Tourisme spatial : 15 février 2024, un jour à marquer d’une pierre blanche

Ce jeudi 15 février Space X a réalisé trois tirs de fusée Falcon 9 en 24 heures à partir de ses bases de Floride et de Californie.

Trois lancements de Falcon 9 en 24 heures ! Qui peut dire mieux : à ce jour personne.
Ces trois lancements consistaient en :

- la mission USSF-124, dont l’objet était de placer une charge utile sur l’orbite terrestre basse au profit de l’US Space Force ;

- l’envoi d’une nouvelle grappe de 22 satellites Starlink ;

- la mission IM-1, lançant vers la Lune l’atterrisseur privé construit par Intuitive Machines.

Ce nouveau record, s’inscrit dans la ligne droite des précédents. Pour mémoire : en 2021 deux décollages de Falcon 9 en moins de 24 heures, en 2022, lancement de trois fusées en trois jours et en 2023, délai de trois heures entre deux décollages.

La très discrète Gwynne Shotwell, patronne de SpaceX, a twitté à cette occasion sur X : « Y a-t-il quelque chose que les employés de SpaceX ne peuvent pas faire ? Je suis très fière de l’équipe et de l’entreprise que nous avons créée ensemble. Que nous battions un nouveau record ou que nous nous efforcions simplement de faire de SpaceX un endroit où il fait bon travailler, SpaceX déchire ! »

Dans ce triple lancement, il faut souligner plus particulièrement celui de l’alunisseur "Odysseus" de type Nova-C et développé par l’entreprise privée texane "Intuitive Machines", fondée en 2013.

La mission, nommée IM-1, ouvre la voie à une nouvelle tentative d’alunissage des Etats-Unis, un mois après l’échec de Peregrine, l’atterrisseur lunaire de la société Astrobotic qui avait dû abandonner sa mission après plusieurs problèmes techniques.

Lire aussi : Espace : pour la Lune… il faudra attendre (encore) un peu

Si l’objectif de la mission IM-1 est atteint, en principe le 22 février, outre le fait qu’Intuitive Machines serait la première société privée à se poser sur la Lune, il s’agirait aussi du premier atterrissage d’un engin américain sur la Lune depuis la fin du programme Apollo, il y a plus de cinquante ans.

L’alunisseur emporte six cargaisons privées, dont des sculptures de l’artiste contemporain Jeff Koons représentant les phases de la Lune. Mais "Odysseus" transporte surtout six instruments scientifiques de la Nasa, principale cliente pour ce voyage.

Cette mission est d’autant plus importante pour les Etats Unis, que l’Inde et le Japon ont récemment réussi à se poser sur la surface lunaire, ce que n’ont toujours pas réussies les entreprises privées US.

Toujours ce Jeudi 15 février, la fusée Soyouz-2.1 emporte avec succès, depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan, le vaisseau de ravitaillement Progress MS-26. Sa destination : l’ISS.

A souligner que c’est un des rares projets russo-américains qui a été maintenu, malgré les différents entre les deux pays compte tenu de l'offensive russe en Ukraine et ceci suite aux accords de décembre, entre l'Agence spatiale russe et la Nasa, pour prolonger leurs vols croisés vers la Station spatiale internationale jusqu'en 2025.

C’est dans le cadre de ces accords que Progress MS-26 va donc livrer à l'équipage de l'ISS : 2 518 kg de fret, dont 1 478 kg d'appareils et d'équipements pour les systèmes de la station, des emballages pour les expériences scientifiques, des vêtements, de la nourriture, des produits médicaux et sanitaires pour les équipages, 580 kg de carburant pour le ravitaillement de la station, 420 kg d'eau potable et 40 kg d'azote.

Le cargo spatial transporte également des consommables pour la nouvelle expérience scientifique baptisée « Fullerène » visant à développer des cristaux de fullérite dans le module Nauka – la troisième forme cristalline du carbone, qui est une nouvelle classe de semi-conducteurs.

Sept personnes sont actuellement à bord de l’ISS : les cosmonautes de Roscosmos Oleg Kononenko, Nikolaï Choub et Konstantin Borissov, les astronautes de la NASA Jasmine Moghbeli et Loral O'Hara, l'astronaute de l'ESA Andreas Mogensen et l'astronaute de la JAXA Satoshi Furukawa.

L'arrimage du vaisseau-cargo au module de service Zvezda du segment russe de la Station spatiale internationale (ISS) a eu lieu comme prévu le samedi à 9h12, heure de Moscou (6h12 GMT).

La Russie, après une période plus calme dans sa course à l’Espace, semble démarrer l’année 2024 sur de nouvelles bases puisqu’il s'agit du deuxième lancement d'un lanceur russe depuis le début de l’année, dont le premier depuis Baïkonour et le premier avec un Progress. Ce vol était le 66e pour Soyouz-2.1a et le 179e pour le vaisseau spatial de la famille Progress dans l'histoire (dont 90 vers l'ISS).

Faut-il voir dans ce lancement (le deuxième de l’année) un redémarrage de l’activité spatial russe ? Les prochains mois devraient nous amener une réponse, notamment au niveau de l’avancement de la nouvelle station orbitale russe, priorité de Moscou, dont Vladimir Poutine a affirmé que le premier segment de celle-ci devrait être mis en orbite en 2027.

Faut-il voir aussi dans cette date du 15 février, un clin d’œil à la date anniversaire de Galilée (15 février 1564 - 8 janvier 1642) ?

Michel MESSAGER est directeur associé de Consul Tours, société de conseil travaillant pour une clientèle privée et institutionnelle dans les secteurs du tourisme.

Il est Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial et de l’AFST (Association Française des Seniors du Tourisme). Il est l’auteur de nombreux articles sur le sujet ainsi que de plusieurs livres : le "Tourisme Spatial" publié en 2009 à la documentation française, "Histoire du Tourisme Spatial de 1950 à 2020" sorti en 2021, "Tourisme Spatial et Ecologie" en 2022 et "Tourisme Spatial de 1950 à 2022" chez Amazon. Il est considéré actuellement comme l’un des spécialistes en la matière.

Il intervient fréquemment sur ce sujet à la radio et à la télévision, ainsi qu’au travers de conférences dans de nombreux pays, notamment au Canada où il réside quelques mois par an. Il conseille notamment des entreprises du "new space" et des fonds d’investissements sur les projets financiers en matière de Tourisme Spatial.