché de l'APST ((Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme), afin d'obtenir une garantie financière.
"Les membres de la commission de l'APST n'ont pas compris notre business model, ni pourquoi ils auraient dû garantir MWR Life qui est une entité commerciale, poursuit Eric Aubin. Il faut dire qu'à cette époque-là , nous travaillions avec la plateforme SaveOnResorts, qui exerce en marque blanche.
De fait nous avons créé l'OTA Travel Advantage pour répondre aux attentes de l'APST et disposer de notre propre plateforme".
Mais tout ne s'est pas déroulé pas comme prévu selon Eric Aubin. "Finalement, nous nous sommes éloignés de l'APST car ils nous ont paru ne pas être dans une santé suffisante pour assurer la garantie dans de bonnes conditions. Nous nous sommes associés avec une agence de voyages, mais cela n'a pas marché non plus pour des raisons techniques".
On notera au passage que l'APST exige de ses adhérents un capital social supérieur à 7 500 €, alors que celui de Travel Advantage SAS n'est que de... 1 000€.
MWR Life, dont le slogan est "Make wishes real" a commencé à se faire un nom, notamment via les réseaux sociaux. On se souvient également de DreamTrips et de ses clients brandissant des pancartes bleues "You should be here".
Mais, très vite, le modèle américain de MWR Life pose problème, car la plateforme ne dispose pas d'une immatriculation au registre des Opérateurs de Voyages et de Séjours d'Atout France, et les Entreprises du Voyage se saisissent du dossier.
Malgré les recours en justice et les signalements à la DGCCRF et auprès des directions départementales de la protection des populations (DDPP) aux Antilles et à Paris, ces actions n'ont pas eu de suite.
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De son côté, Eric Aubin, le vice-président Europe de MWR Life Europe, nous précise que depuis lors, il s'est entretenu à plusieurs reprises avec la DGCCRF.
Son groupe s'est également rapproché de l'APST ((Association Professionnelle de Solidarité du Tourisme), afin d'obtenir une garantie financière.
"Les membres de la commission de l'APST n'ont pas compris notre business model, ni pourquoi ils auraient dû garantir MWR Life qui est une entité commerciale, poursuit Eric Aubin. Il faut dire qu'à cette époque-là , nous travaillions avec la plateforme SaveOnResorts, qui exerce en marque blanche.
De fait nous avons créé l'OTA Travel Advantage pour répondre aux attentes de l'APST et disposer de notre propre plateforme".
Mais tout ne s'est pas déroulé pas comme prévu selon Eric Aubin. "Finalement, nous nous sommes éloignés de l'APST car ils nous ont paru ne pas être dans une santé suffisante pour assurer la garantie dans de bonnes conditions. Nous nous sommes associés avec une agence de voyages, mais cela n'a pas marché non plus pour des raisons techniques".
On notera au passage que l'APST exige de ses adhérents un capital social supérieur à 7 500 €, alors que celui de Travel Advantage SAS n'est que de... 1 000€.
Travel Advantage doit-elle s'immatriculer en France ?
Puis est venue la pandémie, qui a entrainé un repli important des assureurs sur le marché de la garantie financière tourisme.
Avec l'aide d'un avocat, Travel Advantage a finalement obtenu une RC Pro auprès d'Allianz, et une garantie financière... au Portugal.
Une fois en règle, "nous avons pu adresser tous les documents à Atout France pour pouvoir exercer en libre prestation de services (LPS, ndlr). Cela a pris quasiment huit mois de plus pour obtenir l'enregistrement, c'est un long parcours !" commente Eric Aubin.
Travel Advantage peut donc désormais exercer en France pour 3 ans au minimum.
Néanmoins, le fait que la marque ait également une adresse en France (au 42 avenue Montaigne à Paris) interpelle Les Entreprises du Voyage. "Cette société n'est pas uniquement présente en Europe au Portugal, elle a aussi une société en France depuis 2019, ainsi qu'une adresse à Paris.
Or dès lors que l'on est établi en France, on doit être immatriculé auprès d'Atout France et satisfaire aux critères français. On ne peut pas se servir d'un avatar étranger pour justifier de sa régularité en France, souligne Guillaume Beurdeley, responsable juridique des EDV.
Ce fonctionnement n'est toujours pas conforme, car la LPS n'est possible que dès lors qu'une société dirige son activité vers la France depuis un autre pays et pas depuis l'intérieur du pays, comme le stipule l'article L211-20 du Code du tourisme"..
De son côté, Eric Aubin, le DG de Travel Advantage nous affirme que les clients qui réservent via Travel Advantage passent par la société basée au Portugal et que les deux sociétés - française et portugaise - sont des "sociétés sœurs", des filiales de Travel Advantage LLC - la maison-mère, enregistrée à la fois aux Etats-Unis et à Hong Kong.
Cette dernière "gère l’aspect technique, le marketing, la gestion et la sécurisation des données et des sites, nous précise Eric Aubin. Travel Advantage LLC et les filiales sont toutes juridiquement indépendantes et enregistrées dans leurs pays d'attache respectifs. Le lien entre elles est capitalistique... puisque ce sont des filiales".
Avec l'aide d'un avocat, Travel Advantage a finalement obtenu une RC Pro auprès d'Allianz, et une garantie financière... au Portugal.
Une fois en règle, "nous avons pu adresser tous les documents à Atout France pour pouvoir exercer en libre prestation de services (LPS, ndlr). Cela a pris quasiment huit mois de plus pour obtenir l'enregistrement, c'est un long parcours !" commente Eric Aubin.
Travel Advantage peut donc désormais exercer en France pour 3 ans au minimum.
Néanmoins, le fait que la marque ait également une adresse en France (au 42 avenue Montaigne à Paris) interpelle Les Entreprises du Voyage. "Cette société n'est pas uniquement présente en Europe au Portugal, elle a aussi une société en France depuis 2019, ainsi qu'une adresse à Paris.
Or dès lors que l'on est établi en France, on doit être immatriculé auprès d'Atout France et satisfaire aux critères français. On ne peut pas se servir d'un avatar étranger pour justifier de sa régularité en France, souligne Guillaume Beurdeley, responsable juridique des EDV.
Ce fonctionnement n'est toujours pas conforme, car la LPS n'est possible que dès lors qu'une société dirige son activité vers la France depuis un autre pays et pas depuis l'intérieur du pays, comme le stipule l'article L211-20 du Code du tourisme"..
De son côté, Eric Aubin, le DG de Travel Advantage nous affirme que les clients qui réservent via Travel Advantage passent par la société basée au Portugal et que les deux sociétés - française et portugaise - sont des "sociétés sœurs", des filiales de Travel Advantage LLC - la maison-mère, enregistrée à la fois aux Etats-Unis et à Hong Kong.
Cette dernière "gère l’aspect technique, le marketing, la gestion et la sécurisation des données et des sites, nous précise Eric Aubin. Travel Advantage LLC et les filiales sont toutes juridiquement indépendantes et enregistrées dans leurs pays d'attache respectifs. Le lien entre elles est capitalistique... puisque ce sont des filiales".
Des mentions légales qui manquent à l'appel...
Pour autant, la plateforme, qu'elle soit portugaise ou française, doit répondre aux exigences de la Directive européenne des voyages à forfait ainsi qu'au Code du tourisme des pays concernés.
Pourtant, le compte n'y est pas. Plusieurs éléments d'ordre juridique manquent à l'appel. Dès la page d'accueil, et bien qu'il s'agisse d'un club privé de voyageurs, dont l'accès est réservé à ses membres, il n'est pas possible de consulter les conditions générales de vente, ni les mentions légales.
Or, même sur un site comme VoyagePrivé.com, ces mentions figurent dès la home page.
TourMaG.com a pu tester la plateforme grâce à un guest pass. Une fois connecté, le consommateur accède en bas de page à quelques informations légales, telles que le numéro de garantie financière au Portugal, la LPS pour la France, le numéro de Responsabilité civile professionnelle (RC Pro).
On y voit aussi le logo de l'IATA. "Dans le cadre de l’aboutissement de nos démarches engagées depuis plusieurs mois, Travel Advantage bénéficie désormais de l’identification IATA, nous précise Eric Aubin.
Voici encore un élément de différenciation fort qui nous sépare clairement de certains concurrents (Travorium, Jifu, Nexarise, Mydailychoice pour ne citer qu’eux, et depuis peu Exos travel) qui naviguent allègrement dans la plus parfaite illégalité", pointe-t-il du doigt, dénonçant d'autres plateformes présentes sur le marché français et qui proposent du voyage en MLM sans respecter la réglementation française.
Néanmoins, il semblerait que Travel Advantage ait encore, elle aussi, quelques efforts à faire pour entrer dans le cadre parfaitement légal.
En réservant un forfait (vol + hôtel), nous n'avons vu à aucun moment le terme "voyage à forfait" apparaître dans les conditions de vente, même s'il s'agit d'un forfait dynamique.
Interpellé à ce sujet, Eric Aubin précise : "dès lors que vous procédez à l’achat simultané de deux prestations, il s’agit d’un forfait. Comme vous avez pu le constater, nous avons un Service Support disponible 24/7 qui peut prendre en compte toute question d’un client qui souhaiterait avoir plus de précisions", ajoute-t-il.
Pourtant, le compte n'y est pas. Plusieurs éléments d'ordre juridique manquent à l'appel. Dès la page d'accueil, et bien qu'il s'agisse d'un club privé de voyageurs, dont l'accès est réservé à ses membres, il n'est pas possible de consulter les conditions générales de vente, ni les mentions légales.
Or, même sur un site comme VoyagePrivé.com, ces mentions figurent dès la home page.
TourMaG.com a pu tester la plateforme grâce à un guest pass. Une fois connecté, le consommateur accède en bas de page à quelques informations légales, telles que le numéro de garantie financière au Portugal, la LPS pour la France, le numéro de Responsabilité civile professionnelle (RC Pro).
On y voit aussi le logo de l'IATA. "Dans le cadre de l’aboutissement de nos démarches engagées depuis plusieurs mois, Travel Advantage bénéficie désormais de l’identification IATA, nous précise Eric Aubin.
Voici encore un élément de différenciation fort qui nous sépare clairement de certains concurrents (Travorium, Jifu, Nexarise, Mydailychoice pour ne citer qu’eux, et depuis peu Exos travel) qui naviguent allègrement dans la plus parfaite illégalité", pointe-t-il du doigt, dénonçant d'autres plateformes présentes sur le marché français et qui proposent du voyage en MLM sans respecter la réglementation française.
Néanmoins, il semblerait que Travel Advantage ait encore, elle aussi, quelques efforts à faire pour entrer dans le cadre parfaitement légal.
En réservant un forfait (vol + hôtel), nous n'avons vu à aucun moment le terme "voyage à forfait" apparaître dans les conditions de vente, même s'il s'agit d'un forfait dynamique.
Interpellé à ce sujet, Eric Aubin précise : "dès lors que vous procédez à l’achat simultané de deux prestations, il s’agit d’un forfait. Comme vous avez pu le constater, nous avons un Service Support disponible 24/7 qui peut prendre en compte toute question d’un client qui souhaiterait avoir plus de précisions", ajoute-t-il.
Encore du pain sur la planche pour ĂŞtre dans les clous
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De mĂŞme, au moment de payer, une fois les vols et l'hĂ´tel choisi, deux liens vers des Termes et Conditions apparaissent, ainsi qu'un 3e vers les Conditions d'annulation.
Dans le premier lien, tout est rédigé en anglais (pas simple pour un client français). En cliquant sur le second, deux onglets s'affichent : l'un concerne les Termes et Conditions pour les vols et l'autre l'Hébergement. Encore une fois, les prestations ne semblent pas liées.
"En procédant à cette réservation, vous acceptez les Termes et Conditions, y compris la Politique d'annulation ainsi que les Termes et Conditions de l'agrément de Membre Travel Advantage™", peut-on ainsi y lire. "TM" signifiant "trademark" ou marque de commerce, le client est également en droit de se demander à quelle société il achète son voyage : Travel Advantage SAS (basée en Europe) ou bien Travel Advantage LLC (aux Etats-Unis) ? Difficile à dire devant tant d'opacité...
Sans parler de l'absence du formulaire d'information préalable obligatoire pour les contrats de voyage à forfait... Il semble donc que la plateforme ait encore du pain sur la planche pour être dans les clous.
A SUIVRE DEMAIN : II. Travel Advantage : un modèle de vente directe légal en France ?
Dans le premier lien, tout est rédigé en anglais (pas simple pour un client français). En cliquant sur le second, deux onglets s'affichent : l'un concerne les Termes et Conditions pour les vols et l'autre l'Hébergement. Encore une fois, les prestations ne semblent pas liées.
"En procédant à cette réservation, vous acceptez les Termes et Conditions, y compris la Politique d'annulation ainsi que les Termes et Conditions de l'agrément de Membre Travel Advantage™", peut-on ainsi y lire. "TM" signifiant "trademark" ou marque de commerce, le client est également en droit de se demander à quelle société il achète son voyage : Travel Advantage SAS (basée en Europe) ou bien Travel Advantage LLC (aux Etats-Unis) ? Difficile à dire devant tant d'opacité...
Sans parler de l'absence du formulaire d'information préalable obligatoire pour les contrats de voyage à forfait... Il semble donc que la plateforme ait encore du pain sur la planche pour être dans les clous.
A SUIVRE DEMAIN : II. Travel Advantage : un modèle de vente directe légal en France ?