"Actuellement, nous ne sommes plus agents de voyages, mais accompagnateurs de projets..." selon Marie-Line Germane-Agricole - Crédit photo : Voyager Vrai
TourMaG.com - Nous avions échangé au début de la crise. Vous aviez poussé un coup de gueule pour que les Antilles ne soient pas les oubliées de la crise. Comment allez-vous en ce deuxième confinement ?
Marie-Line Germane-Agricole : Je vais comme un agent de voyages qui a les yeux fixés sur un tableau Excel.
J'établis différents scénarios de reprise. Ainsi si j'injecte tant d'argent aujourd'hui, combien de temps je peux tenir, voilà à quoi ressemble ma journée.
Nous ne pouvons faire que des hypothèses, car en tant qu'agent de voyages je dois trouver des solutions pour tenir.
Avec mon équipe, nous avons eu un petit frémissement en septembre et octobre, puis tout s'est écroulé avec les annonces du Président de la République. Les prévisions de trésorerie sont forcément faussées donc il faut tout revoir.
TourMaG.com - Y a-t-il une bonne nouvelle dans tout ce marasme ?
Marie-Line Germane-Agricole : oui bien sûr, elle est même très bonne.
Les clients ne veulent pas annuler leurs voyages, même ceux de décembre. J'ai beau leur dire qu'il est nécessaire de réfléchir au report, ils attendent jusqu'à la dernière minute.
Je ressens un impact psychologique fort de ce deuxième confinement. Les clients ont besoin de se raccrocher à quelque chose. Ils ont envie de bouger. Dès que les voyages seront autorisés, ils nous disent qu'ils repartiront. C'est un motif d'espoir. L'image que j'ai c'est que nous allons faire face à un tsunami.
Marie-Line Germane-Agricole : Je vais comme un agent de voyages qui a les yeux fixés sur un tableau Excel.
J'établis différents scénarios de reprise. Ainsi si j'injecte tant d'argent aujourd'hui, combien de temps je peux tenir, voilà à quoi ressemble ma journée.
Nous ne pouvons faire que des hypothèses, car en tant qu'agent de voyages je dois trouver des solutions pour tenir.
Avec mon équipe, nous avons eu un petit frémissement en septembre et octobre, puis tout s'est écroulé avec les annonces du Président de la République. Les prévisions de trésorerie sont forcément faussées donc il faut tout revoir.
TourMaG.com - Y a-t-il une bonne nouvelle dans tout ce marasme ?
Marie-Line Germane-Agricole : oui bien sûr, elle est même très bonne.
Les clients ne veulent pas annuler leurs voyages, même ceux de décembre. J'ai beau leur dire qu'il est nécessaire de réfléchir au report, ils attendent jusqu'à la dernière minute.
Je ressens un impact psychologique fort de ce deuxième confinement. Les clients ont besoin de se raccrocher à quelque chose. Ils ont envie de bouger. Dès que les voyages seront autorisés, ils nous disent qu'ils repartiront. C'est un motif d'espoir. L'image que j'ai c'est que nous allons faire face à un tsunami.
"Actuellement, nous ne sommes plus agents de voyages, mais accompagnateurs de projets..."
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TourMaG.com - Qu'entendez-vous par tsunami ?
Marie-Line Germane-Agricole : C'est une version positive de la chose.
Dans le sens, où dès que les Métropolitains pourront revoyager vers les Antilles, ils le feront. C'est la sécurité. C'est la France et c'est une façon facile de changer d'air.
Il y a un autre argument en faveur d'une avalanche de demandes dès que les feux seront vert. Il y a un phénomène nouveau qui est apparu lors de ce 2e confinement.
Jusqu'ici les retraités restaient plutôt cachés et je les comprends. Mais aujourd'hui ils nous appellent et nous font part de leurs besoins de partir.
J'ai plusieurs demandes de projets dans ce sens. Ils veulent profiter de la vie. Les gens se projettent pour le début d'année prochaine.
Enfin, les agents de voyages ont aussi besoin d'offres en raison des frontières fermées et reviennent vers nous. Il y a des signaux d'espoir.
TourMaG.com - Et comment voyez-vous les prochaines semaines ?
Marie-Line Germane-Agricole : Je joue la sécurité et pour moi 2020 est terminée.
Concernant la Martinique, l'île est confinée, donc la messe est dite, maintenant la Guadeloupe est ouverte. Les restaurants et les lieux touristiques fonctionnent, par contre il faut une attestation dérogatoire pour se rendre sur place.
Actuellement, nous ne sommes plus agents de voyages, mais accompagnateurs de projets. Nous donnons le cap et notre sentiment sur la situation aux clients.
Par exemple, pour mes clients qui doivent partir en décembre, je les ai tous contactés en leur disant que cela ne sert à rien de partir pour les Antilles.
Je leur propose de réorganiser leurs séjours pour des dates à partir de Pâques. Pour les plus téméraires, je leur dis que nous attendrons la première semaine de décembre et que nous improviserons.
Marie-Line Germane-Agricole : C'est une version positive de la chose.
Dans le sens, où dès que les Métropolitains pourront revoyager vers les Antilles, ils le feront. C'est la sécurité. C'est la France et c'est une façon facile de changer d'air.
Il y a un autre argument en faveur d'une avalanche de demandes dès que les feux seront vert. Il y a un phénomène nouveau qui est apparu lors de ce 2e confinement.
Jusqu'ici les retraités restaient plutôt cachés et je les comprends. Mais aujourd'hui ils nous appellent et nous font part de leurs besoins de partir.
J'ai plusieurs demandes de projets dans ce sens. Ils veulent profiter de la vie. Les gens se projettent pour le début d'année prochaine.
Enfin, les agents de voyages ont aussi besoin d'offres en raison des frontières fermées et reviennent vers nous. Il y a des signaux d'espoir.
TourMaG.com - Et comment voyez-vous les prochaines semaines ?
Marie-Line Germane-Agricole : Je joue la sécurité et pour moi 2020 est terminée.
Concernant la Martinique, l'île est confinée, donc la messe est dite, maintenant la Guadeloupe est ouverte. Les restaurants et les lieux touristiques fonctionnent, par contre il faut une attestation dérogatoire pour se rendre sur place.
Actuellement, nous ne sommes plus agents de voyages, mais accompagnateurs de projets. Nous donnons le cap et notre sentiment sur la situation aux clients.
Par exemple, pour mes clients qui doivent partir en décembre, je les ai tous contactés en leur disant que cela ne sert à rien de partir pour les Antilles.
Je leur propose de réorganiser leurs séjours pour des dates à partir de Pâques. Pour les plus téméraires, je leur dis que nous attendrons la première semaine de décembre et que nous improviserons.
"Dans mon pire scénario, je prévois de ne faire rentrer aucun revenu en 2021"
TourMaG.com - Vous disiez établir des scénarios de reprise, quels sont-ils ?
Marie-Line Germane-Agricole : Dans mon pire scénario, je prévois de ne faire rentrer aucun revenu en 2021.
Je peux vous dire qu'au mois de mars dernier je n'aurais jamais imaginé une telle chose. A cette époque ma pire pensée était une reprise de l'activité en août 2020, sauf qu'il n'y a pas eu de redémarrage.
J'ai demandé un Prêt Garanti par l'Etat nous permettant de tenir haut la main jusqu'au mois d'août. Maintenant je racle les fonds de tiroir.
Après les compagnies aériennes seront en partie sauvées par l'Etat ou leur activité cargo, nous ne pouvons que compter sur la solidarité des clients.
De la même manière que les hôteliers et restaurateurs, nous devrions appeler à la solidarité des clients.
Il ne faut pas avoir peur de dire aux clients l'état de la situation, même s'il ne faut pas les effrayer, car dès que ce sera possible, le voyage va repartir.
TourMaG.com - L'incertitude pesant sur les vacances de Noël doit avoir des conséquences importantes. Dans les Antilles, c'est une période touristique importante...
Marie-Line Germane-Agricole : C'est une perte phénoménale.
Normalement la saison commence tout doucement en novembre et à partir du 15 décembre la haute saison commence. Lors des fêtes de fin d'année, nous accueillons énormément de monde, jusqu'en mars.
Lors de mes deux derniers exercices j'ai eu énormément de dossiers pendant les vacances de fin d'année. De plus, les clients à cette période ont des capacités financières intéressantes, avec un panier moyen plutôt élevé.
Pour tout vous dire, depuis mars 2020, j'ai perdu 93% de mon chiffre d'affaires ! Nous n'avons aucune visibilité et nous faisons des scénarios au doigt mouillé.
Marie-Line Germane-Agricole : Dans mon pire scénario, je prévois de ne faire rentrer aucun revenu en 2021.
Je peux vous dire qu'au mois de mars dernier je n'aurais jamais imaginé une telle chose. A cette époque ma pire pensée était une reprise de l'activité en août 2020, sauf qu'il n'y a pas eu de redémarrage.
J'ai demandé un Prêt Garanti par l'Etat nous permettant de tenir haut la main jusqu'au mois d'août. Maintenant je racle les fonds de tiroir.
Après les compagnies aériennes seront en partie sauvées par l'Etat ou leur activité cargo, nous ne pouvons que compter sur la solidarité des clients.
De la même manière que les hôteliers et restaurateurs, nous devrions appeler à la solidarité des clients.
Il ne faut pas avoir peur de dire aux clients l'état de la situation, même s'il ne faut pas les effrayer, car dès que ce sera possible, le voyage va repartir.
TourMaG.com - L'incertitude pesant sur les vacances de Noël doit avoir des conséquences importantes. Dans les Antilles, c'est une période touristique importante...
Marie-Line Germane-Agricole : C'est une perte phénoménale.
Normalement la saison commence tout doucement en novembre et à partir du 15 décembre la haute saison commence. Lors des fêtes de fin d'année, nous accueillons énormément de monde, jusqu'en mars.
Lors de mes deux derniers exercices j'ai eu énormément de dossiers pendant les vacances de fin d'année. De plus, les clients à cette période ont des capacités financières intéressantes, avec un panier moyen plutôt élevé.
Pour tout vous dire, depuis mars 2020, j'ai perdu 93% de mon chiffre d'affaires ! Nous n'avons aucune visibilité et nous faisons des scénarios au doigt mouillé.
Prestataires : "Autant lors du 1er confinement, les gens tenaient le coup, là, la situation devient tendue "
TourMaG.com - Au niveau des prestataires et fournisseurs, quelle est l'ambiance à destination ?
Marie-Line Germane-Agricole : Autant lors du 1er confinement, les gens tenaient le coup, actuellement la situation devient tendue.
Les aides de l'Etat tardent à arriver. Prenez mon exemple personnel. Le gouvernement a incité les entreprises à recruter des jeunes, malgré la difficulté j'ai pris une alternante.
Depuis septembre je sors 1000 euros chaque mois sans avoir touché un seul centime de l'Etat et avec un chiffre d'affaires en chute de 93%.
Aux Antilles, la situation est la même, tout le monde attend les aides. Certains prestataires ont pu refaire un peu de trésorerie avec l'été, mais depuis la Toussaint c'est fini.
La situation devient très compliquée, il y aura en quelque sorte une régulation du marché, ceux qui sont venus juste pour faire des profits partiront, il restera les passionnés ou ceux qui ont les reins assez solides.
TourMaG.com - Comment voyez-vous l'avenir ?
Marie-Line Germane-Agricole : Je suis plutôt optimiste.
J'ai organisé des webinaires avec des agences de voyages pour les tenir au courant de la situation, et souvent en retour les professionnels me disent que selon eux la reprise de l'activité passera par les Antilles.
Ce qu'il nous manque, c'est la date.
Encore nous aurions un échéancier qui nous dirait : vous avez encore six mois compliqués, mais ce n'est pas le cas. Toutefois il y a un autre problème qui m'inquiète à la Martinique.
Il y a une forte épidémie de dengue actuellement. Nous sommes tous en galères, il ne faut pas faire n'importe quoi avec les clients.
Le mieux reste d'attendre que toute cette crise soit derrière nous.
Marie-Line Germane-Agricole : Autant lors du 1er confinement, les gens tenaient le coup, actuellement la situation devient tendue.
Les aides de l'Etat tardent à arriver. Prenez mon exemple personnel. Le gouvernement a incité les entreprises à recruter des jeunes, malgré la difficulté j'ai pris une alternante.
Depuis septembre je sors 1000 euros chaque mois sans avoir touché un seul centime de l'Etat et avec un chiffre d'affaires en chute de 93%.
Aux Antilles, la situation est la même, tout le monde attend les aides. Certains prestataires ont pu refaire un peu de trésorerie avec l'été, mais depuis la Toussaint c'est fini.
La situation devient très compliquée, il y aura en quelque sorte une régulation du marché, ceux qui sont venus juste pour faire des profits partiront, il restera les passionnés ou ceux qui ont les reins assez solides.
TourMaG.com - Comment voyez-vous l'avenir ?
Marie-Line Germane-Agricole : Je suis plutôt optimiste.
J'ai organisé des webinaires avec des agences de voyages pour les tenir au courant de la situation, et souvent en retour les professionnels me disent que selon eux la reprise de l'activité passera par les Antilles.
Ce qu'il nous manque, c'est la date.
Encore nous aurions un échéancier qui nous dirait : vous avez encore six mois compliqués, mais ce n'est pas le cas. Toutefois il y a un autre problème qui m'inquiète à la Martinique.
Il y a une forte épidémie de dengue actuellement. Nous sommes tous en galères, il ne faut pas faire n'importe quoi avec les clients.
Le mieux reste d'attendre que toute cette crise soit derrière nous.