Le quartier du Panier à Marseille a subi depuis 30 ans une évolution particulièrement évocatrice de gentrification, qui porte en lui l’un des visages du tourisme de demain - DR : OT Marseille, @joOMTCM
Le tourisme marseillais reprend des couleurs. Pour preuve, dans les rues étroites du Panier, un petit train avec clochettes, wagons à ciel ouvert, se tortille sur les pavés en évitant plus ou moins soigneusement les piétons.
Non content de faire sonner ses clochettes, le petit train recouvert de publicités, conduit nonchalamment par un chauffeur homme-orchestre jouant aussi le rôle de guide touristique, fait de nouveau partie du paysage du quartier.
Un quartier qui, il y a à peine 30 ans, comptait parmi les coupe-gorges de la cité phocéenne.
Se promener dans le Panier tenait autant de l’inconscience que du manque de goût. Habiter le Panier reflétait une situation sociale pour le moins précaire.
Celle d’une population précaire qui, derrière des façades décrépies, des murs décatis et lézardés, des commodités en mauvais état de marche, tentaient tant bien que mal de survivre dans la douceur de vivre marseillaise.
Les mètres carrés n’y coûtaient pas bien cher. Qui donc aurait osé se fourvoyer dans les rues et les escaliers de cette colline misérable et de petite vertu, édifiée sur l’emplacement même d’un acropole dédié à la déesse Minerve ?
Le Panier a pourtant fait d’abord figure de quartier bourgeois dont les immeubles rassemblés parfois en hôtels particuliers le long de ruelles étroites, avaient fière allure.
Parsemée de moulins alimentant les boulangeries du quartier, la place située sur le sommet de la colline, comptait espaces verts et maisons aisées tandis que d’autres places accueillaient marchés et petits commerces.
De plus, entouré de murailles aujourd’hui détruites, Le Panier (dont le nom provient d’une auberge dit « auberge du Panier ») affichait la mentalité et les apparences d’un véritable village situé en pleine ville.
Non content de faire sonner ses clochettes, le petit train recouvert de publicités, conduit nonchalamment par un chauffeur homme-orchestre jouant aussi le rôle de guide touristique, fait de nouveau partie du paysage du quartier.
Un quartier qui, il y a à peine 30 ans, comptait parmi les coupe-gorges de la cité phocéenne.
Se promener dans le Panier tenait autant de l’inconscience que du manque de goût. Habiter le Panier reflétait une situation sociale pour le moins précaire.
Celle d’une population précaire qui, derrière des façades décrépies, des murs décatis et lézardés, des commodités en mauvais état de marche, tentaient tant bien que mal de survivre dans la douceur de vivre marseillaise.
Les mètres carrés n’y coûtaient pas bien cher. Qui donc aurait osé se fourvoyer dans les rues et les escaliers de cette colline misérable et de petite vertu, édifiée sur l’emplacement même d’un acropole dédié à la déesse Minerve ?
Le Panier a pourtant fait d’abord figure de quartier bourgeois dont les immeubles rassemblés parfois en hôtels particuliers le long de ruelles étroites, avaient fière allure.
Parsemée de moulins alimentant les boulangeries du quartier, la place située sur le sommet de la colline, comptait espaces verts et maisons aisées tandis que d’autres places accueillaient marchés et petits commerces.
De plus, entouré de murailles aujourd’hui détruites, Le Panier (dont le nom provient d’une auberge dit « auberge du Panier ») affichait la mentalité et les apparences d’un véritable village situé en pleine ville.
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Mais, au 17e siècle, changement d’ambiance.
Le Panier est déserté par la bourgeoisie marseillaise pressée de s’installer dans de nouveaux espaces plus lumineux ouverts sur la Canebière ou la rue de la République.
C’est le début du déclin. Le quartier devient populaire, surpeuplé et mal entretenu, se repliant peu à peu sur lui-même.
Et, les grands projets d’urbanisme qui se succèdent ont toutes les peines du monde à aboutir à une modernisation indispensable.
Refuge de familles modestes de pêcheurs et autres marins et commerçants tirant leurs revenus de cette mer bouillonnante d’activités qu’est la Méditerranée, le Panier vit alors une période à la fois de grande misère, peu à peu soulagée par une économie interlope naviguant sur les eaux douteuses du trafic et de la prostitution.
Car, qui dit port et marins, dit aussi ces femmes de petite vertu indispensables à l’équilibre de la vie masculine et portuaire.
Dès le 19e siècle, le Panier tire alors sa réputation du nombre impressionnant de maisons closes, bars louches et bordels où les femmes gagnaient maigrement leur pitance. La rue des Lorettes témoigne de cette activité.
La rue de La Lanternerie, disparue dans les destructions allemandes de février 1943, était la principale artère du "secteur réservé" qui, en 1882, comptait 13 maisons de tolérance pour seulement 14 immeubles.
La rue de la Bouterie en comptait 15 dans lesquelles exerçaient celles que l’on mentionne ans les archives de la ville comme « filles soumises ». Deux mètres de trottoir leur étaient octroyés. C’est dire les rudes conditions de travail qu’on leur imposait.
De plus en plus misérable, le quartier ne tarde pas à la même époque à attirer les différentes couches d’immigration : Napolitains, Arméniens, Corses, juifs des Balkans, puis Magrébins investissent les lieux, développant leurs petits commerces et artisanats, ouvrant bars et restaurants tandis que grand, petit banditisme et mafias de toutes sortes prospèrent.
On y parle même de traite des blanches !
Le Panier est déserté par la bourgeoisie marseillaise pressée de s’installer dans de nouveaux espaces plus lumineux ouverts sur la Canebière ou la rue de la République.
C’est le début du déclin. Le quartier devient populaire, surpeuplé et mal entretenu, se repliant peu à peu sur lui-même.
Et, les grands projets d’urbanisme qui se succèdent ont toutes les peines du monde à aboutir à une modernisation indispensable.
Refuge de familles modestes de pêcheurs et autres marins et commerçants tirant leurs revenus de cette mer bouillonnante d’activités qu’est la Méditerranée, le Panier vit alors une période à la fois de grande misère, peu à peu soulagée par une économie interlope naviguant sur les eaux douteuses du trafic et de la prostitution.
Car, qui dit port et marins, dit aussi ces femmes de petite vertu indispensables à l’équilibre de la vie masculine et portuaire.
Dès le 19e siècle, le Panier tire alors sa réputation du nombre impressionnant de maisons closes, bars louches et bordels où les femmes gagnaient maigrement leur pitance. La rue des Lorettes témoigne de cette activité.
La rue de La Lanternerie, disparue dans les destructions allemandes de février 1943, était la principale artère du "secteur réservé" qui, en 1882, comptait 13 maisons de tolérance pour seulement 14 immeubles.
La rue de la Bouterie en comptait 15 dans lesquelles exerçaient celles que l’on mentionne ans les archives de la ville comme « filles soumises ». Deux mètres de trottoir leur étaient octroyés. C’est dire les rudes conditions de travail qu’on leur imposait.
De plus en plus misérable, le quartier ne tarde pas à la même époque à attirer les différentes couches d’immigration : Napolitains, Arméniens, Corses, juifs des Balkans, puis Magrébins investissent les lieux, développant leurs petits commerces et artisanats, ouvrant bars et restaurants tandis que grand, petit banditisme et mafias de toutes sortes prospèrent.
On y parle même de traite des blanches !
Sur les pas du grand banditisme en visite guidée
Pour illustrer cette période, un guide propose une visite liée aux anciennes maisons de tolérance, à la naissance de la police judiciaire, aux débuts du trafic de l’opium…
Il évoque : le quartier "réservé" et ce qu'il est devenu durant la deuxième guerre mondiale, le fonctionnement de la traite des blanches, les premières bandes organisées...
En milieu de balade, on passe même chez "Alain" pour des images d'archives du Marseille d'antan tandis qu’en parcourant Marseille à pied autour de la mairie et dans le Panier, on revit durant 3h les moments tragiques et singuliers du Milieu marseillais depuis la belle époque jusqu’à la première guerre mondiale.
L’époque des premières bandes de nervis "les Saint Janens", pères de la "traite des blanches", celle de Carbone et Spirito, les "affranchis" qui ont posé les bases du grand banditisme, les débuts de la French Connection avec les frères Guérini…
Le Panier sous ses airs désormais bourgeois, c’est aussi tout cela. Soit, une scène permanente de théâtre, des images sans cesse renouvelées.
Il évoque : le quartier "réservé" et ce qu'il est devenu durant la deuxième guerre mondiale, le fonctionnement de la traite des blanches, les premières bandes organisées...
En milieu de balade, on passe même chez "Alain" pour des images d'archives du Marseille d'antan tandis qu’en parcourant Marseille à pied autour de la mairie et dans le Panier, on revit durant 3h les moments tragiques et singuliers du Milieu marseillais depuis la belle époque jusqu’à la première guerre mondiale.
L’époque des premières bandes de nervis "les Saint Janens", pères de la "traite des blanches", celle de Carbone et Spirito, les "affranchis" qui ont posé les bases du grand banditisme, les débuts de la French Connection avec les frères Guérini…
Le Panier sous ses airs désormais bourgeois, c’est aussi tout cela. Soit, une scène permanente de théâtre, des images sans cesse renouvelées.
L’effet de la série : « Plus belle la vie » !
Illustrant en partie cette iconographie nauséabonde indissociable de la capitale méditerranéenne, le Panier profite de ses immigrés pour compléter sa carte de visite par de nouveaux clichés : soleil, accent chantant, parties de cartes, comptoirs dégoulinant de pastis et autres breuvages, bonne humeur, convivialité… combinés aux premiers fours à pizza et aux premiers couscous.
Une iconographie totalement en harmonie avec les goûts « bourgeois bohêmes » de la fin du millénaire.
Et, miracle, pour le faire savoir, dès 2004, France 3 diffuse un feuilleton remportant immédiatement les faveurs du public : « Plus belle la vie ».
Tous les soirs, les mésaventures, les amours, les joies et les peines des habitants du Panier sont suivis par plus de 5 millions de téléspectateurs assidus !
Un succès inattendu et spectaculaire qui propulse Marseille sur le devant de la scène et le quartier du Panier en première ligne des best-sellers de la ville. Pourtant, tout est faux dans le feuilleton.
Le bar du Mistral, l’hôtel, les boutiques… le décor du Panier est du carton pâte, que les touristes viennent pourtant chercher à visiter, comme l’indique l’office de tourisme de Marseille.
Un commerçant en a même profité pour créer un « faux » commerce et cela a marché. Un temps !
En fallait-il plus pour amplifier la transformation sociale en cours ?
Une iconographie totalement en harmonie avec les goûts « bourgeois bohêmes » de la fin du millénaire.
Et, miracle, pour le faire savoir, dès 2004, France 3 diffuse un feuilleton remportant immédiatement les faveurs du public : « Plus belle la vie ».
Tous les soirs, les mésaventures, les amours, les joies et les peines des habitants du Panier sont suivis par plus de 5 millions de téléspectateurs assidus !
Un succès inattendu et spectaculaire qui propulse Marseille sur le devant de la scène et le quartier du Panier en première ligne des best-sellers de la ville. Pourtant, tout est faux dans le feuilleton.
Le bar du Mistral, l’hôtel, les boutiques… le décor du Panier est du carton pâte, que les touristes viennent pourtant chercher à visiter, comme l’indique l’office de tourisme de Marseille.
Un commerçant en a même profité pour créer un « faux » commerce et cela a marché. Un temps !
En fallait-il plus pour amplifier la transformation sociale en cours ?
Euroméditerranée : la renaissance de Marseille et du Panier
Oui. Il aura fallu que la nouvelle dynamique de la Cité phocéenne porte ses fruits.
Le TVG qui relie la gare Saint-Charles à Paris en moins de trois heures accomplit son trajet inaugural en 2001. C’est un premier point et il est capital.
Désormais, Marseille devient l’annexe de Paris, une alternative, une résidence secondaire, un pied à terre, une résidence principale à partir de laquelle on commute facilement vers le nord pour aller travailler en semaine.
Par ailleurs, au fur et à mesure, l’énorme projet Euroméditerranée prend forme.
Dès 1995, des milliers de mètres carrés sont transformés en bureaux, appartements, salles de congrès, galeries commerciales, hôtels, restaurants, résidences de tourisme mais aussi écoles, centres culturels, parkings, lieux de vie…
Au pied du Panier, c’est une ville entière tournée vers le futur qui se déploie et offre aux habitants de nouvelles perspectives. Le chantier arrivera à son terme en 2030. Marseille peut commencer à rivaliser avec Barcelone et Gênes.
Quelques années plus tard encore, en 2013, choisie pour porter le titre de « capitale européenne de la culture », la cité phocéenne développe une stratégie de renouveau culturel et de réaménagement de son « vieux port » et de son centre-ville.
Elle s’installe sur le devant de la scène avec un programme d’animations culturelles particulièrement ambitieux qui lui vaut une couverture médiatique internationale sans précédent et surtout lui confère une image touristique qu’elle n’avait jamais eue auparavant.
Les journalistes se pressent dans la ville, en découvre les spécialités, l’histoire, et les charmes rehaussés par un ciel d’azur plongeant dans une mer tout aussi bleue.
Marseille devient désormais tendance. Mieux, le Panier voit ouvrir à ses pieds un autre nouveau quartier dominé par l’exceptionnel Mucem, signé par l’architecte Rudy Riciotti et l’imposant Fort Saint Jean.
Un site permettant aux promeneurs de voyager à travers l’histoire de Marseille et de la Méditerranée et de bénéficier d’extraordinaires panoramas sur la ville, son port, ses îles légendaires dont celle ayant abrité le célébrissime roman d’Alexandre Dumas : Le comte de Monte Cristo.
Enfin, comme si toutes les fées s’étaient penchées sur le berceau du quartier, l’énorme hôpital de la Vieille Charité entièrement rénové a ouvert ses portes sur un musée archéologique, un musée d’histoire, des expositions, des salles de conférences et de concerts.
Niché sur la place des Pistoles, il devient un incontournable sur les itinéraires culturels, pour les Marseillais et les visiteurs.
Le TVG qui relie la gare Saint-Charles à Paris en moins de trois heures accomplit son trajet inaugural en 2001. C’est un premier point et il est capital.
Désormais, Marseille devient l’annexe de Paris, une alternative, une résidence secondaire, un pied à terre, une résidence principale à partir de laquelle on commute facilement vers le nord pour aller travailler en semaine.
Par ailleurs, au fur et à mesure, l’énorme projet Euroméditerranée prend forme.
Dès 1995, des milliers de mètres carrés sont transformés en bureaux, appartements, salles de congrès, galeries commerciales, hôtels, restaurants, résidences de tourisme mais aussi écoles, centres culturels, parkings, lieux de vie…
Au pied du Panier, c’est une ville entière tournée vers le futur qui se déploie et offre aux habitants de nouvelles perspectives. Le chantier arrivera à son terme en 2030. Marseille peut commencer à rivaliser avec Barcelone et Gênes.
Quelques années plus tard encore, en 2013, choisie pour porter le titre de « capitale européenne de la culture », la cité phocéenne développe une stratégie de renouveau culturel et de réaménagement de son « vieux port » et de son centre-ville.
Elle s’installe sur le devant de la scène avec un programme d’animations culturelles particulièrement ambitieux qui lui vaut une couverture médiatique internationale sans précédent et surtout lui confère une image touristique qu’elle n’avait jamais eue auparavant.
Les journalistes se pressent dans la ville, en découvre les spécialités, l’histoire, et les charmes rehaussés par un ciel d’azur plongeant dans une mer tout aussi bleue.
Marseille devient désormais tendance. Mieux, le Panier voit ouvrir à ses pieds un autre nouveau quartier dominé par l’exceptionnel Mucem, signé par l’architecte Rudy Riciotti et l’imposant Fort Saint Jean.
Un site permettant aux promeneurs de voyager à travers l’histoire de Marseille et de la Méditerranée et de bénéficier d’extraordinaires panoramas sur la ville, son port, ses îles légendaires dont celle ayant abrité le célébrissime roman d’Alexandre Dumas : Le comte de Monte Cristo.
Enfin, comme si toutes les fées s’étaient penchées sur le berceau du quartier, l’énorme hôpital de la Vieille Charité entièrement rénové a ouvert ses portes sur un musée archéologique, un musée d’histoire, des expositions, des salles de conférences et de concerts.
Niché sur la place des Pistoles, il devient un incontournable sur les itinéraires culturels, pour les Marseillais et les visiteurs.
Le port de croisières : menace ou opportunité
Dernier levier promotionnel pour ce quartier et non des moindres : l’ouverture du terminal de croisières en 2017 qui permettait avant la crise de recevoir près de 2 millions de croisiéristes de toutes nationalités, invités à déambuler à pied ou en train dans le Panier, selon un itinéraire fixe perturbant d’ores et déjà la vie des riverains.
Certes, grâce à la pandémie, ceux-ci n’ont pas encore brandi slogans et bannières anti-touristes, mais la colère grondait, surtout parmi les nouveaux habitants plus exaspérés que les anciens, par cette invasion de leur cadre de vie et d’une ambiance qu’il croyait à jamais figée dans le passé et la couleur locale inimitable de la Méditerranée.
Pour le moment, les croisières sont rares et leurs nuisances également.
C’est pourtant bien cette proximité du terminal de croisières qui est la plus préjudiciable à la mutation du quartier.
Une intrusion qui n’est pas subie de la même façon par la population d’autres quartiers populaires notamment celui de l’Estaque situé à l’écart de ces attractions touristiques. Un peu en retrait du Vieux Port, l’Estaque, par comparaison, est tranquille.
Car, n’oublions pas que le Vieux Port reste la « star » de l’attractivité marseillaise bien qu’il ne reste de « vieux » que son nom, que les pêcheurs n’y soient plus très nombreux et que les conversations entre Monsieur Panisse et monsieur Brun autour d’une partie de belote s’y soient tues depuis des lustres.
En une année « normale », on accueille désormais dans la ville près de 5 millions de touristes attirés aussi par une mythologie faite aussi des romans et des films, des « polars » d’Izzo et de cette chansonnette marseillaise à mi chemin entre opérette et chansons à texte dont les illustres figures dorment au grand cimetière.
Mais, revers de la médaille, le prix du mètre carré du Panier a bondi.
Tandis que, par la même occasion, selon un processus désormais classique, les vieux restaurants provençaux, italiens ou kabyles, les vieux bistrots, les boutiques d’alimentation générale sont remplacés par des boutiques de souvenirs, de vêtements, de pseudo brocantes, de glaciers ou pâtissiers.
On sert de la « fausse bouillabaisse », de mauvaises panisses et l’on vend du faux savon de Marseille tandis que les couscous à 5 euros se retranchent dans le quartier de Noailles qui, de toute évidence, ne devrait pas tarder à subir le même sort que son voisin si tant est que l’on mette les moyens indispensables à sa rénovation.
Fatalité ? Il semble hélas que le monde entier s’est condamné depuis longtemps à subir les dégâts socio-culturels de ce processus inébranlable et que le tourisme n’a d’autre choix que de rester en veille et en recherche permanente de lieux restés secrets et cherchant à le rester. Mais, la partie n’est pas gagnée.
Certes, grâce à la pandémie, ceux-ci n’ont pas encore brandi slogans et bannières anti-touristes, mais la colère grondait, surtout parmi les nouveaux habitants plus exaspérés que les anciens, par cette invasion de leur cadre de vie et d’une ambiance qu’il croyait à jamais figée dans le passé et la couleur locale inimitable de la Méditerranée.
Pour le moment, les croisières sont rares et leurs nuisances également.
C’est pourtant bien cette proximité du terminal de croisières qui est la plus préjudiciable à la mutation du quartier.
Une intrusion qui n’est pas subie de la même façon par la population d’autres quartiers populaires notamment celui de l’Estaque situé à l’écart de ces attractions touristiques. Un peu en retrait du Vieux Port, l’Estaque, par comparaison, est tranquille.
Car, n’oublions pas que le Vieux Port reste la « star » de l’attractivité marseillaise bien qu’il ne reste de « vieux » que son nom, que les pêcheurs n’y soient plus très nombreux et que les conversations entre Monsieur Panisse et monsieur Brun autour d’une partie de belote s’y soient tues depuis des lustres.
En une année « normale », on accueille désormais dans la ville près de 5 millions de touristes attirés aussi par une mythologie faite aussi des romans et des films, des « polars » d’Izzo et de cette chansonnette marseillaise à mi chemin entre opérette et chansons à texte dont les illustres figures dorment au grand cimetière.
Mais, revers de la médaille, le prix du mètre carré du Panier a bondi.
Tandis que, par la même occasion, selon un processus désormais classique, les vieux restaurants provençaux, italiens ou kabyles, les vieux bistrots, les boutiques d’alimentation générale sont remplacés par des boutiques de souvenirs, de vêtements, de pseudo brocantes, de glaciers ou pâtissiers.
On sert de la « fausse bouillabaisse », de mauvaises panisses et l’on vend du faux savon de Marseille tandis que les couscous à 5 euros se retranchent dans le quartier de Noailles qui, de toute évidence, ne devrait pas tarder à subir le même sort que son voisin si tant est que l’on mette les moyens indispensables à sa rénovation.
Fatalité ? Il semble hélas que le monde entier s’est condamné depuis longtemps à subir les dégâts socio-culturels de ce processus inébranlable et que le tourisme n’a d’autre choix que de rester en veille et en recherche permanente de lieux restés secrets et cherchant à le rester. Mais, la partie n’est pas gagnée.
Une hybridation télévisuelle et cinématographique
Comme si le succès du feuilleton « Plus belle la vie » n’avait pas suffi la promotion du Panier, qui ne désemplit pas grâce à la clientèle touristique très francophone tentant de marcher sur les parts des héros, d’autres séries et feuilletons sont tournés dans la ville et le Panier.
Un service dédié aux tournages a même été créé pour faciliter aux équipes repérages et formalités.
Avant le Covid, on comptait 500 tournages de séries, films, feuilletons vus par des millions de spectateurs.
Sans compter la formidable publicité déployée par Netflix sur les murs des aéroports asiatiques pour promouvoir le feuilleton intitulé « Marseille » de Dan Franck !
Ce qui fait que non content d’être un quartier de pierres, le quartier est hybridé par son existence télévisuelle et cinématographique purement fictives mais qui, tous les jours depuis plus de 15 ans, occupent des écrans dans le monde.
Une bonne occasion pour ses tarifs d’augmenter, pour ses immeubles de se transformer en chambres d’hôtes et hôtels de plus en plus haut de gamme recherchés par une clientèle élitiste en quête d’une immersion dans cette couleur locale marseillaise fantasmée.
Un service dédié aux tournages a même été créé pour faciliter aux équipes repérages et formalités.
Avant le Covid, on comptait 500 tournages de séries, films, feuilletons vus par des millions de spectateurs.
Sans compter la formidable publicité déployée par Netflix sur les murs des aéroports asiatiques pour promouvoir le feuilleton intitulé « Marseille » de Dan Franck !
Ce qui fait que non content d’être un quartier de pierres, le quartier est hybridé par son existence télévisuelle et cinématographique purement fictives mais qui, tous les jours depuis plus de 15 ans, occupent des écrans dans le monde.
Une bonne occasion pour ses tarifs d’augmenter, pour ses immeubles de se transformer en chambres d’hôtes et hôtels de plus en plus haut de gamme recherchés par une clientèle élitiste en quête d’une immersion dans cette couleur locale marseillaise fantasmée.
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité et décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité et décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
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Mail : touriscopie@gmail.com