Dossier réseaux : pourquoi je reste indépendant 🔑

Olivier Catrou : « La question de rejoindre un réseau ne s’est jamais posée ! D’abord, parce que nous ne sommes pas une agence de voyage traditionnelle.

J’ai longtemps travaillé pour le tour-opérateur Allibert Trekking, avec qui j’ai créé Trace Directe. Suite au rachat d’Allibert Trekking par Voyageurs du Monde, j’ai récupéré l’ensemble des parts de Trace Directe. A l’époque, je me suis concentré sur la satisfaction client et la rentabilité de la société. Il me fallait valider le modèle économique.

Notre fonctionnement est différent d’une agence traditionnelle. Nous proposons du voyage sur-mesure, en immersion. Chez nous, un voyage réussi est celui d’un voyageur, qui revient avec un nouveau regard, qui a pu faire un pas de côté sur la destination, casser ses préjugés et de retour en France le diffuser autour de lui. C’est notre mission.

Nous avons une équipe en France, baptisée les éclaireurs, qui répondent aux demandes de devis et orientent les voyageurs sur le choix de leur destination et la gestion administrative. Ensuite, ils sont redirigés vers les meilleurs conseillers locaux, basés à destination.

Notre modèle économique, ce mode de fonctionnement, justifie que nous n’appartenons pas à un réseau. Nous sommes producteurs, nous ne revendons pas de voyages de TO.

Pour ce qui est des autres avantages proposés par les réseaux, nous faisons appel ponctuellement à des consultants externes pour répondre à des points demandant une expertise que nous n’avons pas. Par exemple, pour accompagner l’évolution de notre entreprise, qui est passée de 3 à 10 collaborateurs, nous venons de finaliser une mission RH d’une dizaine de jours, pour cela nous avons fait appel récemment à une consultante RH, via l’OPCO.

Nous faisons partie du réseau ATR, qui valorise les bonnes pratiques, le partage de connaissances. Je suis également adhérent du réseau TOC, un collectif d’entrepreneurs, qui regroupe des spécialistes de voyages outdoor, tel que la voile, la van life… des acteurs de niche. »

Tous les jours de cette semaine retrouvez notre dossier spécial sur les réseaux de distribution

A paraître cette semaine :

- Agences de voyages : pourquoi adhérer et comment choisir son réseau ?
- TUI France a une "forte volonté" de faire grossir son réseau d'agences
- Franchise, franchise de marque, mandat… quelles différences ?
- Ils kiffent leur réseau, et vous disent pourquoi
- Pourquoi j'ai choisi de rester indépendant

Jérémy Grasset : « Shanti Travel est née en Inde. Historiquement nous ne faisions pas partie d’un réseau car nous étions basés à l’étranger et vendions en direct aux voyageurs sur internet.

Nous travaillons à la fois avec des "generators" (auberges de jeunesses ndlr), de la vente en directe et beaucoup de réceptifs. Ce qui nous permet d’opérer presque comme un TO.

Les réseaux sont surtout intéressants pour réaliser des économies d’échelle sur les achats de devises, la comptabilité, mutualiser des coûts communs de directeur financier, de contrôle de gestion, de logiciel… des choses difficiles à faire quand on est seul.

Nous nous fonctionnons en réseau de DMC. Nous sommes membre de Together, qui nous permet de nous fédérer autour d’outils communs ou de problématiques communes.

La force des réseaux s’est décuplée avec le covid. L’un des avantages est également d’échanger en cas de difficulté sur des problématiques communes. Depuis que nous sommes en France, nous nous tournons vers nos pairs, d’autres agences, pour demander conseils sur nos principaux enjeux : comptable, gestion et formation.

Pour l’instant, nous appuyer sur nos pairs nous convient. Nous connaissons mal les réseaux, plus en qualité de fournisseur que d’agence. Ça pourrait évoluer. Je pense qu’il pourrait nous apporter quelque chose sur des sujets qu’on ne sait pas faire, par exemple sur l’aérien.

Le coût de la licence n’est pas un frein. Intégrer un réseau c’est la garantie de rejoindre des membres sérieux et d’accéder à des services. »

Manon Veyssière « Nous sommes une petite agence de 4 personnes, spécialiste du voyage de groupe, qui s’adresse uniquement aux pompiers. C’est peut-être notre positionnement qui explique qu’à sa création nous n’avons pas trouvé d’intérêt à nous affilier à un réseau. Nous n’avons pas imaginé qu’ils pourraient nous apporter quelque chose.

Mais en effet, je me suis peu renseignée, je connais mal les avantages proposés par les réseaux.

Je vends du club. Les commissions pourraient en effet faire la différence si on se retrouve en concurrence avec une autre agence affiliée qui pourrait bénéficier de tarifs plus avantageux. Après, je ne pense pas que les commissions soient extraordinaires.

Je suis adhérente aux Entreprises du voyages. Je me réfère à eux pour toutes les informations juridiques, comme la rédaction des contrats.

L’affiliation à un réseau est synonyme de contraintes. Ça me dérangerait qu’on m’impose des choses ou me limite dans mes choix. Mon statut actuel est gage d’indépendance. »

Alexandre Zurcher : « J’ai le sentiment que je n’ai pas d’intérêt à rejoindre un réseau. Peut-être à tort ? Le monde des réseaux reste obscur pour moi. J’ai l’image du réseau qui oblige à imprimer 30 000 affiches, à envoyer des catalogues à tout va pour avoir de la visibilité…

Selon moi, le bénéfice des réseaux se limite à du business classique : des séjours en clubs, voire des autotours sur-mesure. Mon produit, le voyage à moto, est très spécifique. Je ne pense pas que les réseaux travaillent avec ma clientèle.

Ce n’est pas une philosophie, une volonté d’être seul par principe. Je n’ai pas été démarché. Si des réseaux m’appellent et me prouvent le contraire, je serai ravi de les rejoindre. Avantages financiers autre que sur la vente de clubs, outils techno, conseils juridiques… Je n’ai pas connaissance de tout ce qu’ils proposent.

Je ne sais pas quel serait le « bon » réseau pour une agence comme la mienne. Je pense que nos problématiques sont uniques. Nous avons une technicité liée à notre métier : le voyage à moto dans des pays plus exotiques où on se déplace habituellement avec un chauffeur.

Notre positionnement de niche, me laisse à penser que sur les conseils notre besoin sera en marge. Qui peut répondre à mes questions sur la location de moto en Inde en self drive ? Qui connait spécifiquement les assurances pour la conduite de véhicules en Equateur ?

Je commence à me poser la question du B2B. Est-ce qu’en entrant dans un réseau je peux avoir des aides spécifiques intéressantes ? Est-ce qu’il pourrait me permettre de rencontrer des partenaires DMC qui proposent des choses plus classiques ? Aujourd’hui, ça me parait être un besoin insuffisant pour intégrer un réseau.

Je ne propose pas de billets d’avion. Sur de la réservation d’hôtel, ça peut être intéressant. Mais vont-ils avoir du poids sur les zones où nous avons des besoins ? Pas sûr. Est-ce qu’ils seraient intéressés de me distribuer moi agence et producteur ? Le maillage d’un réseau pourrait m’offrir une meilleure visibilité.

Je crains que l’investissement par rapport au volume soit disproportionné des deux côtés. »