On va dire que je suis encore bêcheuse mais si le SNAV avait compris qu’il avait une mission d’information/d’éducation pour rendre légitime le métier d’agent de voyages, il y a bien longtemps qu’elles auraient convaincu M6 de proposer une émission des meilleurs coachs en voyage et que ces coachs ne seraient que des agents de voyages immatriculés ! - Dessin Raf
Notre monde va mal. On vit dans une civilisation bien moisie où il semblerait que tout le monde a besoin d’un coach pour tout. J’ai une cliente « coach de vie » et elle a du mal à ouvrir un mail, c’est dire que je ne lui confierais pas la façon de vivre ma life.
Rien qu’à la télé, on a des coachs en relooking (histoire de devenir, manifaïque parce que « si petite poitrine, alors grand décolleté »), en cuisine (on va partir sur une fricassée de je ne sais quoi mais revisitée en cuisine moléculaire), en immobilier (tu vois, cette petite chose mansardée, tu l’inondes de lumière et tu en fais un petit coin cosy), en home-staging (une vaste fumisterie qui découle du coaching en immobilier), en déco (allez mes chatons, on va maroufler comme des brutes), en shopping (non mais ça, ma chérie, c’est un fashion faux-pas), en éducation (type super Nanny, le grand frère ou « on a échangé nos Mamans ») et même en survie (avec le particulièrement énervant Mike Horn aux accents pénibles).
Il y a quelques années, on croyait qu’on avait touché le fond avec « c’est du propre » où des professionnelles de l’hygiène (comme par hasard, des femmes, parce que comme dit Valérie Pécresse « rien de tel qu’une femme pour faire le ménage ») venaient au secours de ceux qui n’assumaient pas les tâches ménagères essentielles pour maintenir un semblant d’hygiène dans leurs taudis crasseux.
Rien qu’à la télé, on a des coachs en relooking (histoire de devenir, manifaïque parce que « si petite poitrine, alors grand décolleté »), en cuisine (on va partir sur une fricassée de je ne sais quoi mais revisitée en cuisine moléculaire), en immobilier (tu vois, cette petite chose mansardée, tu l’inondes de lumière et tu en fais un petit coin cosy), en home-staging (une vaste fumisterie qui découle du coaching en immobilier), en déco (allez mes chatons, on va maroufler comme des brutes), en shopping (non mais ça, ma chérie, c’est un fashion faux-pas), en éducation (type super Nanny, le grand frère ou « on a échangé nos Mamans ») et même en survie (avec le particulièrement énervant Mike Horn aux accents pénibles).
Il y a quelques années, on croyait qu’on avait touché le fond avec « c’est du propre » où des professionnelles de l’hygiène (comme par hasard, des femmes, parce que comme dit Valérie Pécresse « rien de tel qu’une femme pour faire le ménage ») venaient au secours de ceux qui n’assumaient pas les tâches ménagères essentielles pour maintenir un semblant d’hygiène dans leurs taudis crasseux.
Coach voyage commence à nous courir sur le haricot
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Et bien non : la télé nous a inventé un concept plus moisi encore : le coaching amoureux.
Dans « mariés au premier regard », des experts (aurions-nous dépassé le concept du simple coach ?) assurent à des célibataires qu’ils seront parfaitement compatibles avec un(e) inconnu(e) parce que « c’est scientifique, ça va marcher ». Les mecs ont tellement la confiance qu’ils envoient quand même les candidats directement au mariage sans passer au préalable par la case « rencontre ».
Mais revenons aux coachs en voyage qui commencent à pulluler sur le web. Ils n’ont pas l’audience des bloggeuses « mode et beauté » mais ils commencent à nous courir un peu sur le haricot (à nous, les professionnels du voyage) parce que toute leur stratégie est de se prendre pour des agents de voyages, tout en essayant de nous ringardiser.
Mais sans garantir leur profession par des obligations qui pèsent, elles sur les vrais professionnels.
Recontextualisons un peu le truc : un coach en voyage est un mec ou une fille lambda qui t’assure qu’il est le mieux placé pour organiser les vacances de son prochain. Il se targue en général d’avoir beaucoup voyagé, de connaître toutes les ficelles d’un pays, de faire profiter des meilleurs plans à prix cassés.
A première vue, les coachs en voyages sont un genre d’agent de voyages, et pourtant… de nombreux Français considèrent que les agents de voyages sont ringards mais pourtant, ils se font coacher pour organiser leurs vacances.
Si j’étais une coach sur youtube ou instagram, j’ajouterais avec un petit rire cristallin et un mouvement de mèche « hashtag paradoxe mes petits chats »…
Mais là où le bât blesse (et où je n’ai plus du tout envie de rigoler), c’est que la vente de voyage est une profession réglementée par le code du tourisme, ce qui impose à tous ceux qui vendent ou participent à l’organisation d’un voyage d’être immatriculés. (ben oui : c’est dans les textes…)
Dans « mariés au premier regard », des experts (aurions-nous dépassé le concept du simple coach ?) assurent à des célibataires qu’ils seront parfaitement compatibles avec un(e) inconnu(e) parce que « c’est scientifique, ça va marcher ». Les mecs ont tellement la confiance qu’ils envoient quand même les candidats directement au mariage sans passer au préalable par la case « rencontre ».
Mais revenons aux coachs en voyage qui commencent à pulluler sur le web. Ils n’ont pas l’audience des bloggeuses « mode et beauté » mais ils commencent à nous courir un peu sur le haricot (à nous, les professionnels du voyage) parce que toute leur stratégie est de se prendre pour des agents de voyages, tout en essayant de nous ringardiser.
Mais sans garantir leur profession par des obligations qui pèsent, elles sur les vrais professionnels.
Recontextualisons un peu le truc : un coach en voyage est un mec ou une fille lambda qui t’assure qu’il est le mieux placé pour organiser les vacances de son prochain. Il se targue en général d’avoir beaucoup voyagé, de connaître toutes les ficelles d’un pays, de faire profiter des meilleurs plans à prix cassés.
A première vue, les coachs en voyages sont un genre d’agent de voyages, et pourtant… de nombreux Français considèrent que les agents de voyages sont ringards mais pourtant, ils se font coacher pour organiser leurs vacances.
Si j’étais une coach sur youtube ou instagram, j’ajouterais avec un petit rire cristallin et un mouvement de mèche « hashtag paradoxe mes petits chats »…
Mais là où le bât blesse (et où je n’ai plus du tout envie de rigoler), c’est que la vente de voyage est une profession réglementée par le code du tourisme, ce qui impose à tous ceux qui vendent ou participent à l’organisation d’un voyage d’être immatriculés. (ben oui : c’est dans les textes…)
Des obligations pour les agences, et pour les coachs ?
Et figure-toi, Madame ou Monsieur coach-en-voyage, que l’immatriculation nous impose des responsabilités. Je t’explique :
- d’abord, on a une RCP parce que si un client d’agence de voyages se tue dans un accident de voiture, de bus, ou de piscine, on est responsable. Et donc, on est bien contents d’avoir une RCP qui nous couvrira si le client se tue lors d’un voyage qu’on lui a organisé
- ensuite, on paie une blinde pour une cotisation auprès d’un garant financier, ce qui garantit qu’en cas de faillite de notre part (par exemple, parce qu’on aurait un sinistre RCP et une franchise importante qui resterait à notre charge), les fonds déposés par nos clients sont garantis sans plafond et que notre client partira ou sera remboursé de son avance (ça dépend des garants…)
- avant, on avait aussi une obligation de formation (et donc des compétences professionnelles) mais ça, c’est devenu facultatif (je reviendrai peut-être un jour sur ce « détail » que je ne trouve pas insignifiant)
- et là, on va avoir une responsabilité de plein droit mais je n’ai pas assez creusé le sujet pour détailler ce que cela veut dire. Mes vrais collègues de la rédac vous expliqueront (hashtag professionnalisme mes petits chats, rappelez-vous que je ne suis qu’une petite bloggeuse écervelée…)
Donc, toi, coach en voyage, tu donnes (ou plutôt, tu factures…) des conseils à des pauvres hères et ensuite tu leur indiques des liens pour réserver tous seuls ?
Non mais franchement, je suis peut-être blonde mais qui va croire que quelqu’un va payer 99 € voire 199 € pour recevoir des liens ? Il est évident que ces coachs en voyages perçoivent des marges-arrière de la part des fournisseurs qu’ils indiquent à des clients/consommateurs finaux.
- d’abord, on a une RCP parce que si un client d’agence de voyages se tue dans un accident de voiture, de bus, ou de piscine, on est responsable. Et donc, on est bien contents d’avoir une RCP qui nous couvrira si le client se tue lors d’un voyage qu’on lui a organisé
- ensuite, on paie une blinde pour une cotisation auprès d’un garant financier, ce qui garantit qu’en cas de faillite de notre part (par exemple, parce qu’on aurait un sinistre RCP et une franchise importante qui resterait à notre charge), les fonds déposés par nos clients sont garantis sans plafond et que notre client partira ou sera remboursé de son avance (ça dépend des garants…)
- avant, on avait aussi une obligation de formation (et donc des compétences professionnelles) mais ça, c’est devenu facultatif (je reviendrai peut-être un jour sur ce « détail » que je ne trouve pas insignifiant)
- et là, on va avoir une responsabilité de plein droit mais je n’ai pas assez creusé le sujet pour détailler ce que cela veut dire. Mes vrais collègues de la rédac vous expliqueront (hashtag professionnalisme mes petits chats, rappelez-vous que je ne suis qu’une petite bloggeuse écervelée…)
Donc, toi, coach en voyage, tu donnes (ou plutôt, tu factures…) des conseils à des pauvres hères et ensuite tu leur indiques des liens pour réserver tous seuls ?
Non mais franchement, je suis peut-être blonde mais qui va croire que quelqu’un va payer 99 € voire 199 € pour recevoir des liens ? Il est évident que ces coachs en voyages perçoivent des marges-arrière de la part des fournisseurs qu’ils indiquent à des clients/consommateurs finaux.
Evanéos, Trace Directe et ByNative !
Et selon le code du tourisme, « toute personne physique ou morale qui participe à la vente du voyage » est responsable de la bonne exécution du contrat… ce qui veut dire que si un coach prépare/conseille/indique quoi que ce soit à un voyageur, il est responsable de ce que le voyageur va trouver sur place et qu’il doit être immatriculé. CQFD.
L’autre jour, je « discutais » sur messenger avec une coach en voyage. Cc’est-à-dire que je lui indiquais d’une façon un peu directe que je goûtais peu à sa façon de cracher sur les agents de voyages forcément ringards et qu’elle me répondait en gros « mais Léa, ton métier est mort et tu ne t’en rends pas compte ?? Hashtag déni, ah ah ah ».
Elle a arrêté de rire quand je lui ai demandé « mais pourquoi tu crois qu’une agence a une RCP ? Parce que si un client meurt en voyage, tous les maillons de la chaîne sont attaqués : le distributeur, le TO, le réceptif et éventuellement le coach qui a apporté l’affaire au réceptif. Alors j’espère que tu auras beaucoup de cash pour indemniser la famille du défunt, hasthag faillite personnelle ».
Bref, un dialogue constructif comme on peut en avoir chaque jour sur les réseaux dits-sociaux...
Je reviens deux paragraphes en arrière : le coach en voyage va donc éditer (ou pas) une facture de conseil et recevoir une commission d’apporteur d’affaire de la part de l’organisateur du voyage.
Ça ne vous rappelle personne ? Evanéos, Trace Directe, ByNative ! ces « plateformes de mise en relation » qui brassent du vent et du rêve, qui n’apportent rien au client mais promettent le meilleur conseil au meilleur prix. Je n’ai toujours pas compris quels gogos pouvaient s’engouffrer dans la brèche ouverte par elles. « Vous ferez une super affaire grâce à la politique d’achat en direct de nos agents locaux ».
Comme si les réceptifs ne payaient pas leurs « agents locaux » (même si forcément, un Indien ou un Malgache sera moins payé que moi) ou si les plateformes ne facturaient pas d’honoraires d’apporteur d’affaire. (Avec quoi croyez-vous qu’Evanéos paye ses super locaux, ses campagnes adwords et ses 300 salariés en France ?)
L’autre jour, je « discutais » sur messenger avec une coach en voyage. Cc’est-à-dire que je lui indiquais d’une façon un peu directe que je goûtais peu à sa façon de cracher sur les agents de voyages forcément ringards et qu’elle me répondait en gros « mais Léa, ton métier est mort et tu ne t’en rends pas compte ?? Hashtag déni, ah ah ah ».
Elle a arrêté de rire quand je lui ai demandé « mais pourquoi tu crois qu’une agence a une RCP ? Parce que si un client meurt en voyage, tous les maillons de la chaîne sont attaqués : le distributeur, le TO, le réceptif et éventuellement le coach qui a apporté l’affaire au réceptif. Alors j’espère que tu auras beaucoup de cash pour indemniser la famille du défunt, hasthag faillite personnelle ».
Bref, un dialogue constructif comme on peut en avoir chaque jour sur les réseaux dits-sociaux...
Je reviens deux paragraphes en arrière : le coach en voyage va donc éditer (ou pas) une facture de conseil et recevoir une commission d’apporteur d’affaire de la part de l’organisateur du voyage.
Ça ne vous rappelle personne ? Evanéos, Trace Directe, ByNative ! ces « plateformes de mise en relation » qui brassent du vent et du rêve, qui n’apportent rien au client mais promettent le meilleur conseil au meilleur prix. Je n’ai toujours pas compris quels gogos pouvaient s’engouffrer dans la brèche ouverte par elles. « Vous ferez une super affaire grâce à la politique d’achat en direct de nos agents locaux ».
Comme si les réceptifs ne payaient pas leurs « agents locaux » (même si forcément, un Indien ou un Malgache sera moins payé que moi) ou si les plateformes ne facturaient pas d’honoraires d’apporteur d’affaire. (Avec quoi croyez-vous qu’Evanéos paye ses super locaux, ses campagnes adwords et ses 300 salariés en France ?)
Et si on coupait l'herbe sous le pied des coachs
Au fait, coach en voyages, tu ne l’as peut-être pas remarqué mais Evanéos est titulaire d’une immatriculation d’agence de voyage au registre Atout France (IM 075110183) et donc d’une garantie financière (auprès d’Atradius) et d’une assurance RCP chez Gan Eurocourtage. A ton avis, pourquoi ? Pour être en conformité avec le droit, ah ah ah, cœur avec les doigts ! (rire cristallin de youtoubeuse)
Sérieusement, agent de voyages, c’est un métier. Outre les études que nous avons suivies (BTS Tourisme ou géo ou histoire de l’art ou techniques commerciales) et qui garantissent un socle de connaissances, nous avons acquis pendant nos années d’expériences en agence de la psychologie (parce que nous avons fini par comprendre ce que nos clients veulent même s’ils ne savent pas l’exprimer), de la technicité et des connaissances produit (bref : on a pris de la bouteille, et je n’évoque pas ici ma relation particulière avec l’alcool).
Nous avons aussi des outils qui nous permettent de sélectionner des produits vite et bien… et nous proposons flexibilité, conseil, assurance et produit « tout compris » avec les vols.
Si le coaching est si prisé, je propose que nos instances professionnelles renomment les « agents de comptoir » des « coachs en voyages ».
J’ai plein de raisons pour ça : d’abord pour couper l’herbe sous le pied de ces soi-disant coachs, mais aussi pour qu’Havas abandonne l’horrible terme « travel planner ».
Sérieusement, agent de voyages, c’est un métier. Outre les études que nous avons suivies (BTS Tourisme ou géo ou histoire de l’art ou techniques commerciales) et qui garantissent un socle de connaissances, nous avons acquis pendant nos années d’expériences en agence de la psychologie (parce que nous avons fini par comprendre ce que nos clients veulent même s’ils ne savent pas l’exprimer), de la technicité et des connaissances produit (bref : on a pris de la bouteille, et je n’évoque pas ici ma relation particulière avec l’alcool).
Nous avons aussi des outils qui nous permettent de sélectionner des produits vite et bien… et nous proposons flexibilité, conseil, assurance et produit « tout compris » avec les vols.
Si le coaching est si prisé, je propose que nos instances professionnelles renomment les « agents de comptoir » des « coachs en voyages ».
J’ai plein de raisons pour ça : d’abord pour couper l’herbe sous le pied de ces soi-disant coachs, mais aussi pour qu’Havas abandonne l’horrible terme « travel planner ».
Une émission sur M6 ?
On va dire que je suis encore bêcheuse mais si le SNAV avait compris qu’il avait une mission d’information/d’éducation pour rendre légitime le métier d’agent de voyages, il y a bien longtemps qu’elles auraient convaincu M6 de proposer une émission des meilleurs coachs en voyage et que ces coachs ne seraient que des agents de voyages immatriculés !
On mettrait en concurrence tout le gratin de la profession : les « machines à vendre » de Leclerc (qui suivent sans arrêt des formations en techniques de vente), les « experts destinations » de Voyageurs du Monde, les rois du voyage de noces de Printemps Voyage, les passionnés de trek, de cheval et les inconditionnels de la thalasso et on verrait qui est le meilleur coach en voyages… Perso, je veux bien relever le défi et tenter de devenir la Stéphane Plaza du voyage…
Stéphane Plaza, oui… cette espèce de coach en immobilier reconnu de tous et qui est porteur (figurez-vous) d’une carte professionnelle d’agent immobilier parce que « agent de voyages » n’est pas le seul métier réglementé !
On mettrait en concurrence tout le gratin de la profession : les « machines à vendre » de Leclerc (qui suivent sans arrêt des formations en techniques de vente), les « experts destinations » de Voyageurs du Monde, les rois du voyage de noces de Printemps Voyage, les passionnés de trek, de cheval et les inconditionnels de la thalasso et on verrait qui est le meilleur coach en voyages… Perso, je veux bien relever le défi et tenter de devenir la Stéphane Plaza du voyage…
Stéphane Plaza, oui… cette espèce de coach en immobilier reconnu de tous et qui est porteur (figurez-vous) d’une carte professionnelle d’agent immobilier parce que « agent de voyages » n’est pas le seul métier réglementé !
PS : ce post sort sur TourMaG.com ce jour et je me suis adressée la version papier en recommandé le 4 janvier 2018 (jour où je l’ai écrit) pour pouvoir prouver si besoin que j’ai eu l’idée avant tout le monde. Si M6 lance bientôt « le meilleur coach en voyage de France », je revendiquerai la propriété intellectuelle de l’idée, hashtag faut pas me prendre pour une dinde non plus, ah ah ah ! Bisous mes petits chats !