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Google supprime la réservation de voyages en direct !

Google fermera "Book on Google" dès septembre 2022


Voici un retournement de situation qui va en interpeller plus d'un : Google a décidé de ferme son service "Book on Google" en dehors des États-Unis à la fin du mois de septembre. Aux USA, la fonctionnalité ne sera plus utilisable après le 31 mars 2023, rapportent nos confrères de Skift. Est-ce la fin des velléités de Google dans le voyage ?


Rédigé par le Vendredi 2 Septembre 2022

Google fermera "Book on Google" dès septembre 2022 - Depositphotos @Pixinooo
Google fermera "Book on Google" dès septembre 2022 - Depositphotos @Pixinooo
Coup de tonnerre, dans l'écosystème du voyage.

D'après nos confrères de Skift, Google fermera son service "Book On Google" en dehors des États-Unis à la fin du mois de septembre 2022. Aux USA, cette fonctionnalité sera désactivée, après le 31 mars 2023.

Apparu en 2019 dans l'univers du voyage en Europe, "Book on Google" s'était attaqué à l'hôtellerie.

"À l’origine, nous avons proposé cette fonctionnalité pour donner aux gens un moyen plus simple d’acheter leurs billets et pour aider nos compagnies aériennes partenaires et les OTA à recevoir plus de réservations," estime Google.

La fonctionnalité permettait aux internautes de réserver directement "depuis l'interface utilisateur de Google et l'environnement de recherche," sans avoir à être redirigé vers le site du prestataire.

Outre le fait de ne pas sortir de l'univers du moteur de recherche, le voyageur pouvait directement avec son compte Google remplir les différents champs des formulaires ou encore divulguer les informations de paiements.

"Book on Google" apportait alors une facilité d'usage, permettant de gagner du temps et aussi de centraliser toutes les informations d'un futur voyage au même endroit.

Sauf que cette volonté de simplification qui revenait aussi à s'accaparer les données et la data a fait long feu.

Voyages : Pourquoi "Book on Google" disparait ?

"Il s’avère qu’un nombre décroissant d’utilisateurs réservaient leurs vols sur Google, qui reconnaissait que les voyageurs préféraient réserver leurs vols auprès d’agences de voyages en ligne, ou directement auprès des compagnies aériennes," explique le média américain.

Il faut dire que dans le même temps, les OTA et les autres acteurs du voyage n'y sont pas allés de main morte pour critiquer les intentions de la firme de Mountain View.

"A titre d‘exemple, la plupart des compagnies aériennes refusent la mise en place de la fonction "Book on Google" pour ne pas perdre le contact en ligne avec le client" prédisait alors Guillaume Teissonnière, directeur juridique et secrétaire général d'eDreams Odigeo.

Le nerf de la guerre sur internet reste la data.

De plus, avec ce service les acteurs du voyage avaient tout intérêt à flatter les algorithmes du moteur de recherche pour être visibles des internautes et engranger des réservations.

En somme, les professionnels étaient de plus en plus enfermés dans l'écosystème de Google en plus d'avoir la sensation de ne plus être maitres de la relation client et de perdre ces précieuses données.

Google met-il ses ambitions dans le voyage entre parenthèses ?

D'ailleurs, pour les professionnels de l'industrie, le moteur de recherche avait des intentions à peine cachées de devenir une super agence de voyages.

Ils redoutaient qu'avec toutes les données, Google s'attaque directement à la commercialisation du secteur. Un fantasme qui n'avait que peu de chances de se réaliser, puisque le modèle économique du moteur de recherche est basé sur la publicité.

Il aurait bien plus à y perdre qu'à gagner, notamment en raison de la responsabilité incombant aux agences de voyages.

"Ils sont incontournables en média, mais je ne les imagine pas devenir une super agence de voyages avec toutes les galères qui incombent à cette activité.

Je les vois mal s'aventurer dans un secteur où la marge se situe à 1% ou 2%,
" nous rappelait alors Frédéric Pilloud, le directeur digital de Misterfly.

D'ailleurs à plusieurs reprises, des porte-paroles de la firme de Mountain View nous avaient affirmé peu ou prou la même chose.

"Nous sommes un fournisseur de technologie, beaucoup de personnes cherchent sur notre moteur de recherche des informations sur leurs voyages, et nous voulons les connecter avec les acteurs dont c'est le métier.

Nous voulons être un accompagnateur et ne pas devenir une OTA,
" tenait à préciser un attaché presse de l'entreprise en 2019.

Pour en revenir au sujet, un autre point important, pour éclairer sur la décision de la direction de la firme de Mountain View : La guerre que livre l'Europe à l'encontre des GAFAM.

Depuis quelques années, la Commission européenne tente de rendre internet plus sain.

Google : Est-ce la fin du far west sur internet ?

Une volonté qui passe par l'encadrement de ces pratiques requalifiées depuis le début de l'année en tant que "contrôleurs d'accès" par l'instance.

Ces entreprises sont devenues tellement énormes et systémiques, qu'il n'est plus possible d'exister sans passer par leurs fourches caudines. Dans la caste réduite des "gatekeepers" nous retrouvons Facebook, Apple, Amazon et... Google.

Un règlement a donc été promulgué cette année, pour encadrer ces pratiques. Le Digital Markets Act (DMA) vient interdire le traitement de faveur apporté aux propres filiales de ces entreprises.

"Le problème que posent les GAFAM, c'est leur manière de développer leurs services sur un marché, puis à partir de cette position dominante, d'aller sur d'autres marchés.

Dans le tourisme, les internautes utilisent Google Flights, parce que le service apparait en bonne position dans le Search. Même si son outil est moins efficient, Google prend une position dominante, grâce à celle déjà dominante sur un autre marché,
" analysait en début d'année, Emmanuel Mounier, le secrétaire général de l'EU Travel Tech.

Google a peut-être pris les devants face à des sanctions qui auraient pu être énormes, du moins en Europe.

Dans le même temps aux USA, le ministère américain de la Justice se prépare à poursuivre Google pour ses activités dans le domaine de la publicité.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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