Thierry Marx est un peu un ovni dans l'univers du voyage.
Le chef étoilé, qui s'est extrait socialement à la force des bras et de ses recettes, n'a pas hésité à taper sur le gouvernement dénonçant l’hypocrisie de celui-ci au sujet de son projet de loi sur l’immigration.
Il appelait même à la régularisation des travailleurs immigrés dans le secteur de la restauration.
Et alors que de nombreux patrons se plaignent dans la distribution et la production touristique de la jeune génération, pour le président de l'UMIH, il est temps de poser un autre regard sur une jeunesse qui "apprend deux fois plus vite que nous."
"Nous avons beaucoup menti à cette jeunesse.
J'ai souvent entendu : ils n'ont pas eu de chance, l'ascenseur social est en panne. Comment a-t-on pu nous vendre cette idée du non-goût de l'effort ?
La réussite sociale est un escalier, la responsabilité de la République est de faire en sorte que les marches soient régulières pour tout le monde," recontextualise Thierry Marx.
Le chef étoilé, qui s'est extrait socialement à la force des bras et de ses recettes, n'a pas hésité à taper sur le gouvernement dénonçant l’hypocrisie de celui-ci au sujet de son projet de loi sur l’immigration.
Il appelait même à la régularisation des travailleurs immigrés dans le secteur de la restauration.
Et alors que de nombreux patrons se plaignent dans la distribution et la production touristique de la jeune génération, pour le président de l'UMIH, il est temps de poser un autre regard sur une jeunesse qui "apprend deux fois plus vite que nous."
"Nous avons beaucoup menti à cette jeunesse.
J'ai souvent entendu : ils n'ont pas eu de chance, l'ascenseur social est en panne. Comment a-t-on pu nous vendre cette idée du non-goût de l'effort ?
La réussite sociale est un escalier, la responsabilité de la République est de faire en sorte que les marches soient régulières pour tout le monde," recontextualise Thierry Marx.
"Les métiers de la cuisine et de la salle sont Instagramables", c'est un atout selon Thierry Marx
Au lieu d'opposer les générations, le chef multi-étoilés repose le cadre.
Il définit aussi cette jeunesse comme plus engagée socialement, sans doute un peu plus autocentrée, mais ce n'est pas une génération à exclure, bien au contraire.
A lire : Thierry Marx : "Les politiques se rendent-ils compte de l’état du pays ?"
"Nous avions imaginé la réussite sociale par l'achat d'une maison, pour eux, elle passe par les moyens de se payer un voyage au long court. Les codes ont changé.
Si demain, ils n'ont plus envie de travailler, ce n'est pas une table de ping-pong dans une cantine qui va les retenir.
Pour eux, l'entreprise doit vite les faire progresser. Il faut admettre cette société au rythme où elle va," recadre l'entrepreneur.
D'ailleurs, si les codes moraux et de vie ont changé, ceux du travail aussi.
Il y a encore quelques années, n'importe quel patron aurait hurlé en voyant un serveur ou un chef de partie dégainer son téléphone pour prendre une photo.
Le patron du restaurant ONOR tolère plutôt cet outil.
"Les métiers de la cuisine et de la salle redeviennent attirants, parce qu'ils sont Instagramables.
Je ne peux pas dire à un collaborateur ou collaboratrice de ne pas travailler avec son téléphone. Il fait un travail de photographe. Nous devons faire rentrer cela dans nos référentiels."
L'intégration de ces nouvelles habitudes ne se font pas sans contrepartie.
Il définit aussi cette jeunesse comme plus engagée socialement, sans doute un peu plus autocentrée, mais ce n'est pas une génération à exclure, bien au contraire.
A lire : Thierry Marx : "Les politiques se rendent-ils compte de l’état du pays ?"
"Nous avions imaginé la réussite sociale par l'achat d'une maison, pour eux, elle passe par les moyens de se payer un voyage au long court. Les codes ont changé.
Si demain, ils n'ont plus envie de travailler, ce n'est pas une table de ping-pong dans une cantine qui va les retenir.
Pour eux, l'entreprise doit vite les faire progresser. Il faut admettre cette société au rythme où elle va," recadre l'entrepreneur.
D'ailleurs, si les codes moraux et de vie ont changé, ceux du travail aussi.
Il y a encore quelques années, n'importe quel patron aurait hurlé en voyant un serveur ou un chef de partie dégainer son téléphone pour prendre une photo.
Le patron du restaurant ONOR tolère plutôt cet outil.
"Les métiers de la cuisine et de la salle redeviennent attirants, parce qu'ils sont Instagramables.
Je ne peux pas dire à un collaborateur ou collaboratrice de ne pas travailler avec son téléphone. Il fait un travail de photographe. Nous devons faire rentrer cela dans nos référentiels."
L'intégration de ces nouvelles habitudes ne se font pas sans contrepartie.
"La formation est complètement inadaptée" d'après Thierry Marx
Tous les apprentis, commis, nouveaux salariés doivent respecter un acronyme : RER, pour Rigueur, Engagement, Régularité.
A la veille des Jeux olympiques, près de 200 000 emplois sont toujours vacants dans le secteur HCR (hôtels-cafés-restaurant).
Or si le tourisme permet de monter deux par deux l'escalier social, il faut dire que les salariés commencent bas, très bas au niveau des rémunérations et avec des avantages sociaux quasi-inexistants.
"Un cuisinier débutant percevra un salaire mensuel compris entre 1 250 euros et 1 350 euros net par mois, soit même pas au-dessus du SMIC, mais il pourra atteindre plus de 2 200 euros pour un employé expérimenté," comme le révèlent nos confrères de Capital.
Alors comment rendre attractives ces professions ?
A lire : Thierry Marx va-t-il révolutionner l’UMIH ?
La semaine des 4 jours est bien à l'étude, selon Thierry Marx, il faut aussi ne pas rentrer en frontal avec ces nouvelles générations, mais intégrer leurs codes, puis... il faut former, à vitesse grand V.
"Aujourd'hui, la formation est complètement inadaptée à l'évolution des mentalités et de notre société.
On me dit qu'un CAP dure entre 1 et 3 ans, pour apprendre 80 gestes de base, 4 grandes cuissons des œufs, des poissons, des légumes et des viandes, mais aussi les recettes des 5 desserts du patrimoine culinaire français.
Il est indispensable d'obtenir son CAP au bout de 8 mois. Un moment donné, nous devons former plus vite et mieux," assène Thierry Marx.
A la veille des Jeux olympiques, près de 200 000 emplois sont toujours vacants dans le secteur HCR (hôtels-cafés-restaurant).
Or si le tourisme permet de monter deux par deux l'escalier social, il faut dire que les salariés commencent bas, très bas au niveau des rémunérations et avec des avantages sociaux quasi-inexistants.
"Un cuisinier débutant percevra un salaire mensuel compris entre 1 250 euros et 1 350 euros net par mois, soit même pas au-dessus du SMIC, mais il pourra atteindre plus de 2 200 euros pour un employé expérimenté," comme le révèlent nos confrères de Capital.
Alors comment rendre attractives ces professions ?
A lire : Thierry Marx va-t-il révolutionner l’UMIH ?
La semaine des 4 jours est bien à l'étude, selon Thierry Marx, il faut aussi ne pas rentrer en frontal avec ces nouvelles générations, mais intégrer leurs codes, puis... il faut former, à vitesse grand V.
"Aujourd'hui, la formation est complètement inadaptée à l'évolution des mentalités et de notre société.
On me dit qu'un CAP dure entre 1 et 3 ans, pour apprendre 80 gestes de base, 4 grandes cuissons des œufs, des poissons, des légumes et des viandes, mais aussi les recettes des 5 desserts du patrimoine culinaire français.
Il est indispensable d'obtenir son CAP au bout de 8 mois. Un moment donné, nous devons former plus vite et mieux," assène Thierry Marx.
Management : "dur avec les faits, bienveillant avec les gens" Thierry Marx
Une formation et une alternance qui ne doivent pas cacher l'esprit de liberté que possèdent certains néo-professionnels.
Pour le chef étoile, les acteurs du tourisme doivent être en mesure de laisser partir leurs poulains, s'ils ont d'autres objectifs de vie à ce moment précis. Nous l'entendons souvent au gré des salons et conférences, des patrons qui se plaignent de perdre des alternants, une fois le contrat terminé.
"Nous devons sortir de l'antiquité : j'ai investi sur une personne, je pense qu'elle est à moi. Ce n'est pas vrai et il faut l'accepter.
Je conseille d'inverser la façon de penser, plutôt de se dire : j'ai formé un futur ambassadeur de ma boîte et peut-être que quand il va revenir de ce voyage, il sera très content de retrouver un poste dans mon entreprise.
Dans mes sociétés, j'ai toujours fêté les départs de mes collaborateurs," poursuit Thierry Marx.
Et cette stratégie semble payante. En moyenne les salariés restent une vingtaine d'années dans les entreprises de l'entrepreneur, avec des allées et venues ici ou ailleurs. Celui qui n'a pas fait de grandes études, ni fréquenté des écoles renommées, est aussi l'apôtre d'un management bienveillant, appris sur le tas.
"Je n'ai jamais voulu avoir de grands managers issus de grandes écoles de management qui sont plein de poncifs et qui assènent des vérités qu'ils n'ont jamais vécues.
Ma façon de manager se résume en une phrase : je suis dur avec les faits, bienveillant avec les gens.
Quand la personne n'est pas dans les ratios annoncés ou les projections, il faut trouver la solution. Je ne dis pas qu'il faille la virer, rien ne m'impose d'être le bourreau, mais de trouver une réponse à ce problème.
La personne est mise devant ses responsabilités," explique l'entrepreneur.
Pour le chef étoile, les acteurs du tourisme doivent être en mesure de laisser partir leurs poulains, s'ils ont d'autres objectifs de vie à ce moment précis. Nous l'entendons souvent au gré des salons et conférences, des patrons qui se plaignent de perdre des alternants, une fois le contrat terminé.
"Nous devons sortir de l'antiquité : j'ai investi sur une personne, je pense qu'elle est à moi. Ce n'est pas vrai et il faut l'accepter.
Je conseille d'inverser la façon de penser, plutôt de se dire : j'ai formé un futur ambassadeur de ma boîte et peut-être que quand il va revenir de ce voyage, il sera très content de retrouver un poste dans mon entreprise.
Dans mes sociétés, j'ai toujours fêté les départs de mes collaborateurs," poursuit Thierry Marx.
Et cette stratégie semble payante. En moyenne les salariés restent une vingtaine d'années dans les entreprises de l'entrepreneur, avec des allées et venues ici ou ailleurs. Celui qui n'a pas fait de grandes études, ni fréquenté des écoles renommées, est aussi l'apôtre d'un management bienveillant, appris sur le tas.
"Je n'ai jamais voulu avoir de grands managers issus de grandes écoles de management qui sont plein de poncifs et qui assènent des vérités qu'ils n'ont jamais vécues.
Ma façon de manager se résume en une phrase : je suis dur avec les faits, bienveillant avec les gens.
Quand la personne n'est pas dans les ratios annoncés ou les projections, il faut trouver la solution. Je ne dis pas qu'il faille la virer, rien ne m'impose d'être le bourreau, mais de trouver une réponse à ce problème.
La personne est mise devant ses responsabilités," explique l'entrepreneur.
"il faut donner le pouvoir aux collaborateurs" explique Thierry Marx
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Ce n'est pas la seule clé du succès.
Pour le chef parisien, il est indispensable de mener à bien la philosophie de l'empowerment, soit l'autonomisation des équipes.
"Il ne faut pas mettre de pression excessive sur les collaborateurs, mais leur donner du pouvoir.
Le premier exercice que j'avais eu d'un professeur qui m'a marqué et qui s'appelait José Gutman. Il prenait une bouilloire, la remplissait d'eau, il bouchait tous les trous, la branchait et demandait : ça explose quand ?
Personne ne savait et pas plus lui, mais voilà ce qui arrive quand vous mettez trop de pression sur vos équipes, ça va exploser, sauf que vous savez ni quand ni comment."
Ce n'est pas le seul enseignement, il conseille aussi d'apprendre à déléguer, manager, savoir bien donner un ordre et surtout faire des retours d'expérience.
L'erreur, bien souvent réprimée dans le monde moderne, doit être vue en opportunité.
Dans les métiers du tourisme une seule chose prévaut sur toute : l'expérience client. Et celle-ci ne peut être bonne que si les salariés sont épanouis et heureux.
"Avant de parler de qualité de vie au travail ou de marque employeur, il faut savoir si les gens s'épanouissent avec leur rémunération. Des gens épanouis, c'est quand même beaucoup plus facile à manager.
Il y a beaucoup d'éléments de langage dans ces notions, je pense que nous devons arrêter d'infantiliser nos collaborateurs," conclut Thierry Marx.
Pour le chef parisien, il est indispensable de mener à bien la philosophie de l'empowerment, soit l'autonomisation des équipes.
"Il ne faut pas mettre de pression excessive sur les collaborateurs, mais leur donner du pouvoir.
Le premier exercice que j'avais eu d'un professeur qui m'a marqué et qui s'appelait José Gutman. Il prenait une bouilloire, la remplissait d'eau, il bouchait tous les trous, la branchait et demandait : ça explose quand ?
Personne ne savait et pas plus lui, mais voilà ce qui arrive quand vous mettez trop de pression sur vos équipes, ça va exploser, sauf que vous savez ni quand ni comment."
Ce n'est pas le seul enseignement, il conseille aussi d'apprendre à déléguer, manager, savoir bien donner un ordre et surtout faire des retours d'expérience.
L'erreur, bien souvent réprimée dans le monde moderne, doit être vue en opportunité.
Dans les métiers du tourisme une seule chose prévaut sur toute : l'expérience client. Et celle-ci ne peut être bonne que si les salariés sont épanouis et heureux.
"Avant de parler de qualité de vie au travail ou de marque employeur, il faut savoir si les gens s'épanouissent avec leur rémunération. Des gens épanouis, c'est quand même beaucoup plus facile à manager.
Il y a beaucoup d'éléments de langage dans ces notions, je pense que nous devons arrêter d'infantiliser nos collaborateurs," conclut Thierry Marx.