Pour les voyagistes scolaires la situation reste toujours alarmante, avec des taux d'activités qui ne dépassent pas les 30% et une 3e année encore très compliquée - Crédit photo : Depositphotos @alexmillos
Dans le tourisme, il est tragiquement possible de se livrer au petit jeu du "toujours plus" ou "du pire".
"Je suis le secteur le plus impacté", plaident les guides, "notre situation est la pire" affirme les autocaristes, "nous sommes totalement abandonnés" s'émeuvent les agents de voyages...
Dans cette course vers les abîmes, il est un secteur qui se distingue de tous : les voyagistes scolaires.
A peu de chose près, ils cumulent toutes les complaintes.... mais en pire.
"Nous avons été les premiers durement impactés avec la décision prise par le ministre de l'Education nationale de suspendre tous les voyages à l'étranger.
Depuis le 1er mars 2020, je n'en ai pratiquement pas refait," souffle Jean-François Michel, le président de Cap Monde et du conseil des organisateurs de Voyages de Jeunes des EDV.
Et malheureusement pour lui, mais aussi ses confrères, les carnets de commandes risquent de rester désespérément vides pour 2022.
"Je suis le secteur le plus impacté", plaident les guides, "notre situation est la pire" affirme les autocaristes, "nous sommes totalement abandonnés" s'émeuvent les agents de voyages...
Dans cette course vers les abîmes, il est un secteur qui se distingue de tous : les voyagistes scolaires.
A peu de chose près, ils cumulent toutes les complaintes.... mais en pire.
"Nous avons été les premiers durement impactés avec la décision prise par le ministre de l'Education nationale de suspendre tous les voyages à l'étranger.
Depuis le 1er mars 2020, je n'en ai pratiquement pas refait," souffle Jean-François Michel, le président de Cap Monde et du conseil des organisateurs de Voyages de Jeunes des EDV.
Et malheureusement pour lui, mais aussi ses confrères, les carnets de commandes risquent de rester désespérément vides pour 2022.
Voyages scolaires : "Si je fais 10% de 2019, je suis content"
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Ce n'est pas seulement le spleen qui colle aux baskets des spécialistes du voyage scolaire, mais un fatalisme doublé d'une exaspération.
Le secteur, après presque deux ans de crise, autant d'exercices blancs ou presque, est de nouveau dans le rouge.
"Ce n'est pas la panacée au niveau du travail.
Moralement que ce soit pour les salariés et les dirigeants, ce que nous vivons est très difficile," confie Aline Laillé, la directrice de Vefe Voyages Educatifs.
Comme les autres acteurs de l'industrie, les voyagistes scolaires avaient connu une certaine éclaircie à la rentrée 2021.
Alors que pour la Normande, le carnet de commandes est encore de l'ordre de 30% de celui de l'année 2019, pour d'autres de ces confrères, le bilan est plus sombre.
"Si je fais 10% de mon activité par rapport à ce que je faisais avant la pandémie, je serais content.
De toute façon, j'ai misé sur le fait que je ne ferais pas partir de groupes à l'étranger cette année encore," témoigne Edward Hisbergues, le directeur de PG TRIPS Association.
En tant que spécialiste du Royaume-Uni, entre le Brexit, Omicron et les décisions des rectorats, le business s'est réduit comme neige au soleil, sur une plage de la Côte d'Azur en plein mois de juillet.
Les acteurs ne veulent pas tirer dans le misérabilisme, mais moralement et après deux ans de crise, le temps est long, très long, trop long.
"Nous étions déjà sur un exercice assez compliqué, ça l'est encore plus depuis quelques semaines. Dans le pire des scénarios, nous tablons sur 10% de 2019.
Il faut avoir les reins solides pour tenir après 3 années aussi compliquées," explique Antoine Bretin, le directeur des séjours jeunes chez Verdié Voyages.
Le secteur, après presque deux ans de crise, autant d'exercices blancs ou presque, est de nouveau dans le rouge.
"Ce n'est pas la panacée au niveau du travail.
Moralement que ce soit pour les salariés et les dirigeants, ce que nous vivons est très difficile," confie Aline Laillé, la directrice de Vefe Voyages Educatifs.
Comme les autres acteurs de l'industrie, les voyagistes scolaires avaient connu une certaine éclaircie à la rentrée 2021.
Alors que pour la Normande, le carnet de commandes est encore de l'ordre de 30% de celui de l'année 2019, pour d'autres de ces confrères, le bilan est plus sombre.
"Si je fais 10% de mon activité par rapport à ce que je faisais avant la pandémie, je serais content.
De toute façon, j'ai misé sur le fait que je ne ferais pas partir de groupes à l'étranger cette année encore," témoigne Edward Hisbergues, le directeur de PG TRIPS Association.
En tant que spécialiste du Royaume-Uni, entre le Brexit, Omicron et les décisions des rectorats, le business s'est réduit comme neige au soleil, sur une plage de la Côte d'Azur en plein mois de juillet.
Les acteurs ne veulent pas tirer dans le misérabilisme, mais moralement et après deux ans de crise, le temps est long, très long, trop long.
"Nous étions déjà sur un exercice assez compliqué, ça l'est encore plus depuis quelques semaines. Dans le pire des scénarios, nous tablons sur 10% de 2019.
Il faut avoir les reins solides pour tenir après 3 années aussi compliquées," explique Antoine Bretin, le directeur des séjours jeunes chez Verdié Voyages.
Voyages scolaires : comment expliquer un redémarrage si faible ?
Le Directeur académique de l'Orne qui a tout simplement suspendu et jusqu'à nouvel ordre, tous les voyages scolaires, alors que le ministère de l'éducation conseille de reporter - Capture écran
Si même l'un des cadors du système peine à se projeter et fait table rase de l'exercice en cours, comment est-il possible d'expliquer un tel constat ?
"Le 1er semestre 2022 est hypothéqué, ça fera 3 ans que nous ne travaillons plus. Pourquoi ? Car nous avons la triple peine, avec la fermeture des frontières, le virus et l'Education nationale," résume le président du conseil des organisateurs de Voyages de Jeunes des EDV.
Les freins ne se limitent pas seulement aux décisions et revirements de Jean-Michel Blanquer, en dessous du ministre, toute une chaîne de décideurs doit être d'accord, pour que la sortie soit validée.
Du chef de l'établissement au recteur, en passant par les parents d'élèves, chacun à sa vision des choses.
"Nous avons des directeurs académiques (DASEN) qui prennent la décision d'annuler sur tout leur territoire, les voyages scolaires. Ils vont contre l'avis même du ministère, de quel droit ils se permettent ?" questionne la responsable de Vefe Voyages Educatifs.
A l'image du DASEN de l'Orne qui a tout simplement suspendu et jusqu'à nouvel ordre, tous les voyages scolaires (avec ou sans nuitée).
Alors même que le ministère de l'Education n'interdit pas les voyages scolaires, mais conseille "de les reporter dans la mesure du possible," précise la directive du 3 janvier 2022.
"C'est plutôt quelque chose de positif, sauf qu'en ce moment, tous les dossiers sont en suspens. Les clients ne confirment pas les voyages.
Il y a une vraie envie de voyager de la part des professeurs, mais elle se heurte à la frilosité des directeurs," affirme Antoine Bretin.
A cela, il faut ajouter les protocoles très changeants à mesure de la prolifération du variant omicron et la lassitude de tout un secteur.
"Le 1er semestre 2022 est hypothéqué, ça fera 3 ans que nous ne travaillons plus. Pourquoi ? Car nous avons la triple peine, avec la fermeture des frontières, le virus et l'Education nationale," résume le président du conseil des organisateurs de Voyages de Jeunes des EDV.
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Du chef de l'établissement au recteur, en passant par les parents d'élèves, chacun à sa vision des choses.
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A l'image du DASEN de l'Orne qui a tout simplement suspendu et jusqu'à nouvel ordre, tous les voyages scolaires (avec ou sans nuitée).
Alors même que le ministère de l'Education n'interdit pas les voyages scolaires, mais conseille "de les reporter dans la mesure du possible," précise la directive du 3 janvier 2022.
"C'est plutôt quelque chose de positif, sauf qu'en ce moment, tous les dossiers sont en suspens. Les clients ne confirment pas les voyages.
Il y a une vraie envie de voyager de la part des professeurs, mais elle se heurte à la frilosité des directeurs," affirme Antoine Bretin.
A cela, il faut ajouter les protocoles très changeants à mesure de la prolifération du variant omicron et la lassitude de tout un secteur.
Voyages scolaires : une flambée des prix inquiétante
Pour lutter contre cette petite guerre des clochers ou des égos, les Entreprises du Voyage ont écrit à Jean-Michel Blanquer, sans réponse.
Face à une telle situation, les acteurs se réorganisent et changent de terrain de jeu.
"J'ai été tellement refroidi par les frais imposés par certains prestataires, que je préfère aujourd'hui ne pas faire, plutôt que de prendre le risque de perdre de l'argent.
Je préfère jouer la sécurité en me repositionnant sur la France," analyse le directeur de PG TRIPS Association.
Une destination qui a le vent en poupe. Elle serait même victime de son succès.
Imaginez un peu, des milliers d'adolescents privés de l'appel de Londres pour se retrouver en Bretagne ou à la montagne. L'Eurostar s'est transformée en départementale, il y a un embouteillage.
"Les clients veulent reporter, c'est une bonne chose, sauf que dans des régions entières comme en Normandie ou PACA, les établissements touristiques sont complets.
Dans le même temps, les autocaristes ont augmenté drastiquement leurs prix, avec des tarifs prohibitifs," rapporte Aline Laillé, la directrice de Vefe Voyages Educatifs.
Selon cette dernière, les locations ont augmenté entre 8 et 15%, avec des transporteurs qui ne peuvent plus desservir quelques destinations, faute de conducteurs.
Un constat similaire a été relevé par l'ensemble.
"Nous observons une tendance inflationniste qui est très inquiétante. En somme, nous ne savons pas comment et à quels prix nous allons rebondir," s'interroge le responsable de Verdié Voyages.
Cette hausse généralisée, vérifiable aussi outre-Manche, s'explique de différentes manières.
Tout d'abord après deux ans de crise, les prestataires encore debout veulent faire rentrer des sous, pour améliorer les bilans, puis d'autres ont disparu, resserrant d'un coup le marché.
"Un certain nombre de prestataires, notamment au Royaume-Uni ont mis la clé sous la porte. Leur défection sera un sujet à l'avenir, c'est sûr," pense savoir Jean-François Michel.
Face à une telle situation, les acteurs se réorganisent et changent de terrain de jeu.
"J'ai été tellement refroidi par les frais imposés par certains prestataires, que je préfère aujourd'hui ne pas faire, plutôt que de prendre le risque de perdre de l'argent.
Je préfère jouer la sécurité en me repositionnant sur la France," analyse le directeur de PG TRIPS Association.
Une destination qui a le vent en poupe. Elle serait même victime de son succès.
Imaginez un peu, des milliers d'adolescents privés de l'appel de Londres pour se retrouver en Bretagne ou à la montagne. L'Eurostar s'est transformée en départementale, il y a un embouteillage.
"Les clients veulent reporter, c'est une bonne chose, sauf que dans des régions entières comme en Normandie ou PACA, les établissements touristiques sont complets.
Dans le même temps, les autocaristes ont augmenté drastiquement leurs prix, avec des tarifs prohibitifs," rapporte Aline Laillé, la directrice de Vefe Voyages Educatifs.
Selon cette dernière, les locations ont augmenté entre 8 et 15%, avec des transporteurs qui ne peuvent plus desservir quelques destinations, faute de conducteurs.
Un constat similaire a été relevé par l'ensemble.
"Nous observons une tendance inflationniste qui est très inquiétante. En somme, nous ne savons pas comment et à quels prix nous allons rebondir," s'interroge le responsable de Verdié Voyages.
Cette hausse généralisée, vérifiable aussi outre-Manche, s'explique de différentes manières.
Tout d'abord après deux ans de crise, les prestataires encore debout veulent faire rentrer des sous, pour améliorer les bilans, puis d'autres ont disparu, resserrant d'un coup le marché.
"Un certain nombre de prestataires, notamment au Royaume-Uni ont mis la clé sous la porte. Leur défection sera un sujet à l'avenir, c'est sûr," pense savoir Jean-François Michel.
Les voyagistes regardent l'avenir avec optimisme !
D'ores et déjà l'enjeu est de tenir, le plus longtemps possible pour être encore debout, lorsque la vague se retirera.
Fort heureusement, le gouvernement actuel est à l'écoute et semble prendre en considération les difficultés de la filière.
"Nous demandons de bien considérer que les aides ne peuvent pas s'arrêter fin janvier, les difficultés vont encore durer un bon bout de temps.
Nous aimerions que le dispositif des coûts fixes soit maintenu le plus longtemps possible," plaide le président du conseil des organisateurs de Voyages de Jeunes des EDV.
L'enjeu n'est pas tant d'aider les entreprises, que de maintenir les salariés dans l'emploi. A la reprise, les sociétés devront être capables d'absorber la demande.
"Ce qui nous rassure dans tout ça, c'est que nous sentons une réelle envie de voyager de la part des professeurs et des élèves. Nous sommes optimistes, nous travaillons déjà sur 2023," explique Bretin, le directeur des séjours jeunes chez Verdié Voyages.
Les uns comme Edward Hisbergues développent la France ou d'autres destinations, les autres ouvrent des chantiers d'envergure comme celui des voyages responsables.
A l'image de Vefe Voyages Educatifs devenu membre du réseau ATR.
"Nous travaillons à fond sur le développement durable et nous continuons nos actions en termes de RSE, mais aussi de proposer nouveaux programmes," s'enthousiasme Aline Laillé, la directrice de Vefe Voyages Educatifs.
Non seulement les responsables des sorties scolaires sont demandeurs, mais l'Educaton nationale milite pour un voyage plus responsable. Pour le responsable de Verdié Voyages, pas question de baisser les bras.
"Nous avons ouvert des chantiers comme le digital, la RSE ou la création de nouveaux services.
Nous devons avoir des projets pour le futur, car après 3 ans sans trop d'activité, ce n'est pas possible de tenir autrement," conclut Antoine Bretin.
Fort heureusement, le gouvernement actuel est à l'écoute et semble prendre en considération les difficultés de la filière.
"Nous demandons de bien considérer que les aides ne peuvent pas s'arrêter fin janvier, les difficultés vont encore durer un bon bout de temps.
Nous aimerions que le dispositif des coûts fixes soit maintenu le plus longtemps possible," plaide le président du conseil des organisateurs de Voyages de Jeunes des EDV.
L'enjeu n'est pas tant d'aider les entreprises, que de maintenir les salariés dans l'emploi. A la reprise, les sociétés devront être capables d'absorber la demande.
"Ce qui nous rassure dans tout ça, c'est que nous sentons une réelle envie de voyager de la part des professeurs et des élèves. Nous sommes optimistes, nous travaillons déjà sur 2023," explique Bretin, le directeur des séjours jeunes chez Verdié Voyages.
Les uns comme Edward Hisbergues développent la France ou d'autres destinations, les autres ouvrent des chantiers d'envergure comme celui des voyages responsables.
A l'image de Vefe Voyages Educatifs devenu membre du réseau ATR.
"Nous travaillons à fond sur le développement durable et nous continuons nos actions en termes de RSE, mais aussi de proposer nouveaux programmes," s'enthousiasme Aline Laillé, la directrice de Vefe Voyages Educatifs.
Non seulement les responsables des sorties scolaires sont demandeurs, mais l'Educaton nationale milite pour un voyage plus responsable. Pour le responsable de Verdié Voyages, pas question de baisser les bras.
"Nous avons ouvert des chantiers comme le digital, la RSE ou la création de nouveaux services.
Nous devons avoir des projets pour le futur, car après 3 ans sans trop d'activité, ce n'est pas possible de tenir autrement," conclut Antoine Bretin.