Anne Rigail (Air France) : "Le trafic reprenait plus vite que ne l’avait prévue au global l’industrie. Cette reprise, nous l’avons vue dès le premier trimestre avec des réservations qui commençaient à s’exprimer même lors de la vague Omicron" - Photo AF
En ce début d’été, et comme la plupart des dirigeants de compagnies aériennes, Anne Rigail, Directrice Générale d’Air France respire un peu.
Lors d’une rencontre organisée par l’association des journalistes de la presse aéronautique et de l’espace, elle a présenté les bons chiffres d’une reprise soutenue pour la compagnie aérienne française précisant même que : "le trafic reprenait plus vite que ne l’avait prévue au global l’industrie. Cette reprise, nous l’avons vue dès le premier trimestre avec des réservations qui commençaient à s’exprimer même lors de la vague Omicron".
La reprise, a précisé Anne Rigail concerne tous les segments.
Les VFR sont restés relativement dynamiques pendant la période de crise et sur ce segment de clientèle, l’Afrique, les Caraïbes ou l’Océan Indien avaient gardé un haut niveau d’activité.
Ce qui est nouveau pour Air France, c’est que le trafic business, pour motif « affaires » reprend, notamment sur l’Europe mais aussi sur le nord Atlantique avec 70% de réservations par rapport à 2019 et c’est également ce que l’on voit sur la France.
Sur l’ensemble de la saison, Air France prévoit 90% des capacités de 2019 ce qui veut dire que la totalité de la flotte sera engagée et que tous les avions voleront cet été vers 187 destinations.
Le programme a continué de s’enrichir avec Québec le 17 mai, et des destinations loisirs en Europe comme Zakynthos en Grèce ou Tirana en Albanie seront bientôt desservies.
En moyenne, la compagnie française attend 110 000 clients par jour à l’aéroport de CDG sur le mois de juillet avec des pointes à 120 000. Sur l’aéroport d’Orly, la moyenne sera de 18 000 passagers par jour.
Lors d’une rencontre organisée par l’association des journalistes de la presse aéronautique et de l’espace, elle a présenté les bons chiffres d’une reprise soutenue pour la compagnie aérienne française précisant même que : "le trafic reprenait plus vite que ne l’avait prévue au global l’industrie. Cette reprise, nous l’avons vue dès le premier trimestre avec des réservations qui commençaient à s’exprimer même lors de la vague Omicron".
La reprise, a précisé Anne Rigail concerne tous les segments.
Les VFR sont restés relativement dynamiques pendant la période de crise et sur ce segment de clientèle, l’Afrique, les Caraïbes ou l’Océan Indien avaient gardé un haut niveau d’activité.
Ce qui est nouveau pour Air France, c’est que le trafic business, pour motif « affaires » reprend, notamment sur l’Europe mais aussi sur le nord Atlantique avec 70% de réservations par rapport à 2019 et c’est également ce que l’on voit sur la France.
Sur l’ensemble de la saison, Air France prévoit 90% des capacités de 2019 ce qui veut dire que la totalité de la flotte sera engagée et que tous les avions voleront cet été vers 187 destinations.
Le programme a continué de s’enrichir avec Québec le 17 mai, et des destinations loisirs en Europe comme Zakynthos en Grèce ou Tirana en Albanie seront bientôt desservies.
En moyenne, la compagnie française attend 110 000 clients par jour à l’aéroport de CDG sur le mois de juillet avec des pointes à 120 000. Sur l’aéroport d’Orly, la moyenne sera de 18 000 passagers par jour.
L'Atlantique Nord en grande forme, l'Asie encore en panne
Anne Rigail a également indiqué que, comme il fallait s’y attendre, l’Amérique du Nord est la région la plus dynamique.
Cette région qui représente à elle seule 40% du trafic d'Air France compte 14 destinations dans le réseau de la compagnie française et ont toutes été reprises désormais.
Quelques mois après la crise sanitaire, les chiffres pour l’Atlantique Nord sont assez impressionnants et traduisent bien la vigueur de la reprise puisqu’il y a 20% de vols en plus par rapport à 2019.
Cela s’explique par la reprise totale du trafic sur cette région, mais également par le remplacement des A380.
Pour pallier au retrait de ces très gros porteurs, il faut rajouter des appareils pour pouvoir répondre à la demande. Aussi, Air France profite des difficultés de ses concurrents qui n’ont pas pu retrouver les niveaux « pré-Covid ».
Une très bonne chose pour Air France qui peut faire découvrir son produit à une nouvelle clientèle et la faire passer par son hub de Roissy Charles-de-Gaulle.
Point notable, huit vols quotidiens sur New York : 6 vols opérés par Air France et deux par Delta cadencés presque comme une navette auxquels s’ajoute le vol au départ d’Orly.
Le Canada est également dynamique avec 15% de capacités en plus par rapport à 2019 avec les trois destinations historiques : Montréal, Toronto et Vancouver et désormais Québec.
Le Mexique, « destination refuge » avec Cancun qui a bien marché pendant toute la crise continue dans la dynamique avec 3% de capacités en plus toujours en comparaison avec 2019.
Sur le long-courrier, seule l’Asie reste sur des index inférieurs à 50% avec une visibilité assez faible quant à la reprise.
Cette région qui représente à elle seule 40% du trafic d'Air France compte 14 destinations dans le réseau de la compagnie française et ont toutes été reprises désormais.
Quelques mois après la crise sanitaire, les chiffres pour l’Atlantique Nord sont assez impressionnants et traduisent bien la vigueur de la reprise puisqu’il y a 20% de vols en plus par rapport à 2019.
Cela s’explique par la reprise totale du trafic sur cette région, mais également par le remplacement des A380.
Pour pallier au retrait de ces très gros porteurs, il faut rajouter des appareils pour pouvoir répondre à la demande. Aussi, Air France profite des difficultés de ses concurrents qui n’ont pas pu retrouver les niveaux « pré-Covid ».
Une très bonne chose pour Air France qui peut faire découvrir son produit à une nouvelle clientèle et la faire passer par son hub de Roissy Charles-de-Gaulle.
Point notable, huit vols quotidiens sur New York : 6 vols opérés par Air France et deux par Delta cadencés presque comme une navette auxquels s’ajoute le vol au départ d’Orly.
Le Canada est également dynamique avec 15% de capacités en plus par rapport à 2019 avec les trois destinations historiques : Montréal, Toronto et Vancouver et désormais Québec.
Le Mexique, « destination refuge » avec Cancun qui a bien marché pendant toute la crise continue dans la dynamique avec 3% de capacités en plus toujours en comparaison avec 2019.
Sur le long-courrier, seule l’Asie reste sur des index inférieurs à 50% avec une visibilité assez faible quant à la reprise.
Une reprise forte également sur le moyen-courrier
Sur le moyen-courrier, la reprise est également forte avec des capacités globales revenues au niveau de 2019.
L’actualité récente a été la réouverture de l’Afrique du Nord et en particulier de l’Algérie. De 20 vols hebdomadaires, la compagnie devrait passer à 48 vols vers Alger et Oran.
La stratégie d’Air France, est désormais d’avoir un programme assez saisonnalisé pour répondre à une demande sur les pointes de l’été.
Une demande particulièrement forte vers l’Europe du sud : la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie, toutes ces destinations de loisirs qui nécessitent de pouvoir déployer un programme agile afin d’ouvrir des destinations sur un ou deux mois.
L’actualité récente a été la réouverture de l’Afrique du Nord et en particulier de l’Algérie. De 20 vols hebdomadaires, la compagnie devrait passer à 48 vols vers Alger et Oran.
La stratégie d’Air France, est désormais d’avoir un programme assez saisonnalisé pour répondre à une demande sur les pointes de l’été.
Une demande particulièrement forte vers l’Europe du sud : la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie, toutes ces destinations de loisirs qui nécessitent de pouvoir déployer un programme agile afin d’ouvrir des destinations sur un ou deux mois.
L'évolution de la clientèle voyageant en classe affaires
Concernant le comportement des clients de la compagnie, Anne Rigail a révélé quelques évolutions consécutives à la crise.
Les réservations restent beaucoup plus tardives, ce qui implique un prix plus élevé du billet. Certes la flambée du pétrole a et aura une incidence* mais le fait de réserver plus tardivement prive aussi la clientèle de l’accès à certaines classes tarifaires qui ouvrent et ferment tôt.
Le trafic affaires change aussi. Il y a bien une reprise des réunions et des meetings en présentiel, en revanche on ne voit pratiquement plus d’aller-retour pour deux heures de réunion et ces comportements seront probablement durables.
A lire aussi : Voyages d'affaires : la demande en mai a quasiment récupéré le niveau de 2019
On voit également des préoccupations environnementales avec une volonté de la part de certains clients d’optimiser le voyage. L’envie de combiner sur un même voyage le loisir et les affaires s’exprime plus, en tout cas dans le discours des clients corporate de la compagnie.
Phénomène également intéressant qu’a évoqué la Directrice Générale d’Air France : même si le trafic avec des motivations « business » a baissé pendant la crise et qu'il n’est toujours pas revenu au niveau de 2019, les coefficients de remplissage sont restés égaux ou supérieurs du fait de l’augmentation des clients voyageant à titre personnel mais désireux de réserver en business et même en première.
C’était déjà une particularité avant la crise mais ce segment se développe significativement.
Les réservations restent beaucoup plus tardives, ce qui implique un prix plus élevé du billet. Certes la flambée du pétrole a et aura une incidence* mais le fait de réserver plus tardivement prive aussi la clientèle de l’accès à certaines classes tarifaires qui ouvrent et ferment tôt.
Le trafic affaires change aussi. Il y a bien une reprise des réunions et des meetings en présentiel, en revanche on ne voit pratiquement plus d’aller-retour pour deux heures de réunion et ces comportements seront probablement durables.
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On voit également des préoccupations environnementales avec une volonté de la part de certains clients d’optimiser le voyage. L’envie de combiner sur un même voyage le loisir et les affaires s’exprime plus, en tout cas dans le discours des clients corporate de la compagnie.
Phénomène également intéressant qu’a évoqué la Directrice Générale d’Air France : même si le trafic avec des motivations « business » a baissé pendant la crise et qu'il n’est toujours pas revenu au niveau de 2019, les coefficients de remplissage sont restés égaux ou supérieurs du fait de l’augmentation des clients voyageant à titre personnel mais désireux de réserver en business et même en première.
C’était déjà une particularité avant la crise mais ce segment se développe significativement.
Pilotes, mécaniciens, alternants, les embauches reprennent
L’été sera donc « chaud » pour Air France mais la compagnie affirme que contrairement à d’autres transporteurs, aucune annulation de vols n’est prévue.
Les équipes de la compagnie et notamment les directions opérationnelles, ont travaillé sur ce scénario d’un été très dynamique depuis l’hiver dernier pour être en capacité de délivrer le programme sans avoir de vagues d’annulations.
Avec 30 années d’opérationnel derrière elle, Anne Rigail se félicite d’avoir pu anticiper les choses et notamment d’avoir pu, au printemps de l’année dernière, relancer les embauches pilotes, puis des embauches de mécaniciens avions et également, une vraie satisfaction pour la compagnie, l’embauche de 500 alternants sur les métiers de l’escale et de la maintenance.
Un pari gagné sur l’activité : « Une capacité à répondre à la demande avec des effectifs solides et formés ».
Cependant se dimensionner en tant que compagnie aérienne ne suffit pas, encore faut-il que les aéroports le soient aussi.
Là aussi, un travail de concertation avec Aéroports de Paris et la Police de l’air a été entrepris pour que dès la mi-juin on soit dans « une situation acceptable » pour les clients, mais aussi pour l’exploitation. Le fonctionnement d’un hub, avec des correspondances n’est pas possible au-delà d’un certain temps d’attente.
Cette semaine, l’aéroport de Roissy a décroché la place de meilleur aéroport européen (6e place mondiale). L’attente aux postes de sécurité était l’un des critères mais chacun sait que c’est l’été de tous les dangers et qu’un risque d’engorgement subsiste.
Les équipes de la compagnie et notamment les directions opérationnelles, ont travaillé sur ce scénario d’un été très dynamique depuis l’hiver dernier pour être en capacité de délivrer le programme sans avoir de vagues d’annulations.
Avec 30 années d’opérationnel derrière elle, Anne Rigail se félicite d’avoir pu anticiper les choses et notamment d’avoir pu, au printemps de l’année dernière, relancer les embauches pilotes, puis des embauches de mécaniciens avions et également, une vraie satisfaction pour la compagnie, l’embauche de 500 alternants sur les métiers de l’escale et de la maintenance.
Un pari gagné sur l’activité : « Une capacité à répondre à la demande avec des effectifs solides et formés ».
Cependant se dimensionner en tant que compagnie aérienne ne suffit pas, encore faut-il que les aéroports le soient aussi.
Là aussi, un travail de concertation avec Aéroports de Paris et la Police de l’air a été entrepris pour que dès la mi-juin on soit dans « une situation acceptable » pour les clients, mais aussi pour l’exploitation. Le fonctionnement d’un hub, avec des correspondances n’est pas possible au-delà d’un certain temps d’attente.
Cette semaine, l’aéroport de Roissy a décroché la place de meilleur aéroport européen (6e place mondiale). L’attente aux postes de sécurité était l’un des critères mais chacun sait que c’est l’été de tous les dangers et qu’un risque d’engorgement subsiste.
70% d’avions de nouvelle génération dans la flotte à l'horizon 2030
L'A220, un avion de nouvelle génération. Pour 2030, la compagnie vise 70% d’avions de nouvelle génération dans sa flotte - DR
Anne Rigail est revenue également sur la montée en gamme et la volonté pour Air France d’améliorer l’expérience client.
De nouveaux sièges business et la refonte de la première classe ont été dévoilés il y a quelques semaines et le wifi est désormais déployé sur 90% de la flotte avec un objectif de 100% pour la fin de l’année.
Les salons ont également été rénovés. Désormais incontournable, le point sur les actions pour l’environnement a également été abordé, l’occasion pour la directrice générale de rappeler notamment l’arrivée de nouveaux avions beaucoup "plus vertueux" tels que les A220 sur le moyen-courrier et les A350 sur le long-courrier.
« On part de 7% seulement d’avions de nouvelle génération en 2021, on va monter à 45% en 2025 et pour 2030, nous visons 70% d’avions de nouvelle génération dans notre flotte. »
L’expérience a été réalisée il y a quelques semaines, quand on met un avion de nouvelle génération avec 30% de carburant durable et de nouvelles pratiques d’éco-pilotage, on arrive déjà à abaisser de 50% en valeur absolue les émissions de CO2.
La compagnie s’engage par ailleurs dans le recyclage et la suppression de 90% du plastique à usage unique à bord de ses avions d’ici début 2023, et également proposer, au départ de Paris, dans toutes les classes, des viandes, produits laitiers et œufs 100% d’origine française, ainsi que des poissons issus de la pêche durable.
*Deux fois déjà depuis le début de l'année, le prix des billets a été augmenté. En moyenne sur long-courrier 50 euros pour les billets en éco, 170 euros pour les billets en business et 20 euros sur le secteur moyen-courrier .
De nouveaux sièges business et la refonte de la première classe ont été dévoilés il y a quelques semaines et le wifi est désormais déployé sur 90% de la flotte avec un objectif de 100% pour la fin de l’année.
Les salons ont également été rénovés. Désormais incontournable, le point sur les actions pour l’environnement a également été abordé, l’occasion pour la directrice générale de rappeler notamment l’arrivée de nouveaux avions beaucoup "plus vertueux" tels que les A220 sur le moyen-courrier et les A350 sur le long-courrier.
« On part de 7% seulement d’avions de nouvelle génération en 2021, on va monter à 45% en 2025 et pour 2030, nous visons 70% d’avions de nouvelle génération dans notre flotte. »
L’expérience a été réalisée il y a quelques semaines, quand on met un avion de nouvelle génération avec 30% de carburant durable et de nouvelles pratiques d’éco-pilotage, on arrive déjà à abaisser de 50% en valeur absolue les émissions de CO2.
La compagnie s’engage par ailleurs dans le recyclage et la suppression de 90% du plastique à usage unique à bord de ses avions d’ici début 2023, et également proposer, au départ de Paris, dans toutes les classes, des viandes, produits laitiers et œufs 100% d’origine française, ainsi que des poissons issus de la pêche durable.
*Deux fois déjà depuis le début de l'année, le prix des billets a été augmenté. En moyenne sur long-courrier 50 euros pour les billets en éco, 170 euros pour les billets en business et 20 euros sur le secteur moyen-courrier .
Anne Rigail : "Il faut absolument faire émerger des filières de carburant synthétiques"
TourMaG - Comme pour tous les opérateurs, l’été se profile très bien pour Air France, mais ne craignez-vous pas qu'il ne soit qu'un "feu de paille" avec, en automne, un ralentissement des engagements, ce qu’on pourrait appeler une « rechute » ?
Anne Rigail : L’automne, c’est vrai, c’est la grande question. Quelle sera la demande, et je dirais même comment pouvons-nous nous projeter sur l’année 2023 car nous travaillons sur des trajectoires financières à minimum cinq ans ?
Les dernières nouvelles sont plutôt rassurantes. Bien sûr, il y a l’effet de l’inflation et nous aurons à regarder quel est son effet sur l’économie de nos sociétés.
Sur l’expression de la demande et le fait que l’été ne serait qu’un « feu de paille », ce n’est pas ce que commencent à observer nos commerciaux.
Je reste prudente car, comme je vous l’ai dit, les réservations s’expriment de plus en plus tardivement mais les équipes que j’ai croisées hier me disait que sur le trafic corporate, ils voyaient des engagements sur l’automne.
Nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle vague ou de tout autre évènement, cependant depuis la crise nous développons l’agilité. Plus que la prévision, on voit bien que c’est la capacité à s’adapter qui est la clé dans nos entreprises, mais à ce stade nous n’avons pas d’alerte majeure sur le fait que l’été ne serait qu’un feu de paille.
Ne perdons pas de vue également que de nombreuses compagnies aériennes ont beaucoup baissé la voilure, que les capacités mettront du temps à revenir, ce qui nous favorisera bien au-delà de l’été.
TourMaG - Vous avez récemment déclaré que pour les investissements relatifs à la décarbonation et les objectifs à 2030, ce sont des millions qu’il va falloir investir et, je vous cite, dans le business modèle d’Air France, « ça ne passe pas ». Quelles mesures va-t-il falloir prendre ? Allez-vous avoir des demandes envers les pouvoirs publics, notamment sur la fiscalité et attendez-vous qu’un ministre des transports soit nommé pour entamer un dialogue ?
Anne Rigail : Sur le coût de l’environnement, c’est une question qui peut empêcher de dormir, surtout quand on rajoute le coût d’un renouvellement de flotte accéléré et le coût des carburants durables.
Le pétrole augmente également et cette augmentation sera aussi un enjeu sur nos résultats : de combien la demande arrivera-t-elle à compenser ces surcoûts pétroliers que nous n’avions pas forcement prévus l’an dernier, personne n’ayant pressenti la crise en Ukraine ?
Sur les surcoûts pour l’environnement, effectivement très conséquents jusqu’à 2030, nous nous devons d'être très transparents avec nos clients.
Déjà, l’obligation de 1% de carburant alternatif en 2022 a fait l’objet d’une communication envers eux pour expliquer qu’il y aurait un surcoût que nous matérialisons sur les billets.
Quand on leur explique les choses en toute transparence, je crois que nos clients comprennent que demain, voyager en avion, cela pourra être un peu plus cher puisqu’on aura à s’appuyer sur une énergie qui nécessite des investissements monumentaux.
Il faut absolument faire émerger des filières de carburant synthétiques, et j’insiste sur ce point.
Il y a maintenant un alignement des discours dans l’aérien mais aussi au sein des gouvernements. Les Allemands ont déjà beaucoup poussé pour cela et je crois que le gouvernement français partage ce point de vue pour faire naître ces filières.
Finalement il faut changer d’énergie. Nous avons bâti une activité basée sur le pétrole en deux cents ans et là, en quelques années, il va falloir changer de système. C’est abyssal comme effort économique et donc, oui, il y aura un impact sur le prix des billets.
J’ajoute qu’un des enjeux, c’est que le transport aérien ne redevienne pas un transport de riches et nous intègrerons cela dans notre modèle.
Le point le plus important, c’est qu’il faut que l’on soit effectivement accompagné par les pouvoirs publics.
On ne peut pas avoir d’un coté de l’Atlantique une Europe qui régule, où ceux qui payent ce sont ceux qui achètent le carburant, donc les compagnies aériennes, et de l’autre côté, aux États Unis, pas de régulation mais des incitations au niveau des Etats mais aussi au niveau fédéral.
On trouve actuellement aux États-Unis des carburants durables qui sont seulement 10% plus chers que le pétrole. On ne peut pas avoir un système mondial interconnecté qu’est l’aérien avec une telle différence de marge.
Ce que nous demandons au niveau européen, et au gouvernement français, qui je crois a bien compris ces enjeux là, ce sont deux choses :
- des incitations très fortes pour faire monter la production des carburants durables, les biocarburants et les carburants synthétiques.
- que tout l’argent collecté auprès de l'aérien serve exclusivement à soutenir la transition environnementale du secteur.
Quel que soit le système, nous ne sommes pas contre la régulation, nous ne sommes pas contre le fait que la tonne de carbone ait un prix, c’est normal. En revanche, si tout ce qui est récolté continue comme c’est le cas à présent d’aller dans des routes, dans des secteurs qui n’ont rien à voir avec le secteur aérien, si cet argent n'est pas réinvesti dans la décarbonation, cela ne marchera pas, c’est notre message majeur.
Anne Rigail : L’automne, c’est vrai, c’est la grande question. Quelle sera la demande, et je dirais même comment pouvons-nous nous projeter sur l’année 2023 car nous travaillons sur des trajectoires financières à minimum cinq ans ?
Les dernières nouvelles sont plutôt rassurantes. Bien sûr, il y a l’effet de l’inflation et nous aurons à regarder quel est son effet sur l’économie de nos sociétés.
Sur l’expression de la demande et le fait que l’été ne serait qu’un « feu de paille », ce n’est pas ce que commencent à observer nos commerciaux.
Je reste prudente car, comme je vous l’ai dit, les réservations s’expriment de plus en plus tardivement mais les équipes que j’ai croisées hier me disait que sur le trafic corporate, ils voyaient des engagements sur l’automne.
Nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle vague ou de tout autre évènement, cependant depuis la crise nous développons l’agilité. Plus que la prévision, on voit bien que c’est la capacité à s’adapter qui est la clé dans nos entreprises, mais à ce stade nous n’avons pas d’alerte majeure sur le fait que l’été ne serait qu’un feu de paille.
Ne perdons pas de vue également que de nombreuses compagnies aériennes ont beaucoup baissé la voilure, que les capacités mettront du temps à revenir, ce qui nous favorisera bien au-delà de l’été.
TourMaG - Vous avez récemment déclaré que pour les investissements relatifs à la décarbonation et les objectifs à 2030, ce sont des millions qu’il va falloir investir et, je vous cite, dans le business modèle d’Air France, « ça ne passe pas ». Quelles mesures va-t-il falloir prendre ? Allez-vous avoir des demandes envers les pouvoirs publics, notamment sur la fiscalité et attendez-vous qu’un ministre des transports soit nommé pour entamer un dialogue ?
Anne Rigail : Sur le coût de l’environnement, c’est une question qui peut empêcher de dormir, surtout quand on rajoute le coût d’un renouvellement de flotte accéléré et le coût des carburants durables.
Le pétrole augmente également et cette augmentation sera aussi un enjeu sur nos résultats : de combien la demande arrivera-t-elle à compenser ces surcoûts pétroliers que nous n’avions pas forcement prévus l’an dernier, personne n’ayant pressenti la crise en Ukraine ?
Sur les surcoûts pour l’environnement, effectivement très conséquents jusqu’à 2030, nous nous devons d'être très transparents avec nos clients.
Déjà, l’obligation de 1% de carburant alternatif en 2022 a fait l’objet d’une communication envers eux pour expliquer qu’il y aurait un surcoût que nous matérialisons sur les billets.
Quand on leur explique les choses en toute transparence, je crois que nos clients comprennent que demain, voyager en avion, cela pourra être un peu plus cher puisqu’on aura à s’appuyer sur une énergie qui nécessite des investissements monumentaux.
Il faut absolument faire émerger des filières de carburant synthétiques, et j’insiste sur ce point.
Il y a maintenant un alignement des discours dans l’aérien mais aussi au sein des gouvernements. Les Allemands ont déjà beaucoup poussé pour cela et je crois que le gouvernement français partage ce point de vue pour faire naître ces filières.
Finalement il faut changer d’énergie. Nous avons bâti une activité basée sur le pétrole en deux cents ans et là, en quelques années, il va falloir changer de système. C’est abyssal comme effort économique et donc, oui, il y aura un impact sur le prix des billets.
J’ajoute qu’un des enjeux, c’est que le transport aérien ne redevienne pas un transport de riches et nous intègrerons cela dans notre modèle.
Le point le plus important, c’est qu’il faut que l’on soit effectivement accompagné par les pouvoirs publics.
On ne peut pas avoir d’un coté de l’Atlantique une Europe qui régule, où ceux qui payent ce sont ceux qui achètent le carburant, donc les compagnies aériennes, et de l’autre côté, aux États Unis, pas de régulation mais des incitations au niveau des Etats mais aussi au niveau fédéral.
On trouve actuellement aux États-Unis des carburants durables qui sont seulement 10% plus chers que le pétrole. On ne peut pas avoir un système mondial interconnecté qu’est l’aérien avec une telle différence de marge.
Ce que nous demandons au niveau européen, et au gouvernement français, qui je crois a bien compris ces enjeux là, ce sont deux choses :
- des incitations très fortes pour faire monter la production des carburants durables, les biocarburants et les carburants synthétiques.
- que tout l’argent collecté auprès de l'aérien serve exclusivement à soutenir la transition environnementale du secteur.
Quel que soit le système, nous ne sommes pas contre la régulation, nous ne sommes pas contre le fait que la tonne de carbone ait un prix, c’est normal. En revanche, si tout ce qui est récolté continue comme c’est le cas à présent d’aller dans des routes, dans des secteurs qui n’ont rien à voir avec le secteur aérien, si cet argent n'est pas réinvesti dans la décarbonation, cela ne marchera pas, c’est notre message majeur.
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