TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone

logo TourMaG  




Voyages casher : à l’approche de Pessah, attention aux pièges ! [ABO]

Les EDV ont alerté la DGCCRF


A l’approche de Pessah, la Pâque juive, les offres de voyages destinées à la clientèle juive se sont multipliées ces derniers mois en ligne. Elles sont notamment relayées par des plateformes spécialisées, dont les plus connues AlloJ et JBoost. Mais si une partie de ces voyages sont proposés par des agences dûment en règle, ce n’est pas le cas de toutes…


Rédigé par le Mercredi 5 Mars 2025

Voyages casher : la communauté juive n’est pas non plus épargnée par les promesses mirobolantes d'organisateurs de voyages peu scrupuleux ! - DepositPhotos.com, deagreez1
Voyages casher : la communauté juive n’est pas non plus épargnée par les promesses mirobolantes d'organisateurs de voyages peu scrupuleux ! - DepositPhotos.com, deagreez1
Vous pouvez acheter cet article à l'unité pour le prix de 3,99 € en cliquant ICI ou vous abonner pour 83€ TTC par an.


Comme les pèlerins au moment du Hajj ou les voyageurs séduits par les influenceurs sur les réseaux sociaux, la communauté juive n’est pas non plus épargnée par les promesses mirobolantes d'organisateurs de voyages peu scrupuleux !

Il suffit de faire un tour sur les plateformes en ligne dédiées aux « voyages casher » - notamment AlloJ et JBoost - pour s’apercevoir que toutes les annonces ne font pas mention d’une agence de voyages immatriculée.

De-ci, de-là, des hôtels, des associations ou encore des apporteurs d’affaires proposent des séjours (vol + hôtel ou hôtel + transfert + excursions) sans présenter clairement la moindre garantie.

Au grand désespoir des professionnels qui, sur ces mêmes plateformes, affichent des offres en règle et disposent, pour cela, d'une immatriculation au registre des opérateurs de voyages et de séjours d’Atout France.

« Cela fait plus de deux ans que nous alertons les dirigeants de ces plateformes sur le manque de transparence de leurs annonces, nous explique un agent de voyages. Notre objectif n’est pas de faire fermer ces plateformes, mais qu’elles fassent le ménage parmi les annonces ! »


Voyages casher : les EDV suivent le dossier de près

Les Entreprises du Voyage suivent également l’affaire de près.

Après avoir alerté la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) de Paris et faute de réponse, le service juridique du syndicat a décidé d’alerter la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) sur certains dossiers qu’il juge « significatifs », notamment celui d’AlloJ.

« Nous avons également adressé des courriers à ces plateformes afin de les alerter, ajoute Guillaume Beurdeley, le secrétaire général adjoint des EDV, car elles font de la publicité - et non pas des réservations directes - pour un certain nombre d’organisateurs non immatriculés ».

Des organisateurs illégaux qui sont très difficiles à appréhender selon Guillaume Beurdeley. « Ils vont multiplier la création d'associations et de structures de manière à ce que lorsqu'une structure est mise en cause, une autre est créée dans la foulée. Une manière de diluer un peu le risque », commente-t-il.

Et puis, « dans ce secteur, la connaissance des organisateurs demeure, pour la clientèle, le premier critère dans le choix du voyage, devant le respect de la réglementation ».

Lire aussi : Les EDV vont lancer "Stop Arnaque Voyage" pour lutter contre l’exercice illégal

Les plateformes déclinent toutes responsabilités

Contacté par TourMaG, Elie Samama, le fondateur de JBoost, nous explique que sa plateforme n’est pas un annuaire et ne vend pas directement de voyages.

Elle lui sert plutôt à booster le référencement de ses clients sur Internet et reste très peu consultée. Il nous affirme également avoir éliminé environ 80% des offres de voyages depuis les courriers d’alerte envoyés par les EDV.

Effectivement, les offres vols+hôtels qui sont référencées sur JBoost font mention de l’agence de voyages et de son numéro d’immatriculation, tandis que les fiches consacrées aux croisières casher renvoient vers des dates déjà passées.

Néanmoins, çà et là, on trouve sur les fiches de certains séjours en clubs une option de « vols affrétés » sans mention de l’immatriculation de l’organisateur. Le gérant évoque aussi le fait que certains de ces clubs ou des apporteurs d’affaires qui les commercialisent peuvent monter des excursions sur place…

Lui, de son côté, ne fait que renseigner les clients par téléphone. « Je suis un peu comme un Office du tourisme par téléphone », ajoute-t-il.

Si Elie Samama se dit prêt à coopérer avec les EDV pour se mettre en règle, nous n’en saurons pas plus du côté de AlloJ, dont le fondateur Eric Hassoun n’a pas répondu à nos demandes d’interviews.

Sur cette plateforme, pas besoin d’aller bien loin, il suffit de cliquer sur le premier voyage proposé pour Pessah 2025 pour tomber sur une annonce de séjour hôtelier dans les Pouilles avec excursions et vols privés, sans aucune mention d’une agence de voyages ou d’une immatriculation.

Comble du comble : à côté des photos d’illustration de ce séjour, AlloJ pose cette question : « Pourquoi utiliser les services Alloj ? »

Et parmi les réponses figure cette phrase : « Pour tous billets d'avion ou de transport, exigez une agence de voyage répertoriée Atout France », tandis que plus loin le site décline toute responsabilité : « Alloj n'est pas responsable en cas de litige entre le client et l’organisateur et n'est pas responsable du contenu mis en ligne sur notre plateforme par l'organisateur ».

Mais en est-on vraiment certain ?

Voyages casher : les plateformes sont-elles complices ?

« La complicité d'exercice illégal de la profession d'agent de voyages est une infraction qui peut être retenue contre une personne qui, sans exercer directement cette activité, en facilite la commission par son aide, son abstention ou sa provocation.

Cette notion est encadrée par des dispositions spécifiques du Code du tourisme et du Code pénal, ainsi que par la jurisprudence
», rappelle Me Yves Removille, avocat spécialisé en droit du tourisme.

En droit pénal, la complicité est définie par l'article 121-7 du Code pénal. « La complicité dans l'exercice illégal de la profession d'agent de voyages peut être retenue contre une personne qui facilite ou favorise l'activité illégale d'un agent de voyages non immatriculé ou ne respectant pas les conditions légales, poursuit Me Removille.

Par exemple, un individu agissant comme intermédiaire ou rabatteur pour une agence non immatriculée peut être poursuivi pour complicité ».

Pour rappel, les sanctions pour complicité d'exercice illégal de la profession d'agent de voyages sont les mêmes que celles prévues pour l'auteur principal de l'infraction. Elles incluent des peines d'emprisonnement, des amendes, ainsi que des sanctions complémentaires telles que la fermeture temporaire ou définitive de l'établissement.

Si les EDV ont lancé une procédure, reste à savoir si la DGCCRF s’emparera du dossier. Pour l’heure, ces services n’ont pas répondu à nos demandes d’interviews.

Pendant ce temps, sur leurs réseaux sociaux, JBoost et AlloJ continuent à faire la promotion de leurs clients auprès de leur communauté…

Lire aussi : Travel planner : Warrior Road Trip, nouveau cas d'exercice illégal de la profession ?


Lu 1276 fois

Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus









































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias