TourMaG.com - Protourisme a publié des estimations sur le coût de la crise liée à l'épidémie de coronavirus pour les professionnels du tourisme. Pouvez-vous nous rappeler les chiffres phares ?
Didier Arino : La fermeture de l’ensemble des établissements et lieux touristiques génère une perte de 4 milliards d’euros pour l’hébergement touristique sur le seul mois d’avril.
L’impact pour l’ensemble de la filière (transports, lieux de visite, restauration, réceptifs, agences de voyages, compagnies aériennes françaises, commerçants dans les stations balnéaires...) est encore plus important avec une perte colossale qui dépasse au minimum les 10 milliards d’euros.
Sur mars nous avons eu un demi-mois et c'est à partir du confinement qu'il y a eu une chute. Désormais, plus les jours passent plus les prévisions deviennent sombres. Nous sommes face à de nombreuses interrogations.
J'ai participé à un débat avec Jean-Baptiste Lemoyne (Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères ndlr) sur BFMTV. Je lui ai demandé qu'il annonce au moins aux professionnels une date qui leur permette de savoir jusqu'à quand ils ne pourront pas rouvrir leurs établissements...
Nous n'allons pas sortir du confinement en une seule fois. Les villages de vacances et les campings ne vont pas rouvrir du jour au lendemain.
Il serait préférable de fixer une date butoir plutôt que de laisser la filière dans l'expectative, y compris par rapport aux embauches de leurs saisonniers et de repousser l'échéance tous les 15 jours. Il serait vraiment souhaitable de dire : "vous ne serez pas ouverts avant telle date".
Dans les conditions actuelles, les professionnels passent leurs journées à gérer des reports, des demandes de remboursements et des annulations.
Didier Arino : La fermeture de l’ensemble des établissements et lieux touristiques génère une perte de 4 milliards d’euros pour l’hébergement touristique sur le seul mois d’avril.
L’impact pour l’ensemble de la filière (transports, lieux de visite, restauration, réceptifs, agences de voyages, compagnies aériennes françaises, commerçants dans les stations balnéaires...) est encore plus important avec une perte colossale qui dépasse au minimum les 10 milliards d’euros.
Sur mars nous avons eu un demi-mois et c'est à partir du confinement qu'il y a eu une chute. Désormais, plus les jours passent plus les prévisions deviennent sombres. Nous sommes face à de nombreuses interrogations.
J'ai participé à un débat avec Jean-Baptiste Lemoyne (Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères ndlr) sur BFMTV. Je lui ai demandé qu'il annonce au moins aux professionnels une date qui leur permette de savoir jusqu'à quand ils ne pourront pas rouvrir leurs établissements...
Nous n'allons pas sortir du confinement en une seule fois. Les villages de vacances et les campings ne vont pas rouvrir du jour au lendemain.
Il serait préférable de fixer une date butoir plutôt que de laisser la filière dans l'expectative, y compris par rapport aux embauches de leurs saisonniers et de repousser l'échéance tous les 15 jours. Il serait vraiment souhaitable de dire : "vous ne serez pas ouverts avant telle date".
Dans les conditions actuelles, les professionnels passent leurs journées à gérer des reports, des demandes de remboursements et des annulations.
"Nous avions accueilli 17 millions de touristes étrangers au printemps 2019"
Autres articles
-
Jeux olympiques : le secteur du tourisme a-t-il été à la hauteur ? 🔑
-
Comment les EDV vont valoriser l’offre France des agences de voyages 🔑
-
Abandonnons l’idée de faire de la France la première destination durable au monde 🔑
-
Les hôtels français ont réalisé une année record en 2023
-
Gaz à effet de serre : le tourisme doit (vite) agir ou mourir ?
TourMaG.com - Les autorités ne doivent pas avoir de visibilité pour annoncer une telle échéance...
Didier Arino : A la limite que les autorités ne sachent pas réellement à quelle date les établissements vont pouvoir rouvrir, je l'entends. Mais elles pourraient dire : vous ne rouvrirez pas avant telle date, cela elles peuvent le savoir.
Il ne faut pas être hypocrite. Nous ne savons pas quand nous sortirons du confinement.
Une chose est sûre, cela ne sera pas programmé avant la fin du mois d'avril. Que l'on ne nous fasse pas croire que les établissements touristiques vont accueillir des touristes pour le premier pont du mois de mai.
Il serait préférable qu'il puisse y avoir une position, même si j'entends bien que ce soit le cadet de leur souci en ce moment.
Toutefois nous sommes dans un secteur qui pèse deux millions d'emplois salariés et non salariés et qui a un impact indirect sur plus de 2 à 3 millions de personnes.
Les problématiques sanitaires sont une priorité mais le gouvernement pourrait être clair sur le fait que les établissements ne pourront pas être rouverts avant telle date.
TourMaG.com - Revenons aux chiffres, à titre de comparaison, que représentait en termes de fréquentation la période qui correspond au confinement pour la France en 2019 ?
Didier Arino : En 2019, 42% des Français étaient partis en vacances ou en courts séjours au printemps (avril-mai-juin), soit 28 millions de nos concitoyens pour des séjours d’agrément.
12 millions de Français étaient partis en hébergements payants pour des vacances (4 nuits et +) en avril-mai-juin en France et 6 millions à l’étranger en 2019 à cette période.
En comptant les courts séjours (de 1 à 3 nuits), pour le seul mois d’avril, c’est plus de 50 millions de nuitées payées (hors résidences secondaires et séjours chez les parents et amis) qui seront perdues ce mois d’avril 2020.
Nous avions aussi accueilli 17 millions de touristes étrangers au printemps 2019, qui ne viendront pas ou peu dans l’Hexagone, dont 6 millions pour le seul mois d’avril 2019. Ce dernier pèse à lui seul de 12% à 15% du chiffre d’affaires de la saison estivale.
C'est loin d'être une paille. Et ces clientèles ne viendront pas. Et je ne parle que de celles venues en hébergements marchands.
L’impact du covid-19 est considérable dans le secteur du tourisme avec 400 000 personnes sans emplois, auxquelles il faut ajouter les 50 000 emplois saisonniers annulés ou différés.
Le tourisme français avait déjà subi une baisse de 60% au mois de mars et de 97% depuis le confinement.
Didier Arino : A la limite que les autorités ne sachent pas réellement à quelle date les établissements vont pouvoir rouvrir, je l'entends. Mais elles pourraient dire : vous ne rouvrirez pas avant telle date, cela elles peuvent le savoir.
Il ne faut pas être hypocrite. Nous ne savons pas quand nous sortirons du confinement.
Une chose est sûre, cela ne sera pas programmé avant la fin du mois d'avril. Que l'on ne nous fasse pas croire que les établissements touristiques vont accueillir des touristes pour le premier pont du mois de mai.
Il serait préférable qu'il puisse y avoir une position, même si j'entends bien que ce soit le cadet de leur souci en ce moment.
Toutefois nous sommes dans un secteur qui pèse deux millions d'emplois salariés et non salariés et qui a un impact indirect sur plus de 2 à 3 millions de personnes.
Les problématiques sanitaires sont une priorité mais le gouvernement pourrait être clair sur le fait que les établissements ne pourront pas être rouverts avant telle date.
TourMaG.com - Revenons aux chiffres, à titre de comparaison, que représentait en termes de fréquentation la période qui correspond au confinement pour la France en 2019 ?
Didier Arino : En 2019, 42% des Français étaient partis en vacances ou en courts séjours au printemps (avril-mai-juin), soit 28 millions de nos concitoyens pour des séjours d’agrément.
12 millions de Français étaient partis en hébergements payants pour des vacances (4 nuits et +) en avril-mai-juin en France et 6 millions à l’étranger en 2019 à cette période.
En comptant les courts séjours (de 1 à 3 nuits), pour le seul mois d’avril, c’est plus de 50 millions de nuitées payées (hors résidences secondaires et séjours chez les parents et amis) qui seront perdues ce mois d’avril 2020.
Nous avions aussi accueilli 17 millions de touristes étrangers au printemps 2019, qui ne viendront pas ou peu dans l’Hexagone, dont 6 millions pour le seul mois d’avril 2019. Ce dernier pèse à lui seul de 12% à 15% du chiffre d’affaires de la saison estivale.
C'est loin d'être une paille. Et ces clientèles ne viendront pas. Et je ne parle que de celles venues en hébergements marchands.
L’impact du covid-19 est considérable dans le secteur du tourisme avec 400 000 personnes sans emplois, auxquelles il faut ajouter les 50 000 emplois saisonniers annulés ou différés.
Le tourisme français avait déjà subi une baisse de 60% au mois de mars et de 97% depuis le confinement.
"Pour éviter la catastrophe, il faudrait avoir une reprise de l'activité touristique au plus tard début juin"
TourMaG.com - Comment et quand voyez-vous la sortie de cette crise ?
Didier Arino : Un des signes forts sera la reprise de la scolarité des enfants. Nous en sommes tous réduits au choix qui sera fait, qui n'est pas un choix facile.
La seule chose possible actuellement c'est que nous pouvons nous s'inscrire dans la prospective.
Si les établissements rouvrent au 15 mai 2020 et que nous sommes dé-confinés, nous savons que d'ores et déjà d'après les simulations que nous avons réalisées, l'hôtellerie française devrait perdre grosso modo entre 25 et 30% de son chiffre d'affaires à l'année. Nous voyons bien que cela sera très impactant sur l'économie touristique.
L'autre aspect, c'est qu'il y a une quasi nécessité économique d'avoir des établissements qui puissent ouvrir en juillet - août afin d'éviter de voir des faillites en cascade.
La dead line pour éviter la catastrophe économique dans notre secteur ce serait d'avoir une reprise de l'activité touristique au plus tard début juin.
Ce qui ne semble pas du tout évident. Nous sommes dans l'expectative.
Didier Arino : Un des signes forts sera la reprise de la scolarité des enfants. Nous en sommes tous réduits au choix qui sera fait, qui n'est pas un choix facile.
La seule chose possible actuellement c'est que nous pouvons nous s'inscrire dans la prospective.
Si les établissements rouvrent au 15 mai 2020 et que nous sommes dé-confinés, nous savons que d'ores et déjà d'après les simulations que nous avons réalisées, l'hôtellerie française devrait perdre grosso modo entre 25 et 30% de son chiffre d'affaires à l'année. Nous voyons bien que cela sera très impactant sur l'économie touristique.
L'autre aspect, c'est qu'il y a une quasi nécessité économique d'avoir des établissements qui puissent ouvrir en juillet - août afin d'éviter de voir des faillites en cascade.
La dead line pour éviter la catastrophe économique dans notre secteur ce serait d'avoir une reprise de l'activité touristique au plus tard début juin.
Ce qui ne semble pas du tout évident. Nous sommes dans l'expectative.
"La crise actuelle, c'est plutôt une crise post-guerre du Golfe à la puissance 3"
TourMaG.com - L'impact sera important sachant que ces opérateurs accusent déjà le coup des pertes de revenus sur mi-mars et avril...
Didier Arino : Oui à la montagne par exemple, les opérateurs sont déjà confrontés à des difficultés. Ils ont déjà perdu 1,5 milliard d'euros sur la fin de la saison. Certains vont être très mal en trésorerie.
Même s'ils peuvent reporter les loyers, il faudra qu'ils les paient à un moment donné. Tout cela est extrêmement compliqué.
Pour tous les établissements saisonniers, ils sortent de l'hiver exsangues en trésorerie et nous connaissons l'importance de ces vacances de printemps pour l'économie de ces entreprises.
Beaucoup parlent de la crise de 2008... La crise actuelle c'est plutôt une crise post-guerre du Golfe à la puissance 3. Et cela n'est pas encourageant.
Didier Arino : Oui à la montagne par exemple, les opérateurs sont déjà confrontés à des difficultés. Ils ont déjà perdu 1,5 milliard d'euros sur la fin de la saison. Certains vont être très mal en trésorerie.
Même s'ils peuvent reporter les loyers, il faudra qu'ils les paient à un moment donné. Tout cela est extrêmement compliqué.
Pour tous les établissements saisonniers, ils sortent de l'hiver exsangues en trésorerie et nous connaissons l'importance de ces vacances de printemps pour l'économie de ces entreprises.
Beaucoup parlent de la crise de 2008... La crise actuelle c'est plutôt une crise post-guerre du Golfe à la puissance 3. Et cela n'est pas encourageant.
"Les territoires moins ou peu dépendants de la clientèle étrangère s'en sortiront mieux"
TourMaG.com - Comment voyez-vous évoluer le tourisme en France ?
Didier Arino : 9 millions de Français étaient partis à l'étranger en 2019. Ces Français vont cette année rester dans l'Hexagone.
Si la saison touristique a lieu, les territoires moins ou peu dépendants de la clientèle étrangère s'en sortiront mieux que les territoires très dépendants des voyageurs internationaux.
L'Occitanie ou la Nouvelle-Aquitaine par exemple ont déjà une bonne part de clientèle régionale et de proximité. L'Occitanie bénéficiera des Français qui partaient à l'étranger sur des produits soleil-plage, la région étant une alternative avec un bon rapport qualité-prix.
Ce type de régions a le potentiel de capter ces 9 millions de Français qui n'auront pas la possibilité d'aller en Espagne, au Maghreb ou en Grèce... et qui vont se rabattre sur la France.
Pour la Côte d'Azur, ce sera plus compliqué car très dépendante des clientèles étrangères. La Région qui sera le plus impactée sera l’Île-de-France et Paris.
En effet, la région Île-de-France cumule plusieurs problématiques : les clientèles étrangères pèsent plus de la moitié des nuitées dans l'hôtellerie à Paris et près de la moitié sur l’Île-de-France.
Le second point : c'est l'écroulement du marché du MICE (congrès, salons, événements) avec son corollaire, la chute considérable des rencontres professionnelles et de l’événementiel.
L'annulation de gros salons comme celui de l'automobile a un impact considérable. L'année 2020 sera extrêmement sombre pour Paris et l’Île-de-France.
Didier Arino : 9 millions de Français étaient partis à l'étranger en 2019. Ces Français vont cette année rester dans l'Hexagone.
Si la saison touristique a lieu, les territoires moins ou peu dépendants de la clientèle étrangère s'en sortiront mieux que les territoires très dépendants des voyageurs internationaux.
L'Occitanie ou la Nouvelle-Aquitaine par exemple ont déjà une bonne part de clientèle régionale et de proximité. L'Occitanie bénéficiera des Français qui partaient à l'étranger sur des produits soleil-plage, la région étant une alternative avec un bon rapport qualité-prix.
Ce type de régions a le potentiel de capter ces 9 millions de Français qui n'auront pas la possibilité d'aller en Espagne, au Maghreb ou en Grèce... et qui vont se rabattre sur la France.
Pour la Côte d'Azur, ce sera plus compliqué car très dépendante des clientèles étrangères. La Région qui sera le plus impactée sera l’Île-de-France et Paris.
En effet, la région Île-de-France cumule plusieurs problématiques : les clientèles étrangères pèsent plus de la moitié des nuitées dans l'hôtellerie à Paris et près de la moitié sur l’Île-de-France.
Le second point : c'est l'écroulement du marché du MICE (congrès, salons, événements) avec son corollaire, la chute considérable des rencontres professionnelles et de l’événementiel.
L'annulation de gros salons comme celui de l'automobile a un impact considérable. L'année 2020 sera extrêmement sombre pour Paris et l’Île-de-France.
"Il faut que les Français partent en France"
Ce qui a fait la stabilité de la fréquentation en Île-de- France c'est la venue en plus grand nombre de la clientèle française en 2019.
Cette année nous aurons besoin d'une solidarité nationale. Il faut que les Français partent en France. Chez Protourisme, nous sommes convaincus que ce désir de s'évader est fort.
Le confinement renforce ce sentiment. Les familles voudront partir.
Il y avait déjà une très forte augmentation des réservations sur l'été avant cette crise du coronavirus : +7%. Il y avait déjà une appétence sur la France et l'envie de partir en vacances. Selon l'étude que nous avions mené, le budget était même en hausse par rapport à l'an passé.
Et nous avions une progression de quasiment tous les espaces : campagne, mer et montagne. Nous étions dans une année plutôt favorable. Je reste optimiste.
Les parents qui auront eu leurs enfants pendant dans 6 semaines à la maison auront envie de prendre leur liberté. Les équipements avec Clubs enfants seront ainsi légitimes à mon sens.
Et aller dans une maison de campagne, seul ou avec la famille restreinte alors que nous avons été confinés pendant un mois et demi, je n'y crois pas du tout.
Certains auront peut-être peur d'être en contact avec du monde et partiront avec leurs bandes de copains ou leurs familles. Mais il y a aura des envies de convivialité, de partage et de plaisir.
Les professionnels du tourisme devront faire un gros effort de ré-assurance auprès de leurs clients sur la propreté, la désinfection... ce qui ne sera pas une mission simple.
Cette année nous aurons besoin d'une solidarité nationale. Il faut que les Français partent en France. Chez Protourisme, nous sommes convaincus que ce désir de s'évader est fort.
Le confinement renforce ce sentiment. Les familles voudront partir.
Il y avait déjà une très forte augmentation des réservations sur l'été avant cette crise du coronavirus : +7%. Il y avait déjà une appétence sur la France et l'envie de partir en vacances. Selon l'étude que nous avions mené, le budget était même en hausse par rapport à l'an passé.
Et nous avions une progression de quasiment tous les espaces : campagne, mer et montagne. Nous étions dans une année plutôt favorable. Je reste optimiste.
Les parents qui auront eu leurs enfants pendant dans 6 semaines à la maison auront envie de prendre leur liberté. Les équipements avec Clubs enfants seront ainsi légitimes à mon sens.
Et aller dans une maison de campagne, seul ou avec la famille restreinte alors que nous avons été confinés pendant un mois et demi, je n'y crois pas du tout.
Certains auront peut-être peur d'être en contact avec du monde et partiront avec leurs bandes de copains ou leurs familles. Mais il y a aura des envies de convivialité, de partage et de plaisir.
Les professionnels du tourisme devront faire un gros effort de ré-assurance auprès de leurs clients sur la propreté, la désinfection... ce qui ne sera pas une mission simple.
"Nous serons au delà des -50% d'arrivées touristiques"
TourMaG.com - Selon l'organisation mondiale du tourisme, les arrivées touristiques internationales seront en baisse de -20 à -30%. Qu'en pensez-vous ?
Didier Arino : Ce chiffre, je n'y crois pas du tout. Selon nos analyses, nous serons au delà des -50% d'arrivées touristiques. Donc il ne faudra pas compter sur les marchés touristiques étrangers.
Les six premières clientèles en Île-de-France sont les Américains, les Anglais, les Espagnols, les Allemands, les Italiens, les Chinois.
En France, 78% des clientèles sont, rappelons-le, européennes avec le Benelux (14 millions), devant l'Angleterre et l'Allemagne (plus de 11 millions chacune) suivies par la Suisse et les clientèles du Sud de l'Europe (Espagne et Italie). Les Amériques pèsent pour 8 millions de touristes et l'Asie 6 millions, dont 2 millions de Chinois.
Nous avons un marché domestique important, mais si nous regardons plus largement le monde, certaines destinations dépendent très fortement du tourisme. Le tourisme pèse beaucoup plus dans l'économie espagnole que française.
Nos voisins du Sud seront très fortement impactés : Espagnols, Portugais, Italiens. Le prochain danger pour l'année 2021 ce sera une guerre des prix sur les différentes destinations touristiques pour attirer les clientèles.
Enfin, l'autre dimension dont il faut tenir compte, ce sera le pouvoir d'achat des Français et des Européens.
TourMaG.com - Justement sur le pouvoir d'achat, tout le monde prédit un fort marasme économique... Les Français auront-ils les moyens de voyager ?
Didier Arino : Je pense que oui. Il y a ceux qui sont en chômage partiel et qui vont toucher 84% de leur salaire net.
Ils touchent moins mais ils ne dépensent rien : ils n'ont plus leurs frais de transport, ils ne font pas les magasins, le niveau de la consommation et des dépenses est extrêmement réduit.
Psychologiquement, ils vont se dire : "nous sommes en vie, et nous en avons qu'une". Les Français vont profiter et ils dépenseront...
Ils vont être très frustrés par la période de confinement. Ils n'auront pas dépensé leur budget vacances pour les congés de Pâques et il y a très peu de chances qu'ils puissent profiter des ponts de mai. Leur budget vacances n'aura pas été utilisé...
Didier Arino : Ce chiffre, je n'y crois pas du tout. Selon nos analyses, nous serons au delà des -50% d'arrivées touristiques. Donc il ne faudra pas compter sur les marchés touristiques étrangers.
Les six premières clientèles en Île-de-France sont les Américains, les Anglais, les Espagnols, les Allemands, les Italiens, les Chinois.
En France, 78% des clientèles sont, rappelons-le, européennes avec le Benelux (14 millions), devant l'Angleterre et l'Allemagne (plus de 11 millions chacune) suivies par la Suisse et les clientèles du Sud de l'Europe (Espagne et Italie). Les Amériques pèsent pour 8 millions de touristes et l'Asie 6 millions, dont 2 millions de Chinois.
Nous avons un marché domestique important, mais si nous regardons plus largement le monde, certaines destinations dépendent très fortement du tourisme. Le tourisme pèse beaucoup plus dans l'économie espagnole que française.
Nos voisins du Sud seront très fortement impactés : Espagnols, Portugais, Italiens. Le prochain danger pour l'année 2021 ce sera une guerre des prix sur les différentes destinations touristiques pour attirer les clientèles.
Enfin, l'autre dimension dont il faut tenir compte, ce sera le pouvoir d'achat des Français et des Européens.
TourMaG.com - Justement sur le pouvoir d'achat, tout le monde prédit un fort marasme économique... Les Français auront-ils les moyens de voyager ?
Didier Arino : Je pense que oui. Il y a ceux qui sont en chômage partiel et qui vont toucher 84% de leur salaire net.
Ils touchent moins mais ils ne dépensent rien : ils n'ont plus leurs frais de transport, ils ne font pas les magasins, le niveau de la consommation et des dépenses est extrêmement réduit.
Psychologiquement, ils vont se dire : "nous sommes en vie, et nous en avons qu'une". Les Français vont profiter et ils dépenseront...
Ils vont être très frustrés par la période de confinement. Ils n'auront pas dépensé leur budget vacances pour les congés de Pâques et il y a très peu de chances qu'ils puissent profiter des ponts de mai. Leur budget vacances n'aura pas été utilisé...
"Le problème du pouvoir d'achat sera différé"
Le problème du pouvoir d'achat sera différé. Nous l'aurons plutôt l'année prochaine.
En 2021, nous aurons les retours, les faillites... le niveau de chômage qui va augmenter. Cet effet ne sera pas immédiat.
Je suis persuadé que si les établissements ont la possibilité d'être ouverts, nous aurons des flux sur le littoral avec des restaurants où il y aura du monde, et une envie de profiter.
L'autre motif d'espoir c'est la clientèle senior qui est importante au printemps et qui risque d'être confinée un peu plus longtemps que les autres. Elle va différer ses séjours en automne.
Bien sûr, la saison touristique sera largement impactée, mais si le dé-confinement démarre à partir du week-end de l'Ascension, nous avons toutes les chances d'avoir une fréquentation correcte.
Dans l'année qui vient, il faudra compter sur la clientèle française, c'est clair.
TourMaG.com - Y aura-t-il un avant et un après coronavirus, va-t-on, si je puis dire, "repartir comme en quarante" ?
Didier Arino : Cette théorie est celle des boursiers et de l'économie à tout crin. Personnellement je ne pense pas que nous allons repartir comme en "quarante" comme vous le dites, car il va falloir que l'on absorbe le choc.
En 2021, nous aurons les retours, les faillites... le niveau de chômage qui va augmenter. Cet effet ne sera pas immédiat.
Je suis persuadé que si les établissements ont la possibilité d'être ouverts, nous aurons des flux sur le littoral avec des restaurants où il y aura du monde, et une envie de profiter.
L'autre motif d'espoir c'est la clientèle senior qui est importante au printemps et qui risque d'être confinée un peu plus longtemps que les autres. Elle va différer ses séjours en automne.
Bien sûr, la saison touristique sera largement impactée, mais si le dé-confinement démarre à partir du week-end de l'Ascension, nous avons toutes les chances d'avoir une fréquentation correcte.
Dans l'année qui vient, il faudra compter sur la clientèle française, c'est clair.
TourMaG.com - Y aura-t-il un avant et un après coronavirus, va-t-on, si je puis dire, "repartir comme en quarante" ?
Didier Arino : Cette théorie est celle des boursiers et de l'économie à tout crin. Personnellement je ne pense pas que nous allons repartir comme en "quarante" comme vous le dites, car il va falloir que l'on absorbe le choc.
"Un certain nombre de choses va laisser des traces"
Ce choc ne sera pas neutre. Il y aura surement d'autres priorités au centre du jeu : la santé, l’environnement. Je crois que nous allons revenir à des valeurs plus essentielles.
Un certain nombre de choses va laisser des traces. Tous ces Français qui se sont retrouvés à l'étranger et que l'on a viré de l'hôtel en leur disant de prendre l'avion alors que parfois il n'y avait pas d'avion.
Au Maroc, par exemple, les Français se sont retrouvés entassés à l'aéroport. Il y avait déjà une certaine défiance : la petite musique environnementale se fait de plus en plus forte, il y a un désir des Français pour davantage de proximité, un tourisme plus durable et plus ancré au cœur des territoires...
Tout cela ne va pas s'arrêter et même s'accentuer. En France, le modèle de tourisme a certes évolué, mais nous ne pouvons pas dire que la vision publique soit forte dans ce secteur.
Le pays bénéficie de structures qui datent des années 60 - 70. Il sera temps d'imaginer un modèle un peu différent, avec de mon point de vue, une nécessité pour laquelle je milite : je crois qu'il n'y a pas grand avenir pour un tourisme d'hyper saisonnalité.
TourMaG.com - Développer les ailes de saison, faire venir les visiteurs toute l'année, c'est un objectif récurrent pour de nombreuses destinations, sans que ce soit vraiment un succès....
Didier Arino : Sauf qu'à un moment donné, les opérateurs et les destinations qui ne le feront pas vont mourir. Bon nombre l'ont déjà fait et cela les protègent d'un problème météorologique, d'un problème de marché ou conjoncturel.
Regardez, l'hôtellerie de plein air a élargi énormément sa saison touristique.
Les stations de montagne qui s'en sortent bien sont celles qui vivent à l'année et, pour pouvoir vivre à l'année, il faut compter sur une clientèle de proximité. Les destinations ne peuvent pas dépendre que d'un tourisme estival européen.
Un certain nombre de choses va laisser des traces. Tous ces Français qui se sont retrouvés à l'étranger et que l'on a viré de l'hôtel en leur disant de prendre l'avion alors que parfois il n'y avait pas d'avion.
Au Maroc, par exemple, les Français se sont retrouvés entassés à l'aéroport. Il y avait déjà une certaine défiance : la petite musique environnementale se fait de plus en plus forte, il y a un désir des Français pour davantage de proximité, un tourisme plus durable et plus ancré au cœur des territoires...
Tout cela ne va pas s'arrêter et même s'accentuer. En France, le modèle de tourisme a certes évolué, mais nous ne pouvons pas dire que la vision publique soit forte dans ce secteur.
Le pays bénéficie de structures qui datent des années 60 - 70. Il sera temps d'imaginer un modèle un peu différent, avec de mon point de vue, une nécessité pour laquelle je milite : je crois qu'il n'y a pas grand avenir pour un tourisme d'hyper saisonnalité.
TourMaG.com - Développer les ailes de saison, faire venir les visiteurs toute l'année, c'est un objectif récurrent pour de nombreuses destinations, sans que ce soit vraiment un succès....
Didier Arino : Sauf qu'à un moment donné, les opérateurs et les destinations qui ne le feront pas vont mourir. Bon nombre l'ont déjà fait et cela les protègent d'un problème météorologique, d'un problème de marché ou conjoncturel.
Regardez, l'hôtellerie de plein air a élargi énormément sa saison touristique.
Les stations de montagne qui s'en sortent bien sont celles qui vivent à l'année et, pour pouvoir vivre à l'année, il faut compter sur une clientèle de proximité. Les destinations ne peuvent pas dépendre que d'un tourisme estival européen.
"Il y aura des changements de cap à prendre"
TourMaG.com - La crise que nous vivons va-t-elle encore davantage accentuer cette tendance ?
Didier Arino : Il y aura des changements de cap à prendre qui seront compliqués pour les opérateurs car ils vont devoir les faire dans un contexte où ils auront moins les moyens d'investir.
Leur préoccupation première sera de survivre et en même temps de penser au lendemain. A l'évidence, il y aura un frein majeur à l'investissement dans les prochaines années.
Evidemment, ce n'est pas une bonne chose pour notre secteur, ni pour l'économie des territoires. Car c'est par l'investissement que nous créons de l'emploi.
TourMaG.com - Quel regard portez-vous sur le secteur des agences de voyages et des tour-opérateurs face à cette crise ? Ils n'ont pas la réputation de vendre beaucoup la France...
Didier Arino : D'abord cette profession est une profession qui sait très bien se défendre. L'ordonnance sur l'à-valoir en est un bon exemple. Si nous sommes un peu objectifs, c'est une profession qui prend l'argent des Français, argent qui est dépensé à l'étranger. C'est la réalité.
Alors que dans le cas de cette crise, si les Français avaient été remboursés, ils l'auraient dépensé en France. L'ordonnance était nécessaire pour éviter les faillites de certains.
Toutefois tout le monde n'est pas dans une misère absolue.
D'autres ne sont pas du tout dans des situations de faillite, ils ont énormément de trésorerie, des lignes de crédit et des fonds propres...
Donc cette ordonnance sauve en partie cette profession, mais au bout de 18 mois il faudra rembourser les clients... Pour les entreprises qui ont des frais fixes, qui sont génératrices d'emplois, je pense au Club Med, à ce type d'opérateurs, c'est tout à fait légitime.
Pour les agences de voyages qui, rappelons-le, paient leurs TO 15 jours après le retour du client, je veux bien, mais cet argent est où aujourd'hui ? Le TO n'a pas l'argent et il a payé les rapatriements. Dans cette affaire, le perdant c'est le TO, ce n'est pas l'agence de voyages.
Nous risquons d'avoir de la casse chez les petites agences, en revanche pour celles qui sont déjà très grosses, et bien elles vont devenir encore plus grosses.
Didier Arino : Il y aura des changements de cap à prendre qui seront compliqués pour les opérateurs car ils vont devoir les faire dans un contexte où ils auront moins les moyens d'investir.
Leur préoccupation première sera de survivre et en même temps de penser au lendemain. A l'évidence, il y aura un frein majeur à l'investissement dans les prochaines années.
Evidemment, ce n'est pas une bonne chose pour notre secteur, ni pour l'économie des territoires. Car c'est par l'investissement que nous créons de l'emploi.
TourMaG.com - Quel regard portez-vous sur le secteur des agences de voyages et des tour-opérateurs face à cette crise ? Ils n'ont pas la réputation de vendre beaucoup la France...
Didier Arino : D'abord cette profession est une profession qui sait très bien se défendre. L'ordonnance sur l'à-valoir en est un bon exemple. Si nous sommes un peu objectifs, c'est une profession qui prend l'argent des Français, argent qui est dépensé à l'étranger. C'est la réalité.
Alors que dans le cas de cette crise, si les Français avaient été remboursés, ils l'auraient dépensé en France. L'ordonnance était nécessaire pour éviter les faillites de certains.
Toutefois tout le monde n'est pas dans une misère absolue.
D'autres ne sont pas du tout dans des situations de faillite, ils ont énormément de trésorerie, des lignes de crédit et des fonds propres...
Donc cette ordonnance sauve en partie cette profession, mais au bout de 18 mois il faudra rembourser les clients... Pour les entreprises qui ont des frais fixes, qui sont génératrices d'emplois, je pense au Club Med, à ce type d'opérateurs, c'est tout à fait légitime.
Pour les agences de voyages qui, rappelons-le, paient leurs TO 15 jours après le retour du client, je veux bien, mais cet argent est où aujourd'hui ? Le TO n'a pas l'argent et il a payé les rapatriements. Dans cette affaire, le perdant c'est le TO, ce n'est pas l'agence de voyages.
Nous risquons d'avoir de la casse chez les petites agences, en revanche pour celles qui sont déjà très grosses, et bien elles vont devenir encore plus grosses.
"Il y a le scandale de IATA et la profession a raison de se défendre"
J'espère juste, et là c'est le citoyen qui parle, que quand la situation s'améliorera - car c'est l'Etat qui vient à la rescousse et qui finance le chômage partiel - que ces groupes n'auront pas l'indécence de ne pas avoir une contribution exceptionnelle au secteur touristique en difficulté... mais j'en doute.
Chez Protourisme, nous avons toujours défendu le tourisme français et la compétitivité de notre secteur. Cela nous a valu beaucoup de critiques.
J'ai toujours dit que les agences de voyages vendaient très peu la France, elles le font un peu plus et elles devront encore un peu plus le faire. Mais cela ne fera jamais la totalité de leur chiffre d'affaires, elles le feront mais cela restera à la marge.
Après, il y a le scandale de IATA et la profession a raison de se défendre. Ce système est honteux.
Les compagnies aériennes se doivent de rembourser les billets non volés. D'autant plus que les compagnies elles-mêmes vont bénéficier des aides de l'Etat.
Chez Protourisme, nous avons toujours défendu le tourisme français et la compétitivité de notre secteur. Cela nous a valu beaucoup de critiques.
J'ai toujours dit que les agences de voyages vendaient très peu la France, elles le font un peu plus et elles devront encore un peu plus le faire. Mais cela ne fera jamais la totalité de leur chiffre d'affaires, elles le feront mais cela restera à la marge.
Après, il y a le scandale de IATA et la profession a raison de se défendre. Ce système est honteux.
Les compagnies aériennes se doivent de rembourser les billets non volés. D'autant plus que les compagnies elles-mêmes vont bénéficier des aides de l'Etat.
"Nous ne ressortirons pas de cette crise indemnes"
TourMaG.com - L'ensemble de la chaîne touristique doit-il revoir le modèle actuel ?
Didier Arino : Oui tout le monde doit revoir le modèle actuel : les hébergeurs, les agences de voyages, les tour-opérateurs, les bureaux d'études, les indépendants... parce qu'à l'arrivée, il y aura moins de chiffre d'affaires, c'est aussi simple que cela, avec pour de nombreux acteurs des charges incompressibles.
Nous ne sommes pas dans un secteur où les marges sont considérables. Cette crise va re-balayer la carte des acteurs du tourisme.
Pour faire simple, il y aura la disparition de bon nombre d'indépendants, des petits dans tous les domaines, agences de voyages, hébergeurs, prestataires, petits sites de visites... et puis nous allons voir l'émergence d'opérateurs de plus en plus importants qui vont profiter de cette situation pour racheter et être en position de force.
Il faudra d'ailleurs veiller à ce que la concurrence soit toujours au rendez-vous, notamment dans la distribution du voyage.
Cela va nous obliger aussi à avoir une plus grande transparence vis-à-vis du consommateur. C'est pourquoi je rappelle souvent qu'il est très important pour un client de passer par un professionnel du tourisme.
Lorsqu'un client se retrouve planté, là aussi, cela peut changer la donne et pousser nos concitoyens à passer par les circuits traditionnels.
TourMaG.com - Certains territoires annoncent déjà travailler sur des plans de relance. N'est-ce pas un peu tôt ?
Didier Arino : Alors si c'est pour lancer des campagnes vis-à-vis des clientèles étrangères, les territoires feraient mieux de garder leur argent.
Dans un premier temps, cela ne servira à rien. Ni les Américains, ni les Chinois, ni les Japonnais ne sont dans ces préoccupations aujourd'hui.
Cette année, avant de parler de communication, il faut parler d'information. Il faudra rassurer les clients et d'abord ceux qui peuvent venir rapidement, c'est-à-dire les clients français, sur les règles, la sécurité, sur la garantie sanitaire et c'est à cela que nous devons nous préparer.
Puis les régions doivent aussi contribuer à une aide importante auprès des socioprofessionnels du tourisme.
Après il y a deux destinations, l’Île-de-France et la Côte d'Azur, qui sont dans l'obligation d'ores et déjà de prévoir le coup d'après sur les clientèles internationales.
Une campagne de communication sur des marchés lointains est totalement inutile pour celles qui ont peu de clientèles internationales.
Il va falloir arrêter pour certains de faire de la communication pour faire plaisir à leurs élus et rentrer dans le dur en réalisant une affectation ciblée des moyens, en étant plus proches des besoins des socioprofessionnels.
Cela nécessitera à l'évidence de réaliser à l'issue de cette crise un véritable état des lieux et de prévoir des mesures d'aides et de soutien en complément des mesures d'Etat pour éviter un écroulement de la filière.
TourMaG.com - Le mot de la fin ?
Didier Arino : Nous ne ressortirons pas de cette crise indemnes, c'est une certitude et l'impact sera beaucoup plus long que ce que certains veulent croire ou imaginer.
Les gros s'en sortiront. Ils ont d'ailleurs tout à fait leur utilité sauf que notre tissu économique est composé de PME, d'indépendants, de particuliers et c'est là où il va y avoir un besoin criant d'actions. Il faudra aussi avoir une vision.
Il y aura également une nécessité d'augmenter la contribution des logements loués entre particuliers. Ce qui était toléré deviendra intolérable et il faudra plus fortement taxer ces hébergements.
Nous nous remettrons de cette crise car il y aura toujours une envie de rencontres, de voyages, de plaisir partagé, c'est quelque chose qui subsistera et qui sera accentué dans les années qui viennent.
Mais face à cette envie, il y aura des problèmes de budgets disponibles et d'environnement économique et social.
Didier Arino : Oui tout le monde doit revoir le modèle actuel : les hébergeurs, les agences de voyages, les tour-opérateurs, les bureaux d'études, les indépendants... parce qu'à l'arrivée, il y aura moins de chiffre d'affaires, c'est aussi simple que cela, avec pour de nombreux acteurs des charges incompressibles.
Nous ne sommes pas dans un secteur où les marges sont considérables. Cette crise va re-balayer la carte des acteurs du tourisme.
Pour faire simple, il y aura la disparition de bon nombre d'indépendants, des petits dans tous les domaines, agences de voyages, hébergeurs, prestataires, petits sites de visites... et puis nous allons voir l'émergence d'opérateurs de plus en plus importants qui vont profiter de cette situation pour racheter et être en position de force.
Il faudra d'ailleurs veiller à ce que la concurrence soit toujours au rendez-vous, notamment dans la distribution du voyage.
Cela va nous obliger aussi à avoir une plus grande transparence vis-à-vis du consommateur. C'est pourquoi je rappelle souvent qu'il est très important pour un client de passer par un professionnel du tourisme.
Lorsqu'un client se retrouve planté, là aussi, cela peut changer la donne et pousser nos concitoyens à passer par les circuits traditionnels.
TourMaG.com - Certains territoires annoncent déjà travailler sur des plans de relance. N'est-ce pas un peu tôt ?
Didier Arino : Alors si c'est pour lancer des campagnes vis-à-vis des clientèles étrangères, les territoires feraient mieux de garder leur argent.
Dans un premier temps, cela ne servira à rien. Ni les Américains, ni les Chinois, ni les Japonnais ne sont dans ces préoccupations aujourd'hui.
Cette année, avant de parler de communication, il faut parler d'information. Il faudra rassurer les clients et d'abord ceux qui peuvent venir rapidement, c'est-à-dire les clients français, sur les règles, la sécurité, sur la garantie sanitaire et c'est à cela que nous devons nous préparer.
Puis les régions doivent aussi contribuer à une aide importante auprès des socioprofessionnels du tourisme.
Après il y a deux destinations, l’Île-de-France et la Côte d'Azur, qui sont dans l'obligation d'ores et déjà de prévoir le coup d'après sur les clientèles internationales.
Une campagne de communication sur des marchés lointains est totalement inutile pour celles qui ont peu de clientèles internationales.
Il va falloir arrêter pour certains de faire de la communication pour faire plaisir à leurs élus et rentrer dans le dur en réalisant une affectation ciblée des moyens, en étant plus proches des besoins des socioprofessionnels.
Cela nécessitera à l'évidence de réaliser à l'issue de cette crise un véritable état des lieux et de prévoir des mesures d'aides et de soutien en complément des mesures d'Etat pour éviter un écroulement de la filière.
TourMaG.com - Le mot de la fin ?
Didier Arino : Nous ne ressortirons pas de cette crise indemnes, c'est une certitude et l'impact sera beaucoup plus long que ce que certains veulent croire ou imaginer.
Les gros s'en sortiront. Ils ont d'ailleurs tout à fait leur utilité sauf que notre tissu économique est composé de PME, d'indépendants, de particuliers et c'est là où il va y avoir un besoin criant d'actions. Il faudra aussi avoir une vision.
Il y aura également une nécessité d'augmenter la contribution des logements loués entre particuliers. Ce qui était toléré deviendra intolérable et il faudra plus fortement taxer ces hébergements.
Nous nous remettrons de cette crise car il y aura toujours une envie de rencontres, de voyages, de plaisir partagé, c'est quelque chose qui subsistera et qui sera accentué dans les années qui viennent.
Mais face à cette envie, il y aura des problèmes de budgets disponibles et d'environnement économique et social.