Jeudi 28 mars 2019, une table-ronde sur les problématiques de l'emploi dans le tour-opérating et agences de voyages a été organisée sur le salon du Ditex. - CL
Le constat est clair et connu depuis des années : les métiers de conseiller de voyages ou encore billettiste ne séduisent plus.
Expertise technique, travail le week-end, rémunération faible… Quelles sont les problématiques des recruteurs des agences de voyages et du tour-operating ? La thématique a fait l’objet d’une table ronde animée par Valérie Dufour, à la tête de TourMaGJOBS, jeudi 28 mars 2019, deuxième journée du Ditex.
Les échanges ont été vifs. Mais tous les participants l’affirment : le métier agent de voyage a été totalement dévalorisé.
« Il y a un vrai problème sur le secteur complet. La dernière étude Mercer, sur les enjeux de l’emploi en Europe sur les trois prochaines années, pointe la non-anticipation de l’évolution du marché », avance Yann Gougeon, fondateur du centre de formation 360 sharing.
Expertise technique, travail le week-end, rémunération faible… Quelles sont les problématiques des recruteurs des agences de voyages et du tour-operating ? La thématique a fait l’objet d’une table ronde animée par Valérie Dufour, à la tête de TourMaGJOBS, jeudi 28 mars 2019, deuxième journée du Ditex.
Les échanges ont été vifs. Mais tous les participants l’affirment : le métier agent de voyage a été totalement dévalorisé.
« Il y a un vrai problème sur le secteur complet. La dernière étude Mercer, sur les enjeux de l’emploi en Europe sur les trois prochaines années, pointe la non-anticipation de l’évolution du marché », avance Yann Gougeon, fondateur du centre de formation 360 sharing.
Agent de voyage : plus de responsabilités, une rémunération faible
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« Il faut arrêter de dire que les agents de voyages ne gagnent pas leur vie : le smic de la convention est plus élevé que le SMIC, auquel s’ajoute les heures supplémentaires liées aux 35 heures impossibles à respecter dans la profession. Et en plus on voyage ! Il faut tenir compte de l’avantage du métier », répète Christine Crispin, PDG et fondatrice du tour-opérateur spécialiste de l’Asie, Climat du Monde.
Lorraine Ménière, responsable des enseignements à l’Escaet et formatrice, vient la contredire : « 75 % de nos étudiants nous rejoignent après un BTS. Ils font un rejet de l’agence de voyages. Ils y ont fait des stages et viennent vers nous, nous disant je ne veux pas y retourner, parce que j’ai rencontré des gens sur le terrain que ne m’ont pas donné envie et surtout m’ont découragé à suivre cette voie. »
« Maintenant, c’est un poste à responsabilités envers les clients et les fournisseurs. Cette responsabilité fait peur », complète Denise Abassi, directrice réseau au sein du Groupe Marietton Developpement Ailleurs voyages.
Lorraine Ménière, responsable des enseignements à l’Escaet et formatrice, vient la contredire : « 75 % de nos étudiants nous rejoignent après un BTS. Ils font un rejet de l’agence de voyages. Ils y ont fait des stages et viennent vers nous, nous disant je ne veux pas y retourner, parce que j’ai rencontré des gens sur le terrain que ne m’ont pas donné envie et surtout m’ont découragé à suivre cette voie. »
« Maintenant, c’est un poste à responsabilités envers les clients et les fournisseurs. Cette responsabilité fait peur », complète Denise Abassi, directrice réseau au sein du Groupe Marietton Developpement Ailleurs voyages.
Une formation inadaptée ?
Autour de la table ronde, les professionnels recruteurs regrettent que le diplôme ne soit pas en adéquation avec la réalité du marché de l’emploi. « Aujourd’hui, toutes les formations sont inadaptées aux besoins. Le programme n’a pas évolué dans les BTS Tourisme », constate Christine Crispin.
En tête des griefs des professionnels recruteurs : le manque de maîtrise des GDS. « Les professeurs devraient venir dans les agences voir ce que les élèves doivent apprendre et arrêter de leur enseigner des choses qui ne servent à rien dans la vie réelle. Il faut faire un enseignement avec un mois théorique et deux mois de pratique. Nous recueillons des gens qui arrivent avec des licences qui ne maîtrise pas la base », ajoute-t-elle.
« Je suis une professionnelle de terrain, je connais vos difficultés, s’est défendue une formatrice de l’AFPA. Aujourd’hui, il y a des demandeurs d’emploi qui recherchent le financement, il n’y a pas les fonds pour les former. Pour matcher, il est primordial que vous expliquiez votre demande à des organismes publics comme Pôle Emploi. Les grandes institutions peuvent vous aider à avoir des viviers, trouver des potentiels. Il y a des profils pas forcément de très haut niveau, mais qui ont envie de s’investir. »
« Notre métier est basé à 95% sur des déplacements de personnes dans l’aérien. Il me semble que dans la formation, ce qui est vital c’est l’aérien et les GDS. On pourrait recruter mieux et plus simplement si les gens savaient simplement utiliser Galileo ou Amadeus », regrette Christine Crispin, à la tête de Climat du monde.
Au sein de son entreprise, cette dernière assure former pendant 6 à 8 mois ses nouvelles recrues avant qu’elles ne soient autonomes, avant de lancer un appel : « Les écoles, aidez-nous parce qu’aujourd’hui, ce sont nous les professionnels qui formons et payons la formation. »
Le temps alloué à la formation est problématique. « Dans certains cas, j’ai besoin de recruter des personnes opérationnelles », note Denise Abassi, de Marietton.
En tête des griefs des professionnels recruteurs : le manque de maîtrise des GDS. « Les professeurs devraient venir dans les agences voir ce que les élèves doivent apprendre et arrêter de leur enseigner des choses qui ne servent à rien dans la vie réelle. Il faut faire un enseignement avec un mois théorique et deux mois de pratique. Nous recueillons des gens qui arrivent avec des licences qui ne maîtrise pas la base », ajoute-t-elle.
« Je suis une professionnelle de terrain, je connais vos difficultés, s’est défendue une formatrice de l’AFPA. Aujourd’hui, il y a des demandeurs d’emploi qui recherchent le financement, il n’y a pas les fonds pour les former. Pour matcher, il est primordial que vous expliquiez votre demande à des organismes publics comme Pôle Emploi. Les grandes institutions peuvent vous aider à avoir des viviers, trouver des potentiels. Il y a des profils pas forcément de très haut niveau, mais qui ont envie de s’investir. »
« Notre métier est basé à 95% sur des déplacements de personnes dans l’aérien. Il me semble que dans la formation, ce qui est vital c’est l’aérien et les GDS. On pourrait recruter mieux et plus simplement si les gens savaient simplement utiliser Galileo ou Amadeus », regrette Christine Crispin, à la tête de Climat du monde.
Au sein de son entreprise, cette dernière assure former pendant 6 à 8 mois ses nouvelles recrues avant qu’elles ne soient autonomes, avant de lancer un appel : « Les écoles, aidez-nous parce qu’aujourd’hui, ce sont nous les professionnels qui formons et payons la formation. »
Le temps alloué à la formation est problématique. « Dans certains cas, j’ai besoin de recruter des personnes opérationnelles », note Denise Abassi, de Marietton.
Quelles solutions ?
Répondre aux besoins des entreprises, s’adapter aux attentes des entrants sur le marché… Une évolution semble nécessaire. « Aujourd’hui, on est face à des étudiants dont le premier critère n’est pas forcément la rémunération, mais les questions autour de l’intrapreneuriat, le bien-être au travail, les valeurs de l’entreprise… Il y a des ajustements à faire du côté des entreprises », remarque Lorraine Ménière de l’ESCAET.
« Le bac +4 d’aujourd’hui est l’équivalent du bac de ma génération, il faut en être conscient. Dans mon entreprise, on devient fou avec le recrutement, les jeunes quand ils sortent des écoles veulent tous être chef de produit ou IT ou responsable marketing. Tous ces métiers ne peuvent exister que s’il y a des agents de voyages qui vendent dans les agences », lance la PDG de Climat du monde.
Pour Yann Gougeon, fondateur de 360 sharing : « L’enjeu est aujourd’hui l’engagement des salariés. Pourquoi attire-t-on si peu ? Peut-être qu’on ne sait pas suffisamment accueillir les nouveaux salariés ? », s’interroge-t-il.
« Nous sommes face à un mur. De nombreux postes ne sont pas pourvus, il faut promouvoir les métiers en allant dès les collèges, adapter la formation et mettre l’accent sur la reconversion professionnelle », préconise Valérie Dufour.
La situation ne devrait pas évoluer sans remise en question des acteurs du secteur et une prise de conscience des enjeux des prochaines années.
« Le bac +4 d’aujourd’hui est l’équivalent du bac de ma génération, il faut en être conscient. Dans mon entreprise, on devient fou avec le recrutement, les jeunes quand ils sortent des écoles veulent tous être chef de produit ou IT ou responsable marketing. Tous ces métiers ne peuvent exister que s’il y a des agents de voyages qui vendent dans les agences », lance la PDG de Climat du monde.
Pour Yann Gougeon, fondateur de 360 sharing : « L’enjeu est aujourd’hui l’engagement des salariés. Pourquoi attire-t-on si peu ? Peut-être qu’on ne sait pas suffisamment accueillir les nouveaux salariés ? », s’interroge-t-il.
« Nous sommes face à un mur. De nombreux postes ne sont pas pourvus, il faut promouvoir les métiers en allant dès les collèges, adapter la formation et mettre l’accent sur la reconversion professionnelle », préconise Valérie Dufour.
La situation ne devrait pas évoluer sans remise en question des acteurs du secteur et une prise de conscience des enjeux des prochaines années.