Freud qui n’aimait pas voyager seul, a longuement décrit ses périples, à travers une vaste correspondance composée de missives, de cartes postales et de télégrammes destinée à sa famille. Il a aussi tenu plusieurs journaux de voyages dont l’écriture s’étale sur prés de 30 ans, entre 1895 et 1923 - Photo Statue de Freud à Prague Depositphotos.com Auteur Kris_Usoltseva
Le père de la psychanalyse était passionné par trois choses : les antiquités, les cigares et les voyages.
Voilà pourquoi, il n’hésitait pas tous les ans, à grimper dans des trains souvent très inconfortables pour s’évader non loin de Vienne mais également beaucoup plus loin.
Il partait au Tyrol, en Bavière, en Grèce, en Amérique et essentiellement en Italie, un pays pour lequel il concevait comme tant d’autres, une véritable passion.
Toujours accompagné, .parfois par sa femme, très souvent par sa belle soeur Minna, ou son frère Alexander et, aux USA, par son ami Sandor Ferenczi… Freud qui n’aimait pas voyager seul, a longuement décrit ses périples, à travers une vaste correspondance composée de missives, de cartes postales et de télégrammes destinée à sa famille. Il a aussi tenu plusieurs journaux de voyages dont l’écriture s’étale sur prés de 30 ans, entre 1895 et 1923.
C’est dire l’abondance de la prose « voyageuse » du père de la psychanalyse. Mais, en voyage d’agrément, fait curieux, celui-ci ne fait pratiquement jamais la moindre allusion à ses travaux de chercheur. Excepté lorsqu’il s’embarque pour l’Amérique. Un voyage professionnel qu’il accomplit en 1909. Quand on sait qu’il publiait au même moment des ouvrages clés pour l’inconscient, ce détail ne manque pas de surprendre. Discret Freud ? Désireux peut-être de se vider la cervelle afin de tirer le plus grand profit de ses évasions ? Ou tout simplement paresseux ? En fait, Freud dans sa correspondance familiale, a choisi de se concentrer sur un récit purement touristique.
Voilà pourquoi, il fait un grand état de la beauté des paysages et de l’ensemble des visites culturelles dont sont ponctués ses séjours. En homme cultivé, cosmopolite, imprégné d’hellénisme, de culture latine, de mythologie dont Elisabeth Roudinesco dit : « il aurait pu être Dante, Ulysse ou Lord Jim », il n’épargne de ses commentaires ni les musées, ni les églises, ni les jardins, les galeries et les belles demeures.
Et lors de sa visite à l’Acropole, détail touchant, il avoue avoir mis sa plus belle chemise. On est en 1904 ! Mais, si rien n’échappe à la curiosité insatiable et à la culture du professeur Freud, le voyageur n’est pas avare non plus, et c’est son intérêt, de détails pratiques et de multiples petits coups de plume très terre à terre, souvent anodins, parfois superficiels, révélateurs à la fois de son tempérament, de ses comportements et des habitudes de voyages d’une époque. Une époque qui, pour éloignée qu’elle soit, n’en est pas moins étonnamment contemporaine.
Au jour le jour, telles quelles, ses innombrables observations mettent en valeur au moins trois préoccupations dont le moins que l’on puisse dire est qu’elles ont toutes les chances de survivre aux siècles à venir. Quelles sont-elles ?
Voilà pourquoi, il n’hésitait pas tous les ans, à grimper dans des trains souvent très inconfortables pour s’évader non loin de Vienne mais également beaucoup plus loin.
Il partait au Tyrol, en Bavière, en Grèce, en Amérique et essentiellement en Italie, un pays pour lequel il concevait comme tant d’autres, une véritable passion.
Toujours accompagné, .parfois par sa femme, très souvent par sa belle soeur Minna, ou son frère Alexander et, aux USA, par son ami Sandor Ferenczi… Freud qui n’aimait pas voyager seul, a longuement décrit ses périples, à travers une vaste correspondance composée de missives, de cartes postales et de télégrammes destinée à sa famille. Il a aussi tenu plusieurs journaux de voyages dont l’écriture s’étale sur prés de 30 ans, entre 1895 et 1923.
C’est dire l’abondance de la prose « voyageuse » du père de la psychanalyse. Mais, en voyage d’agrément, fait curieux, celui-ci ne fait pratiquement jamais la moindre allusion à ses travaux de chercheur. Excepté lorsqu’il s’embarque pour l’Amérique. Un voyage professionnel qu’il accomplit en 1909. Quand on sait qu’il publiait au même moment des ouvrages clés pour l’inconscient, ce détail ne manque pas de surprendre. Discret Freud ? Désireux peut-être de se vider la cervelle afin de tirer le plus grand profit de ses évasions ? Ou tout simplement paresseux ? En fait, Freud dans sa correspondance familiale, a choisi de se concentrer sur un récit purement touristique.
Voilà pourquoi, il fait un grand état de la beauté des paysages et de l’ensemble des visites culturelles dont sont ponctués ses séjours. En homme cultivé, cosmopolite, imprégné d’hellénisme, de culture latine, de mythologie dont Elisabeth Roudinesco dit : « il aurait pu être Dante, Ulysse ou Lord Jim », il n’épargne de ses commentaires ni les musées, ni les églises, ni les jardins, les galeries et les belles demeures.
Et lors de sa visite à l’Acropole, détail touchant, il avoue avoir mis sa plus belle chemise. On est en 1904 ! Mais, si rien n’échappe à la curiosité insatiable et à la culture du professeur Freud, le voyageur n’est pas avare non plus, et c’est son intérêt, de détails pratiques et de multiples petits coups de plume très terre à terre, souvent anodins, parfois superficiels, révélateurs à la fois de son tempérament, de ses comportements et des habitudes de voyages d’une époque. Une époque qui, pour éloignée qu’elle soit, n’en est pas moins étonnamment contemporaine.
Au jour le jour, telles quelles, ses innombrables observations mettent en valeur au moins trois préoccupations dont le moins que l’on puisse dire est qu’elles ont toutes les chances de survivre aux siècles à venir. Quelles sont-elles ?
Le goût du shopping
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Première surprise : au fil des pages et des années, Freud se montre passionné par une activité touristique pour le moins superficielle : le shopping ! De façon étonnante et insistante, le psychanalyste consacre donc une grande partie de ses missives aux qualités commerciales des villes où il séjourne.
Ainsi, de Sienne en 1897, il écrit : « J’ai acheté hier un merveilleux chapeau, ainsi qu’un premier cadeau à rapporter ». Mais à Florence en 1907, il regrette : « Comme nous étions dimanche, nous n’avons pas pu faire d’achats, alors que les occasions ne manquent pas, au point que c’en est troublant. »
Plus loin, à Rome, la même année, il se désespère encore: « Rome n’a rien à vendre ». Et, à Orvieto, il se désole : « je n’ai fait que très peu d’achats, parce qu’il n’y avait pas grand chose ! ». Tandis que, de Toscane en 1910, il espère : « En Sicile, il y aura sûrement de belles choses à acheter ».
Certes, Freud n’est pas tenté par la pacotille et les souvenirs de bazar qui hantent déjà les boutiques. Le docteur Freud aime le beau, l’authentique, les antiquités de valeur qu’il se plaira à ramener à Vienne et à exhiber dans sa demeure. A sa décharge, il aime combler sa famille de présents. Voilà pourquoi, il regrette parfois de ne pouvoir honorer ses promesses : « Je vous demande de considérer comme annulées mes promesses de cadeaux, écrit-il à ses enfants depuis Palerme où il séjourne en 1910, et d’accepter leur compensation en espèces à mon retour à Vienne ».
Ainsi, de Sienne en 1897, il écrit : « J’ai acheté hier un merveilleux chapeau, ainsi qu’un premier cadeau à rapporter ». Mais à Florence en 1907, il regrette : « Comme nous étions dimanche, nous n’avons pas pu faire d’achats, alors que les occasions ne manquent pas, au point que c’en est troublant. »
Plus loin, à Rome, la même année, il se désespère encore: « Rome n’a rien à vendre ». Et, à Orvieto, il se désole : « je n’ai fait que très peu d’achats, parce qu’il n’y avait pas grand chose ! ». Tandis que, de Toscane en 1910, il espère : « En Sicile, il y aura sûrement de belles choses à acheter ».
Certes, Freud n’est pas tenté par la pacotille et les souvenirs de bazar qui hantent déjà les boutiques. Le docteur Freud aime le beau, l’authentique, les antiquités de valeur qu’il se plaira à ramener à Vienne et à exhiber dans sa demeure. A sa décharge, il aime combler sa famille de présents. Voilà pourquoi, il regrette parfois de ne pouvoir honorer ses promesses : « Je vous demande de considérer comme annulées mes promesses de cadeaux, écrit-il à ses enfants depuis Palerme où il séjourne en 1910, et d’accepter leur compensation en espèces à mon retour à Vienne ».
La préoccupation budgétaire
Qui dit achat, dit bel et bien argent. Ah ! L’argent. Une autre préoccupation particulièrement contemporaine que Freud assume parfaitement, au point d’émailler ses écrits de remarques budgétaires, parfois dérisoires, voire un brin ridicules.
Mais oui, comme tous les touristes du monde, Freud doit s’inquiéter de dépenses qui en voyages se révèlent souvent excessives. De plus, vis à vis de sa famille restée en Autriche, il se sent contraint de se dédouaner en démontrant qu’il ne dilapide pas la bourse familiale pour son propre plaisir. Ainsi, à Sorrente, en 1902, il précise : « Je me suis rassasié pour 6 L avec une délicieuse omelette ».
Au Giardini di Torino, la même année, il décrit un merveilleux repas et en souligne le prix imbattable : « le tout arrosé d’un vin blanc d’Ischia à 2,50 la bouteille ». De Florence en 1907, il semble encore ravi d’indiquer « pour 4,20 L en tout, nous avons dîné divinement au restaurant Melini ! » Encore plus éloquent : le psychanalyste qui pourtant ne manquait pas de moyens et appréciait tout particulièrement les bonnes tables, semble tout réjoui d’apprendre à sa famille, dans une lettre envoyée de Sienne en 1897 : « Je négocie avec les aubergistes, j’ai fait baisser le prix du repas de 10,9 à 9 L et ce midi de 6,65 à 6 L ! » On le voit même fournir des détails sur le coût de l’entretien de son linge.
A Londres en 1908, dans une lettre à sa famille, n’écrit-il pas : « maman sera ravie d’apprendre que j’ai reçu mon linge aujourd’hui : je crois qu’il a coûté un peu cher ». Pire ! Freud précise qu’il voulait joindre la facture mais ne la retrouve pas ! Enfin, en 1909, en partance aux USA, s’il se réjouit de ne pas faire de dépenses durant la traversée : « il faut dire que l’on obtient tout gratuitement ici » admet-il, mais à peine arrivé à New York, il déplore avec amertume : « l’hôtel est trop chic et trop cher » ! ». Et encore plus tard, en 1923, depuis Rome, il prévient sa famille qu’il « va y avoir des difficultés pour les achats… Mais, Anna sortira avec la fille de la maison et elle aura peut-être quelques tuyaux ! » conclut-il pour rassurer les siens !
Mais oui, comme tous les touristes du monde, Freud doit s’inquiéter de dépenses qui en voyages se révèlent souvent excessives. De plus, vis à vis de sa famille restée en Autriche, il se sent contraint de se dédouaner en démontrant qu’il ne dilapide pas la bourse familiale pour son propre plaisir. Ainsi, à Sorrente, en 1902, il précise : « Je me suis rassasié pour 6 L avec une délicieuse omelette ».
Au Giardini di Torino, la même année, il décrit un merveilleux repas et en souligne le prix imbattable : « le tout arrosé d’un vin blanc d’Ischia à 2,50 la bouteille ». De Florence en 1907, il semble encore ravi d’indiquer « pour 4,20 L en tout, nous avons dîné divinement au restaurant Melini ! » Encore plus éloquent : le psychanalyste qui pourtant ne manquait pas de moyens et appréciait tout particulièrement les bonnes tables, semble tout réjoui d’apprendre à sa famille, dans une lettre envoyée de Sienne en 1897 : « Je négocie avec les aubergistes, j’ai fait baisser le prix du repas de 10,9 à 9 L et ce midi de 6,65 à 6 L ! » On le voit même fournir des détails sur le coût de l’entretien de son linge.
A Londres en 1908, dans une lettre à sa famille, n’écrit-il pas : « maman sera ravie d’apprendre que j’ai reçu mon linge aujourd’hui : je crois qu’il a coûté un peu cher ». Pire ! Freud précise qu’il voulait joindre la facture mais ne la retrouve pas ! Enfin, en 1909, en partance aux USA, s’il se réjouit de ne pas faire de dépenses durant la traversée : « il faut dire que l’on obtient tout gratuitement ici » admet-il, mais à peine arrivé à New York, il déplore avec amertume : « l’hôtel est trop chic et trop cher » ! ». Et encore plus tard, en 1923, depuis Rome, il prévient sa famille qu’il « va y avoir des difficultés pour les achats… Mais, Anna sortira avec la fille de la maison et elle aura peut-être quelques tuyaux ! » conclut-il pour rassurer les siens !
« Notre coeur tend vers le sud »
Autre indice de son hédonisme, notons que le psychanalyste se montre particulièrement prolixe en remarques d’ordre climatique et ne rate jamais une occasion d’évoquer le temps qu’il fait. Comme un simple touriste, il n’en finit pas au fil de sa correspondance d’observer : « Certes, il pleut mais il fait doux ». Innsbruck. 1905. Ou au contraire, de Bellagio, la même année, il se réjouit : « le temps ici est toujours magnifique ! » En fait, Freud a une grande passion, de mieux en mieux et de plus en plus partagée par l’ensemble de la communauté des voyageurs : celle du sud, de la chaleur, de la lumière et du soleil.
Depuis Lavarone dans le Tyrol du sud, il écrit donc cette phrase désormais célèbre : « Pourquoi quittons nous ce lieu idéalement beau et calme ? Et, il répond : Simplement parce qu’il nous reste qu’une semaine à peine et que notre coeur, comme nous l’avons constaté, tend vers le sud, vers les figues, le laurier, les cyprès, les maisons ornées de balcons, les marchands d’antiquités et ainsi de suite. »
« Notre coeur tend vers le sud ! » L’expression est admirable dans sa banalité et, son universalité. Nous sommes en 1900, les pays du nord tels l’Angleterre, l’Allemagne, l’Autriche jouissent d’une excellente réputation auprès des touristes.
Mais, la mode est au sud, et, si les grosses chaleurs sont encore mal supportées, la lumière de l’Italie, de l’Espagne, de l’Orient remporte d’autant plus indéniablement les faveurs des premiers touristes, que la vogue hygiéniste a popularisé la pratique des bains de mer. Encore plus que les autres, le chef de file de la psychanalyse multiplie donc les descriptifs enthousiastes de « farniente » et de baignades dans les lacs, dans les mers, pas encore dans les piscines !
Ainsi de Sorrente en 1902, il avoue : « tout cela est magnifique, sans compter le bien-être merveilleux que je dois aux longs bains de mer » ! Et, en 1905, de Rapallo, il écrit à Alexander « on ne parvient à rien faire, le soleil est merveilleux et la mer divine ». Ne va-t-il pas jusqu’à prévoir de passer des vacances à Viareggio ?
Depuis Lavarone dans le Tyrol du sud, il écrit donc cette phrase désormais célèbre : « Pourquoi quittons nous ce lieu idéalement beau et calme ? Et, il répond : Simplement parce qu’il nous reste qu’une semaine à peine et que notre coeur, comme nous l’avons constaté, tend vers le sud, vers les figues, le laurier, les cyprès, les maisons ornées de balcons, les marchands d’antiquités et ainsi de suite. »
« Notre coeur tend vers le sud ! » L’expression est admirable dans sa banalité et, son universalité. Nous sommes en 1900, les pays du nord tels l’Angleterre, l’Allemagne, l’Autriche jouissent d’une excellente réputation auprès des touristes.
Mais, la mode est au sud, et, si les grosses chaleurs sont encore mal supportées, la lumière de l’Italie, de l’Espagne, de l’Orient remporte d’autant plus indéniablement les faveurs des premiers touristes, que la vogue hygiéniste a popularisé la pratique des bains de mer. Encore plus que les autres, le chef de file de la psychanalyse multiplie donc les descriptifs enthousiastes de « farniente » et de baignades dans les lacs, dans les mers, pas encore dans les piscines !
Ainsi de Sorrente en 1902, il avoue : « tout cela est magnifique, sans compter le bien-être merveilleux que je dois aux longs bains de mer » ! Et, en 1905, de Rapallo, il écrit à Alexander « on ne parvient à rien faire, le soleil est merveilleux et la mer divine ». Ne va-t-il pas jusqu’à prévoir de passer des vacances à Viareggio ?
Tourisme et gastronomie
Quant aux plaisirs de la table, Freud ne s’en prive pas. énonçant longuement la liste des repas, des mets, des vins et des restaurants qu’il fréquente, il éprouve un plaisir indicible à conjuguer tourisme et gastronomie.
Pour le psychanalyste, le bien manger est inséparable du bien voyager : « La nourriture est exquise, on devient bête à force de manger, on se sent terriblement bien » écrit-il depuis Trieste en 1904. Autre exemple : « Le repas fut grandiose. Du poisson, du rôti de veau avec une sauce aigre douce, des haricots verts en salade, 3 fromages au choix et des fruits, entre autres, du raisin qui est la véritable raison de ma venue… » précise-t-il depuis Naples en 1902 !
Il n’y a pas de confusion possible, le psychanalyste apprécie la bonne chère…
… En fait, si Freud n’avait pas été Freud, ses récits de voyage n’auraient guère eu d’intérêt. Le psychanalyste n’était ni Stendhal, ni Chateaubriand, ni Théophile Gautier. Il était simplement un touriste cultivé, élitiste, curieux mais en même temps, un touriste banal, soumis à des contraintes budgétaires, à l’humeur en partie déterminée par le temps, passionné par des activités futiles.
En somme, le voyageur Freud était il y a plus de 100 ans, un touriste fort contemporain dont la quête de petits et de grands plaisirs est totalement comparable à celle de la grande majorité des touristes d’aujourd’hui.
Rompu à l’exercice de la narration narcissique, lui qui avait enseigné à l’humanité l’art de se raconter, il n’hésite pas à dévoiler son hédonisme à travers un discours simple et c’est tout son intérêt.
Sources : Notre cœur tend vers le sud. Sigmund Freud.
Correspondance de voyage. 1895-1923. Editions Fayard
Pour le psychanalyste, le bien manger est inséparable du bien voyager : « La nourriture est exquise, on devient bête à force de manger, on se sent terriblement bien » écrit-il depuis Trieste en 1904. Autre exemple : « Le repas fut grandiose. Du poisson, du rôti de veau avec une sauce aigre douce, des haricots verts en salade, 3 fromages au choix et des fruits, entre autres, du raisin qui est la véritable raison de ma venue… » précise-t-il depuis Naples en 1902 !
Il n’y a pas de confusion possible, le psychanalyste apprécie la bonne chère…
… En fait, si Freud n’avait pas été Freud, ses récits de voyage n’auraient guère eu d’intérêt. Le psychanalyste n’était ni Stendhal, ni Chateaubriand, ni Théophile Gautier. Il était simplement un touriste cultivé, élitiste, curieux mais en même temps, un touriste banal, soumis à des contraintes budgétaires, à l’humeur en partie déterminée par le temps, passionné par des activités futiles.
En somme, le voyageur Freud était il y a plus de 100 ans, un touriste fort contemporain dont la quête de petits et de grands plaisirs est totalement comparable à celle de la grande majorité des touristes d’aujourd’hui.
Rompu à l’exercice de la narration narcissique, lui qui avait enseigné à l’humanité l’art de se raconter, il n’hésite pas à dévoiler son hédonisme à travers un discours simple et c’est tout son intérêt.
Sources : Notre cœur tend vers le sud. Sigmund Freud.
Correspondance de voyage. 1895-1923. Editions Fayard
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D’hier à demain
L’héliotropisme, les bains de mer, le shopping, les bonnes tables et la découverte culturelle… En plus d’un siècle, rien n’a changé ni dans les pratiques, ni dans les comportements ni dans les aspirations du touriste. Et demain, à n’en pas douter, il en sera exactement de même. La demande de bien être en particulier continuera d’augmenter et de se diversifier. Avec un bémol cependant : le plaisir du shopping sera probablement le fait des touristes des pays émergents plus que celui des touristes occidentaux, probablement acquis à un autre type de shopping.
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
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