Les professionnels du tourisme répondent à Emmanuel Macron sur la réduction des vacances scolaires - Depositphotos @monkeybusiness
Tout va bien, voire même trop bien, dans le voyage.
Un ronronnement qui ne pouvait durer, de l'aveu de tous les acteurs du secteur. Une fois n'est pas coutume, c'est au président de la République de venir jeter un voile sur l'embellie et la belle ambiance qui régnait dans l'industrie.
En déplacement à Marseille, Emmanuel Macron a appelé à rouvrir le débat de la durée des vacances scolaires estivales.
Outre les inégalités, les congés de 2 ou 3 mois entrainent de lourdes pertes des connaissances acquises tout au long de l'année.
"La conséquence de tout ça : nous bourrons les semaines de nos enfants. C'est parce que nos enfants partent trop tôt et que les vacances se sont plutôt allongées ces 20 dernières années.
Ces mêmes enfants, comparativement à nos voisins européens, arrivent fatigués à la fin de la journée," estime le président de la République.
La réduction de ces vacances devrait permettre d'allonger le temps passé à l'école, mais aussi de pouvoir pratiquer des activités sportives ou manuelles, à l'image de ce qu'il se fait en Allemagne.
Alors que le débat n'est pas encore ouvert au sein du gouvernement et des élus de la nation, nous l'avons amorcé avec les professionnels du tourisme qui sont majoritairement... contre !
Un ronronnement qui ne pouvait durer, de l'aveu de tous les acteurs du secteur. Une fois n'est pas coutume, c'est au président de la République de venir jeter un voile sur l'embellie et la belle ambiance qui régnait dans l'industrie.
En déplacement à Marseille, Emmanuel Macron a appelé à rouvrir le débat de la durée des vacances scolaires estivales.
Outre les inégalités, les congés de 2 ou 3 mois entrainent de lourdes pertes des connaissances acquises tout au long de l'année.
"La conséquence de tout ça : nous bourrons les semaines de nos enfants. C'est parce que nos enfants partent trop tôt et que les vacances se sont plutôt allongées ces 20 dernières années.
Ces mêmes enfants, comparativement à nos voisins européens, arrivent fatigués à la fin de la journée," estime le président de la République.
La réduction de ces vacances devrait permettre d'allonger le temps passé à l'école, mais aussi de pouvoir pratiquer des activités sportives ou manuelles, à l'image de ce qu'il se fait en Allemagne.
Alors que le débat n'est pas encore ouvert au sein du gouvernement et des élus de la nation, nous l'avons amorcé avec les professionnels du tourisme qui sont majoritairement... contre !
René Marc Chikli : "La réduction des vacances non, mais leur étalement oui"
"Il y a dans l'histoire des opérateurs, une grande partie du début des vacances scolaires assez lente à démarrer.
Le début du mois de juillet et les derniers jours du mois d'août sont plutôt calmes au niveau des départs, je parle du secteur marchand, dans le non-marchand, il n'y a pas ce problème.
Ce sont des dates pas évidentes à vendre, avec parfois des creux dans la dernière semaine de juillet.
Tous les départs se font au même moment. En Allemagne, je ne sais pas si ça existe toujours, mais les gens partent à différentes dates selon les landers.
A lire : Evaneos : la concentration des vacances scolaires frein au voyage durable
Au lieu d'avoir un découpage géographique sur les vacances de Pâques et de février, il serait plusintelligent de faire en sorte qu'une partie de la France ait des vacances en différé, par rapport au reste du pays.
Un zonage du territoire permettrait d'en faire profiter l'économie, en évitant son arrêt brutal en août. De plus ça serait bénéfique pour le transport aérien et ferroviaire.
Le sujet n'est pas tabou, comme nous pourrions le croire, mais cela dépend de la tournure du projet.
Les professionnels du tourisme peuvent être favorables à ce genre de proposition, s'il y a une concertation, une réflexion et une stratégie.
Si nous évitons le phénomène actuel consistant à voir tout le monde partir au même moment, tout en permettant que la demande soit toujours aussi importante, alors ce serait intelligent.
En résumé, la réduction des vacances non, mais l'étalement des vacances oui, mais sans concertation, ce sera la catastrophe !
Aujourd'hui vous avez des Français qui rêveraient de pouvoir partir en juin, plutôt qu'en juillet/août," estime René Marc Chikli, le président du SETO.
Le début du mois de juillet et les derniers jours du mois d'août sont plutôt calmes au niveau des départs, je parle du secteur marchand, dans le non-marchand, il n'y a pas ce problème.
Ce sont des dates pas évidentes à vendre, avec parfois des creux dans la dernière semaine de juillet.
Tous les départs se font au même moment. En Allemagne, je ne sais pas si ça existe toujours, mais les gens partent à différentes dates selon les landers.
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Au lieu d'avoir un découpage géographique sur les vacances de Pâques et de février, il serait plusintelligent de faire en sorte qu'une partie de la France ait des vacances en différé, par rapport au reste du pays.
Un zonage du territoire permettrait d'en faire profiter l'économie, en évitant son arrêt brutal en août. De plus ça serait bénéfique pour le transport aérien et ferroviaire.
Le sujet n'est pas tabou, comme nous pourrions le croire, mais cela dépend de la tournure du projet.
Les professionnels du tourisme peuvent être favorables à ce genre de proposition, s'il y a une concertation, une réflexion et une stratégie.
Si nous évitons le phénomène actuel consistant à voir tout le monde partir au même moment, tout en permettant que la demande soit toujours aussi importante, alors ce serait intelligent.
En résumé, la réduction des vacances non, mais l'étalement des vacances oui, mais sans concertation, ce sera la catastrophe !
Aujourd'hui vous avez des Français qui rêveraient de pouvoir partir en juin, plutôt qu'en juillet/août," estime René Marc Chikli, le président du SETO.
Didier Arino : "Ce débat peut être positif pour le secteur du tourisme"
"Si nous réduisons la durée des vacances scolaires, la saisonnalité sera encore plus forte, donc les prix vont exploser, excluant encore davantage de Français des départs en vacances.
D'ailleurs c'est ce qu'il se passe, nous sommes à la limite aujourd'hui des prix pratiqués, alors que nous étions en avance au mois de mars, pour les vacances d'été, au niveau des nuitées.
Actuellement, nous sommes en léger retard, par rapport à 2022, du fait de l'inflation. Une partie de la clientèle, environ 7 millions de Français, a renoncé pour l'instant, à réserver, car les prix sont trop élevés au regard de leur budget.
Il faut savoir que pour les 3/4, les budgets sont stables ou en hausse.
Si en revanche, nous réduisons la durée des vacances, mais que nous mettons en place un système de zone, comme à Pâques ou février, alors nous entrainerons une saisonnalité estivale plus grande. La fréquentation serait lissée, les prix pourraient flancher.
Le principe des zones existe dans d'autres pays.
Le phénomène du surtourisme est grandement amplifié et médiatisé, alors que la réalité est tout autre. Les seuls pics de fréquentation ont lieu lors des week-ends du mois de mai et de l'ascension, puis entre le 9 et le 15 août. Cela ne concerne que quelques sites.
L'idée ne réglera pas tous les problèmes du secteur.
Ce débat peut être positif pour le secteur du tourisme, en cas de zonage.
Après le sujet est plus vaste, car nous pourrions interroger le Gouvernement sur sa politique sociale des vacances : les prix des colonies de vacances sont devenus inabordables à cause des normes. Nous devons favoriser les départs en vacances mais aussi et surtout, la mixité.
Nous ne devons pas nous retrouver avec des colonies de riches d'un côté et de pauvres de l'autre, ça n'a pas d'intérêt," explique Didier Arino, le directeur général de Protourisme.
D'ailleurs c'est ce qu'il se passe, nous sommes à la limite aujourd'hui des prix pratiqués, alors que nous étions en avance au mois de mars, pour les vacances d'été, au niveau des nuitées.
Actuellement, nous sommes en léger retard, par rapport à 2022, du fait de l'inflation. Une partie de la clientèle, environ 7 millions de Français, a renoncé pour l'instant, à réserver, car les prix sont trop élevés au regard de leur budget.
Il faut savoir que pour les 3/4, les budgets sont stables ou en hausse.
Si en revanche, nous réduisons la durée des vacances, mais que nous mettons en place un système de zone, comme à Pâques ou février, alors nous entrainerons une saisonnalité estivale plus grande. La fréquentation serait lissée, les prix pourraient flancher.
Le principe des zones existe dans d'autres pays.
Le phénomène du surtourisme est grandement amplifié et médiatisé, alors que la réalité est tout autre. Les seuls pics de fréquentation ont lieu lors des week-ends du mois de mai et de l'ascension, puis entre le 9 et le 15 août. Cela ne concerne que quelques sites.
L'idée ne réglera pas tous les problèmes du secteur.
Ce débat peut être positif pour le secteur du tourisme, en cas de zonage.
Après le sujet est plus vaste, car nous pourrions interroger le Gouvernement sur sa politique sociale des vacances : les prix des colonies de vacances sont devenus inabordables à cause des normes. Nous devons favoriser les départs en vacances mais aussi et surtout, la mixité.
Nous ne devons pas nous retrouver avec des colonies de riches d'un côté et de pauvres de l'autre, ça n'a pas d'intérêt," explique Didier Arino, le directeur général de Protourisme.
Jean Virgile Crance : "C'est tout ce qu'il ne faut pas faire !"
"Nous sommes contre cette idée.
Nous avons beaucoup échangé, ces derniers jours sur la gestion des flux touristiques et la concentration des populations de voyageurs sur certains lieux. C'est tout ce qu'il ne faut pas faire !
Un des premiers leviers pour mieux gérer les flux, ce sont inévitablement, les périodes dédiées au tourisme qui sont étroitement liées aux périodes de vacances scolaires.
Il est extrêmement important de conserver l'étalement des vacances, pour ce qui des vacances d'hiver, cela permet de fluidifier les départs et une meilleure utilisation des structures.
Il y a quelques mois, nous sommes montés au créneau auprès d'Olivia Grégoire, pour dire que nous étions extrêmement attentifs à ne pas perdre la dernière semaine d'août, elle était en arbitrage au ministère de l'Education nationale.
A lire : Le séminaire de la CAT se transforme en Comité stratégique
Nous avons demandé à la ministre en charge du Tourisme d'intervenir sur cette question, car la dernière semaine permet d'étaler les congés, donc les flux, mais aussi une meilleure fluctuation des tarifs.
Plus la saisonnalité est longue et plus il est possible à un plus grand nombre de pouvoir partir, en raison des prix. La dernière semaine affiche des tarifs moins élevés que durant le reste du mois, ce qui joue sur son attractivité.
Nous serons amenés à nous faire entendre, si jamais le sujet arrive au plus haut niveau. Notre volonté est que nous puissions avoir un tourisme pour tous, et que tout le monde puisse partir en vacances.
Avec le zonage, nous complexifierons tout. Les rangs des saisonniers comprennent beaucoup d'étudiants, ces publics peuvent travailler, grâce à ces périodes prolongées.
De plus, le gouvernement doit prendre en compte les familles recomposées, les vacances d'été sont un moment de retrouvailles, pour ces familles," analyse Jean Virgile Crance, le président de la Confédération des Acteurs du Tourisme (CAT).
Nous avons beaucoup échangé, ces derniers jours sur la gestion des flux touristiques et la concentration des populations de voyageurs sur certains lieux. C'est tout ce qu'il ne faut pas faire !
Un des premiers leviers pour mieux gérer les flux, ce sont inévitablement, les périodes dédiées au tourisme qui sont étroitement liées aux périodes de vacances scolaires.
Il est extrêmement important de conserver l'étalement des vacances, pour ce qui des vacances d'hiver, cela permet de fluidifier les départs et une meilleure utilisation des structures.
Il y a quelques mois, nous sommes montés au créneau auprès d'Olivia Grégoire, pour dire que nous étions extrêmement attentifs à ne pas perdre la dernière semaine d'août, elle était en arbitrage au ministère de l'Education nationale.
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Nous avons demandé à la ministre en charge du Tourisme d'intervenir sur cette question, car la dernière semaine permet d'étaler les congés, donc les flux, mais aussi une meilleure fluctuation des tarifs.
Plus la saisonnalité est longue et plus il est possible à un plus grand nombre de pouvoir partir, en raison des prix. La dernière semaine affiche des tarifs moins élevés que durant le reste du mois, ce qui joue sur son attractivité.
Nous serons amenés à nous faire entendre, si jamais le sujet arrive au plus haut niveau. Notre volonté est que nous puissions avoir un tourisme pour tous, et que tout le monde puisse partir en vacances.
Avec le zonage, nous complexifierons tout. Les rangs des saisonniers comprennent beaucoup d'étudiants, ces publics peuvent travailler, grâce à ces périodes prolongées.
De plus, le gouvernement doit prendre en compte les familles recomposées, les vacances d'été sont un moment de retrouvailles, pour ces familles," analyse Jean Virgile Crance, le président de la Confédération des Acteurs du Tourisme (CAT).
Jean-Pierre Mas : "cela ne va pas réduire les inégalités, mais les accroitre"
"C'est un vrai sujet pour le secteur, mais aussi en faveur de la hausse des inégalités.
La réduction de la durée des vacances ne va pas réduire les inégalités, mais bien les accroitre. Emmanuel Macron n'a pas vraiment compris le sujet. Plus la période de vacances sera réduite et plus l'accès aux vacances sera difficile, car les voyages seront plus chers.
Pour les voyageurs ce ne serait pas une bonne nouvelle, mais aussi pour les professionnels du tourisme. Après je ne sais pas si cette remarque du président de la République est le résultat d'une réflexion ou si c'est une remarque à l'emporte-pièce.
Après si le débat est ouvert, alors nous y participerons," affirme Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du Voyage (EDV).
La réduction de la durée des vacances ne va pas réduire les inégalités, mais bien les accroitre. Emmanuel Macron n'a pas vraiment compris le sujet. Plus la période de vacances sera réduite et plus l'accès aux vacances sera difficile, car les voyages seront plus chers.
Pour les voyageurs ce ne serait pas une bonne nouvelle, mais aussi pour les professionnels du tourisme. Après je ne sais pas si cette remarque du président de la République est le résultat d'une réflexion ou si c'est une remarque à l'emporte-pièce.
Après si le débat est ouvert, alors nous y participerons," affirme Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du Voyage (EDV).
Antoine Bretin : "les conséquences pourraient être importantes sur les départs des jeunes"
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"Il a parlé des vacances de 2,5 à 3 mois de vacances, donc le ciblage concerne les jeunes terminant les cours début ou mi-juin. Cela dépend si l'établissement de ces élèves est un centre d'examen ou pas.
Sur le coeur de notre activité, les colonies de vacances et les séjours linguistiques, les départs en juin sont assez faibles. Il n'y a pas vraiment d'enjeu sur cette période.
Par contre si l'idée est de raccourcir les vacances d'été, pour arriver à une période de 4 ou 6 semaines, alors les conséquences pourraient être importantes sur nos activités et les départs des jeunes.
Ce fameux débat n'est pas revenu depuis un long moment.
Après si l'objectif est de conserver la même saisonnalité donc juillet et août, cela n'aura pas vraiment d'impact. Mais si ça doit aller plus loin ce sera un sacré chantier, car le Gouvernement va devoir s'attaquer aux vacances des profs.
Pour réduire, les inégalités sur le sujet des départs en vacances, y a plein d'idées sont sur la table. Il existe par exemple : un pass colo, pour permettre à tout le monde de pouvoir partir en colonies de vacances ou séjours linguistiques. De plus, les comités d'entreprises et des associations diverses s'engagent pour faire partir les jeunes.
Je ne suis pas vraiment convaincu que la réduction des congés réduirait les inégalités.
Après quand nous voyons fleurir tous les sujets sur le surtourisme, nous allons donner du grain à moudre, en concentrant tous les départs sur un faible nombre de semaines.
Il serait possible de profiter du mois de juillet et du raccourcissement des vacances, pour favoriser et valoriser les voyages scolaires," imagine Antoine Bretin, le directeur de Verdié Hello.
Sur le coeur de notre activité, les colonies de vacances et les séjours linguistiques, les départs en juin sont assez faibles. Il n'y a pas vraiment d'enjeu sur cette période.
Par contre si l'idée est de raccourcir les vacances d'été, pour arriver à une période de 4 ou 6 semaines, alors les conséquences pourraient être importantes sur nos activités et les départs des jeunes.
Ce fameux débat n'est pas revenu depuis un long moment.
Après si l'objectif est de conserver la même saisonnalité donc juillet et août, cela n'aura pas vraiment d'impact. Mais si ça doit aller plus loin ce sera un sacré chantier, car le Gouvernement va devoir s'attaquer aux vacances des profs.
Pour réduire, les inégalités sur le sujet des départs en vacances, y a plein d'idées sont sur la table. Il existe par exemple : un pass colo, pour permettre à tout le monde de pouvoir partir en colonies de vacances ou séjours linguistiques. De plus, les comités d'entreprises et des associations diverses s'engagent pour faire partir les jeunes.
Je ne suis pas vraiment convaincu que la réduction des congés réduirait les inégalités.
Après quand nous voyons fleurir tous les sujets sur le surtourisme, nous allons donner du grain à moudre, en concentrant tous les départs sur un faible nombre de semaines.
Il serait possible de profiter du mois de juillet et du raccourcissement des vacances, pour favoriser et valoriser les voyages scolaires," imagine Antoine Bretin, le directeur de Verdié Hello.