Entre la colère des agriculteurs et le mauvais enneigement, la montagne est prise en étau - Crédit photo : Compte Facebook FNSEA et Michel Thiebaut
Quand la France gronde, le tourisme s'effondre.
2024 n'échappe pas vraiment à la règle, notre pays a été une nouvelle fois secoué par une grogne sociale, montant cette fois-ci des zones rurales.
Les agriculteurs ont bloqué les routes, les autoroutes, Rungis et les aéroports, bref la France a connu une belle pagaille qui a quelque peu freiné les envies de départs de nos concitoyens, à en croire la dernière étude De Particulier à Particulier (PAP).
Les Français auraient décidé "de jouer la sécurité en reportant leur séjour à la montagne, d’où un impact immédiat sur le nombre de réservations de dernière minute.
On constate une baisse des réservations générales à hauteur de 9,4 % pour les vacances de février 2024," précise le communiqué de la plateforme.
Nous sommes allés frapper à quelques portes, pour voir si les professionnels du tourisme de la montagne ressentaient eux aussi un tel coup d'arrêt.
2024 n'échappe pas vraiment à la règle, notre pays a été une nouvelle fois secoué par une grogne sociale, montant cette fois-ci des zones rurales.
Les agriculteurs ont bloqué les routes, les autoroutes, Rungis et les aéroports, bref la France a connu une belle pagaille qui a quelque peu freiné les envies de départs de nos concitoyens, à en croire la dernière étude De Particulier à Particulier (PAP).
Les Français auraient décidé "de jouer la sécurité en reportant leur séjour à la montagne, d’où un impact immédiat sur le nombre de réservations de dernière minute.
On constate une baisse des réservations générales à hauteur de 9,4 % pour les vacances de février 2024," précise le communiqué de la plateforme.
Nous sommes allés frapper à quelques portes, pour voir si les professionnels du tourisme de la montagne ressentaient eux aussi un tel coup d'arrêt.
Colère des agriculteurs : Stop ou encore pour la montagne ?
Pour l'Association Nationale des Maires des Stations de Montagne (ANMSM), un léger ralentissement des réservations s'est fait ressentir, mais à la même période en 2023, le phénomène avait aussi eu lieu.
Rien d'alarmant alors que l'instance est en pleine comptabilité pour faire le bilan du mois de janvier passé et se projeter sur les vacances scolaires. Une chose est sûre, les annulations ne sont pas massivement tombées.
Le taux d'occupation résiste tant bien que mal, nous dit-on depuis le siège de l'association.
A lire : Blocages agriculteurs : le voyage peut-il être annulé ? 🔑
"Cette année, j'ai remarqué une volonté d'aller à la montagne, les réservations étaient en avance, par rapport à l'année dernière," recontextualise Didier Arino, avant la survenue de ces évènements.
Si le tassement de la demande a été ressenti dans les mairies, un peu plus haut dans les stations, les combinaisons rouges tracent sans discontinuer. L'École du ski français, donc les moniteurs, n'a pas observé de fléchissement des demandes de cours.
Jusqu'au 15 janvier 2024, le volume d'activité est exactement le même que l'année passée, "la saison s'annonce plutôt bonne," préfère-t-on dédramatiser, même si les statistiques s'arrêtent avant les principaux blocages produits par les agriculteurs.
La colère du monde rural pourrait avoir eu un rôle sur une saison qui ne sera pas celle de tous les records.
Alors que les deux institutions évoquent une situation normale ou très faiblement détériorée, pour Alexandre Maulin, les manifestations des agriculteurs ont eu un réel impact sur les fréquentations des stations.
"La demande a ralenti avec le début de la crise des agriculteurs, puis les routes bloquées ont fait office de frein sur les réservations.
La baisse a été énorme, les gens ont eu peur aussi que la situation s'envenime dans d'autres secteurs, comme la SNCF, ça donne l'impression d'un blocage possible de la France," confie le président de Domaines skiables de France.
Rien d'alarmant alors que l'instance est en pleine comptabilité pour faire le bilan du mois de janvier passé et se projeter sur les vacances scolaires. Une chose est sûre, les annulations ne sont pas massivement tombées.
Le taux d'occupation résiste tant bien que mal, nous dit-on depuis le siège de l'association.
A lire : Blocages agriculteurs : le voyage peut-il être annulé ? 🔑
"Cette année, j'ai remarqué une volonté d'aller à la montagne, les réservations étaient en avance, par rapport à l'année dernière," recontextualise Didier Arino, avant la survenue de ces évènements.
Si le tassement de la demande a été ressenti dans les mairies, un peu plus haut dans les stations, les combinaisons rouges tracent sans discontinuer. L'École du ski français, donc les moniteurs, n'a pas observé de fléchissement des demandes de cours.
Jusqu'au 15 janvier 2024, le volume d'activité est exactement le même que l'année passée, "la saison s'annonce plutôt bonne," préfère-t-on dédramatiser, même si les statistiques s'arrêtent avant les principaux blocages produits par les agriculteurs.
La colère du monde rural pourrait avoir eu un rôle sur une saison qui ne sera pas celle de tous les records.
Alors que les deux institutions évoquent une situation normale ou très faiblement détériorée, pour Alexandre Maulin, les manifestations des agriculteurs ont eu un réel impact sur les fréquentations des stations.
"La demande a ralenti avec le début de la crise des agriculteurs, puis les routes bloquées ont fait office de frein sur les réservations.
La baisse a été énorme, les gens ont eu peur aussi que la situation s'envenime dans d'autres secteurs, comme la SNCF, ça donne l'impression d'un blocage possible de la France," confie le président de Domaines skiables de France.
Colère des agriculteurs : quelles conséquences sur la saison ?
D'autant que Lyon était particulièrement ciblée, avec de nombreux blocages et opérations escargots. Une ville importante pour alimenter en skieurs les stations alpines.
De l'autre côté de la France, les Pyrénées ont été les premières à subir les conséquences de la colère sociale, puisque le mouvement est parti du sud-ouest.
Et bonne nouvelle pour les salariés des remontées mécaniques et des stations dans leur ensemble, les promesses de Gabriel Attal, le Premier Ministre ont fait mouche. Les syndicats ont appelé à lever les barrages et rentrer dans les fermes.
De toute façon, le coup de frein à main n'a pas mis en péril la saison bien au contraire.
"Le gros des réservations est déjà enregistré, le gâteau était déjà pas mal, celles qui n'ont pas été faites avec les blocages n'étaient que les cerises à mettre dessus," estime Alexandre Maulin.
Pour le patron de DSF, pas question de fanfaronner, même si les indicateurs de la saison sont plutôt bien orientés, la pente est encore longue avant d'arriver dans le village.
D'autant que les montagnes françaises doivent faire face à un autre phénomène qui ne joue pas vraiment en leur faveur : le réchauffement climatique.
Déjà l'hiver dernier avait marqué le pas. D'après les statistiques de DSF, la fréquentation des domaines s’établissait en retrait de 2,5 % et la vente de forfaits de ski est jugée en repli pour 42 % des répondants, lors de l'hiver 2022/2023, par rapport au précédent exercice.
De l'autre côté de la France, les Pyrénées ont été les premières à subir les conséquences de la colère sociale, puisque le mouvement est parti du sud-ouest.
Et bonne nouvelle pour les salariés des remontées mécaniques et des stations dans leur ensemble, les promesses de Gabriel Attal, le Premier Ministre ont fait mouche. Les syndicats ont appelé à lever les barrages et rentrer dans les fermes.
De toute façon, le coup de frein à main n'a pas mis en péril la saison bien au contraire.
"Le gros des réservations est déjà enregistré, le gâteau était déjà pas mal, celles qui n'ont pas été faites avec les blocages n'étaient que les cerises à mettre dessus," estime Alexandre Maulin.
Pour le patron de DSF, pas question de fanfaronner, même si les indicateurs de la saison sont plutôt bien orientés, la pente est encore longue avant d'arriver dans le village.
D'autant que les montagnes françaises doivent faire face à un autre phénomène qui ne joue pas vraiment en leur faveur : le réchauffement climatique.
Déjà l'hiver dernier avait marqué le pas. D'après les statistiques de DSF, la fréquentation des domaines s’établissait en retrait de 2,5 % et la vente de forfaits de ski est jugée en repli pour 42 % des répondants, lors de l'hiver 2022/2023, par rapport au précédent exercice.
Les Pyrénées au vert, les Alpes dans le blanc
Et malheureusement, les versants hexagonaux connaissent de nouveau une saison peu réjouissante sur le front de l'enneigement.
Les images de skieurs slalomant entre les plaques de terre, entourés de paysages verdoyants, font le tour des rédactions. La Transjurassienne, mythique course de ski de fond, a dû être annulée à 10 jours de l'évènement faute de neige. C'est tout simplement la 3e annulation depuis 2016.
Dans les Pyrénées, les températures en altitude ont dépassé les 20 degrés.
A la Mongie, la neige est devenue un vague souvenir que seuls les canons à neige arrivent à maintenir vivace. Quand d'autres ont décidé de fermer les pistes.
Dans les Alpes l'enneigement est jugé comme "correct", par la Chaine Météo, avec une neige souvent "dure".
"Je ne suis pas d'accord avec l'idée d'un faible enneigement, il est même excellent au-dessus de 2 000 m et même encore très bon au-dessus de 1 700m, par contre les vallées sont assez vertes en-dessous de 1 500 m.
Les stations qui ne peuvent pas accéder à plus de 1 700 m, sont pénalisées, par contre les autres n'ont aucun problème, les images sont trompeuses," nous explique Arthur Courtinat, le PDG de MMV, un acteur présent dans les Alpes.
Pour l'entreprise rachetée par la Compagnie des Alpes, la saison sera bonne.
Ses établissements affichent complets pour les 3 premières semaines de février, tout en observant une dynamique positive sur les ventes de dernières minutes. Mars est aussi plutôt bien orienté, avec des remplissages évalués comme normaux.
Les images de skieurs slalomant entre les plaques de terre, entourés de paysages verdoyants, font le tour des rédactions. La Transjurassienne, mythique course de ski de fond, a dû être annulée à 10 jours de l'évènement faute de neige. C'est tout simplement la 3e annulation depuis 2016.
Dans les Pyrénées, les températures en altitude ont dépassé les 20 degrés.
A la Mongie, la neige est devenue un vague souvenir que seuls les canons à neige arrivent à maintenir vivace. Quand d'autres ont décidé de fermer les pistes.
Dans les Alpes l'enneigement est jugé comme "correct", par la Chaine Météo, avec une neige souvent "dure".
"Je ne suis pas d'accord avec l'idée d'un faible enneigement, il est même excellent au-dessus de 2 000 m et même encore très bon au-dessus de 1 700m, par contre les vallées sont assez vertes en-dessous de 1 500 m.
Les stations qui ne peuvent pas accéder à plus de 1 700 m, sont pénalisées, par contre les autres n'ont aucun problème, les images sont trompeuses," nous explique Arthur Courtinat, le PDG de MMV, un acteur présent dans les Alpes.
Pour l'entreprise rachetée par la Compagnie des Alpes, la saison sera bonne.
Ses établissements affichent complets pour les 3 premières semaines de février, tout en observant une dynamique positive sur les ventes de dernières minutes. Mars est aussi plutôt bien orienté, avec des remplissages évalués comme normaux.
" Seulement 10% des Français partent en vacances au ski" selon Didier Arino
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Le constat est le même pour la Fédération Nationale des Résidences de Tourisme, des appart’hôtels et des Villages de Vacances (FNRT).
"Les derniers chiffres de notre observatoire sont plutôt positifs sur les semaines à venir, les taux d'occupation pour la semaine du 3 février 2024 sont excellents, avec 91% en montagne (+28%).
Le littoral ne profite pas de la douceur et du faible enneigement, nous ne constatons pas de report de la clientèle," nous rapporte Clémence Favereau, la déléguée générale de la FNRT.
Il convient de relativiser des conséquences de ces blocages et de l'enneigement. Les deux évènements n'impactent qu'une infime partie de la population.
Seulement 15% des Français se rendent en zone de montagne et 10% partent en vacances au ski, d'après Didier Arino.
"Le manque d'enneigement a une incidence sur une clientèle de classe moyenne, fans de montagne ou de ski, qui se rend dans les stations de moyenne altitude et moins couteuses.
Pour eux l'implication financière est plus forte, ils font des sacrifices pour partir, donc l'enneigement ralentit ces réservations," analyse-t-il.
Une observation qui illustre bien le bilan jusque là contrasté de VVF, principalement fréquenté par la classe moyenne.
Le spécialiste des villages de vacances enregistre un mois de février correct, avec des retards dans les Alpes du Sud, les Pyrénnées et le Massif Central.
Influencées par l'enneigement "difficile" dixit Stéphane le Bihan, le directeur général de VVF Villages, les réservations pour le ski de printemps sont très en retard.
Pour le directeur général du cabinet Protourisme, il existe bel et bien une montagne à deux vitesses, à l'image de la démonstration du PDG de MMV.
Les stations de haute-altitude peu affectées par le manque de neige et qui ne connaissent pas la crise, grâce au retour des clientèles étrangères, puis les autres de basse et moyenne altitude.
"Je tire la sonnette d'alarme depuis des années, il est illusoire d'investir massivement en dessous de 1 800m, il y a une nécessité absolue de diversification et d'inventer un autre modèle de montagne," conclut Didier Arino.
Sans neige ou non le tourisme de montagne ne va pas disparaitre, il doit s'adapter.
"Les derniers chiffres de notre observatoire sont plutôt positifs sur les semaines à venir, les taux d'occupation pour la semaine du 3 février 2024 sont excellents, avec 91% en montagne (+28%).
Le littoral ne profite pas de la douceur et du faible enneigement, nous ne constatons pas de report de la clientèle," nous rapporte Clémence Favereau, la déléguée générale de la FNRT.
Il convient de relativiser des conséquences de ces blocages et de l'enneigement. Les deux évènements n'impactent qu'une infime partie de la population.
Seulement 15% des Français se rendent en zone de montagne et 10% partent en vacances au ski, d'après Didier Arino.
"Le manque d'enneigement a une incidence sur une clientèle de classe moyenne, fans de montagne ou de ski, qui se rend dans les stations de moyenne altitude et moins couteuses.
Pour eux l'implication financière est plus forte, ils font des sacrifices pour partir, donc l'enneigement ralentit ces réservations," analyse-t-il.
Une observation qui illustre bien le bilan jusque là contrasté de VVF, principalement fréquenté par la classe moyenne.
Le spécialiste des villages de vacances enregistre un mois de février correct, avec des retards dans les Alpes du Sud, les Pyrénnées et le Massif Central.
Influencées par l'enneigement "difficile" dixit Stéphane le Bihan, le directeur général de VVF Villages, les réservations pour le ski de printemps sont très en retard.
Pour le directeur général du cabinet Protourisme, il existe bel et bien une montagne à deux vitesses, à l'image de la démonstration du PDG de MMV.
Les stations de haute-altitude peu affectées par le manque de neige et qui ne connaissent pas la crise, grâce au retour des clientèles étrangères, puis les autres de basse et moyenne altitude.
"Je tire la sonnette d'alarme depuis des années, il est illusoire d'investir massivement en dessous de 1 800m, il y a une nécessité absolue de diversification et d'inventer un autre modèle de montagne," conclut Didier Arino.
Sans neige ou non le tourisme de montagne ne va pas disparaitre, il doit s'adapter.