SpaceX : rendez-vous jeudi pour le troisième essai du Super Heavy Starship

Quand en 2017, déjà, Elon Musk annonce la construction d’un lanceur superlourd entièrement réutilisable, dont la seule partie supérieure fait la taille d’Ariane 5 et près de deux fois son diamètre, très peu de gens, une fois de plus, le prennent au sérieux.

Quand le 16 avril 2021, la Nasa sélectionne le projet de Space X qui se voit attribuer un budget de 2,89 milliards de dollars pour construire, tester et faire atterrir sur la Lune son prototype de HLS Starship… plus personne ne sourit.

Quand le 6 août 2021, Elon Musk présente ce à quoi ressemblera Super Heavy Starship la plus grande fusée jamais construite, ils sont beaucoup plus nombreux à être "bluffé".

Lors de son premier vol d'essai en avril 2023, le vaisseau ne réussit pas à se séparer de son propulseur, entraînant donc sa destruction contrôlée peu après le décollage.

Le deuxième essai quant à lui, a vu une séparation réussie entre le vaisseau Starship et son booster Super Heavy, mais s'est soldé par une explosion spectaculaire du booster peu après, puis du vaisseau lui-même peu de temps avant sa rentrée atmosphérique.

Toutefois, il est important de souligner que ce deuxième vol s'est déroulé de manière plus encourageante que le précédent, avec deux phases de la mission réussies.

Comme l’a déclaré Kate Tice, responsable de l’ingénierie des systèmes de qualité chez SpaceX, reprenant ainsi toute la philosophie de la société : « Nous avons obtenu tellement de données, qu’elles nous aideront ainsi à nous améliorer pour notre prochain vol. »

C’est toute la logique de conception désormais bien établie de SpaceX : on construit, on teste, on regarde ce qui se passe et on corrige pour préparer l’après.

Le vol doit être retransmis en direct par SpaceX

Quand ? Le 14 mars 2024, à partir de 12h30 (heure de Paris).
Où ? Au Texas, dans l’espace puis l’océan Pacifique.
Que verra-t-on ? L’ascension du Super Heavy Starship, la séparation des deux étages, l’éventuel retour contrôlé du Super Heavy dans l’Atlantique et la suite de la mission pour le Starship.

En attendant, connectez-vous sur la Starbase de SpaceX à Boca Chica
en Live 24/7 pour assister aux préparatifs.

Ce troisième essai doit permettre à SpaceX de valider les modifications et corrections techniques depuis le précédent lancement du Super Heavy Starship, soit sept pour le Super Heavy et dix pour le Starship, pour réussir à boucler enfin un vol complet sans encombre, à savoir : faire décoller le Super Heavy Starship depuis le Texas, survoler une large portion de la Terre et terminer l’aventure dans l’océan Pacifique, au large de l’archipel d’Hawaï, tout en sachant que le Super Heavy doit faire un retour contrôlé dans l’Atlantique, après la séparation.

Il est aussi attendu une opération inédite en plein vol, consistant à effectuer un transfert de propergol dans l’espace.

Super Heavy Starship, c’est la combinaison du vaisseau Starship et son booster Super Heavy, l’ensemble représentant 120 mètres de hauteur.

- Le lanceur super Heavy, c’est le lanceur le plus puissant au monde jamais développé, 5000 tonnes au décollage grâce à ses 33 moteurs Raptor, développant chacun une poussée de 230 tonnes, pour un total de 7.590 tonnes au décollage utilisant un mélange de méthane et d'oxygène liquide. (pour information la poussée maximale d'un Rafale est de deux fois 7,5 tonnes).

- Le vaisseau Starship a une capacité suffisante pour permettre à un équipage d'emporter l'équipement nécessaire à une mission prolongée sur le sol de la planète rouge. Sa configuration dépend en partie du type de mission que le lanceur doit assurer (ravitaillement, atterrisseur lunaire, ravitaillement en ergols du dépôt en orbite basse...). Dans la configuration actuelle, il mesure 50 mètres de haut et 9 mètres de diamètre, et "l'espace dégagé" représente un volume de 1 000 m3, à peu près équivalent à celui de la Station spatiale internationale.

Selon les dires d’Elon Musk, Starship pourrait également devenir un transport spatial de masse, capable d'embarquer jusqu'à 100 personnes.

Ce troisième lancement est évidement important pour le calendrier et la fiabilité de la mission Artémis, dont il faut rappeler que la Nasa en début d’année, avait dû déjà décidé de reporter d'un an ses deux missions lunaires : Artémis 2, qui doit envoyer un équipage faire le tour de la Lune sans y atterrir, repoussée à 2025 et Artemis 3, qui doit renvoyer des astronautes sur le sol lunaire, repoussée à 2026.

Rendez-vous le 14 mars ! Avec Elon Musk le suspense et le spectacle sont toujours garantis et pour qui, comme il l’a déclaré : « La première étape consiste à établir que quelque chose est possible ; alors la probabilité se produira. »

Acceptons-en l’augure.

Michel MESSAGER est directeur associé de Consul Tours, société de conseil travaillant pour une clientèle privée et institutionnelle dans les secteurs du tourisme.

Il est Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial et de l’AFST (Association Française des Seniors du Tourisme). Il est l’auteur de nombreux articles sur le sujet ainsi que de plusieurs livres : le "Tourisme Spatial" publié en 2009 à la documentation française, "Histoire du Tourisme Spatial de 1950 à 2020" sorti en 2021, "Tourisme Spatial et Ecologie" en 2022 et "Tourisme Spatial de 1950 à 2022" chez Amazon. Il est considéré actuellement comme l’un des spécialistes en la matière.

Il intervient fréquemment sur ce sujet à la radio et à la télévision, ainsi qu’au travers de conférences dans de nombreux pays, notamment au Canada où il réside quelques mois par an. Il conseille notamment des entreprises du "new space" et des fonds d’investissements sur les projets financiers en matière de Tourisme Spatial.