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Didier Arino : "2018 sera une bonne année pour les TO et les agences"

La France chute, l'étranger monte


On pensait avoir une bonne année 2018 pour le tourisme en France, c'est raté ! Comme nous l'avait expliqué fin juin Didier Arino, directeur général de Protourisme, la destination France semble moins intéresser les Français, qui partent de plus en plus à l'étranger.


Rédigé par le Mardi 21 Août 2018

La Dordogne pourrait bien subir une baisse de fréquentation à 2 chiffres  - Photo : Luc Viatour
La Dordogne pourrait bien subir une baisse de fréquentation à 2 chiffres - Photo : Luc Viatour
TourMaG.com - Les prévisions semblaient bonnes mais les résultats sont mauvais pour le tourisme en France ?

Didier Arino :
Nous n'avons pas encore tous les chiffres, et nous n'en sommes qu'aux remontées pour l'instant mais il est très clair que la saison est globalement en baisse, dans la plupart des territoires.

En juillet, 90% des opérateurs d'hébergement ont connu une baisse de fréquentation, et 75% ont subit une baisse de leur chiffre d'affaires par rapport à 2017.

TourMaG.com - Quels sont les territoires les plus touchés ?

Didier Arino :
C'est une baisse nationale. Si on excepte Paris qui est une zone à part, le chiffre d'affaires national pourrait baisser de 4 à 5%.

Certaines régions ont connu une chute à 2 chiffres pour le mois de juillet, sur la façade Atlantique ou en Dordogne par exemple.

Bien sur cela n'impacte pas tout le monde de la même manière, et certains territoires s'en sortent mieux, comme le Nord Pas-de-Calais, qui a eu une météo favorable et bénéficie d'un tourisme de proximité, ou la Sarthe, la montagne globalement avec la recherche de fraîcheur mais la baisse est globale.

Un mauvais calendrier

TourMaG.com - La tendance est appelée à durer ?

Didier Arino :
Non, du moins on n'espère pas. C'est une tendance de fond mais certaines régions s'en sont bien sorties, comme le Languedoc-Roussillon, même si la saison se termine tôt.

L'arrière saison se profile et les réservations de dernière minute s’accélèrent, heureusement. Au pays basque ou dans le bassin d'Arcachon la fin août s'annonce meilleure.

TourMaG.com - A quoi attribuez-vous cette forte baisse ?

Didier Arino :
Déjà, il y a la question de calendrier. L'année scolaire, les résultats du bac sont tombés tardivement, il y a eu la Coupe du Monde... Résultat, la saison a débuté le 21 juillet et s'est concentrée sur une période très réduite, en gros du 8 au 19 août 2018.

TourMaG.com - C'est une période très courte... !

Didier Arino :
La tendance est renforcée aussi par les choix des entreprises : aujourd'hui il y a un mouvement de fond, elles ont tendance à fermer à cette période, en se disant que de toute manière "il n'y a personne" et donc aucun mail, aucun rendez-vous.

Il y a une hyper-concentration de plus en plus marquée.

Une bonne année pour les départs à l'étranger

TourMaG.com - La canicule a-t-elle eu des effets ?

Didier Arino :
Elle a surtout eu des effets sur les zones urbaines et les sites de loisirs, qui ont pu souffrir de la chaleur et de la recherche de fraîcheur.

A l'inverse, certaines zones plus fraîches en ont bénéficié, comme le Nord, le Cotentin, l'Izère, le Finistère ou la Savoie.

TourMaG.com - Les Français ne sont donc pas partis ?

Didier Arino :
Si, à l'étranger ! Il y a une progression de + 12% des départs à l'étranger, et la tendance n'est pas étonnante.

En gros ceux qui s'en sortent le mieux sont ceux qui dépendent d'une clientèle internationale et des touristes étrangers.

Et ceux qui bénéficient du tourisme français sont plutôt ceux qui les envoient ailleurs. C'est une bonne année pour les tour-opérateur et les agences de voyages.

Lire aussi : Didier Arino : "le produit France a vieilli, il se repose sur ses acquis..."

TourMaG.com - Comment séduire à nouveau le public français ?

Didier Arino :
Ceux qui résistent le mieux sont ceux qui développent un tourisme 4 saisons, pour moins dépendre des aléas de la météo et des divers événements.

La promotion ne fait pas tout, ça passe aussi et surtout par la qualité de l'offre. Il faut améliorer le rapport coût - valorisation, avec des services et une expérience client à la hauteur des tarifs proposés. Si la satisfaction n'est pas là, on ne fidélise pas.

Il faut aussi miser sur l'animation, l'événementiel, pour donner envie. Enfin, il est urgent d'investir, de se structurer plus profondément, et d'avoir un réel positionnement.

Il y a un vrai danger de créer des déserts touristiques ruraux et quelques zones de très forte concentration du tourisme, qui fassent finalement fuir.

TourMaG.com - Vous pensez à des mesures en particulier ?

Didier Arino :
Globalement la politique publique est bonne, le travail d'Atout France va dans le bon sens et la politique de promotion est bien orientée. Mais il faut une politique proactive plus ambitieuse.

D'abord, investir dans la formation. L'équation n'est pas simple parce que notre secteur n'attire pas, dans un pays à fort taux de chômage.

Ensuite, réorienter les aider sur les hébergements qui génèrent de l'emploi et se tournent vers un tourisme 4 saisons. En parallèle, créer une taxation plus forte pour les loueurs de logements privés de type Airbnb pour rétablir une équité sinon des zones entières seront privées d'hôtellerie.

Enfin, il est urgent d'avoir un vrai positionnement de territoire, et de favoriser la montée en gamme. Arrêter de penser que le marketing fait tout, et se structurer.

Juliette Pic Publié par Juliette Pic Journaliste - TourMaG.com
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