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Label Positive Company : "La RSE est une opportunité, un vecteur de business" 🔑

L’interview de Charles-Henri Margnat, fondateur du label RSE Positive Company®


Si la RSE est devenue incontournable dans le voyage d’affaires, elle passe bien souvent par la réduction du volume de déplacements. Le label Positive Company propose d’aller plus loin. Pour embarquer le plus grand nombre, elle ne doit pas être vécue comme une contrainte. Entretien avec Charles-Henri Margnat.


Rédigé par le Mercredi 13 Mars 2024

« On ne peut pas dire aux agences de voyages d’affaires qu’il faut moins vendre. Un imaginaire collectif doit se créer pour avancer sur quelque chose qui donne envie », affirme Charles-Henri Margnat, fondateur du label RSE Positive Company® @positive company
« On ne peut pas dire aux agences de voyages d’affaires qu’il faut moins vendre. Un imaginaire collectif doit se créer pour avancer sur quelque chose qui donne envie », affirme Charles-Henri Margnat, fondateur du label RSE Positive Company® @positive company
TourMaG.com – Qu’est-ce que le label Positive Company (ex Positive Workplace) ?

Charles-Henri Margnat :
Nous sommes partis du constat que la majorité des labellisations RSE étaient fondées sur des audits documentaires. Dans le meilleur des cas, une personne répondait à un certain nombre de questions sur une plateforme ou un tableur Excel en apportant des documents justificatifs. Selon les réponses, il obtenait ou non le label.

Nous trouvions cette méthodologie extrêmement limitée. Et encore plus avec l’avènement de l’intelligence artificielle. Pour nous, ce n’était pas suffisant pour vérifier qu’une entreprise était vraiment engagée.

Nous avons créé il y a plus de 4 ans une méthodologie innovante et unique de labellisation RSE, qui est basée sur deux principales étapes. La première reste une revue documentaire sur une plateforme en libre accès.

La seconde concerne des enquêtes anonymes envoyées aux principales parties prenantes, c’est-à-dire tous les salariés, les fournisseurs et les clients. Chacun a le même poids. Le label est décerné par les parties prenantes ce qui permet d’éviter le Greenwashing, car c’est trop facile de dire que l’on est engagé.

Il existe aujourd’hui trois niveaux de labellisation : 1, 2 et 3 étoiles.


TourMaG.com – La RSE est un dossier prioritaire dans le voyage d’affaires. Selectour Bleu Voyages, Wagram voyages … Plusieurs acteurs du voyage d’affaires vous ont sollicité et obtenu votre label.

Charles-Henri Margnat :
Il y a une contrainte forte des responsables des achats, mais aussi des voyageurs, dans le public comme dans le privé. Ce dernier est parfois plus ambitieux que le public. Le privé peut se montrer plus vindicatif.

Selectour, puis Havas Voyages [ndlr : le GIE ASHA] ont lancé un audit RSE de leurs 50 principaux partenaires. Audit que nous animons avec eux depuis le début de l’année.

C’est un message fort envoyé au marché : nous ne sommes pas simplement producteurs de voyage, nous sommes responsables de ce que nous mettons sur le marché.


Lire aussi : RSE : le GIE ASHA va Ă©valuer 50 partenaires pour le business travel


"C’est complétement schizophrénique de faire de la RSE dans le tourisme"

Charles-Henri Margnat, fondateur du label RSE Positive Company® @positive company
Charles-Henri Margnat, fondateur du label RSE Positive Company® @positive company
TourMaG.com – Est-ce que l’industrie du tourisme est en retard en matière de RSE ?

Charles-Henri Margnat :
Oui, aujourd’hui, nous sommes encore au stade de définir ce que veut dire « responsable » dans le voyage et le tourisme d’affaires.

C’est complétement schizophrénique de faire de la RSE dans le tourisme. Les personnes qui travaillent dans ce secteur depuis X années, font la promotion du voyage, de la découverte et l’exploration de terres inconnues ou pas…

Avant le covid nous étions dans une logique de consommation, c’est en train de changer.

L’impossibilité de voyager pendant la crise sanitaire a obligé à faire autrement. Le voyage d’affaires a dû se restructurer.

Au niveau sociétal, quand, avant c’était cool de se déplacer en Inde pour une réunion, maintenant c’est devenu hasbeen. Les personnes qui étaient fières de se déplacer à outrance, ne fanfaronnent plus.

Aujourd’hui les Français sont plus conscients de l’impact environnemental de leurs actions.

La RSE n’est pas qu’une question environnementale, elle est aussi liée la manière dont les salariés sont traités, mais aussi à des notions de partage de la richesse, de transformation de modèles d’affaires, de gestion des risques et des enjeux de l’entreprise, de son empreinte sociétale à travers son interaction sur le territoire… Certes le monde du voyage d’affaires sur la partie environnementale n’est pas terrible, mais aujourd’hui, c’est un secteur en pleine transformation qui a compris les enjeux depuis quelque temps et essaye aujourd’hui d’y répondre au maximum.

Faut-il stopper le voyage d’affaires ? C’est toute une industrie qui s’écroule. Ce n’est ni souhaitable, ni réaliste. L’enjeu est : Comment réussir à sensibiliser ? à réduire l’impact environnemental des déplacements ? à garantir de meilleures conditions de travail ?

"Tout va se structurer avec les parties prenantes"

TourMaG.com – La fiabilité des outils pose question.

Charles-Henri Margnat :
Je suis d’accord, mais ça ne fait que 5 ans que l’on traite ces sujets de façon importante et scientifique. Dans 20 ou 30 ans, nous aurons le recul et proposerons des indicateurs fiables.

Aujourd’hui, il y a plein d’initiatives de lancer. Certains sont Greenwashing, d’autres bullshit ou encore très sérieuses, tout va se structurer avec les parties prenantes.

Elles vont comprendre ce qui est crédible ou ne l’est pas.


Lire aussi : AFTM : « Les reporting des TMC sont-ils vraiment nuls ? »

TourMaG.com – Comment ne pas tomber dans le Greenwashing dans le voyage d’affaires ?

Charles-Henri Margnat :
C’est bien de le faire, mais il faut éviter de trop communiquer sur la notion de compensation. Il ne faut pas tomber dans 1kg de CO2 dépensé doit être compensé par 1kg de CO2 capté le biais de la plantation d’arbres. C’est une fuite en avant.

Il faut repenser le schéma au niveau global.

La RSE ne doit pas ĂŞtre une contrainte purement dans le voyage

TourMaG.com – Au niveau social, quelles actions mettre en place ?

Charles-Henri Margnat :
Depuis le covid, les équipes ont été très mobilisées et essorée par la crise. Il y a un enjeu fort sur le volet social. D’abord, de maintenir les compétences, ensuite de motiver les collaborateurs dans un contexte de turbulence et aussi de prendre en considération la modernisation du métier.

Aujourd’hui, le télétravail est devenu la norme à l’échelle nationale. C’est l’une des attentes des collaborateurs.


TourMaG.com - Quid du volet sociétal ?

Charles-Henri Margnat :
L’engagement sociétal passe par la sensibilisation des voyageurs aux enjeux du territoire, de son histoire et contraintes. Ce qui justifie qu’il n’est pas possible de retrouver le même confort partout dans le monde.

Si je prends l’exemple de Barcelone, la ville connait une sécheresse et des difficultés d’alimentation en eau, un touriste ne peut pas débarquer et prendre des bains trois fois par jour alors que la population locale survit.

Il y a un enjeu fort de responsabilité sociétale des entreprises du voyages pour sensibiliser le voyageur sur son impact local.

Quel sera le futur désirable ? La RSE ne doit pas être une contrainte purement dans le voyage. Ça ne marcherait pas.

On ne peut pas dire aux agences de voyages d’affaires qu’il faut moins vendre. Un imaginaire collectif doit se créer pour avancer sur quelque chose qui donne envie.

Pour reprendre Emmanuel Macron, on ne va pas demander aux acteurs du tourisme de devenir des Amish, nous n’embarquerons personne avec nous.

Nous devons avoir une logique de business derrière cette notion de RSE. Notre vision est de flécher le business vers des entreprises qui ont pris en considération ces enjeux au détriment de celles qui ont raté le train et sont voués à disparaitre.


TourMaG.com – Quel accompagnement proposez-vous ?

Charles-Henri Margnat :
Dans la logique de l’audit 360° que nous menons dans les entreprises, nous délivrons à l’issu du programme de labellisation un plan d’actions sur-mesure.

Pour deux entreprises du même métier nous aurons un plan d’actions différent. Nous le créons grâce à notre expertise et l’enrichissons des propositions des parties prenantes.

C’est aussi un vecteur de business. Si je prends l’exemple de Time to Fly, entreprise spécialiste de la conformité réglementaire pour l’aviation, a été une des premières entreprises à se lancer dans la labellisation en 2019.

Quand ils ont envoyé les enquêtes à leurs clients dans le cadre de l’audit, est ressorti de manière assez forte le sujet des bilans carbone. Lancer cette offre faisait sens. Aujourd’hui, ils font les bilans carbone de quasiment tous les aéroports de France.

La RSE est une opportunité, un vecteur de business. Les entreprises du voyage d’affaires qui n’ont pas compris cela vont se retrouver à la traine.


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