Changement du calcul du RHC, pour Jean-Pierre Mas des EDV rien de grave, pour d'autres la crainte d'un paiement accéléré - Crédit photo : Depositphotos @Olly18
Les agents de voyages attendaient un signe de IATA, il est tombé, par message électronique.
Et certains ont été plutôt surpris de sa teneur.
"Nous avons reçu un mail courant de semaine dernière, nous annonçant le nouveau RHC amount.
Nous avons eu la mauvaise surprise de constater une baisse de notre encours de l'ordre de 40%," nous confie un agent de voyage ayant préféré conserver l'anonymat.
Entrée en vigueur en mars 2019, il s'agit du Remittante Holding Capacity (RHC) soit la capacité de maintien des versements accordée à l’agence par IATA.
Alors que par le passé, les professionnels n'avaient aucune limitation pour émettre des billets d'avion depuis maintenant deux ans, ils ont un plafond à ne pas dépasser.
Il est remis à 0 toutes les deux semaines.
A lire : Iata vs agences : vers un paiement des billets à la (petite) semaine ?
L'objectif est simple : baisser le risque pesant sur les compagnies aériennes, en cas de défaillance des agences de voyages.
"J'ai appelé IATA pour en savoir plus. Ils m'ont dit que ce n'était pas propre à mon agence, mais que le changement de calcul concernait tout le monde.
Il n'y a eu aucun échange entre l'étude financière et cette communication," se lamente l'agent, las de ne pas avoir été informé.
Et certains ont été plutôt surpris de sa teneur.
"Nous avons reçu un mail courant de semaine dernière, nous annonçant le nouveau RHC amount.
Nous avons eu la mauvaise surprise de constater une baisse de notre encours de l'ordre de 40%," nous confie un agent de voyage ayant préféré conserver l'anonymat.
Entrée en vigueur en mars 2019, il s'agit du Remittante Holding Capacity (RHC) soit la capacité de maintien des versements accordée à l’agence par IATA.
Alors que par le passé, les professionnels n'avaient aucune limitation pour émettre des billets d'avion depuis maintenant deux ans, ils ont un plafond à ne pas dépasser.
Il est remis à 0 toutes les deux semaines.
A lire : Iata vs agences : vers un paiement des billets à la (petite) semaine ?
L'objectif est simple : baisser le risque pesant sur les compagnies aériennes, en cas de défaillance des agences de voyages.
"J'ai appelé IATA pour en savoir plus. Ils m'ont dit que ce n'était pas propre à mon agence, mais que le changement de calcul concernait tout le monde.
Il n'y a eu aucun échange entre l'étude financière et cette communication," se lamente l'agent, las de ne pas avoir été informé.
Comment est calculée le RHC cuvée 2021 ?
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Par le passé, le RHC était comptabilisé de la manière suivante.
RCH = Jours totaux x la moyenne journalière des Cycles de trésorerie BSP (3 Périodes comptables les plus élevées) + 100%. En 2021 et en raison de la plus importante crise de l'histoire du secteur, l'association de représentation des compagnies a dû revoir sa méthode.
"Les changements ont été largement débattus dans les différents groupes de travail, et nous avons fait des présentations à l'ensemble du réseau Manor, au SETO, et ce sera bientôt le cas pour les EDV ou encore Selectour.
Nous souhaitons expliquer les changements de manière plus personnalisées à l’ensemble de nos partenaires agents de voyage," " recadre Robert Chad, le responsable France, Belgique et Pays-Bas de IATA.
Pour le patron du bureau français, l'exaspération et la découverte des agents de voyages ne seraient pas légitimes. Une analyse partagée par Jean-Pierre Mas, pour qui IATA a fait preuve de dialogue.
Dorénavant, il existe 3 seuils d'encours, en fonction du profil de risque du point de vente, mais ce n'est pas tout au regard de la chute vertigineuse d'activité, le plafond et le calcul ont été entièrement revus.
A partir de février 2021, il se base non plus sur l'année 2020, mais 2019.
"En plus de cela, nous nous appuyons, sur une projection de ce que sera le marché en 2021, donc inférieur d'environ 50% par rapport à 2019.
C'est une hypothèse haute, vu ce début d’année" confie le responsable de IATA.
Cette projection ne concernerait pas seulement le marché français, mais l'activité aérienne mondiale, donc cela implique même la reprise chinoise, où le trafic est équivalent à celui constaté, il y a deux ans.
"A ce stade les projections de trafic risquent d’être plus pessimistes . La projection retenue est relativement élevée car elle tient compte d’une prévision globale.
Nous osons espérer que des agences vont atteindre leurs plafonds RHC, mais nous voyons mal comment cela pourrait être le cas," tempère Robert Chad.
La baisse ne serait alors non pas de 50%, mais de 70%.
D'ailleurs l'écho est le même pour les Entreprises du Voyage, pourtant assez peu enclin à décrire IATA comme un ami de la distribution.
"Les agences qui espèrent émettre dans les prochains moins la moitié du volume d'affaires de 2019, je suis ravi pour elle, car je crains que les émissions se situent actuellement entre 5 et 10%," recontextualise Jean-Pierre Mas, le président des EDV.
RCH = Jours totaux x la moyenne journalière des Cycles de trésorerie BSP (3 Périodes comptables les plus élevées) + 100%. En 2021 et en raison de la plus importante crise de l'histoire du secteur, l'association de représentation des compagnies a dû revoir sa méthode.
"Les changements ont été largement débattus dans les différents groupes de travail, et nous avons fait des présentations à l'ensemble du réseau Manor, au SETO, et ce sera bientôt le cas pour les EDV ou encore Selectour.
Nous souhaitons expliquer les changements de manière plus personnalisées à l’ensemble de nos partenaires agents de voyage," " recadre Robert Chad, le responsable France, Belgique et Pays-Bas de IATA.
Pour le patron du bureau français, l'exaspération et la découverte des agents de voyages ne seraient pas légitimes. Une analyse partagée par Jean-Pierre Mas, pour qui IATA a fait preuve de dialogue.
Dorénavant, il existe 3 seuils d'encours, en fonction du profil de risque du point de vente, mais ce n'est pas tout au regard de la chute vertigineuse d'activité, le plafond et le calcul ont été entièrement revus.
A partir de février 2021, il se base non plus sur l'année 2020, mais 2019.
"En plus de cela, nous nous appuyons, sur une projection de ce que sera le marché en 2021, donc inférieur d'environ 50% par rapport à 2019.
C'est une hypothèse haute, vu ce début d’année" confie le responsable de IATA.
Cette projection ne concernerait pas seulement le marché français, mais l'activité aérienne mondiale, donc cela implique même la reprise chinoise, où le trafic est équivalent à celui constaté, il y a deux ans.
"A ce stade les projections de trafic risquent d’être plus pessimistes . La projection retenue est relativement élevée car elle tient compte d’une prévision globale.
Nous osons espérer que des agences vont atteindre leurs plafonds RHC, mais nous voyons mal comment cela pourrait être le cas," tempère Robert Chad.
La baisse ne serait alors non pas de 50%, mais de 70%.
D'ailleurs l'écho est le même pour les Entreprises du Voyage, pourtant assez peu enclin à décrire IATA comme un ami de la distribution.
"Les agences qui espèrent émettre dans les prochains moins la moitié du volume d'affaires de 2019, je suis ravi pour elle, car je crains que les émissions se situent actuellement entre 5 et 10%," recontextualise Jean-Pierre Mas, le président des EDV.
Quels sont les risques pour les agences de voyages ?
Malgré ce triste constat, quelques mâchoires se contractent.
Revenons une année en arrière, pour comprendre la crispation. Après le 1er confinement, un petit vent de folie a soufflé dans les bureaux des OTA et certaines agences de voyages.
Du 1er au 7 juin 2020, Misterfly connaissait une véritable "remontada" des ventes, avec un bond des réservations à 84% par rapport à la même période de l'année dernière.
Cela paraît lointain, mais avant l'interdiction de voyager, des enseignes avaient même un niveau d'activité dépassant les 50%.
"De facto, avec la règle applicable en 2021, la crise du Covid a permis de diviser par deux l’exposition au risque des compagnies (50% de 2019) et les agences qui voudront et/ou pourront profiter de la reprise seront contraintes," analyse un patron du tourisme ayant préféré conserver l'anonymat.
Décidément IATA et les compagnies font peur aux acteurs de l'industrie. Avec une réduction drastique de l'encours d'émission, quelques agents pourraient alors se retrouver à devoir percer le plafond de verre.
Ainsi, avec ce nouveau calcul et en cas de reprise "les capacités productives pour des agences sont obérées sur l'avenir.
Après ils pourront continuer d'émettre, mais les flux financiers ne seront plus du tout les mêmes. Cela pose un problème," se plaint Fabrice Dariot, le président de Bourse des Vols.
Il faut bien comprendre que si jamais un agent dépasse le plafond d'émission, alors le paiement des billets ne se fera plus par quinzaine, mais par un prépaiement ou en délivrant une garantie financière pour couvrir le dépassement.
"Ce n'est pas tout, il peut choisir de payer au comptant par Iata Easypay ou passer à une fréquence de paiement plus rapide, soit en hebdomadaire ou en journalier.
L’objectif est de réduire pour les compagnies aériennes l’exposition au risque de défaillance financière des agences, pour le ramener à zéro," explique le patron.
Revenons une année en arrière, pour comprendre la crispation. Après le 1er confinement, un petit vent de folie a soufflé dans les bureaux des OTA et certaines agences de voyages.
Du 1er au 7 juin 2020, Misterfly connaissait une véritable "remontada" des ventes, avec un bond des réservations à 84% par rapport à la même période de l'année dernière.
Cela paraît lointain, mais avant l'interdiction de voyager, des enseignes avaient même un niveau d'activité dépassant les 50%.
"De facto, avec la règle applicable en 2021, la crise du Covid a permis de diviser par deux l’exposition au risque des compagnies (50% de 2019) et les agences qui voudront et/ou pourront profiter de la reprise seront contraintes," analyse un patron du tourisme ayant préféré conserver l'anonymat.
Décidément IATA et les compagnies font peur aux acteurs de l'industrie. Avec une réduction drastique de l'encours d'émission, quelques agents pourraient alors se retrouver à devoir percer le plafond de verre.
Ainsi, avec ce nouveau calcul et en cas de reprise "les capacités productives pour des agences sont obérées sur l'avenir.
Après ils pourront continuer d'émettre, mais les flux financiers ne seront plus du tout les mêmes. Cela pose un problème," se plaint Fabrice Dariot, le président de Bourse des Vols.
Il faut bien comprendre que si jamais un agent dépasse le plafond d'émission, alors le paiement des billets ne se fera plus par quinzaine, mais par un prépaiement ou en délivrant une garantie financière pour couvrir le dépassement.
"Ce n'est pas tout, il peut choisir de payer au comptant par Iata Easypay ou passer à une fréquence de paiement plus rapide, soit en hebdomadaire ou en journalier.
L’objectif est de réduire pour les compagnies aériennes l’exposition au risque de défaillance financière des agences, pour le ramener à zéro," explique le patron.
Le calcul du RHC peut-il évoluer en cas de reprise ?
Pourtant pour IATA, aucune menace ne pèserait sur la distribution, car elle chercherait à permettre à toute l'industrie de passer au mieux cette période exceptionnelle.
"L'examen du risque est permanent. L'idée est de garder le risque adapté pour que tout le monde puisse faire du business.
Nous pensons avoir trouvé le juste milieu, le plus pratique. Nous avons fait évoluer le mode de calcul du RHC pour mieux s'adapter à la situation," explique Robert Chad, le responsable France de IATA.
Et c'est peu dire que cette dernière est évolutive et volatile.
Avec le long tour de vis de l'exécutif pour combattre l'épidémie, avec le couvre-feu national interminable, et une campagne vaccinale qui pourrait s'accélérer, nous ne sommes pas à l'abri d'une reprise de l'activité.
Si jamais c'est le cas et pour toute la distribution, alors les Entreprises du Voyage n'hésiteront pas à revenir à la charge.
"Je souhaite qu'il y ait une flambée des ventes en juin ou juillet, même mais je doute que ce soit le cas. Si reprise il y a, alors nous prendrons l'attache de IATA pour qu'elle relève le seuil," martèle Jean-Pierre Mas.
Toutefois, rien ne nous dit que l'association sera autant ouverte au dialogue et au débat, en cas de reprise.
Pour le patron des EDV, si IATA montre le même entrain que ces dernières semaines sur la question, alors il n'y aura aucun problème.
Une chose est sûre, ce n'est pas à Boulogne Billancourt que les acteurs devront se rendre.
"Ce n'est pas quelque chose qui est décidé au niveau de la France, mais nous parlons là de critères qui s'appliquent au monde entier.
Les groupes de travail, qui s'occupent de la partie risque, traitent la question fréquemment. Il a évolué une fois, donc il peut évoluer à nouveau.
Nous nous sommes accordés à réviser de manière trimestrielle si l’évolution du marché progressait vers les projections " apporte comme précision, Robert Chad.
Pour l'heure personne ne sait ce que fera le cas échéant IATA, mais la révolution du paiement pourrait alors être enclenchée.
"Le problème n'est pas tant le but poursuivi par IATA, sur le risque financier, que l'absence de réciprocité au niveau de la garantie des paiements des compagnies" conclut Fabrice Dariot.
Sur cette question tout le monde est bien d'accord, avec le fondateur de Bourse des Vols, même IATA n'apporte aucun argument à sa position.
"L'examen du risque est permanent. L'idée est de garder le risque adapté pour que tout le monde puisse faire du business.
Nous pensons avoir trouvé le juste milieu, le plus pratique. Nous avons fait évoluer le mode de calcul du RHC pour mieux s'adapter à la situation," explique Robert Chad, le responsable France de IATA.
Et c'est peu dire que cette dernière est évolutive et volatile.
Avec le long tour de vis de l'exécutif pour combattre l'épidémie, avec le couvre-feu national interminable, et une campagne vaccinale qui pourrait s'accélérer, nous ne sommes pas à l'abri d'une reprise de l'activité.
Si jamais c'est le cas et pour toute la distribution, alors les Entreprises du Voyage n'hésiteront pas à revenir à la charge.
"Je souhaite qu'il y ait une flambée des ventes en juin ou juillet, même mais je doute que ce soit le cas. Si reprise il y a, alors nous prendrons l'attache de IATA pour qu'elle relève le seuil," martèle Jean-Pierre Mas.
Toutefois, rien ne nous dit que l'association sera autant ouverte au dialogue et au débat, en cas de reprise.
Pour le patron des EDV, si IATA montre le même entrain que ces dernières semaines sur la question, alors il n'y aura aucun problème.
Une chose est sûre, ce n'est pas à Boulogne Billancourt que les acteurs devront se rendre.
"Ce n'est pas quelque chose qui est décidé au niveau de la France, mais nous parlons là de critères qui s'appliquent au monde entier.
Les groupes de travail, qui s'occupent de la partie risque, traitent la question fréquemment. Il a évolué une fois, donc il peut évoluer à nouveau.
Nous nous sommes accordés à réviser de manière trimestrielle si l’évolution du marché progressait vers les projections " apporte comme précision, Robert Chad.
Pour l'heure personne ne sait ce que fera le cas échéant IATA, mais la révolution du paiement pourrait alors être enclenchée.
"Le problème n'est pas tant le but poursuivi par IATA, sur le risque financier, que l'absence de réciprocité au niveau de la garantie des paiements des compagnies" conclut Fabrice Dariot.
Sur cette question tout le monde est bien d'accord, avec le fondateur de Bourse des Vols, même IATA n'apporte aucun argument à sa position.