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Charte Travel Planner : "Une main tendue aux agences" 🔑

8 travel planners ont créé une charte éthique du travel planner


Depuis quelques mois, les réseaux sociaux sont devenus un défouloir, voire même une véritable chasse aux sorcières pour certains agents de voyages qui traquent les travel planners. En réponse, un collectif s'est constitué pour éditer une charte éthique de cette nouvelle profession, mais aussi tendre la main aux agents de voyages.


Rédigé par le Jeudi 2 Mai 2024

8 travel planners ont créé une charte éthique du travel planner - Depositphotos @nastudio
8 travel planners ont créé une charte éthique du travel planner - Depositphotos @nastudio
Les travel planners sont devenus une menace pour la distribution en l'espace de quelques années.

Du moins c'est ainsi que sont perçus ces nouveaux acteurs par une partie de la profession. Apparus bien avant la crise sanitaire, mais ayant suscité bien des vocations avec les confinements successifs, ces conseillers en voyages d'un nouveau genre prolifèrent sur les réseaux sociaux et Internet.

La tension est telle que les Entreprises du Voyage ont créé une commission pour traiter de la problématique.

Et la bombe sociale n'est pas totalement désamorcée, même si le syndicat s'est prononcé pour un retour à l'ancienne législation et à l'ancienne définition des opérateurs qui "vendent ou offrent à la vente" des voyages dans le Code du tourisme.

De leur côté, les travel planners ont décidé de réagir, non pas aux attaques des EDV et des agents de voyages, mais face aux "brebis galeuses" qui débarquent à un rythme soutenu sur la Toile et parfois en toute illégalité.

Ils sont 8 à avoir planché et édité une charte éthique du... travel planner.

"Nous voulions vraiment nous différencier des coachs qui fleurissent un petit peu partout.

Il y en a bien évidemment de très sérieux et d'autres qui n'ont pas le backup nécessaire, qui font un petit peu n'importe quoi, voire même qui détournent la loi.

Nous ne voulions pas être apparentés à ces personnes-là,
" nous confie Flavie Marie-Naye, la dirigeante de Voyagez Facile et l'une des 8 auteurs du document.


Travel Planner : "Nous sommes dans les clous, travaillons ensemble"

Entourée d'Anne-Sophie Dupire, Aurélia Ferrand, Claire Matillon, Clément Le Tétour, Laëtitia Véqueau, Pascale Nicolas et Pauline Bouvier, Flavie Marie-Naye a édité ce document autour de 4 points.

A lire : Salmon Voyages : quand une travel planner... s'immatricule !

Le premier : les travel planners signataires s'engagent à respecter la loi, donc ils ne réalisent aucun encaissement et ne vendent pas de packages.

"Outre le fait de nous démarquer des mauvais travel planners, nous voulions aussi communiquer auprès de nos clients, pour leur démontrer que nous sommes de vrais professionnels.

Pour les agents de voyages, le message est : nous sommes dans les clous, travaillons ensemble, c'est une main tendue,
" poursuit la jeune femme.

Dans les autres points de la charte, nous retrouvons la volonté de formuler des propositions entièrement personnalisées, une expertise et des compétences au service du voyage idéal, ou encore une tarification transparente.

Sur ce dernier argument et contrairement aux agents de voyages, ces nouveaux acteurs ne touchent pas une commission par voyage, mais plutôt un forfait représentant le temps passé pour la création d'un séjour.

La charte, en réflexion depuis la crise sanitaire

L'initiative de la charte et du collectif de travel planners remonte au début de la crise sanitaire.

"A cette époque, nous n'étions pas aussi nombreux, il n'y avait pas encore la déferlante actuelle...

Nous étions les premiers à apparaitre et à en vivre, à faire cette activité de manière professionnelle, loin de l'image véhiculée sur les réseaux sociaux où, après trois voyages en Thaïlande, des individus se déclarent coach voyage.

Puis soyons honnêtes, nous sommes encore assez peu connus du grand public
", se remémore celle qui est titulaire d'un BTS Tourisme.

Un point de vue que les distributeurs ne partagent pas toujours, tant ces acteurs sont présents sur le Web.

Travel Planner : "J'ai reçu des attaques personnelles, des menaces..."

Très rapidement un petit groupe se constitue, puis est élargi aux 8 membres actuels.

Le collectif offre un espace de réflexion pour des personnes éparpillées aux quatre coins de la France et travaillant souvent seules.

"Nous échangeons très régulièrement sur nos bonnes pratiques, nous nous entraidons, même dans notre quotidien. Sur les destinations que nous maîtrisons moins que d'autres, nous demandons des conseils aux autres.

Nous sommes un groupe solide qui avance en main dans la main.
"

C'est à force d'échanger et de vouloir mettre en lumière cette profession naissante, fortement dénigrée par les agents de voyages et parfois entachée par des personnes n'ayant que peu de scrupules, que l'idée de la Charte est née.

Outre la communication auprès du grand public, ces auteurs ont souhaité tendre la main à la Distribution.

"Nous avons bien conscience des craintes que peuvent avoir les agences. Elles se relèvent tout doucement du Covid, elles ont vraiment beaucoup subi durant cette période.

Je comprends qu'un nouvel acteur sur le marché, ça puisse faire peur. Ce n'est pas une raison pour nous dénigrer systématiquement sur les réseaux sociaux.

J'ai eu des remarques vraiment très désagréables, des mails avec des attaques personnelles, des menaces et des insultes,
" regrette Flavie Marie-Naye.

Depuis quelques mois, le CDMV et certains distributeurs se sont lancés dans une véritable "chasse aux sorcières".

Il faut dire que les travel planners ne sont pas tous égaux dans le regard qu'ils posent sur la profession des agents de voyages.

Comme le rappelait Yannick Faucon, lors de la première Confluence du tourisme à Lyon, certains de ces nouveaux acteurs "vont jusqu’à dénigrer notre profession en nous faisant passer pour des vendeurs du XXe siècle."

Travel Planner : "Nous sommes demandeurs d'une évolution de la législation"

Une position qui ne plait pas non plus à cette professionnelle du tourisme et à ses confrères.

"Nous avons d'ailleurs mis dans notre charte que nous ne dénigrerons jamais les agences de voyages. Les travel planners qui font ça n'ont pas compris la vraie valeur ajoutée d'une agence non plus. Il y a une incompréhension de l'autre côté.

Elles ont une vraie carte à jouer, grâce à leur réseau d'experts locaux, de guides, de connaissances approfondies sur une destination qu'un travel planner n'aura jamais, ce n'est pas le même métier,
" résume-t-elle.

Et pour régler le problème, les signataires de la charte appellent à la définition d'un cadre clair.

Cela permettra à chacun de bien savoir quelles sont les bornes à ne pas dépasser, mais surtout à ces deux communautés de coexister pacifiquement.

"Le cadre français est flou. Nous sommes demandeurs d'une évolution de la législation, qu'un cadre soit défini. Par exemple un enregistrement Atout France spécifique pour la profession de travel planner.

Nous serions même les premiers à participer s'il y avait des réunions de réflexion sur le sujet ou pour expliquer les limites de notre métier, les points de vigilance,
" poursuit-elle.

Travel Planner : "c'est du conseil, point barre !"

Par contre, la question de la caisse de garantie ne se poserait pas puisque les coachs n'encaissent aucune somme.

Ces nouveaux acteurs envoient généralement des liens aux voyageurs qui doivent alors réserver par eux-mêmes, sur des sites comme Booking ou ceux des compagnies aériennes.

"Le forfait est connu à l'avance et nous ne prenons aucune marge comme les agences. Le client a toutes ses prestations en transparence et notre métier, c'est du conseil, point barre. Nous n'aidons jamais nos clients à réserver.

Et la seule rétrocommission que nous pouvons avoir, c'est via Booking avec des liens d'affiliation, mais ça représente très peu de notre chiffre d'affaires et ce n'est pas interdit,
" affirme la travel planner.

Cette rémunération entrerait dans une zone grise de l'aveu même de Valérie Boned.

Pour Flavie Marie-Naye, il n'y aurait rien d'illégal, tant que cela ne rentre pas dans une offre packagée. "Tant que nous ne vendons pas d'offre packagée ou ne proposons pas de lien d'affiliation, notre exercice est légal.

De par mon canal d'acquisition, j'ai beaucoup de demandes, dont un cinquième auxquelles je ne peux pas répondre. Je cherche donc une agence de voyages avec laquelle travailler pour des offres sur-mesure, je lui amènerai des dossiers sur un plateau,
" affirme celle qui a travaillé par le passé à l'Office du Tourisme et des Congrès de Paris.

Travel Planner : "le marché va devoir se structurer"

Pour Flavie Marie-Naye, son job consiste à faire de la curation et à élaborer un programme pour ses clients, mais seulement sur quelques destinations, comme les USA, la Thaïlande ou l'Indonésie. (Pour des pays de niche, où le tourisme n'est pas encore une industrie, alors la fondatrice de Voyagez Facile, renvoie vers... des agences de voyages traditionnelles).

Mais pourquoi des voyageurs font-ils appel à ces acteurs sur des destinations très grand public ?

"Notre clientèle sait réserver, elle sait cliquer sur Booking... Beaucoup de mes clients ont déjà fait des tours du monde, ce sont des voyageurs aguerris qui ont bien souvent des postes à responsabilité, mais qui n'ont juste plus le temps de s'occuper de leurs voyages.

Ils ont entre 40 et 50 ans, de très hauts revenus, des enfants,
" précise celle qui s'est fait un nom dans les gros comités d'entreprise de la région parisienne.

La nouvelle charte n'est qu'une première étape pour le collectif. Celui-ci pourrait à l'avenir se constituer en association, pour défendre les travel planners vertueux, mais pour cela il faudra attendre qu'un noyau plus conséquent d'entrepreneurs se dégage.

"Je pense que nous pourrons structurer le collectif quand il y aura sur le marché une dizaine de travel planners employant plusieurs personnes et des bureaux physiques, etc. Et puis aussi une meilleure rémunération parce qu'effectivement, nous sommes une jeune profession.

Etant donné la tournure des choses, je pense que d'ici 5 ans, le marché va devoir se structurer. Vous savez, je ne pensais pas, lors du lancement de mon projet en 2020, que ça allait prendre une telle ampleur,
" souligne la coach.

Si, pour le moment, elle travaille seule, quelques-unes de ses consœurs ont déjà des salariés comme Anne-Sophie Dupire ou Claire Matillon. Nous verrons donc en 2030 où en seront les travel planner et les agents de voyages...




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Commentaires

1.Posté par Justine le 02/05/2024 13:03 | Alerter
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Je viens de lire cet article très intéressant. En tant qu'agent de voyages depuis 20 ans, je me suis même posé la question au moment du Covid de prendre cette voie de travel planner. Et oui, après tout, je conseille, d'élabore des voyages sur mesure, je vends mes prestations, j'encaisse mes clients, je propose tout un panel de services, de connaissances, de savoirs, de techniques... que nous agents de voyages, ne FACTURONS pas !
Dans le commun du métier, faire payer un devis, c'est comme balancer un caillou dans la soupe.
Rendez vous compte chers confrères, les clients sont prêts à payer un service et un conseil ! Finalement la déferlante des travels planners nous démontre une seule chose, c'est que nous bradons notre savoir faire depuis des années ! Les gens achètent de temps et du conseil ! Mais quelle révélation pour nous qui passons 4h sur un devis à la carte pour que le client aille réserver sur booking !!!

Alors, oui, ils n'ont pas la licence, oui ils n'ont pas la garantie, mais au moins ils ont la RECONNAISSANCE financière de leur savoir faire. Pourquoi les jeunes veulent faire travel planner et pas agent de voyage? Posez vous les bonnes questions.

Personnellement je facture mes devis au temps passé. Je défend mon métier que j'adore avec ferveur en expliquant tout ce qu'implique d'être un agent de voyages. Je n'arrête pas de dire à mes confrères que nous devons être fier de notre métier et de toutes les connaissances que nous avons acquises, et de leurs diversités.
VALORISONS NOTRE METIER !!! c'est à nous de défendre notre valeur ajoutée.

Je suis pour une obligation de présenter une expérience dans le métier par exemple pour avoir la licence, obligation supprimée il y a quelques années sans trop d'explications. Ouvrant la porte à du tout et n'importe quoi. Comme si notre métier pouvait se faire en trois clics.

La vérité, c'est que nos instances, les décideurs, les législateurs et NOUS, sommes tous responsables d'avoir laissé faire. Nous avons laissé des personnes attaquer, critiquer, dévaloriser notre métier sans rien faire. Nous avons accepté toutes les nouvelles conditions et législations se mettre en place sans rien faire.
Nous avons accepté et laissé faire des hausses de tarifs de la RC Pro, de la garantie financière... sans rien faire.

Et aujourd'hui, nous prenons conscience finalement grâce à l'émergence de personnes qui prennent la tangente, que nous sommes les dindons de la farce. Devons nous leur en vouloir à eux, à nos instances? ou à nous?

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