"D'après notre dernière étude de novembre auprès de nos adhérents, 75% des entreprises européennes de la distribution touristique expliquaient que les réservations avaient chuté entre 25 et 50%" explique Eric Drésin (ECTAA) - DR
TourMaG.com - Une nouvelle année débute, avez-vous des retours au niveau européen sur les vacances de fin d'année qui viennent de passer ?
Eric Drésin : Il est encore trop tôt pour se prononcer.
Par contre nous avons interrogé nos adhérents (les organisations patronales du secteur, comme les EDV, ndlr), en novembre 2021.
Au niveau des réservations, 60% des associations déclaraient que par rapport à la période 2019/2020 leurs adhérents observaient une activité toujours en baisse de 50% à 75%. Nous parlons là des agences de voyages.
Et 75% des entreprises en Europe ont vu leurs réservations chuter entre 25 et 50%.
Dans l'ensemble le marché est encore sinistré. Nous sommes dans une situation, où le secteur a toujours besoin d'aides. Et encore, nous n'avons pas les chiffres de décembre, alors que le variant omicron a entrainé des restrictions partout dans le monde.
Il est indispensable que les Etats continuent le soutien apporté aux agences de voyages.
TourMaG.com - Après deux ans de crise, arrivez-vous à dresser un panorama de la distribution ?
Eric Drésin : Si nous n'avons pas de chiffres stricto sensu concernant les faillites à l’échelle européenne.
Ce que nous savons, c'est qu'elles commencent à arriver
Il y a un réajustement des groupes face à la réorientation de la demande et des nouvelles conditions de distribution. Par contre, nous savons que les équipes ont été réduites un peu partout en Europe, c'est une tendance lourde.
D'après l'étude de novembre 2021, plus de la moitié des entreprises du secteur ont réduit d'au moins 25% leurs effectifs.
Eric Drésin : Il est encore trop tôt pour se prononcer.
Par contre nous avons interrogé nos adhérents (les organisations patronales du secteur, comme les EDV, ndlr), en novembre 2021.
Au niveau des réservations, 60% des associations déclaraient que par rapport à la période 2019/2020 leurs adhérents observaient une activité toujours en baisse de 50% à 75%. Nous parlons là des agences de voyages.
Et 75% des entreprises en Europe ont vu leurs réservations chuter entre 25 et 50%.
Dans l'ensemble le marché est encore sinistré. Nous sommes dans une situation, où le secteur a toujours besoin d'aides. Et encore, nous n'avons pas les chiffres de décembre, alors que le variant omicron a entrainé des restrictions partout dans le monde.
Il est indispensable que les Etats continuent le soutien apporté aux agences de voyages.
TourMaG.com - Après deux ans de crise, arrivez-vous à dresser un panorama de la distribution ?
Eric Drésin : Si nous n'avons pas de chiffres stricto sensu concernant les faillites à l’échelle européenne.
Ce que nous savons, c'est qu'elles commencent à arriver
Il y a un réajustement des groupes face à la réorientation de la demande et des nouvelles conditions de distribution. Par contre, nous savons que les équipes ont été réduites un peu partout en Europe, c'est une tendance lourde.
D'après l'étude de novembre 2021, plus de la moitié des entreprises du secteur ont réduit d'au moins 25% leurs effectifs.
"Des pays pourraient fermer les portes de différentes destinations, n'ayant pas le même niveau de vaccination"
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TourMaG.com - Malgré tout, nous sentons une dynamique nouvelle depuis quelques jours, avec moins de restrictions et de plus en plus d'allègements ds protocoles...
Eric Drésin : C'est une bonne chose, il est clair que pour nous, la saison d'hiver doit se faire avec le moins de frictions possible.
Nous sommes encore dans le temps pour réussir cette saison, les pays sont dans les starting-blocks. En février et mars, nous espérons avoir un allègement progressif, mais constant des barrières aux voyages.
Les entreprises sont prêtes, reste aux Etats de montrer la voie.
Ce qui m'interpelle, c'est la dimension internationale de la gestion de l'épidémie, avec notamment en ce qui concerne la vaccination.
Autant au niveau européen, nous sommes presque tous sur une dynamique plus ou moins commune, avec quelques rares cas comme la Bulgarie, mais à l'avenir, quel sera le traitement pour les pays africains, asiatiques ou sud-américains ? Des destinations, avec une vaccination plus ou moins faible.
Quid aussi des stratégies de 0 cas comme en Australie ou en Chine ?
Toutes ces dynamiques et stratégies peuvent nous questionner quant à une reprise des voyages long-courrier, dans les prochains mois.
TourMaG.com - Pensez-vous que la géopolitique touristique va se déplacer sur la stratégie vaccinale des pays ? En somme que la France puisse interdire ou freiner les relations avec des pays ayant de plus grandes chances de voir émerger un nouveau variant, en raison d'une vaccination faible.
Eric Drésin : Nous risquons d'avoir des surprises.
L'Europe est un continent avec une population plutôt âgée, ce qui n'est pas le cas pour l'Asie ou l'Afrique par exemple.
Ainsi, face à la peur de ramener le covid-19, des pays pourraient fermer les portes de différentes destinations, n'ayant pas le même niveau de vaccination.
Au niveau européen, nous avons bien travaillé, maintenant nous devons dézoomer et regarder au niveau international, pour éviter les déboires que nous avons connus avec l'Afrique du Sud.
Ces mesures radicales n'ont pas empêché la circulation du variant en Europe.
Eric Drésin : C'est une bonne chose, il est clair que pour nous, la saison d'hiver doit se faire avec le moins de frictions possible.
Nous sommes encore dans le temps pour réussir cette saison, les pays sont dans les starting-blocks. En février et mars, nous espérons avoir un allègement progressif, mais constant des barrières aux voyages.
Les entreprises sont prêtes, reste aux Etats de montrer la voie.
Ce qui m'interpelle, c'est la dimension internationale de la gestion de l'épidémie, avec notamment en ce qui concerne la vaccination.
Autant au niveau européen, nous sommes presque tous sur une dynamique plus ou moins commune, avec quelques rares cas comme la Bulgarie, mais à l'avenir, quel sera le traitement pour les pays africains, asiatiques ou sud-américains ? Des destinations, avec une vaccination plus ou moins faible.
Quid aussi des stratégies de 0 cas comme en Australie ou en Chine ?
Toutes ces dynamiques et stratégies peuvent nous questionner quant à une reprise des voyages long-courrier, dans les prochains mois.
TourMaG.com - Pensez-vous que la géopolitique touristique va se déplacer sur la stratégie vaccinale des pays ? En somme que la France puisse interdire ou freiner les relations avec des pays ayant de plus grandes chances de voir émerger un nouveau variant, en raison d'une vaccination faible.
Eric Drésin : Nous risquons d'avoir des surprises.
L'Europe est un continent avec une population plutôt âgée, ce qui n'est pas le cas pour l'Asie ou l'Afrique par exemple.
Ainsi, face à la peur de ramener le covid-19, des pays pourraient fermer les portes de différentes destinations, n'ayant pas le même niveau de vaccination.
Au niveau européen, nous avons bien travaillé, maintenant nous devons dézoomer et regarder au niveau international, pour éviter les déboires que nous avons connus avec l'Afrique du Sud.
Ces mesures radicales n'ont pas empêché la circulation du variant en Europe.
Pass vaccinal : "Il serait compliqué d'avoir un nouveau document pour voyager"
TourMaG.com - L'instauration du pass vaccinal, comme le nouveau sésame afin de quitter l'Europe est-il un sujet ?
Eric Drésin : Pour le moment ça n'a pas été un sujet de débat parmi nos membres au niveau européen.
Dans l'absolu, nous n'avons pas besoin d'un pass vaccinal pour circuler dans le monde , sauf dans certaines régions. Il serait compliqué d'avoir à travailler avec un nouveau document pour voyager, surtout que les règles sont différentes d’un pays à un autre, d’une région du monde à une autre.
Encore une fois, nous militons pour une meilleure coordination des Etats membres en matière des restrictions de voyages.
TourMaG.com - L'Europe a fixé la durée de validité du pass vaccinal à 9 mois. Pouvez-vous nous expliquer ?
Eric Drésin : C'est une recommandation de la Commission européenne.
L'objectif étant d'uniformiser les positions au niveau national et d'éviter de se retrouver avec des situations de gel, donc avec chaque pays ayant une réglementation différente.
Après nous avons déjà l'exemple de croisiéristes en Allemagne qui demande un délai plus court entre les doses de rappel.
À partir de la mi-février, ils exigent que les adultes doivent également se soumettre à une vaccination de rappel, à condition que la vaccination de base ait été effectuée il y a plus de trois mois.
Cela me soucie, car le secteur a besoin de règles claires, simples et constantes, et là, nous nous retrouvons avec des opérateurs qui rajoutent une couche de mesures, donc de la complexité.
Nous ne demandons pas nécessairement une règle unique, mais plutôt une coordination et de la visibilité sur la durée.
Eric Drésin : Pour le moment ça n'a pas été un sujet de débat parmi nos membres au niveau européen.
Dans l'absolu, nous n'avons pas besoin d'un pass vaccinal pour circuler dans le monde , sauf dans certaines régions. Il serait compliqué d'avoir à travailler avec un nouveau document pour voyager, surtout que les règles sont différentes d’un pays à un autre, d’une région du monde à une autre.
Encore une fois, nous militons pour une meilleure coordination des Etats membres en matière des restrictions de voyages.
TourMaG.com - L'Europe a fixé la durée de validité du pass vaccinal à 9 mois. Pouvez-vous nous expliquer ?
Eric Drésin : C'est une recommandation de la Commission européenne.
L'objectif étant d'uniformiser les positions au niveau national et d'éviter de se retrouver avec des situations de gel, donc avec chaque pays ayant une réglementation différente.
Après nous avons déjà l'exemple de croisiéristes en Allemagne qui demande un délai plus court entre les doses de rappel.
À partir de la mi-février, ils exigent que les adultes doivent également se soumettre à une vaccination de rappel, à condition que la vaccination de base ait été effectuée il y a plus de trois mois.
Cela me soucie, car le secteur a besoin de règles claires, simples et constantes, et là, nous nous retrouvons avec des opérateurs qui rajoutent une couche de mesures, donc de la complexité.
Nous ne demandons pas nécessairement une règle unique, mais plutôt une coordination et de la visibilité sur la durée.
Le plus important des dossiers concerne "la révision de la directive sur le voyage à forfait"
TourMaG.com - Quelles sont actuellement vos marges de manoeuvre pour aider les entreprises du tourisme ?
Eric Drésin : Comme je vous l'ai dit, nous travaillons pour une meilleure coordination des politiques nationales, en matière de voyages.
La Commission européenne doit valider les mesures des pays membres pour soutenir les différents secteurs touchés.
Nous faisons en sorte de nous assurer que la Commission reste bienveillante sur ce type de dossiers. Ensuite sur notre bureau, nous avons beaucoup de sujets.
Le plus important, au niveau de l'agenda, c'est la révision de la directive sur le voyage à forfait.
Nous avons pu échanger avec la Commission sur ce sujet et nous avons appris qu'une consultation publique débuterait à la fin du mois de janvier 2022 à laquelle nous contribuerons bien évidemment.
Une action de lobbying importante devra être mise en place à ce sujet. Le tourisme durable est aussi l'un des dossiers importants, notamment dans le cadre de la présidence européenne de la France.
Pour finir, il y aussi la question de la mobilité multimodale, avec la possibilité pour les agences de voyages de s'approprier une partie de la distribution.
TourMaG.com - C'est-à-dire ?
Eric Drésin : La Commission essaye de développer un cadre juridique pour les services digitaux pour permettre une mobilité multimodale.
Ce cadre va concerner la manière d'accéder à l'information, aux produits, comment les vendre, etc. Et nous souhaitons que les agences de voyages participent à ce chantier.
Eric Drésin : Comme je vous l'ai dit, nous travaillons pour une meilleure coordination des politiques nationales, en matière de voyages.
La Commission européenne doit valider les mesures des pays membres pour soutenir les différents secteurs touchés.
Nous faisons en sorte de nous assurer que la Commission reste bienveillante sur ce type de dossiers. Ensuite sur notre bureau, nous avons beaucoup de sujets.
Le plus important, au niveau de l'agenda, c'est la révision de la directive sur le voyage à forfait.
Nous avons pu échanger avec la Commission sur ce sujet et nous avons appris qu'une consultation publique débuterait à la fin du mois de janvier 2022 à laquelle nous contribuerons bien évidemment.
Une action de lobbying importante devra être mise en place à ce sujet. Le tourisme durable est aussi l'un des dossiers importants, notamment dans le cadre de la présidence européenne de la France.
Pour finir, il y aussi la question de la mobilité multimodale, avec la possibilité pour les agences de voyages de s'approprier une partie de la distribution.
TourMaG.com - C'est-à-dire ?
Eric Drésin : La Commission essaye de développer un cadre juridique pour les services digitaux pour permettre une mobilité multimodale.
Ce cadre va concerner la manière d'accéder à l'information, aux produits, comment les vendre, etc. Et nous souhaitons que les agences de voyages participent à ce chantier.
REACTION DE LAURENCE GAUDART, REDACTRICE EN CHEF MEMBERSHIP CLUB
"Personnellement je ne sais pas qui il faut aider et comment ? Je ne suis pas sûre que les aides financières de l’Etat soient vraiment le médicament pour ne plus souffrir. Je les vois plutôt comme un placebo qui forcément aura et a déjà de graves répercussions sur le mental des troupes et qui conduit certaines personnes à changer de métier alors que c’était leur véritable passion.
Cela dit, ce qui a été fait en France sur la protection des salariés et employeurs a été une belle démonstration de solidarité et tout de même d’espoir pour la continuité des actions… Même si je sais que certaines agences ont du mal à s’en sortir aujourd’hui, en fonction de leur business modèle.
Il faut surtout penser à construire l’avenir, et cela exige que les aides soient justifiées par des projets, des formations et des actions visant l’excellence dans l’organisation et le parcours client.Mais sommes-nous tous égaux en matière de vente ? Comment fonctionnent certaines agences de voyages qui affichent des réductions à -90% ? J’avoue que je ne comprends pas le mécanisme ni le message envoyé aux consommateurs ?
Par rapport aux sondages évoqués, sur la situation dans les agences, comment sont-ils réalisés et auprès de qui et pour qui ? Les clients ne sont-ils pas partis ailleurs ? N'ont-ils pas fait le choix de réserver des lieux de proximité (appartements…) sans faire appel aux agences ? De plus en plus de « plate-formes » apparaissent dans notre paysage qui ne sont pas liées à notre métier de base ...Beaucoup d’agences souffrent des restrictions actuelles et à venir et il est compliqué aujourd’hui de vendre sereinement.
Le discours du « conseiller de vente » est donc très important pour le voyageur. Nous devons avoir la capacité à orienter les clients selon les conditions actuelles (en se référant notamment aux taux de vaccination dans chaque pays ?). Bien sûr certaines agences spécialisées se retrouvent dans l’incapacité de réaliser des ventes et elles doivent, par conséquent, être différenciées et recevoir un soutien approprié !D'après l'étude de novembre 2021, “plus de la moitié des entreprises du secteur ont réduit d'au moins 25% leurs effectifs.”
C’est un drame, évidemment ! Certaines d’entre-elles ont peut-être mis en place une restructuration permettant de vendre différemment ? Ou se sont adaptées à la nouvelle donne pour faire plus de ventes « en ligne » . Dans tous les cas, c’est un fait que quand il n’y a pas de visibilité, il ne peut pas y avoir d’avenir !"
Cela dit, ce qui a été fait en France sur la protection des salariés et employeurs a été une belle démonstration de solidarité et tout de même d’espoir pour la continuité des actions… Même si je sais que certaines agences ont du mal à s’en sortir aujourd’hui, en fonction de leur business modèle.
Il faut surtout penser à construire l’avenir, et cela exige que les aides soient justifiées par des projets, des formations et des actions visant l’excellence dans l’organisation et le parcours client.Mais sommes-nous tous égaux en matière de vente ? Comment fonctionnent certaines agences de voyages qui affichent des réductions à -90% ? J’avoue que je ne comprends pas le mécanisme ni le message envoyé aux consommateurs ?
Par rapport aux sondages évoqués, sur la situation dans les agences, comment sont-ils réalisés et auprès de qui et pour qui ? Les clients ne sont-ils pas partis ailleurs ? N'ont-ils pas fait le choix de réserver des lieux de proximité (appartements…) sans faire appel aux agences ? De plus en plus de « plate-formes » apparaissent dans notre paysage qui ne sont pas liées à notre métier de base ...Beaucoup d’agences souffrent des restrictions actuelles et à venir et il est compliqué aujourd’hui de vendre sereinement.
Le discours du « conseiller de vente » est donc très important pour le voyageur. Nous devons avoir la capacité à orienter les clients selon les conditions actuelles (en se référant notamment aux taux de vaccination dans chaque pays ?). Bien sûr certaines agences spécialisées se retrouvent dans l’incapacité de réaliser des ventes et elles doivent, par conséquent, être différenciées et recevoir un soutien approprié !D'après l'étude de novembre 2021, “plus de la moitié des entreprises du secteur ont réduit d'au moins 25% leurs effectifs.”
C’est un drame, évidemment ! Certaines d’entre-elles ont peut-être mis en place une restructuration permettant de vendre différemment ? Ou se sont adaptées à la nouvelle donne pour faire plus de ventes « en ligne » . Dans tous les cas, c’est un fait que quand il n’y a pas de visibilité, il ne peut pas y avoir d’avenir !"