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Economie de la France : c'est grave docteur Touati ? [ABO]

CDS : le Grand Live du Voyage d'Affaires en partenariat avec IFTM


La France inquiète les dirigeants et les économistes du monde entier. Sans stabilité politique depuis les élections législatives de juillet 2024, notre pays est à la dérive. Alors que François Bayrou prenait ses fonctions, Moody’s dégradait notre note, en raison de l’ampleur des déficits budgétaires. Et malheureusement les indicateurs ne sont pas orientés positivement, le tout dans un contexte mondial tendu. Est-ce grave docteur Marc Touati ? L'économiste donne son avis sur la situation.


Rédigé par le Vendredi 17 Janvier 2025

Croissance et déficit public : "C'est du Garcimor ou du Gérard Majax, c'est de la magie" selon Marc Touati - Depositphotos @Rawpixel
Croissance et déficit public : "C'est du Garcimor ou du Gérard Majax, c'est de la magie" selon Marc Touati - Depositphotos @Rawpixel
Le tourisme et encore plus le voyage d'affaires sont deux activités fortement influencées par de nombreuses variables exogènes.

Outre la situation géopolitique du monde, les politiques nationales et la bonne santé économique sont des leviers essentiels pour réaliser un bon exercice. "Malheureusement nous avons connu une fin d'année 2024 très compliquée, marquée par une baisse du PIB, donc de la richesse créée en France. Le constat sera le même pour le premier trimestre 2025.

L'avenir va dépendre de l'instabilité politique en France. Depuis la dissolution, beaucoup de chefs d'entreprise, notamment dans votre secteur d'activité, me disent qu'ils vont geler les projets d'investissement, les embauches, l'événementiel, etc.

L'incertitude et l'instabilité sont très dangereuses,
" analyse Marc Touati, le président du cabinet ACDEFI, au micro du Grand Live de CDS Groupe.

Et ces deux variables ne sont pas les seuls pièges pour l'économie fatiguée de notre pays.


"La hausse future des impôts, ce n'est pas sérieux" selon Marc Touati

L'économiste craint également, une nouvelle hausse des impôts qui serait, selon lui, dramatique.

Dans son discours de politique générale, le Premier ministre a déclaré que les ménages les plus aisés seront davantage taxés.

Une proposition qui devrait faire rentrer 21 milliards supplémentaires dans les caisses de l'Etat.

"Nous sommes numéro 1 mondial du taux d'imposition, il n'y a pas un pays dans le monde où il y a un poids des prélèvements obligatoires par rapport au PIB aussi important. C'est une médaille d'or dont on se serait bien passé.

Et malgré cette position, nous allons encore augmenter ce taux ? C'est grave.,
" s'inquiète celui qui est souvent invité sur les plateaux télévisés.

Le gouvernement doit bien réagir, face aux dérapages budgétaires de l'ère Bruno Le Maire.

D'autant que les ménages fortunés ne sont pas ceux qui paient proportionnellement le plus d'impôt. L'actuel vacataire de Bercy serait conseillé par Thomas Piketty, un économiste proche du Nouveau Front Populaire et favorable à une taxation des grandes fortunes.

"Nous sommes dans une fuite en avant et avec François Bayrou, la situation est même plus tragique à cause de la hausse future des impôts. Ce n'est pas sérieux, cela va ralentir l'économie.

Faire payer les riches est très démagogique. A la fin on sait tous, comment ça va se terminer, les riches payeront moins d'impôts parce qu'ils ne sont plus là, et la classe moyenne va devoir payer.

Le Premier ministre propose 32 milliards d'économies et non une baisse des dépenses, ce qui veut dire qu'elles vont moins augmenter, de l'ordre de + 2%, l'orientation reste la même.

Quand vous avez un Bruno Le Maire qui nous parlait des 30 glorieuses et de plein emploi. Nous devons arrêter d'être dans le déni, dire la vérité. Aujourd'hui la situation est compliquée,
" déplore Marc Touati.

Le gouvernement entend rapporter le déficit budgétaire à 5,4%, bien loin de l'objectif des 3% fixé par l'Europe.

Croissance et déficit public : "C'est du Garcimor ou du Gérard Majax, c'est de la magie"

Et alors qu'il devrait dépasser les 6% en 2024, la prise de conscience dans les plus hautes sphères de l'Etat ne semble pas avoir eu lieu.

"C'est du Garcimor ou du Gérard Majax, c'est de la magie.

Quand les finances d'une entreprise ou un ménage ne vont pas très bien, la première chose à faire, c'est réduire les dépenses de fonctionnement, pour essayer de sauver le système.

L'État fait exactement l'inverse. Quand il nous dit qu'il faut que les Français se serrent la ceinture, je ne suis pas d'accord, car ils se serrent la ceinture depuis des années. Aujourd'hui, il est venu à l'État de montrer l'exemple en faisant des efforts et tout pour relancer l'économie française.
"

Et la reprise de l'économie n'est pas pour maintenant.

Les prévisions de croissance ont été abaissées par la Banque de France. Elles passent de 1,1% à 0,9%, quand Marc Touati estime plutôt que notre PIB devrait croitre de 0,5%.

Si le tableau est noir, d'autant qu'une flopée d'indicateurs sont dans le rouge, voire rouge vif, il y a quelques motifs d'espoirs.

"Nos entreprises françaises sont parmi les plus compétitives du monde.

Face à autant de signaux négatifs, elles sont toujours debout et je dois bien le reconnaitre, elles sont bien plus fortes qu'ailleurs. Autre bonne nouvelle, la croissance mondiale sera de 3%,
" tente de positiver le président du cabinet ACDEFI.

Pour redresser la courbe, il n'existe pas 36 solutions, pour un économiste qui appelle à l'instauration d'une "thérapie de choc bienveillante".

Il devient nécessaire de réduire massivement la pression fiscale sur les ménages et les entreprises, tout en réduisant les dépenses étatiques.

Les défaillances d'entreprises : "C'est le plus inquiétant et j'en veux au gouvernement"

D'autant que depuis quelques mois les entreprises françaises sont en souffrance, les faillites et défaillances se multiplient.

"C'est le plus inquiétant. J'en veux au gouvernement, car cela fait un an que la tendance dure et que j'alerte. La dynamique prend des proportions dramatiques. Nous devons comme le disait déjà Pompidou dans les années 60 : arrêter d'emmerder les Français. Nous devons permettre aux entreprises de revivre," poursuit-il.

Et comme le panorama ne s'arrête pas à la France, l'Europe est elle aussi plongée dans un certain marasme politico-financier.

Pendant que son moteur, le couple franco-allemand patine, le Vieux Continent est à la peine, sauf que le pire serait à venir :

"L'économie européenne est en perdition, l'euro s'effondre, l'Allemagne va très mal et peut rentrer dans une crise politique majeure. En février, des élections vont se tenir, l'enjeu n'est pas seulement européen, il est mondial.

La zone euro tient grâce à notre voisin allemand, si demain le pays bascule (l'AFD, le parti d'extrême droite propulsé par Elon Musk, arrive en 2e position), alors la zone va imploser.

Nous voyons qu'aujourd'hui, seuls les pays du sud s'en sortent, je pense au Portugal, à la Grèce et même à l'Italie
" montre en exemple Marc Touati.

Des nations qui ont connu des chocs sociaux très importants, dans le but de réduire les dépenses publiques.

La mode n'est plus à la dépense, mais à l'austérité. L'avenir nous dira, où placer le curseur, alors que l'Espagne très rarement citée dans les médias français, fait office de contre-exemple.

Le gouvernement de gauche a décidé de ne pas fermer les robinets et de mener une politique sociale audacieuse. Le retournement est tel, que l'on parle même de miracle espagnol.

Matières premières et droits de douane : "Trump fait peur pour finalement mieux négocier"

Et sur le front international, il n'est pas possible d'éviter le gros sujet du moment : l'investiture de Donald Trump.

Bien que le milliardaire n'est pas encore en place à la Maison-Blanche, ses tweets et autres sorties médiatiques font trembler le monde entier, notamment sur les matières premières et les droits de douane.

"Donald Trump est un homme d'affaires.

Ce qui est important pour lui et les Américains, ce n'est pas seulement America First, mais le business avant tout.

Il ne veut pas augmenter les droits de douane partout, il veut seulement le faire avec les pays qui voulaient arrêter d'avoir leurs réserves de changes en dollars. La force des USA réside dans le poids du dollar dans le système monétaire international.

Il sait très bien que si jamais la suprématie du dollar est perdue, les États-Unis s'effondrent. Il fait peur pour finalement mieux négocier,
" dévoile Marc Touati.

Une méthode musclée qui ne vise pas vraiment l'Europe. Trop affaibli, le Vieux Continent n'est pas perçu comme une menace, d'autant plus avec un euro en perte de vitesse.

Des négociations seraient déjà en cours avec la Chine et l'Inde, les deux locomotives mondiales, pour maintenir la place de la monnaie américaine. Dans ce marasme, les entreprises ont tout intérêt à regarder en dehors de nos frontières.

"Dans toute crise, il existe des opportunités.

Je conseille 4 piliers aux chefs d'entreprises : développer des services et produits de niche, bien communiquer sur son savoir-faire, continuer d'innover et pour finir, l'internationalisation
" conclut-il en guise d'espoir.


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