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Transition écologique : taxer l'aérien oui, mais pour financer le secteur !

La lettre ouverte de Jean-Louis Baroux


Dans une lettre ouverte adressée au Ministre des Transports Clément Beaune, Jean-Louis Baroux ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du World Air Forum, dénonce la volonté du gouvernement de taxer le transport aérien au profit … de son concurrent ferroviaire.


Rédigé par le Mardi 29 Août 2023

Les compagnies aériennes sont prêtes à ce que le transport aérien soit soumis à une taxe écologique même importante, mais à une seule condition, c’est que les sommes recueillies soient destinées au financement de la recherche écologique de l’aérien - Depositphotos.com Auteur pogonici
Les compagnies aériennes sont prêtes à ce que le transport aérien soit soumis à une taxe écologique même importante, mais à une seule condition, c’est que les sommes recueillies soient destinées au financement de la recherche écologique de l’aérien - Depositphotos.com Auteur pogonici
Monsieur le Ministre,

Je me permets de vous écrire cette lettre ouverte pour marquer mon étonnement vis-à-vis de la communication de notre Gouvernement relative à ce que l’on appelle maintenant la "Transition Ecologique".

Je précise avant de développer mes arguments que je ne suis bien évidemment pas d’une totale neutralité car j’ai fait toute ma carrière dans le transport aérien et que, par conséquent j’ai tendance à défendre ce mode de transport, surtout lorsqu’il est attaqué injustement.

Et c’est bien là le problème. La mode lancée par Greta Thurnberg, le « bashing du transport aérien » autrement la culpabilisation des consommateurs de l’avion s’est curieusement répandue assez rapidement en Europe et particulièrement en France où elle a été finalement endossée par les dirigeants français depuis quelques gouvernements.

A lire aussi : Le transport aérien, coupable idéal, sacrifié sur l’autel de l’écologie radicale ?

Cela s’est traduit par des mesures concrètes visant par exemple à l’interdiction des vols domestiques lorsque l’alternative ferroviaire entre deux métropoles était inférieure à 2h30, en attendant de passer le curseur à 4h00, et puis dernièrement aux déclarations de Mme Elisabeth Borne à l’Assemblée Nationale et les vôtres, Monsieur le Ministre, dans plusieurs médias qui annoncent votre volonté de taxer le transport aérien au profit … de son concurrent ferroviaire.

Personne ne met en doute l’utilité du train

Voila qui ne va plus du tout.

Personne ne met en doute l’utilité du train
et surtout pas les clients dont la recette ne permet d’ailleurs pas de payer les coûts de la SNCF laquelle accumulé des déficits abyssaux, comblés d’ailleurs par les fonds publics. Mais en quoi le fait de taxer les clients aériens pour subventionner le concurrent direct est-il juste pour ne pas dire équitable ?

Pour tout dire, cela ressemble fort à de la démagogie pure et simple. Je sais bien qu’en France l’Egalité est un dogme depuis la Révolution, mais curieusement personne ne parle d’Equité, ce qui paraîtrait plus approprié.

Et c’est là que je voudrais insister. Depuis des décennies le transport aérien a fait de considérables progrès pour diminuer son empreinte écologique. C’est d’ailleurs tout à fait normal, car la lutte contre la pollution causée par cette activité est économiquement très rentable.

Plus les appareils sont sophistiqués, moins ils sont consommateurs de carburant, plus l’espace aérien est bien géré, meilleurs c’est pour l’économie. Au fond plus le transport aérien est écologique et plus il est profitable. Voilà pourquoi les investissements considérables se sont portés sur ce secteur.

Et les résultats sont là pour prouver la pertinence de cette stratégie. Alors que le transport aérien à connu une croissance fulgurante, ce qui par parenthèses montre clairement son utilité, son empreinte carbone n’a cessé de représenter une part moindre dans l’impact mondial.

Une taxe oui mais pour financer les recherches dans l'aérien

Dès le début des années 2000, Giovanni Bisignani, alors Directeur Général de IATA, avait fixé au transport aérien le but d’arriver à la neutralité carbone en 2050 et ce, quel que soit son taux de croissance.

Quel autre secteur d’activité peut en dire autant ? Est-ce que le transport ferroviaire qui, certes émet beaucoup moins de CO² par passager, mais qui a tout de même une empreinte carbone non négligeable sui l’on prend en compte la construction et la maintenance des infrastructures, à fait ou prévu de faire des efforts comparables à ceux du transport aérien ?

L’ensemble de ce secteur économique a intégré que la transition écologique était nécessaire et qu’elle allait coûter des investissements colossaux essentiellement d’ailleurs consacrés à la recherche de nouveaux modes de production, en clair de nouveaux appareils et d’une nouvelle approche de la gestion de l’espace aérien et des infrastructures au sol.

Pour financer cela, il faudra bien trouver les fonds nécessaires et les compagnies aériennes sont prêtes à ce que le transport aérien soit soumis à une taxe écologique même importante, mais à une seule condition, c’est que les sommes recueillies soient destinées au financement de la recherche écologique de l’aérien et n’aillent pas compenser le déficit chronique du transport ferroviaire dont on voit mal quels investissements il fait pour se décarboner.

L’écologie est un enjeu mondial

L’écologie est un enjeu mondial et non pas national. Voilà une raison supplémentaire pour que les recherches bénéficient à l’ensemble de la planète et que l’impact soit d’autant plus fort qu’il s’appliquera aux pays émergents si demandeurs du transport aérien et dont la préoccupation écologique est beaucoup moindre que dans les pays européens.

La France a un grand rôle à jouer dans ce domaine.

Alors, de grâce, Monsieur le Ministre, arrêtez de donner des leçons de civisme écologique au transport aérien, il n’en a pas besoin et laissez le financer lui-même sa décarbonation.

Avec mes très respectueuses salutations

Jean-Louis BAROUX

Jean-Louis BAROUX
Jean-Louis BAROUX
Jean-Louis Baroux est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.

Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.

Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.

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Tags : aerien, baroux, evtol
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Commentaires

1.Posté par AURIGE Danièle BONNETON le 30/08/2023 01:37 | Alerter
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Mr Baroux je lis votre message et je souhaite y apporter mes commentaires.
Vous écrivez que “ le transport aérien à connu une croissance fulgurante, ce qui par parenthèses montre clairement son utilité”
Les pesticides aussi ont connu une forte croissance ce qui ne démontre pas du tout leur utilité ! Ils ont rendu les sols de plus en plus pauvres et enrichi les américains voulant écouler leurs résidus du pétrole.
Le transport aérien s’est développé et dans le secteur touristique nous avons envoyé de plus en plus de clients aux 4 coins de la planète pour des voyages de plus en plus courts avec certains TO qui ont vendu des circuits comme “la chine en 12 jours 9 nuits”. Nous devons bien nous rendre compte du fait que cette “évolution” a des conséquences écologiques irrémédiables. Nous avons eu cette chance de prendre l’avion mais on ne peut plus continuer ainsi. Il est totalement illusoire de croire qu’on peut rendre le transport aérien écologique ! Où sont les “considérables progrès pour diminuer l’empreinte écologique” ? Alors que l’on a pas trouvé de nouveau carburant et que le transport aérien continue à se développer en dégradant la planète. Vous défendez le secteur aérien en critiquant le train qui même s’il est déficitaire a une empreinte carbone sans comparaison avec celle de l’avion.
Alors non on ne peut plus continuer à voyager comme avant et nous devrons limiter nos déplacements polluants !
Danièle BONNETON

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