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Les métiers de la RSE désormais au cœur de la stratégie des entreprises 🔑

C'est mon job !


Sujet pris à bras le corps par l’industrie du tourisme, la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) désigne la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable. Les métiers de la RSE sont de plus en plus recherchés pour accompagner les entreprises dans leur transformation sociale et environnementale.
Entretien avec Delphine Stroh, directrice Environnement Accor.


Rédigé par le Mardi 7 Février 2023

D’après le cabinet de recrutement spécialisé dans le développement durable Birdeo, le nombre d’offres d’emploi disponibles sur le marché de l’emploi “vert” a bondi de 25% en 2022. - Depositphoto
D’après le cabinet de recrutement spécialisé dans le développement durable Birdeo, le nombre d’offres d’emploi disponibles sur le marché de l’emploi “vert” a bondi de 25% en 2022. - Depositphoto
TourMaG.com - Quel est votre parcours professionnel ?

Delphine Stroh :
J’ai toujours travaillé dans le domaine lié au développement durable et à la RSE. J’ai une formation en économie avec une spécialisation en master développement durable.

J’ai débuté dans une petite entreprise sur le reporting de données environnementales, sociales, etc…

Ensuite, j’ai rejoint la grande distribution au sein du groupe Carrefour, toujours sur les thématiques de développement durable.

Il y a 8 ans, j’ai intégré le département développement durable d’Accor. Il regroupe la structure solidarité, un pôle en charge de la diversité, de l’inclusion, un autre dédié au marketing et la communication. Celui auquel je suis rattachée gère les sujets liés à l’environnement. Concrètement, je pilote des projets environnementaux.


TourMaG.com - Quelles sont vos missions au quotidien ?

Delphine Stroh :
Je suis en charge de la suppression des plastiques à usage unique au sein des milliers d’hôtels du groupe Accor. Cela passe par le pilotage en mode projet.

Une gouvernance a été mise en place pour animer des comités avec les régions. Nous y abordons des sujets très opérationnels sur la suppression des plastiques à usage unique.

De la même manière, des comités ont été instaurés avec les instances du siège : les départements achat, marketing, design par exemple. A un niveau plus top level, ces comités réunissent les directeurs et les CEO des différentes régions du groupe.

Cette gouvernance permet d’avoir une adhésion du projet du Top management jusqu’aux opérations et forcément derrière jusqu’aux hôtels.


"Agir sur le modèle économique d’une structure dont ce n’était pas le cœur de métier"

Delphine Stroh, directrice Environnement Accor. - DR
Delphine Stroh, directrice Environnement Accor. - DR
TourMaG.com - Quelles sont les qualités nécessaires pour exercer votre profession ?

Delphine Stroh :
Il faut avoir une capacité à argumenter, à convaincre et à mobiliser sur le sujet.

Il y a un aspect lié à la pédagogie, la sensibilisation. D’un point de vue général, je trouve que c’est moins le cas pour aborder les projets. Aujourd’hui, les départements viennent à nous.

La sensibilisation, la question du « pourquoi on doit agir sur ce sujet » est moins présente qu’il y a quelques années.

A l’inverse, nous avons des sujets qui deviennent de plus en plus pointus, avec des personnes en face plus connaisseuses. Il va falloir argumenter pour trancher sur ce qui est le mieux. Par exemple : un choix peut avoir un impact carbone plus important, mais être plus intéressant concernant la consommation en eau.

On travaille beaucoup sous la forme de gestion de projet et avec de multiples interlocuteurs, internes et externes : les achats, le marketing, la communication, la finance, le design, mais aussi des ONG, des fournisseurs, etc… tout en ayant besoin de connaitre les opérations.

La maîtrise de l’anglais est nécessaire, rien que pour lire les rapports sur l’environnement et la diversité. Pour pouvoir anticiper la réglementation, savoir ce qu’il se passe ailleurs.


TourMaG.com – Qu’est-ce qui a motivé votre orientation dans ce domaine ?

Delphine Stroh :
De pouvoir agir sur le modèle économique d’une structure dont ce n’était pas le cœur de métier et insuffler des priorités sur des sujets liés à l’environnement, mais aussi sociaux et sociétaux.

C’est challengeant de travailler pour une organisation telle qu’Accor.

"Le challenge est d’imbriquer le développement durable et le modèle économique"

TourMaG.com – Dans de plus petites entreprises, ce sont des services externalisés ?

Delphine Stroh :
Cela peut être externalisé quand un entreprise entame des démarches RSE.

Quand il y a besoin d’une expertise très précise, il est possible de faire appel à des cabinets experts sur une thématique.

Dans les grandes entreprises, il y a un service estampillé. Les grands groupes se structurent. Chez Accor par exemple, nous avons des personnes, qui ne sont pas 100% dédiées, mais qui pilotent des sujets au sein de services.

Idem, dans les régions, nous avons de plus en plus de personnel dédié à ces sujets, qui ne les endossent pas comme des casquettes mais en supplément de leurs missions plus opérationnelles.


TourMaG.com - Pourquoi mettre en place une démarche RSE en entreprise ?

Delphine Stroh :
D’abord, c’est une obligation légale. Ce qui peut différer, c’est le niveau d’implication et donc de budget.

En plus de l’aspect réglementaire, mener une politique RSE a un bénéfice sur l’image, côté client, comme investisseur.


TourMaG.com – Quelle est la démarche RSE du groupe Accor ?

Delphine Stroh :
Dès les années 90, ces leviers environnementaux, et de solidarité ont été activés. Au départ, en parallèle du modèle économique de l’entreprise.

Ces dernières années, le challenge est d’imbriquer le développement durable et le modèle économique.

Nous avons une longueur d’avance, que l’on tient toujours, pour aller plus loin sur les sujets liés au carbone et autres thématiques.

RSE : "L’inflation va avoir un impact"

TourMaG.com - Les métiers estampillés RSE sont récents. Comment y accéder ?

Delphine Stroh :
Il y a deux parcours. Le premier est scolaire avec une spécialité "développement durable".

Le second est celui de personnes en interne, qui connaissent très bien le secteur d’activité de l’organisation et qui vont se former sur ces sujets.

Ces doubles profils sont intéressants pour intégrer au mieux le développement durable aux différents départements.


TourMaG.com - Est-ce que la crise sanitaire a eu un impact sur votre métier ?

Delphine Stroh :
Oui, pendant la crise sanitaire il y a par exemple eu une volonté de revenir au plastique jetable dans nos hôtels.

Nous avons donc retravaillé avec l’ONU et l’OMS sur les guides publiés pour démontrer que le plastique n’était pas plus hygiénique.


TourMaG.com – Quid de l’inflation ?

Delphine Stroh :
L’inflation va avoir un impact. Quand tout coûte plus cher, il est plus difficile de faire passer certains surcoûts. Le contexte est compliqué lorsqu’on évoque les sujets avec les services achat ou directement avec les hôtels.

Mais pour l’instant, nous n’avons pas eu de retour en arrière. Nous sommes rattrapés par des réglementations, des traités ou des conventions internationales signés de notre part.

"Les métiers liés à la RSE vont s’expertiser"

TourMaG.com - Selon vous, comment la notion de RSE va évoluer dans l'industrie du tourisme, qui est une industrie polluante ?

Delphine Stroh :
C’est en intégrant ces notions dans le modèle économique de l’entreprise que l’on ne tombera pas dans le greenwashing.

Nous pouvons avoir des hôtels durables, qui répondent à un modèle de tourisme plus responsable, avec des modes de déplacement plus doux, des séjours plus longs…

On peut transformer notre industrie pour qu’elle soit moins polluante.


TourMaG.com - Et votre métier, à quoi ressemble a-t-il dans quelques années ?

Delphine Stroh :
Je pense que les métiers liés à la RSE vont s’expertiser et que nous allons aller vers un modèle avec dans chaque département, des experts sur : l’efficacité énergétique, l’économie circulaire, le carbone, la gestion des déchets, l’inclusion, la diversité… Ça devient de plus en plus compliqué d’être responsable RSE et de gérer tous les projets.

Avoir quelqu’un au sein du pôle finance sur ces sujets aura beaucoup d’impact, plutôt que d’avoir des services isolés.

Caroline Lelievre Publié par Caroline Lelievre Journaliste - TourMaG.com
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