Nouveau ! Lancement de Planète bien-être sur TourMaG - Futuroscopie

TourMaG : Comment définirez-vous le secteur du bien-être ? On y est un peu perdus ?

Josette Sicsic/ Futuroscopie : Le marché est effectivement très vaste et très segmenté. On y retrouve pêle-mêle des soins et des activités aussi diverses que la randonnée et à l’autre bout de l’échelle des hôtels de luxe dotés de spas tout aussi luxueux.

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Mais, globalement, on distingue tout ce qui touche au développement personnel (yoga, taï chi…), puis ce qui touche à la remise en forme à la fois physique et mentale (massages, méditation, jeune). La thalassothérapie fait aussi partie de la gamme des activités de bien-être.

Suivent les soins de beauté de plus en plus divers, composés surtout de produits naturels. Mais, la chirurgie esthétique en fait aussi partie. Les soins adaptés aux plus âgés, leur permettant à la fois de se soigner mais aussi de prévenir les maux du grand âge composent également la palette du bien-être. Enfin, il faut y intégrer l’alimentation dont le rôle est majeur. Et la spiritualité.

Pour ma part enfin, je pense que le thermalisme demeure une pratique de bien-être bien qu’elle soit médicalisée. Enfin, j’ajouterai aussi les activités sportives qui font un grand retour.

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TourMaG : vous voulez parler du fitness ?

Josette Sicsic/ Futuroscopie : Non. Pas seulement. Le fitness se porte bien. C’est vrai et il est devenu pour certains une pratique quotidienne que l’on exerce dans le cadre de la vie de tous les jours.

On estimait avant la pandémie à 65 millions environs le nombre de pratiquants en Europe. Dans plus de 65 000 salles. En tête, l’Allemagne avec 11,7 millions, suivie par le Royaume-Uni avec 10,4 millions de pratiquants et la France avec 6,2 millions.

C’est un véritable phénomène de société qui déborde de loin le cadre sportif. Le fitness est partout. Et, l’on en reparlera d’autant plus qu’il doit avoir une place privilégiée dans l’hôtellerie. Notamment dans l’hôtellerie d’affaires.

Pour ma part, c’est plus l’explosion des pratiques sportives qui m’importe. La moitié des Français et Françaises déclarent faire du sport. Et, l’on se rend bien compte que désormais le sport prend le dessus sur les soins de bien-être grâce à ses qualités conviviales et ludiques.

De plus, il se compose d’activités souvent gratuites ne nécessitant pas de grandes dépenses (excepté pour le golf, la voile et le ski...). Et, il aide à muscler et sculpter le corps tout en le prévenant contre l’obésité ou simplement la laideur. Il est donc un allié exceptionnel pour tous ceux qui aspirent au bien-être. Vous verrez… la prolifération de l’offre sportive va se poursuivre et s’étendre d’autant plus que dans nos civilisations occidentales les vertus du sport ont toujours été célébrées.

TourMaG : Voyez-vous d’autres tendances se développer ?

Josette Sicsic/Futuroscopie : J’ai l’impression que le tourisme médical continue de se développer en offrant de nouvelles destinations et des gammes de produits et tarifs de plus en plus attractifs. L’offre de prothèses dentaires surtout (très chères en France) me semble progresser.

On voit en effet se lancer sur le marché le Portugal, la Turquie, la Roumanie, la Bulgarie. Mais, attention, je ne dis pas que ce soit une bonne chose. C’est une tendance qui perdurera tant que le buzz est positif. Le jour où ces soins seront critiqués, la situation s’inversera. Elle s’inversera aussi le jour où ces actes médicaux seront bien remboursés en France.

TourMaG : Et la chirurgie esthétique, à votre avis, est-elle à ranger dans la panoplie du bien-être ?

Josette Sicsic/Futuroscopie : En fait « être beau » fait partie des diktats de notre société très auto centrée et qui, malgré les changements intervenus récemment, reste une société de l’apparence. Il ne fait donc guère de doutes que le marché du bien-être esthétique va devenir particulièrement protéiforme, incluant toutes sortes de nouveautés en particulier des soins naturels venus de régions du monde lointaines et excentrées.

La nature évidemment sera de plus en plus mise à contribution. Ce qui constitue un bien mais aussi peut-être un mal. Car, elle court le risque d’une sur exploitation nocive à moyen terme.

Ma crainte en ce qui concerne le tourisme esthétique reste qu’il cible des jeunes filles de plus en plus jeunes auxquelles on offre une chirurgie faciale ou mammaire comme l’on offre un sac de marque.

TourMaG : Dans cet océan de bonnes nouvelles, le bien-être est-il porteur de menaces et de désillusions ?

Josette Sicsic/Futuroscopie : Oui. Absolument. D’une part, il est porteur de désillusions parmi ses adeptes. Toutes les thérapies ne réussissent pas. Toutes n’apportent pas le bien-être escompté.

Pourquoi ? Souvent parce que celles-ci n’ont pas été assez expérimentées et sont dispensées par des praticiens qui n’ont pas un savoir-faire homologué par de quelconques diplômes. Non que le diplôme soit une garantie. Mais, la formation sérieuse issue d’apprenants bien formés reste indispensable.

On ne peut continuer à laisser le premier venu ayant suivi de stage de 3 semaines auprès d’un pseudo gourou vendre des stages de détox ou de méditation. Le problème des sectes est toujours d’actualité. Voyez l’enquête faite sur les réseaux bouddhistes diffusée sur Arte le 13 Septembre (Bouddhisme : la loi du silence). Elle est édifiante.

De plus, derrière une apparente variété de soins et activités, il apparaît dans le monde des spas en particulier une immense standardisation. Les ambiances se ressemblent, les soins aussi, bien qu’ils portent tous des noms très variés, un brin enchanteurs. Comme sur les cartes des grands chefs.

TourMaG : En conclusion, qu’est-ce que le tourisme peut gagner de ces pratiques et en quoi le thermalisme peut-il être un allié plus qu’un concurrent ?

Josette Sicsic/Futuroscopie : Le tourisme peut gagner une formidable champ de diversification, tant en France qu’à l’étranger.

D’ailleurs, regardez toutes ces stations de montagne qui ont une offre de bien-être et ces territoires comme l’Alsace qui se positionnent sur ce créneau. Quant au thermalisme stimulé par cette concurrence, il ne peut que se moderniser (quand ce n’est pas déjà fait) et améliorer son offre.

Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

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