France Travel Tech : La (bonne) solution pour booster l'innovation ?

Au cœur de l'été, alors que la France du tourisme faisait face au défi du retour des touristes par millions, Olivia Grégoire a pris le parti de tancer l'écosystème des start-up du tourisme.

"Son potentiel est aujourd’hui sous-exploité alors que les idées novatrices ne manquent pas.

Le constat, c’est que le secteur de la Travel Tech est aujourd’hui plus en retard, aussi bien en termes d’investissements, que de créations d’entreprises et de licornes, par rapport aux autres branches de la tech," a dressé comme constat, la ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme (voir post à la fin de l'article).

Une sortie médiatique loin d'être anodine.

Ce mardi 24 octobre 2023, le gouvernement va présenter à la Station F, son nouveau programme pour aider la Travel Tech à sortir de son relatif anonymat.

"Nous avons pensé le réseau France Travel Tech pour accompagner la transition numérique et animer le tissu entrepreneurial du secteur sur la question écologique, pour plusieurs raisons," introduit un membre du cabinet d'Olivia Grégoire.

Pour le ministère, l'enjeu est de rendre la destination France compétitive sur le plan international, la faire monter en gamme et in fine maximiser les retombées économiques.

Autant de défis que doit remplir "la Travel Tech," selon les propres mots du cabinet de la ministre.

L'initiative du gouvernement s'inscrit pourtant dans l'histoire du pays qui a vu naître le 1er incubateur de start-up du tourisme... au monde. Une structure qui a depuis fait des émules aux 4 coins de la France, à tel point que le France Tourisme Lab a été créé en 2016, à l'initiative de la DGE.

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Malgré cet historique plutôt flatteur, le besoin de structuration du petit monde de l'innovation dans le voyage serait criant, à en croire les équipes d'Olivia Grégoire.

"Cette analyse repose sur 3 constats. Le 1er étant que la Travel Tech est un écosystème naissant. Il n'existe qu'une seule licorne, alors que l'Europe en compte 5, et 14 à l'international.

Les start-up du tourisme lèvent 3 fois moins de fonds que les autres, de l'ordre de 3 millions d'euros contre 9,5 millions en moyenne en France," déplore le cabinet de la ministre.

De plus, les solutions sont assez peu connues des touristes français et encore moins des étrangers.

Le fond du problème ne réside pas dans la qualité de l'innovation, mais dans l'absence de dialogue et de synergies entre les jeunes pousses elles-mêmes, sans oublier la perméabilité des grands groupes de l'industrie à ces solutions novatrices.

"Il va permettre, c'est là où le bât blesse, de structurer en mettant en relation les start-up entre elles. Plusieurs petites innovations existent, elles font presque la même chose, mais ne se connaissent pas. Nous voulons créer des synergies, les mettre en relation et les faire accompagner par les grands opérateurs".

La mise en relation se fera grâce à différents évènements qui auront lieu sur tout le territoire.

Le gouvernement souhaite aussi profiter de la caisse de résonance que représentent les Jeux Olympiques de Paris, pour en faire un accélérateur de la Travel Tech française. Ces derniers seront un terrain d'expérimentation et une vitrine de ces solutions.

Ce nouveau réseau regroupe 17 partenaires, dont des entreprises privées, comme ADP, Air France, B&B Hotels, Accor, etc. Les opérateurs publics ne sont pas en reste avec Atout France, France Tourisme Lab et BPI. Des investisseurs font également partie de l'aventure.

"Nous voulons qu'il y ait un partage d'expérience, faciliter la diffusion d'information, sur les financements, les appels à projets, etc. Il y a un manque d'accompagnement administratif et de connaissances," poursuit le cabinet du ministère en charge du Tourisme.

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L'initiative va aiguiller la Travel Tech vers des programmes comme France 2030. Les start-up doivent aussi apprendre à piocher dans le plan d'investissement d'avenir doté d'un budget de 54 milliards d'euros.

Le lancement de ce réseau coutera 1,1 million d'euros.

Un budget qui servira à accompagner chaque année une promotion de 15 start-up.

Dans les noms de cette première mouture - qui sera intégralement dévoilée mardi 24 octobre 2023 - nous retrouvons des jeunes pousses bien connues des lecteurs de TourMaG.com à l'image de Nannybag, GreenGo ou encore Mobee Travel.

Pour ne pas concurrencer les structures existantes comme Paris & Co, ex-Welcome CIty Lab ou l'Open Tourisme Lab, le réseau ne sélectionnera que des entreprises ayant déjà levé des fonds.

"Le réseau sera complémentaire à ce qui existe déjà. Nous voulons offrir quelque chose de plus macroéconomique. Nous n'allons pas accompagner des start-up au stade embryonnaire, mais plutôt des jeunes pousses matures," détaille le cabinet d'Olivia Grégoire.

Reste à savoir comment tout cela va s'articuler, au quotidien, pour ne pas cannibaliser les initiatives déjà existantes.

De plus, si le ministère n'a d'autre choix que de reprendre le vocabulaire du gouvernement, nous pouvons nous demander objectivement si l'enjeu de voir éclore des licornes du tourisme sur le sol français est atteignable.

"Le tourisme en France n'est pas un petit marché. Nous devons être humbles, mais je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas avoir de licornes dans le secteur du tourisme, compte tenu de notre place sur la scène touristique mondiale," conclut-on depuis Bercy.

"Je trouve cette initiative positive.

En effet, si la France a su créer et structurer un réseau national d’incubateurs touristiques depuis 10 ans, elle n’a pas encore su générer de nombreuses licornes internationales.

Beaucoup de start-up françaises, au fort potentiel, restent limitées au marché hexagonal, pour des raisons culturelles, économiques et financières.

Il faut donc mettre l’accent sur 3 axes : accompagner davantage ces start-up à l’export et à des marchés en croissance, leur faciliter l’accès aux investisseurs français et européens, notamment à ceux qui sont moins connus par l’écosystème du tourisme et réussir à financer leurs besoins en matière de recherche et développement, en particulier en matière d’intelligence artificielle.

Ce plan national va donc dans le bon sens. Il est temps de passer à la vitesse supérieure.

Le problème de nombreuses start-up est que, pour des raisons culturelles, elles s’attardent trop longtemps sur la conquête du seul marché national.

La France est un marché de taille moyenne, qui peut laisser à penser qu’il se suffit à lui-même. C’est faux.

La France est un petit marché, très perméable à l’extérieur. Leur hésitation à se développer au minimum à l’échelle européenne constitue donc une perte de temps précieux.

Je suis souvent intervenu pour les stimuler et leur faire prendre conscience que l’Union Européenne est leur marché de base, et que si elles ne le travaillent pas assez rapidement, elles se feront doubler par un concurrent qui l’aura compris bien avant elles.

L’innovation est toujours une course contre la montre.

Il ne suffit pas d’avoir une bonne idée. Pour percer, il faut l’exécuter avec méthode et rapidité," commente l'ancien fondateur et directeur du Welcome City Lab, devenu Paris & Co.

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