"Après ce tableau, vous comprenez que les mesures de soutien ne sont plus adaptées à la situation, car elles ont été conçues dans le cadre d'une sortie de crise" selon Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du Voyage (EDV) - DR
TourMaG.com - Le mois d'août n'est pas encore terminé, mais pouvez-vous d'ores et déjà nous dresser un premier bilan de la saison estivale ?
Jean-Pierre Mas : Ce 1er bilan je peux le résumer de la façon suivante : nous ne sommes pas sortis de crise, ni même en position d'en sortir. Notre secteur est englué dans la crise, c'est très clair.
Il faut noter qu'il y a une très grande disparité en fonction des acteurs et des branches.
Tout le monde ne vit pas la crise de la même façon, pour certains l'été a été équivalent à celui de 2019, puis d'autres pour qui la saison estivale actuelle représente entre 10 et 20% de l'été 2019.
La disparité est moindre dans le voyage d'affaires, puisque tous les acteurs sont quasiment au même niveau, avec une baisse d'activité de 50%. Pour l'incoming, le secteur est en forte dépression, car si ce n'est les Allemands et les Hollandais, les autres clientèles ne sont pas venues en France.
De plus, les clientèles long-courriers ou à forte contribution, ne sont pas du tout venues, dans le même temps la France a été inscrite par les USA comme pays à très haut risque.
TourMaG.com - Qu'en est-il des agences de voyages loisirs ?
Jean-Pierre Mas : Les réservations ont chuté globalement sur le marché de 35% en juillet et août 2021, quand les départs sont en repli de plus de 50%, le tout par rapport à 2019.
La dépression est très forte. Je vous parle là du marché global et je veux insister sur le fait qu'il y a des disparités très fortes. Des acteurs sont beaucoup, beaucoup plus à plaindre que d'autres.
Jean-Pierre Mas : Ce 1er bilan je peux le résumer de la façon suivante : nous ne sommes pas sortis de crise, ni même en position d'en sortir. Notre secteur est englué dans la crise, c'est très clair.
Il faut noter qu'il y a une très grande disparité en fonction des acteurs et des branches.
Tout le monde ne vit pas la crise de la même façon, pour certains l'été a été équivalent à celui de 2019, puis d'autres pour qui la saison estivale actuelle représente entre 10 et 20% de l'été 2019.
La disparité est moindre dans le voyage d'affaires, puisque tous les acteurs sont quasiment au même niveau, avec une baisse d'activité de 50%. Pour l'incoming, le secteur est en forte dépression, car si ce n'est les Allemands et les Hollandais, les autres clientèles ne sont pas venues en France.
De plus, les clientèles long-courriers ou à forte contribution, ne sont pas du tout venues, dans le même temps la France a été inscrite par les USA comme pays à très haut risque.
TourMaG.com - Qu'en est-il des agences de voyages loisirs ?
Jean-Pierre Mas : Les réservations ont chuté globalement sur le marché de 35% en juillet et août 2021, quand les départs sont en repli de plus de 50%, le tout par rapport à 2019.
La dépression est très forte. Je vous parle là du marché global et je veux insister sur le fait qu'il y a des disparités très fortes. Des acteurs sont beaucoup, beaucoup plus à plaindre que d'autres.
"Les mesures de soutien ne sont plus adaptées à la situation" selon Jean-Pierre Mas (EDV)
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TourMaG.com - Vous parlez des agences de voyages, mais il y a sans doute un distinguo à faire entre celles physiques et en ligne ?
Jean-Pierre Mas : Bien sûr, dans cette globalité du marché, les acteurs en ligne qui vendent des produits plus simples performent mieux. Les plus touchés sont les spécialistes de destinations inaccessibles comme l'Asie ou les DOM-TOM, par exemple.
Parmi les acteurs physiques, il y a aussi de fortes disparités, ils ne souffrent pas de la même façon. Vous avez des agences qui sont à -80% et d'autres à -30%. Le 1er constat que nous faisons étant que la notoriété des marques joue en faveur de celles-ci.
Il faut être prudent malgré tout, mais les enseignes à forte notoriété s'en sortent mieux que les autres. Pour les indépendants la situation est plus compliquée.
Après ce tableau, vous comprenez que les mesures de soutien ne sont plus adaptées à la situation, car elles ont été conçues dans le cadre d'une sortie de crise.
Il faut adapter ces mesures aux pertes de chiffre d'affaires, pour soutenir fortement ceux qui perdent beaucoup et moins ceux qui retrouvent des volumes intéressants.
TourMaG.com - Ces derniers jours, les journaux télévisés et plus globalement les médias ont tiré un bilan plus qu'élogieux de l'été 2021. Celui-ci serait pour certaines destinations françaises équivalent à l'année 2019, voire même supérieur. Ne craignez-vous pas que votre message soit inaudible auprès du gouvernement ?
Jean-Pierre Mas : Ce qui peut sauver ou du moins rendre l'été moins négatif dans les agences de voyages françaises, ce sont les ventes de la destination France.
Il faut noter que ces dernières ont progressé de 50% par rapport à 2019. Ce que vous dites est à craindre, mais l'aspect positif si je peux dire cela, c'est que si tout va bien par ailleurs, notre secteur est plus identifiable.
Ainsi, nous pourrons avoir des mesures de soutien spécifiques à notre secteur. Nous discutons de cela avec Jean-Baptiste Lemoyne, Alain Griset (ministre en charge des PME, ndlr) et Bercy.
Ils sont attentifs à notre situation.
Jean-Pierre Mas : Bien sûr, dans cette globalité du marché, les acteurs en ligne qui vendent des produits plus simples performent mieux. Les plus touchés sont les spécialistes de destinations inaccessibles comme l'Asie ou les DOM-TOM, par exemple.
Parmi les acteurs physiques, il y a aussi de fortes disparités, ils ne souffrent pas de la même façon. Vous avez des agences qui sont à -80% et d'autres à -30%. Le 1er constat que nous faisons étant que la notoriété des marques joue en faveur de celles-ci.
Il faut être prudent malgré tout, mais les enseignes à forte notoriété s'en sortent mieux que les autres. Pour les indépendants la situation est plus compliquée.
Après ce tableau, vous comprenez que les mesures de soutien ne sont plus adaptées à la situation, car elles ont été conçues dans le cadre d'une sortie de crise.
Il faut adapter ces mesures aux pertes de chiffre d'affaires, pour soutenir fortement ceux qui perdent beaucoup et moins ceux qui retrouvent des volumes intéressants.
TourMaG.com - Ces derniers jours, les journaux télévisés et plus globalement les médias ont tiré un bilan plus qu'élogieux de l'été 2021. Celui-ci serait pour certaines destinations françaises équivalent à l'année 2019, voire même supérieur. Ne craignez-vous pas que votre message soit inaudible auprès du gouvernement ?
Jean-Pierre Mas : Ce qui peut sauver ou du moins rendre l'été moins négatif dans les agences de voyages françaises, ce sont les ventes de la destination France.
Il faut noter que ces dernières ont progressé de 50% par rapport à 2019. Ce que vous dites est à craindre, mais l'aspect positif si je peux dire cela, c'est que si tout va bien par ailleurs, notre secteur est plus identifiable.
Ainsi, nous pourrons avoir des mesures de soutien spécifiques à notre secteur. Nous discutons de cela avec Jean-Baptiste Lemoyne, Alain Griset (ministre en charge des PME, ndlr) et Bercy.
Ils sont attentifs à notre situation.
"Nous aimerions que le fonds de solidarité revienne au même niveau de ce qu'il était en juin"
TourMaG.com - Justement pour en revenir sur les mesures, pourriez-vous détailler les propositions que vous avez faites au gouvernement pour aider l'industrie ?
Jean-Pierre Mas : C'est très simple, nous demandons le rétablissement du calcul du fonds de solidarité basé sur les pertes du chiffre d'affaires.
Nous aimerions que le fonds de solidarité revienne au même niveau de ce qu'il était en juin, donc 40% des pertes de revenu.
Nous souhaitons une exonération des charges sociales, pour faciliter le retour à l'emploi et la prolongation en décembre de l'activité partielle prise en charge à 100%, si l'entreprise constate une baisse de 80% de son chiffre d'affaires.
Ce n'est pas tout, car nous poussons pour que le gouvernement demande à l'Europe le déplafonnement des 1,8 million d'euros d'aides étatiques autorisées pour chaque entreprise.
TourMaG.com - Le gouvernement est prêt à s'engager sur ce dossier ?
Jean-Pierre Mas : Une discussion est en cours pour sortir du champ du plafonnement les exonérations et reports des charges sociales.
Deux secteurs sont particulièrement atteints par cette crise à savoir les voyages scolaires et les Outre-mer. Concernant ce dernier point, nous avons été entendus pour mettre en oeuvre des mesures spécifiques pour des territoires totalement sinistrés.
Il y a une clause de revoyure fixée au 30 août, où nous demanderons que notre secteur soit identifié comme n'étant pas en phase de reprise, avec une attention particulière apportée aux Outre-mer.
TourMaG.com - Vous demandez l'équivalent du plan montagne pour les départements et régions d'Outre-mer (DROM) ?
Jean-Pierre Mas : Exactement, notre demande va dans ce sens.
Jean-Pierre Mas : C'est très simple, nous demandons le rétablissement du calcul du fonds de solidarité basé sur les pertes du chiffre d'affaires.
Nous aimerions que le fonds de solidarité revienne au même niveau de ce qu'il était en juin, donc 40% des pertes de revenu.
Nous souhaitons une exonération des charges sociales, pour faciliter le retour à l'emploi et la prolongation en décembre de l'activité partielle prise en charge à 100%, si l'entreprise constate une baisse de 80% de son chiffre d'affaires.
Ce n'est pas tout, car nous poussons pour que le gouvernement demande à l'Europe le déplafonnement des 1,8 million d'euros d'aides étatiques autorisées pour chaque entreprise.
TourMaG.com - Le gouvernement est prêt à s'engager sur ce dossier ?
Jean-Pierre Mas : Une discussion est en cours pour sortir du champ du plafonnement les exonérations et reports des charges sociales.
Deux secteurs sont particulièrement atteints par cette crise à savoir les voyages scolaires et les Outre-mer. Concernant ce dernier point, nous avons été entendus pour mettre en oeuvre des mesures spécifiques pour des territoires totalement sinistrés.
Il y a une clause de revoyure fixée au 30 août, où nous demanderons que notre secteur soit identifié comme n'étant pas en phase de reprise, avec une attention particulière apportée aux Outre-mer.
TourMaG.com - Vous demandez l'équivalent du plan montagne pour les départements et régions d'Outre-mer (DROM) ?
Jean-Pierre Mas : Exactement, notre demande va dans ce sens.
Automne 2021 : "un niveau de réservation très bas, nous sommes très inquiets"
TourMaG.com - Estimez-vous que le pass sanitaire a eu des conséquences pour les entreprises du voyage, alors qu'une partie de la restauration tire la langue ?
Jean-Pierre Mas : Pour nous, cela n'a pas été vu comme un obstacle, mais le pass sanitaire a freiné les intentions de voyages, pour l'été. Les Français ont pleinement conscience que pour voyager il faut être vacciné.
TourMaG.com - Est-il possible de se projeter sur l'automne et septembre qui arrivent dans quelques jours ?
Jean-Pierre Mas : Nous n'avons pas de visibilité, avec un niveau de réservation très bas. Nous sommes très inquiets et il ne sera pas possible de rattraper le retard.
La situation sanitaire mondiale n'incite pas particulièrement à voyager et à réserver.
TourMaG.com - Face à une reprise encore repoussée, Jean-Baptiste Lemoyne s'était exprimé en faveur d'une prolongation de l'utilisation des avoirs.
Jean-Pierre Mas : Ce n'est pas un sujet.
Les compagnies aériennes ont fait illégalement les poches de leurs clients, nous l'avons fait légalement, ça contribuait à donner une mauvaise image de notre secteur. Aujourd'hui, nous ne demandons pas la prolongation de la durée des avoirs.
Le gouvernement a mis en place des mesures de soutien pour ceux qui ne seraient pas en capacité de rembourser. Il y aura une inquiétude pour ceux qui n'ont pas demandé de PGE et qui ont consommé les avoirs pour faire tourner leurs entreprises.
Actuellement, ce qui m'inquiète le plus, c'est l'absence de reprise de l'activité plus que le remboursement des avoirs.
Jean-Pierre Mas : Pour nous, cela n'a pas été vu comme un obstacle, mais le pass sanitaire a freiné les intentions de voyages, pour l'été. Les Français ont pleinement conscience que pour voyager il faut être vacciné.
TourMaG.com - Est-il possible de se projeter sur l'automne et septembre qui arrivent dans quelques jours ?
Jean-Pierre Mas : Nous n'avons pas de visibilité, avec un niveau de réservation très bas. Nous sommes très inquiets et il ne sera pas possible de rattraper le retard.
La situation sanitaire mondiale n'incite pas particulièrement à voyager et à réserver.
TourMaG.com - Face à une reprise encore repoussée, Jean-Baptiste Lemoyne s'était exprimé en faveur d'une prolongation de l'utilisation des avoirs.
Jean-Pierre Mas : Ce n'est pas un sujet.
Les compagnies aériennes ont fait illégalement les poches de leurs clients, nous l'avons fait légalement, ça contribuait à donner une mauvaise image de notre secteur. Aujourd'hui, nous ne demandons pas la prolongation de la durée des avoirs.
Le gouvernement a mis en place des mesures de soutien pour ceux qui ne seraient pas en capacité de rembourser. Il y aura une inquiétude pour ceux qui n'ont pas demandé de PGE et qui ont consommé les avoirs pour faire tourner leurs entreprises.
Actuellement, ce qui m'inquiète le plus, c'est l'absence de reprise de l'activité plus que le remboursement des avoirs.
"Nous pensions que la reprise aurait lieu cet été, aujourd'hui nous espérons qu'elle aura lieu cet hiver"
TourMaG.com - Vous avez adressé un message hier concernant les compagnies aériennes, quelle était la substance réelle ?
Jean-Pierre Mas : Il n'y avait pas d'objectif particulier.
La situation du transport aérien est inquiétante, avec une reprise qui n'est pas aussi importante qu'espérée. Nous parlons d'un secteur qui souffre considérablement. Nous sommes solidaires, car nous avons besoin d'eux pour travailler.
Si vous prenez la situation sanitaire dans les DOM-TOM qui rejaillit sur les compagnies aériennes et notre métier, c'est catastrophique. Le niveau de vaccination de ces territoires est un sujet d'inquiétude.
TourMaG.com - Pour poursuivre sur les Outre-mer, craignez-vous un possible effondrement du système après un hiver quasiment blanc et un été dans la même dynamique ?
Jean-Pierre Mas : Il y aura de la casse, c'est une certitude.
TourMaG.com - Des destinations comme le Maroc ou la Tunisie ont été placées sur la liste rouge, ces dernières semaines. Quelles sont les conséquences des changements quasi hebdomadaires des contraintes du gouvernement français ? Le moyen-courrier permet-il de sauver la saison des agences de voyages ?
Jean-Pierre Mas : C'est simple, les touristes français vivent en liberté surveillée. Ils ne peuvent quasiment pas sortir de l'espace européen.
Les seules destinations qui fonctionnent, tout en étant en deçà des réservations de l'an dernier, sont la République dominicaine et les Emirats.
Il est compliqué de se projeter, en raison de la réglementation et de la crainte qu'ont les voyageurs face à de potentielles décisions prises durant leurs séjours par les autorités.
Pour en revenir à votre deuxième question, le moyen-courrier ne permet pas aux agences de voyages de s'y retrouver, à part pour quelques acteurs. Quand nous étions au mois de juin, nous pensions que la reprise aurait lieu cet été, puis aujourd'hui nous espérons qu'elle aura lieu cet hiver.
Sauf que durant l'hiver nos clients se rendent dans des destinations long-courriers, donc nous n'avons aucune visibilité.
Jean-Pierre Mas : Il n'y avait pas d'objectif particulier.
La situation du transport aérien est inquiétante, avec une reprise qui n'est pas aussi importante qu'espérée. Nous parlons d'un secteur qui souffre considérablement. Nous sommes solidaires, car nous avons besoin d'eux pour travailler.
Si vous prenez la situation sanitaire dans les DOM-TOM qui rejaillit sur les compagnies aériennes et notre métier, c'est catastrophique. Le niveau de vaccination de ces territoires est un sujet d'inquiétude.
TourMaG.com - Pour poursuivre sur les Outre-mer, craignez-vous un possible effondrement du système après un hiver quasiment blanc et un été dans la même dynamique ?
Jean-Pierre Mas : Il y aura de la casse, c'est une certitude.
TourMaG.com - Des destinations comme le Maroc ou la Tunisie ont été placées sur la liste rouge, ces dernières semaines. Quelles sont les conséquences des changements quasi hebdomadaires des contraintes du gouvernement français ? Le moyen-courrier permet-il de sauver la saison des agences de voyages ?
Jean-Pierre Mas : C'est simple, les touristes français vivent en liberté surveillée. Ils ne peuvent quasiment pas sortir de l'espace européen.
Les seules destinations qui fonctionnent, tout en étant en deçà des réservations de l'an dernier, sont la République dominicaine et les Emirats.
Il est compliqué de se projeter, en raison de la réglementation et de la crainte qu'ont les voyageurs face à de potentielles décisions prises durant leurs séjours par les autorités.
Pour en revenir à votre deuxième question, le moyen-courrier ne permet pas aux agences de voyages de s'y retrouver, à part pour quelques acteurs. Quand nous étions au mois de juin, nous pensions que la reprise aurait lieu cet été, puis aujourd'hui nous espérons qu'elle aura lieu cet hiver.
Sauf que durant l'hiver nos clients se rendent dans des destinations long-courriers, donc nous n'avons aucune visibilité.