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L'ATAF veut assurer les transactions entre les compagnies aériennes et les... agences !

Interview de Jean-Claude Cros, le secrétaire général adjoint de l'ATAF


Pendant que se tenait l'APG World Connect, un autre événement de l'aérien s'est tenu avec un peu plus d'anonymat. L’Association des Transporteurs Aériens Francophones (ATAF) a réuni ses membres, dont Air France en présence d'Anne Rigail, mais aussi Air Caraïbes, Corsair et d'autres compagnies d'Afrique ou encore de l'océan Indien. Si les dirigeants des transporteurs ont répondu présents, ils ont pu débattre sur l'empreinte carbone du secteur, mais aussi sa distribution. L'ATAF pourrait aussi être précurseur dans l'assurance des transactions entre compagnies et agences de voyages, alors que IATA ne veut pas entendre parler du sujet...


Rédigé par le Mardi 2 Novembre 2021

L'ATAF pourrait aussi être précurseur dans l'assurance des transactions entre compagnies et agences de voyages, alors que IATA ne veut pas entendre parler du sujet... - Crédit photo : Depositphotos @AndreyPopov
L'ATAF pourrait aussi être précurseur dans l'assurance des transactions entre compagnies et agences de voyages, alors que IATA ne veut pas entendre parler du sujet... - Crédit photo : Depositphotos @AndreyPopov
TourMaG.com - Le week-end dernier se tenait la 127ème assemblée générale de L’Association des Transporteurs Aériens Francophones (ATAF). Quel constat ont tiré les presque 80 participants, tous responsables de compagnies aériennes ?

Jean-Claude Cros :
Nous avons eu le plaisir d'accueillir plus d'une vingtaine de compagnies aériennes, pour l'essentiel représentées par leurs directeurs ou présidents.

Dans les grands congrès du transport aérien, c'est une grande première, car l'événement avait lieu en présentiel.

Ce n'était pas arrivé depuis deux ans. Nous avons fait un point avec Didier Bréchemier, le responsable du transport, tourisme et logistique pour le cabinet Roland Berger.

Il en ressort de ce constat général, avec un focus sur l'Afrique, que la chute de trafic observée l'année dernière a été équivalente partout. Elle a été de l'ordre de 65%.

Le recouvrement est lui aussi quasiment équivalent sur les cinq continents. Le rythme de la reprise est sensiblement le même que partout dans le monde, dont un volume de 55 % pour l'Afrique.

A noter que cette dernière a connu une moindre virulence du virus, avec 124 000 morts contre 2,6 millions en Amérique du Sud en juillet 2021, mais elle a malgré tout vu les pays se fermer les uns avec les autres.

Le trafic intra-africain a été beaucoup plus impacté par les fermetures des pays, que par la virulence du virus.

Pendant que celui nord-sud, donc entre l'Europe et l'Afrique, a été moins touché. S'il a baissé, il ne s'est pas arrêté.

Les compagnies ont malgré tout été impactées par la baisse du nombre de passagers, notamment celles qui faisaient des trajets entre les pays africains.

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Afrique : "la priorité pour les compagnies est de vivre et se développer"

TourMaG.com - Au niveau des compagnies présentes, comment ont-elles passé la crise ? Alors que la France a lâché des milliards d'euros, les pays africains ont eu une latitude moins grande.

Jean-Claude Cros :
C'est simple, sans aide, les compagnies auraient mis la clé sous la porte, qu'importe le pays et le continent.

Il n'y a pas de mystère, pour ceux qui ne sont pas intervenus, alors les transporteurs ont disparu. Il y a eu des disparitions, mais pas parmi nos adhérents.

Les compagnies sénégalaises ou en Côte d'Ivoire ont été soutenues, avec les moyens propres à ces pays.

Certaines ont disparu, car elles sont considérées comme non vitales pour les pays.

TourMaG.com - Dans un continent, où les infrastructures ne sont pas toujours efficientes, quel rôle possède l'aérien ?

Jean-Claude Cros :
Je dois bien avouer que le débat écologique pour les compagnies africaines ne constitue pas une préoccupation première.

La substitution par d'autres moyens de transport comme le train n'est pas possible. L'avion doit poursuivre son développement en Afrique, car il est indispensable pour relier les peuples les uns aux autres.

L'Afrique n'est pas au stade de polluer le monde, mais elle subit. Le continent a besoin de l'avion, car il y a peu d'infrastructures. La priorité pour les compagnies est de vivre et se développer.

TourMaG.com - Quels ont été les autres sujets ?

Jean-Claude Cros :
Nous avons abordé le sujet de la situation de l'épidémie.

La condition que nous pouvons retirer des discussions c'est que seul le vaccin permet de ralentir la propagation de l'épidémie. A ce stade, nous ne voyons aucun médicament en mesure de traiter la maladie et que nous passons d'une pandémie à une épidémie.

Nous allons sans doute devoir nous inscrire durablement dans un système de vaccination.

"Les exigences écologiques sont telles que ces progrès actuels ne suffiront pas"

TourMaG.com - Le maintien de la vaccination dans la durée et donc peut être comme nouveau visa, est-ce une source d'inquiétude pour les adhérents de l'ATAF ?

Jean-Claude Cros :
Ce n'est pas nécessairement une inquiétude, ce qui peut l'être, c'est le maintien de procédures lourdes pour voyager.

De plus l'hétérogénéité des mesures pour prendre l'avion et l'entrave aux voyages inquiètent les compagnies. Pour le reste les frontières rouvrent les unes après les autres, même si l'Asie et la Chine restent durablement fermées.

L'espoir d'un recouvrement est là, notamment pour le trafic loisir.

TourMaG.com - Sans un retour soutenu du trafic affaires, quel sera l'avenir des compagnies aériennes ?

Jean-Claude Cros :
Elles ont toutes réduit leurs coûts et leurs tailles en quelque sorte.

La forte réduction des coûts doit permettre le retour à l'équilibre assez rapidement, sans nouvelle reprise de l'épidémie. Autre sujet d'envergure a été celui de la légitime exigence de l'empreinte carbone.

Les participants ont conclu que les efforts pour réduire les empreintes carbone à travers des nouveaux avions et moteurs étaient en cours, mais les exigences écologiques sont telles que ces progrès actuels ne suffiront pas, à horizon 2030 ou 2050.

Il sera nécessaire de fournir des efforts supplémentaires sur des carburants de substitution, essentiellement artificiels. Malheureusement leurs coûts de production sont de l'ordre de 7 à 8 fois ceux du fioul.

Soit il y aura besoin d'aide ou alors faire des configurations différentes, pour que cela soit absorbable sans que les coûts s'envolent, tout comme les prix.

Hydrogène et électricité : "si les technologies sont intéressantes, elles sont sans espoir"

"Par contre nous observons aujourd'hui que beaucoup d'agences de voyages, notamment en Afrique, n'intéressent pas IATA. Nous ne voulons pas monter une machine contre IATA, mais s'adresser à ces orphelines. Nous cherchons à sécuriser la relation entre les compagnies aériennes et les agences de voyages" selon Jean-Claude Cros, le secrétaire général adjoint de l'ATAF
"Par contre nous observons aujourd'hui que beaucoup d'agences de voyages, notamment en Afrique, n'intéressent pas IATA. Nous ne voulons pas monter une machine contre IATA, mais s'adresser à ces orphelines. Nous cherchons à sécuriser la relation entre les compagnies aériennes et les agences de voyages" selon Jean-Claude Cros, le secrétaire général adjoint de l'ATAF
TourMaG.com - Les compagnies en appellent à qui pour accélérer cette transition ?

Jean-Claude Cros :
En état actuel de l'art, les avions, contructeurs et les spécialistes reconnaissent que par rapport à l'effort pour l'instant personne ne voit que la simple mécanique des avions puissent faire cette avancée.

Les carburants artificiels commencent à être mis au point.

L'idée évoquée sur l'avion à hydrogène et électrique a été totalement rejetée, pour le transport de masse. L'hydrogène prend 5 fois plus de volume que le fioul, donc ça fera des avions d'une taille inimaginable.

Il n'est pas possible pour le moment de construire des avions à hydrogène court ou moyen-courrier. Si les technologies sont intéressantes, mais elles sont sans espoir pour un transport aérien grand public.

TourMaG.com - Y a-t-il des craintes sur le fait que les avancées sont trop lentes et que l'aérien soit durablement stigmatisé ?

Jean-Claude Cros :
Nous ne sommes pas arrivés à cette conclusion.

Manifestement la stigmatisation est une question générationnelle. Après regardez cet été, à la réouverture du moyen-courrier, les clients se sont précipités pour partir.

Je pense que le rejet de l'aérien n'a aucun impact sur le trafic. La seule chose que nous savons, c'est que ce sera plus dur sur le voyage d'affaires.

TourMaG.com - L'ATAF a aussi un rôle à jouer sur la mise en relation des compagnies avec les agences de voyages...

Jean-Claude Cros :
C'est un projet dont nous parlons assez peu pour le moment.

Historiquement l'ATAF a été créée aux côtés de IATA, nous n'en sommes pas dépendants. Chacun des deux organismes pouvaient référencer des agences de voyages.

Il y avait des agences IATA et ATAF. Notre intérêt pour les agences de voyages a toujours existé, car nous leur délivrons un agrément. Il se trouve que celui-ci avec le BSP a perdu de son sens.


Par contre nous observons aujourd'hui que beaucoup d'agences de voyages, notamment en Afrique, n'intéressent pas IATA. Nous ne voulons pas monter une machine contre IATA, mais s'adresser à ces orphelines.

Nous cherchons à sécuriser la relation entre les compagnies aériennes et les agences de voyages.

ATAF : "nous voudrions permettre à ces agences d'avoir un lien direct sécurisé avec les compagnies"

TourMaG.com - Vous voulez donc créer une caisse de garantie entre les deux parties de l'industrie touristique ?

Jean-Claude Cros :
Nous voulons assurer la relation entre les compagnies et les agences de voyages, pour que cette relation se développe.

Si la relation existe toujours, le côté sécurisation des transactions est l'un de nos travaux du moment.

Nous avons des pistes de réflexion, en trouvant des moyens de paiement plus rapide et efficace, par ailleurs si nous le pouvons, nous souhaitons assurer les transactions.

Si l'une des deux parties fait faillite, nous aimerions que la transaction soit assurée, pour que les compagnies ou les agents de voyages trouvent leurs comptes.

TourMaG.com - Si je comprends bien, vous aimeriez régler un débat qu'en Europe, les transporteurs ne veulent absolument pas ouvrir.

Jean-Claude Cros :
Attention, le contexte est particulier.

En Afrique, nous avons affaire à de petites agences de voyages qui n'ont pas accès au marché de l'aérien et doivent passer par des consolidateurs. Nous voudrions permettre à ces agences d'avoir un lien direct sécurisé avec les compagnies. Cette sécurisation doit être dans les deux sens.

Nous ne sommes pas dans une volonté d'étendre ce système d'assurance au monde entier.

Pour le moment, nous sommes au tout début de notre réflexion, rien nous dit que nous arriverons à cette finalité.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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